Hachette (p. 231-252).



XIV

ON PASSE LA FRONTIÈRE


Le jour vint, il fallut se lever. Chacun était plus ou moins fatigué de sa nuit, excepté les enfants, qui dorment toujours bien partout, et Natasha, qui, sous ce rapport, malgré ses seize ans, faisait encore partie de l’enfance. Les toilettes furent bientôt faites, on se réunit pour déjeuner ; Dérigny avait préparé thé et café selon le goût de chacun.

Le général était sombre ; il avait embrassé nièces et neveux, et serré la main à son ami Romane, mais il n’avait pas parlé et il gardait encore un silence absolu.

« Grand-père… », dit Natasha en souriant.

Le général parut surpris et touché.

« Grand-père voulez-vous venir avec nous à la place de Mme Dérigny, dans la seconde voiture ?

— Comment veux-tu que je tienne, en sixième ? dit le général, se déridant tout à fait.

Natasha

Oh ! J’arrangerais cela, grand-père. Je vous mettrais au fond, moi près de vous.

Le général

Et puis ? Que ferais-tu des quatre gamins ?

Natasha

Tous en face de nous, grand-père. Ce serait très amusant ; nous verrions tout ce qu’ils feraient, et nous ririons comme hier, et nous vous ferions chanter avec nous : c’est ça qui serait amusant ! »

Le général se trouva complètement vaincu ; il partit d’un éclat de rire, toute la table fit comme lui ; le général prenant une leçon et chantant parut à tous une idée si extravagante, que le déjeuner fut interrompu et qu’on fut assez longtemps avant de pouvoir arrêter les élans d’une gaieté folle, Natasha était tombée sur l’épaule de sa mère ; Alexandre se trouvait appuyé sur Natasha, et Michel avait la tête sur les reins de son frère. Mme Dabrovine soutenait le général, qui perdait son équilibre, et Romane le maintenait du côté opposé. Dérigny, debout derrière, tenait fortement la chaise du général.

Tout a une fin, la gaieté comme la tristesse ; les rires se calmèrent, chacun reprit son déjeuner refroidi et chercha à regagner le temps perdu en avalant à la hâte ce qui restait de sa portion.

« Les chevaux sont mis, mon général », vint annoncer Dérigny quand tout le monde eut fini.

On courut aux manteaux, aux chapeaux, et en quelques instants on fut prêt.

Le général passa le premier ; sa nièce et les enfants suivaient ; Romane était un peu en arrière ; il se sentit arrêter par le bras, se retourna et vit la femme qu’il avait reconnue la veille, tenant à la main un pain semblable à celui qu’il avait reçu d’elle trois ans auparavant. Elle le lui présenta, lui serra la main et lui dit en polonais :



« Prends au retour ce que je t’avais donné en allant. Que Dieu te protège et te fasse passer la frontière sans être repris par nos cruels ennemis. Ne crains rien ; je ne te trahirai pas.

Romane

Comment t’appelles-tu, chère et généreuse compatriote, afin que je mette ton nom dans mes prières ?

La servante

Je m’appelle Maria Fenizka. Et toi ?

Romane

Prince Romane Pajarski.

La servante

Que Dieu te bénisse ! Ton nom était déjà venu jusqu’à moi. Laisse-moi baiser la main de celui qui a voulu affranchir la patrie. »

Romane releva Maria à demi agenouillée devant lui, et, la prenant dans ses bras, il l’embrassa affectueusement sur les deux joues.

« Adieu, Maria Fenizka ; je ne t’oublierai pas. Silence, on vient. »

Maria s’échappa et rentra dans la maison ; elle n’y trouva personne, tout le monde était dans la rue pour assister au départ des voyageurs. Romane monta dans la berline du général et de Mme Dabrovine ; Natasha avait voulu y monter aussi, mais on l’avait renvoyée.

Le général

Va-t’en rire là-bas, mon enfant ; tu t’accommodes mieux de leur gaieté que de notre gravité.

Natasha

Mais vous allez vous ennuyer sans moi ?

Le général

Tiens ! Quel orgueil a mademoiselle ! Tu me crois donc si ennuyeux que ta mère et Jackson ne puissent se passer de toi, et que ta mère et Jackson ne soient pas capables de me faire oublier ton absence ? Va, va, orgueilleuse, je te mets en pénitence jusqu’au dîner.

Natasha

Pas avant de vous avoir embrassé, grand-père, et maman aussi.

Adieu, monsieur Jackson ;

« Que Dieu te protège et fasse passer la frontière. »

amusez-vous bien, grand… Ah ! mon Dieu !

qu’avez-vous ! Regardez, grand-père.

— Silence, pour Dieu, silence ! lui dit Jackson à voix basse en lui serrant la main à l’écraser.

— Aïe ! s’écria Natasha.

— Natalia Dmitrievna s’est fait mal ? demanda le feltyègre, qui approchait.

— Non,… oui,… je me suis cogné la main ; ce ne sera rien. »

Et Natasha s’éloigna étonnée et pensive, pendant que Romane prenait sa place en face de ses amis et gardait le silence, de peur que le feltyègre n’entendît quelques mots de la conversation. Le général et Mme Dabrovine interrogeaient Romane du regard ; profitant des cahots de la voiture, il réussit à expliquer en quelques mots la cause de sa pâleur et de son trouble. Le général fut inquiet de la mémoire extraordinaire de cette femme ; d’autres pouvaient également reconnaître Romane, et il résolut de ne plus coucher et de voyager jour et nuit jusqu’au delà de la frontière russe.

Quand on s’arrêta pour déjeuner, le général alla se promener sur la grande route avec sa nièce et Romane, pendant que les quatre garçons et Natasha allaient en avant et jouaient à toutes sortes de jeux. Romane put enfin leur raconter en détail ce qui lui était arrivé à la première couchée, et le général leur fit part de sa résolution de voyager jour et nuit, et de s’arrêter le moins possible. Mme Dabrovine devait se plaindre tout haut devant le feltyègre de la fatigue de la dernière nuit. Romane ferait des représentations sur les inconvénients bien plus grands d’un voyage trop précipité ; le général trancherait la question en disant que la santé de sa nièce passait avant tout, et, pour mettre le feltyègre dans ses intérêts, il lui dirait que, vu la fatigue plus grande qu’il aurait à supporter, il lui payerait les nuits comme doubles journées.

Tout se passa le mieux du monde ; la discussion commença à déjeuner ; le général fit semblant de se fâcher ; Romane dit qu’il n’avait qu’à obéir ; le feltyègre fut content de ce nouvel arrangement qui rendait ses nuits plus profitables que ses journées. Natasha et les enfants furent enchantés de voyager de nuit ; les Dérigny partagèrent leur satisfaction, parce qu’ils arriveraient plus tôt au bout de leur voyage et parce que le général avait trouvé moyen d’expliquer à Dérigny pourquoi il se pressait tant. Au relais du soir, on dîna, chacun s’arrangea pour passer la nuit le plus commodément possible. Romane était monté dans la berline de ses élèves, cédant sa place à Mme Dérigny. On fit aux femmes et aux enfants une distribution d’oreillers. Natasha reprit sa place dans la berline de sa mère et de son oncle, et commença avec ce dernier une conversation aussi gaie qu’animée pour lui faire accepter son oreiller, qui la gênait, disait-elle, horriblement.

« Si vous persistez à me refuser, grand-père, je ne vous appellerai plus que mon oncle et je donnerai mon oreiller au feltyègre. »

Cette menace fit son effet ; le général prit l’oreiller, que Natasha lui arrangea très confortablement.

« Là ! À présent, grand-père, bonsoir ; dormez bien. Bonsoir, maman, bonne nuit. »

Natasha se rejeta dans son coin et ne tarda pas à s’endormir. Ses compagnons de route en firent autant.

Dans l’autre berline on commença par se jeter les oreillers à la tête et par rire comme la veille : mais le sommeil finit par fermer les yeux des plus jeunes, puis des plus grands, puis enfin ceux de Romane. De cette voiture, comme de la première, ne sortit pas le plus léger bruit jusqu’au lendemain : on ne commença à s’y remuer que lorsque les voitures s’arrêtèrent et qu’un mouvement bruyant à l’extérieur tira les voyageurs de leur sommeil. Le soleil brillait déjà et réchauffait le pauvre Dérigny, engourdi par le froid de la nuit.

Natasha baissa la glace, mit la tête à la portière et vit qu’on était à la porte d’une auberge. Le feltyègre était à la portière, attendant les ordres du général, qui ronflait encore.

« Où sommes-nous ? Que demandez-vous, feltyègre ? dit Natasha à voix basse et avec son aimable sourire.

Le feltyègre

Natalia Dmitrievna, je voudrais savoir si on s’arrête ici pour prendre le café et se reposer un instant.

Natasha

Moi, je ne demande pas mieux : j’ai faim et j’ai les jambes fatiguées ; mais mon oncle et maman dorment. Madame Dérigny ! … Ah ! voici M. Jackson ! Faut-il descendre ? Qu’en pensez-vous ?

Jackson

Si vous êtes fatiguée, mademoiselle, et si vous avez faim, la question est décidée.

Natasha

Il ne faut pas penser à moi, il faut penser à mon oncle et à maman. »

Pour toute réponse, Jackson passa son bras par la glace baissée et poussa légèrement le général, qui s’éveilla.

Natasha

Pourquoi éveillez-vous grand-père ? C’est mal à vous, monsieur Jackson ; très mal. »

Le général parut surpris.

Romane

Monsieur le comte, faut-il s’arrêter ici pour déjeuner ? Le feltyègre attend vos ordres. Mlle Natalia a faim et elle a mal aux jambes, ajouta-t-il en souriant.

Le général

Alors arrêtons, arrêtons ! que diantre ! Je ne veux pas tuer ma pauvre Natasha. Et puis, ajouta-t-il en riant, moi-même je ne serai pas fâché de manger un morceau et de me dégourdir les jambes. Ouvrez, feltyègre. »

La portière s’ouvrit. Natasha sauta à terre ; puis elle et Romane aidèrent le général à descendre posément et, après lui, Mme Dabrovine, que Natasha avait embrassée et mise au courant. La seconde berline, de laquelle sortaient des voix confuses entremêlées de rires, se vida également de son contenu.

Natasha les interrogea sur leur nuit ; ils racontèrent leur bataille d’oreillers, dirent bonjour à leur mère, à leur oncle et à Mme Dérigny, et firent une invasion bruyante dans l’auberge, déjà prête à les recevoir. Mme Dérigny, en causant avec son mari, dont elle avait été préoccupée toute la nuit, apprit avec chagrin qu’il avait souffert du froid à la fin de la nuit, malgré châles et manteaux. Dérigny plaisanta de ces inquiétudes et assura que devant Sébastopol il avait bien autrement souffert du froid. Mme Dérigny, avant de se rendre près de Mme Dabrovine et de Natasha pour aider à leur toilette, trouva moyen de dire à l’oreille du général que Dérigny avait eu froid la nuit, mais qu’il ne voulait pas en parler.

« Merci, ma bonne madame Dérigny, dit le général ; soyez tranquille pour la nuit qui vient : il n’aura pas froid ; envoyez-moi le feltyègre. »

Le feltyègre ne tarda pas à arriver.

« Courez dans la ville, feltyègre, et achetez-moi un bon manteau de drap gris, bien chaud et bien grand. Payez ce que vous voudrez, le prix n’y fait rien. »

Au bout d’une demi-heure, le feltyègre revenait avec un manteau de drap gris, doublé de renard blanc et de taille à envelopper le général lui-même.

« Combien ? dit le général.

— Cinq cents roubles, répondit avec hésitation le feltyègre, qui l’avait eu pour trois cents.

— D’où vient-il ?

— D’un juif, qui l’a acheté il y a trois ans, à un Polonais envoyé en Sibérie.

— Tenez, voilà six cents roubles ; payez et gardez le reste. »

Il y avait trois quarts d’heure que chacun procédait à sa toilette et prenait un peu d’exercice, lorsque le feltyègre et Dérigny apportèrent dans le salon, où se tenait le général, du thé, du café, du pain, des kalatches, du beurre et une jatte de crème.

On attendit que le général et Mme Dabrovine fussent à table pour prendre chacun sa place et sa tasse. La consommation fut effrayante ; la nuit avait si bien aiguisé les appétits, que Dérigny ne pouvait suffire au renouvellement des assiettes et des tasses vides, et qu’il dut appeler sa femme pour l’aider. Ils allèrent manger à leur tour avec Jacques et Paul ; et, quand les repas furent terminés, le feltyègre alla faire atteler.

« Jackson, mon ami, dit le général, je veux faire une surprise à Dérigny ; prenez ce manteau et mettez-le sur le siège de la voiture. »

Jackson s’approcha du canapé ou était le manteau et voulut le prendre ;

mais à peine l’eut-il

La consommation fut effrayante.

regardé qu’il pâlit, chancela et tomba sur le

canapé.

Le général seul s’aperçut de ce saisissement.

« Quoi ! qu’est-ce, mon ami ?… Romane, mon ami, réponds… Je t’en supplie… Qu’as-tu ?»

Romane

C’est mon manteau que j’ai vendu en passant ici, prisonnier, enchaîné, forçat. Les froids étaient passés ; je l’ai vendu à un juif, ajouta à voix basse Romane encore tremblant d’émotion à ce nouveau souvenir de son passage.

Le général

Remets-toi ; courage, mon ami… Si on te voyait ainsi ému, la curiosité serait excitée. »

Romane serra la main de son ami, qui l’aida à se relever. En prenant le manteau, il faillit le laisser échapper. Craignant d’avoir été vu par les enfants, qui jouaient au bout du salon, il leva les yeux et rencontra le regard inquiet et triste de Natasha, qui l’examinait depuis longtemps. La pâleur de Romane devint livide. Natasha s’approcha de lui, prit et serra sa main glacée.

« Mon cher monsieur Jackson, dit-elle à voix basse, vous êtes inquiet ? Vous craignez que je ne parle, que je n’interroge ? Vous avez un secret pénible ; je le devine, enfin ; mais, soyez sans inquiétude, jamais je ne laisserai échapper un mot qui puisse vous compromettre.

— Chère enfant, vous avez toute ma reconnaissante amitié et toute mon estime », répondit de même Romane.

Le général la serra dans ses bras.

« Partons, dit-il, allons, vous autres grands garçons, venez aider notre ami Jackson à porter ce grand manteau. »

Les enfants se jetèrent sur ce manteau et le traînèrent plus qu’ils ne le portèrent jusqu’à la voiture.

« Tenez, mon ami, dit le général à Dérigny, voilà de quoi vous réchauffer la nuit qui vient.

— Mon général, vous êtes, trop bon, et ma femme est une indiscrète », répondit Dérigny en souriant.

Et il salua respectueusement le général en menaçant sa femme du doigt.

Le voyage continua gaiement et heureusement jusqu’à la frontière, où les formalités d’usage s’accomplirent promptement et facilement, grâce à l’intervention du feltyègre, qui devait recevoir sa paye quand la frontière serait franchie ; la générosité du général dépassa ses espérances ; le passeport anglais non visé de Jackson aurait souffert quelques difficultés sans les ordres et les menaces du feltyègre ; c’est pourquoi la bourse du général s’était ouverte si largement pour lui.

Aux premiers moments qui suivirent le passage de la frontière, personne, dans la première berline ne dit un mot ni ne bougea. Mais, quand Romane et le général furent bien assurés de l’absence de tout danger, le général tendit la main à son jeune ami.

« Sauvé, mon enfant, sauvé ! dit-il avec un accent pénétré.

Les enfants se jetèrent sur ce manteau et le traînèrent plus qu’ils ne me portèrent.

— Cher et respectable ami, dit Romane en se jetant dans les bras du général, qui le serrait contre son cœur et qui essuyait ses yeux humides ; cher comte, cher ami ! reprit Romane en se rejetant à sa place le visage baigné de larmes, pardonnez…, oh ! pardonnez-moi ces larmes indignes d’un homme ! Mais… j’ai trop souffert pendant ce voyage ; trop ! trop ! Je suis à bout de forces ! »

Mme Dabrovine serrait aussi la main de Romane et pleurait. Natasha, stupéfaite, regardait, écoutait et ne comprenait pas.

« Maman, dit-elle, maman ! Qu’est-ce ? Pourquoi pleurez-vous ? Qu’est-il arrivé à ce pauvre M. Jackson ?

— Pauvre, dites heureux comme un roi, ma chère, excellente enfant, s’écria Romane en serrant le bras de Natasha à la faire crier… Pardon, pardon, ma chère demoiselle, je ne sais plus ce que je dis, ce que je fais. Pensez donc ! ne plus avoir en perspective cette Sibérie, enfer des vivants ! Ne plus avoir d’inquiétudes pour vous tous, que j’aime, que je vénère ! Me trouver en sûreté ! et avec vous ! près de vous ! Libre, libre ! Plus de Jackson ! plus d’Angleterre !… La Pologne ! ma mère, ma sainte, ma catholique patrie ! Comprenez-vous ma joie, mon bonheur ? Chère enfant, vous qui êtes si bonne, réjouissez-vous avec moi. »

La surprise de Natasha redoublait. Ses grands yeux bleus, démesurément ouverts, se portaient alternativement sur Romane, sur sa mère, sur son oncle.

« Polonais ! dit-elle enfin. Polonais ! vous, Polonais ! vous qui vous fâchiez quand on vous appelait Polonais !

Romane

Je ne me fâchais pas, mademoiselle : je tremblais d’être découvert, et votre pitié pour mes chers compatriotes m’attendrissait jusqu’au fond de l’âme.

Natasha

Je ne comprends pas très bien, mais je suis contente que vous soyez Polonais et catholique : c’était une peine pour moi de vous croire Anglais et protestant.

Le général

Tu vas comprendre en deux mots, ma Natasha chérie. Je te présente mon ami, mon ancien aide de camp en Circassie, mon sauveur dans un rude combat, le prince Romane Pajarski, échappé de Sibérie où il travaillait aux mines depuis deux ans, accusé d’avoir conspiré pour la Pologne contre la Russie. »

Natasha sauta de dessus sa banquette, fixa des yeux étonnés sur le prince Pajarski, qui les voyait se remplir de larmes ; puis elle se détourna, cacha son visage dans ses mains et éclata en sanglots.

« Natasha, mon enfant, dit la mère en l’attirant dans ses bras, calme-toi ; pourquoi ces larmes, ces sanglots ?

Natasha

Oh ! maman, maman ! Ce pauvre homme ! Ce pauvre prince ! Comme il a souffert ! C’est horrible ! horrible ! Et moi qui le traitais si familièrement ! J’ai dû le faire souffrir bien des fois !

Romane

Vous, chère enfant ? Vous avez été ma principale joie, ma plus grande consolation.

— Vraiment ? dit Natasha en relevant la tête et en le regardant d’un air joyeux. Je vous remercie de me le dire, et je suis bien contente d’avoir un peu adouci votre position. »

Et ses larmes recommencèrent à couler.

Le général

Ne pleure plus, ma Natasha. Le voilà heureux, tu vois bien ; et nous aussi, nous sommes tous libres et heureux. »

Après quelque temps donné aux émotions de ce grand événement, chacun reprit son calme, et Natasha demanda au prince Romane des détails sur son arrestation, sa condamnation, ses souffrances en Sibérie et sa fuite.

Pendant que ces événements s’expliquent, nous retournerons à Gromiline, et nous ferons une visite à Mme Papofski.