Le Fanatisme/Édition Garnier/Variantes

Œuvres complètes de Voltaire, Texte établi par Condorcet, Garniertome 4 - Théâtre (3) (p. 163-167).

VARIANTES
DE LA TRAGÉDIE DU FANATISME.


Page 408, vers 33. — Édition de 1742 :

On périt avec gloire.

Ibid., avant-dernier vers. — Éditions de 1742 à 1751 :

Vous fait si près du port exposer sa naufrage.

Page 112, vers 14. — Édition de 1742 :

Un guerrier qui le suit s’est offert en otage :
On le nomme Séide.

PALMIRE.

On le nomme Séide.Ô ciel ! ô sort plus doux !

Page 114, vers 10. — Dans l’édition de 1742, il y a ici quatre vers de plus :

Dieu, maître de son choix, ne doit rien à personne ;
Il éclaire, il aveugle, il condamne, il pardonne :
C’est lui qui par ma voix daigne ici te parler ;
Au nom de Mahomet qu’on apprenne à trembler.

ibid., vers 31. — Édition de 1742 :

Vont de leur secte impie étendre la ruine.

Page 115, vers 17. — Édition de 1742 :

Reconnais une loi qui s’étend par la guerre.

Page 117, avant-dernier vers. — Les deux derniers vers de cet acte sont de 1748. Les éditions antérieures portent :

De lui seul ennemi, pour lui seul implacable,
L’amour de la vertu me rend inexorable.

Page 118, vers 4. — Dans les éditions de 1742 à 1748, on lit :

 ......Qui m’as coûté des pleurs.

Ibid., vers 16. — Édition de 1742 :

Cette heure où de carnage et de sang enivré.

Page 119, vers 48. — J’ai rétabli dans le dernier hémistiche de ce vers le texte de 1742. Toutes les autres éditions ont :

Et ton amant peut-être. (B.)

Page 129, vers 8. — La lettre à Forment, du 10 août 1741, donne une variante de ce vers et des suivants. (B.)

Ibid., vers 19. — Édition de 1742 :

Et Séide enivré de superstitions.

Page 131, scène Ire. — Dans l’édition de 1742, l’acte deuxième commence ainsi :

SÉIDE.

Quoi ! Zopire en secret demande à vous parler ?
Dans quel temps, dans quel lieu, qu’a-t-il à révéler ?
Le temps presse, dit-il.

PALMIRE.

Le temps presse, dit-il.Ah ! demeure, Séide :
Crains les complots sanglants d’un sénat homicide.
Zopire nous trahit, on s’arme, on va frapper ;
Le pontife l’a dit ; il ne peut nous tromper ;
Garde-toi de Zopire, évite sa présence.

SÉIDE.

Je verrais ce vieillard avec pleine assurance ;
Mais mon devoir m’appelle, il lui faut obéir.
Je m’arrache à moi-même, et c’est pour t’obtenir.
Omar offre pour nous un secret sacrifice :
J’y vais parler à Dieu, réclamer sa justice,
Lui jurer de mourir pour défendre sa loi,
Et mes seconds serments ne seront que pour toi.

PALMIRE.

D’où vient qu’à ces serments Je ne suis point présente ?
Si je t’accompagnais j’aurais moins d’épouvante.
Omar, ce même Omar, loin de nous consoler.
Ne parle que de sang déjà prêt à couler ;
Il m’avertit surtout de craindre pour Séide.

SÉIDE.

Croirai-je que Zopire ait un cœur si perfide !
Ce matin, comme otage, etc.

Page 132, vers 22. — Édition de 1752 :

Ce jour tant souhaité me semble un jour d’horreur.

Page 141, vers 10. — Édition de 1742 :

Remets-toi dans mes mains ;Tremble, si ta balances ;
Suis-moi.


Scène IX.

PHANOR, ZOPIRE, SÉIDE.
PHANOR.

Suis-moiSeigneur, lisez ce billet important
Qu’un Arabe en secret m’a donné dans l’instant.


ZOPIRE., il lit.

Hercide ! qu’ai-je lu ? Dieux, votre providence
Voudrait-elle adoucir soixante ans de souffrance ?

(Après avoir regardé Séide.)

Suis-moi.

SÉIDE.

Suis-moi.Quoi, Mahomet…

ZOPIRE.

Suis-moi. Quoi, Mahomet…Viens, ton sort en dépend.

Ce changement n’est, au reste, qu’une transposition. (B.)

Page 142, premier vers. — Édition de 1742 :

Séide… cet écrit, ton aspect, ton absence,
À mes sens déchirés font trop de violence.
Hercide devant moi cherche à se présenter.
Ah ! les cœurs malheureux osent-ils se flatter ?
Hercide est ce guerrier dont la main meurtrière
Me ravit mes enfants, et fit périr leur mère.
Mes enfants sont vivants, et sans doute aujourd’hui
Mon sort et leurs destins s’éclairciront par lui.
Mahomet les retient, dit-il, sous sa puissance,
Et Palmire et Séide ignorent leur naissance !
Je m’abuse peut-être, et noyé dans les pleurs,
J’embrasse aveuglément de flatteuses erreurs ;
Je m’arrête, je doute, et ma douleur craintive
Prête à la voix du sang une oreille attentive.

PHANOR.

Espérez, mais craignez. Songez combien d’enfants
Mahomet chaque jour arrache à leurs parents :
Il en a fait les siens, ils n’ont pas d’autre père ;
Et tous, en l’écoutant, ont pris son caractère.

ZOPIRE.

N’importe ; amène Hercide au milieu de la nuit ;
Qu’il soit sous cette voûte en secret introduit.
Au pied de cet autel, où les pleurs de ton maître
Ont fatigué des dieux qui s’apaisent peut-être.
Un moment peut finir un siècle de malheurs ;
Hâte un moment si doux, va, cours, vole, ou je meurs.


Scène XII.

ZOPIRE., seul.

Ô ciel ! ayez pitié d’un destin que j’ignore.
Grands dieux, apprenez-moi si Je suis père encore !
Rendez-moi mes enfants ; mais rendez aux vertus
Deux cœurs nés généreux qu’un traître a corrompus.

FIN DU TROISIÈME ACTE.

Page 143, premier vers. — Édition de 1742 :

De ton affreux secret la trame est découverte ;
Ta gloire est profanée et ta tombe entr’ouverte.
Séide est rassuré : mais, etc.

Ibid., vers 10. — Édition de 1742 :

Il n’aura pas longtemps le secret de son maître.

Ibid., dernier vers. — Édition de 1742 :

aura rougi ses mainsDe ce grand parricide,
Que dans son propre sang ce secret soit noyé,
Que délivré d’eux tous je sois justifié ;
Qu’aveugle pour jamais ce peuple m’applaudisse,
Et jusqu’en mes fureurs adore ma justice ;
Qu’on remette à l’instant Palmire entre nos mains.
Épaississons la nuit qui couvre ses desseins.
Elle naquit en vain, etc.

Page 144, vers 23. — Édition de 1742 :

Retirons-nousIl vient ; sa démarche égarée
Marque une âme inquiète, et de zèle enivrée.

Page 148, vers 42. — Dans la lettre à d’Argental, du 19 janvier 1741, ce vers se lit ainsi :

Si du fier Mahomet vous respectez le sort.

SÉIDE., à Palmire.

Tu l’entends, il blasphème !

Ibid., vers 47. — Dans idem.

Si vous me conserviez mes malheureux enfants.

Page 155, vers 2. — Éditions de 1742 à 1756 :

On s’arme, on vient à vous, on prend votre défense.

ZOPIRE.

Soutiens mes pas, allons ; j’espère encor punir
L’hypocrite assassin qui m’ose secourir ;
Ou du moins, en mourant, sauver de sa furie
Ces deux enfants que j’aime, et qui m’ôtent la vie.

FIN DU QUATRIÈME ACTE

Page 162, dernier vers. — Dans sa lettre du 19 janvier 1741, Voltaire » demande à d’Argental s’il aimerait que la pièce finît ainsi :

Périsse mon empire ! il est trop acheté ;
Périsse Mahomet, son culte et sa mémoire !

(À Omar.)

Ah ! donne-moi la mort, mais sauve au moins ma gloire ;
Délivre-moi du jour, mais cache à tous les yeux
Que Mahomet coupable est faible et malheureux.


FIN DES VARIANTES DU FANATISME.