Le Corset - Fernand Butin/Génito-urinaire

Circulatoire Le Corset - Fernand Butin Les Améliorations Proposées


Influence du Corset sur l’appareil génito-urinaire.

1o REIN

Les femmes qui portent un corset trop serré ont de fréquentes envies d’uriner dues à la compression de la vessie par le refoulement de l’intestin. Cet inconvénient est secondaire, comparé à un autre, beaucoup plus grave, la mobilité, le déplacement du rein ; cette ectopie du rein est produite à droite par l’action du foie.

La palpation permet de s’apercevoir facilement de cette néphroptose. En effet, lorsque le rein est normal, sa surface d’accessibilité est trop petite pour qu’on puisse le percevoir en le palpant ; s’il est accessible à la palpation, c’est qu’il est mobile. Encore faut-il dire que dans bien des cas le diagnostic du rein mobile présente des difficultés à cause du mode de respiration costo-supérieure dont nous avons parlé.

M. Glénard, dans son Traité sur les ptôses, a clairement décrit et mis au point cette question des ptôses du rein, sans cependant parler de l’importance pathogénique de la pression exercée par le corset. Pour cet auteur, le rein mobile constitue la néphroptose qui n'est qu'un cas particulier de l'entéroptose ; s'il est plus fréquent chez la femme, la faute en est aux grossesses répétées et au relâchement de la paroi abdominale.

Il est hors de doute cependant que l'abus du corset est une des causes du rein mobile, ce fait est mentionné par tous les auteurs. L'abaissement plus fréquent du rein droit pressé entre le foie et le diaphragme et la proportion plus considérable de cette affection chez la femme et la jeune fille, montrent que c'est bien le corset qui détermine souvent cette affection.

2° L'UTÉRUS modifier

Le corset trop serré contribue certainement à l'abaissement et au renversement de l'utérus, et amène la production des troubles consécutifs, douleurs abdominales et lombaires, métrites, stérilité. La constriction exagérée du corset a pour effet presque constant les menstruations difficiles et douloureuses. A tel point que souvent le port du corset est impossible pendant les premiers jours des règles.

La compression du corset serré outre mesure est une cause assez fréquente d'avortement. A. Paré avait déjà fait observer que : « les choses qui compriment le ventre de la mère comme font les buses, et choses semblables qui empêchent que l'enfant ne peut prendre croissance naturelle, de sorte que les mères avortent. »

Cazeaux, Charpentier, Ribemont-Dessaigne, Tarnier rangent le corset parmi les causes d'avortement. Dareste et Cruveiiher ont accusé le corset de provoquer l'hydramnios.

Notre excellent maître, M. le professeur Pinard, parlant de la compression exagérée du corset a dit : « A un moment donné, cet organe se révolte contre cette pression, entre en contraction prématurée, décolle l'œuf et l'expulse. »

Cette cause d'avortement se rencontre chez les femmes et surtout les filles-mères qui veulent dissimuler leur grossesse. La striction du corset est le premier artifice auquel elles aient recours pour dissimuler leur grossesse.

Gerdy a cité l'observation d'une actrice de l'Odéon, qui, afin de pouvoir dissimuler son état, se faisait serrer à l'excès. Un soir, avant d'entrer en scène, elle se fit sangler avec tant de violence qu'elle mourut.

En 1896, M. le professeur Poucet, de Lyon, communiqua à l'Académie de Médecine l'observation d'une jeune femme de 23 ans, qui mourut d'une opération césarienne pour avoir serré son corset pendant sa grossesse.

Mme Tylicka a déjà cité les deux observations suivantes de Delisle (sur l'emploi du corset). Nous les rapporterons également parce qu'elles nous paraissent très intéressantes et d'un grand enseignement : OBSERVATION (Delislé). — Une fille de 22 ans, parvenue à terme sans que les personnes chez qui elle était en service s'en fussent aperçues, tant elle avait eu soin de se serrer l'abdomen avec un corset fortement baleiné et muni d'un buse en acier extrêmement résistant et de plus d'une ceinture également très serrée et très large. Lorsqu'elle est arrivée à l'hôpital, elle se plaignait de douleurs tellement fortes qu'on la fit monter de suite dans les salles : parvenue en haut de l'escalier, quelques liens de son corset se brisèrent et son ventre devint subitement volumineux, et à peine avait-elle fait quelques pas que son enfant tomba sur le parquet. Le cordon était rompu près de l'ombilic. La femme succomba de péritonite dès le septième jour.

OBSERVATION (Delislé). — Une jeune fille de 19 ans arrive à 4 heures du matin à la maison de santé du Faubourg Saint-Denis, déjà en proie à des douleurs; très serrée dans son corset, mais ne disant rien de sa grossesse. Bientôt elle accoucha, mais l'enfant mourut aussitôt. A la visite du matin, on était très étonné de ne trouver personne dan« son lit. L'infirmière a dit alors qu'après s'être reposée quelques heures, la parturiente était repartie pour que ses maîtres ne s'aperçussent pas de son absence... quatre jours après, elle revient, ayant une métro-péritonite des plus intenses avec délire, doujeurs atroces, vomissements. Elle succomba le cinquième Jour.

Dès le commencement de la grossesse, le corset doit être supprimé et remplacé par une ceinture élastique large et lâche par dessus laquelle s'attacheront les liens du vêtement. La femme devra porter une ceinture abdominale. Quant à l'appareil connu sous le nom de « corset de grossesse » condamné par Charpentier et les principaux accoucheurs modernes, il doit être absoment condamné.

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