Charlieu (p. 42-45).

CHAPITRE IX.

Les Coupeurs de têtes.

Pendant que nous causions avec le lieutenant-colonel Coignard, Kalino, qui avait sur nous deux grands avantages, celui de la langue et de la jeunesse, avait découvert notre hôtesse circassienne, et la décidait à faire son entrée dans le salon.

C’était une fort jolie personne de vingt à vingt-deux ans, vêtue à la mode de Wladikawkass, et qui, je crois, avait reconnu qu’il y a plus à faire avec une tête que l’on tourne qu’avec une tête que l’on coupe.

Il ignorait que nous avions accepté une invitation à dîner chez le lieutenant-colonel, et avait déterminé notre belle Circassienne à dîner avec nous.

Notre regret fut grand, mais la parole était engagée. Par bonheur, Kalino et notre jeune officier de Derbent n’avaient rien promis. Ils pouvaient rester, et, maîtres du cuisinier, nous remplacer avec avantage.

Nous fîmes agréer nos excuses à la belle Leila, — c’était le nom de notre hôtesse. — Nous lui promîmes de revenir aussitôt le dîner, si, de son côté, elle voulait nous promettre de danser, et, la parole engagée, nous partîmes avec le capitaine Grabbé.

Il habitait un joli petit appartement donnant sur le jardin botanique, et il nous montra ses cartons.

C’était un fort joli talent d’amateur, surtout pour les portraits.

Parmi ces portraits il y en avait trois ou quatre auxquels on voyait qu’il s’était adonné tout particulièrement. Ils se composaient seulement de la tête et du haut du corps. Les têtes, grandes comme des pièces de dix sous, étaient merveilleuses d’expression.

Quant à l’uniforme, il était le même.

— Voilà de belles barbes et de magnifiques figures, lui demandai-je, qu’est-ce que c’est que ces gaillards-là ?

— Les meilleurs enfants de la terre, me répondit-il ; seulement ils ont une manie.

— Laquelle ?

— Ils ont fait serment de couper chaque nuit au moins une tête de Tchetchen ; et comme les montagnards abrecks, ils tiennent rigoureusement leur serment.

— Ah ! ah ! voilà qui devient intéressant. À dix roubles la tête, cela fait trois mille six cent cinquante roubles par an.

— Oh ! ce n’est pas pour l’argent, c’est pour le plaisir. Il y a caisse commune, et quand il s’agit de racheter un prisonnier, ils sont toujours les premiers à apporter leur offrande.

— Et les montagnards, que disent-ils de cela ?

— Ils leur rendent la pareille du mieux qu’ils peuvent ; voilà pourquoi ils ont de si belles barbes et de si beaux cheveux ; c’est afin, disent-ils eux-mêmes, que lorsqu’ils ont la tête coupée, les Tchetchens sachent par où la prendre.

— Et vous en avez un régiment comme cela ?

— Oh ! non. Il faudrait choisir dans toute l’armée russe pour avoir un régiment d’hommes pareils. Nous avons une compagnie seulement. Elle a été fondée par le prince Bariatiwski, pendant qu’il était colonel du régiment de Kabarda. C’est lui qui leur a donné leurs carabines. Vous verrez : ce sont d’excellentes armes de Toula, à deux coups, portant la balle de munition ordinaire, avec une baïonnette de soixante centimètres de long.

— La baïonnette est bien gênante pour un bon tireur ; c’est une ligne que l’œil suit malgré lui et qui le fait dévier.

Leur baïonnette se replie sous le canon de leur fusil, et ne se redresse qu’à leur volonté en pressant un ressort.

— À la bonne heure ! Et ces portraits-là ?

— Sont ceux de trois d’entre eux : de Bajeniock, d’Ignacieff et de Mikaëlouk.

— Vous avez choisi les plus beaux, je présume ?

— Non, je vous jure, j’ai pris au hasard.

— Et nous pourrons les voir ?

— Je crois que le lieutenant-colonel veut nous donner une petite fête ce soir, à notre club, qui est tout bonnement la boutique du marchand épicier, et comme il n’y a pas de bonne fête sans nos chasseurs, vous les y verrez.

— Mais alors ils ne pourront pas faire leur expédition ce soir ?

— Oh ! ils la feront de même, un peu plus tard, voilà tout.

À partir de ce moment il me passa par l’esprit une idée qui ne me quitta plus.

C’était de faire l’expédition de la nuit prochaine avec eux.

Je crois que la même idée vint en même temps à l’esprit de Moynet, car nous nous regardâmes et nous mîmes à rire.

Seulement, ni lui ni moi n’en soufflâmes le mot.

En ce moment cinq heures sonnèrent.

— Et le lieutenant-colonel ? dis-je.

— J’aurais pourtant bien voulu faire une copie de vos croquis, dit Moynet.

— À quelle heure partez-vous demain ? demanda le capitaine Grabbé.

— Mais rien ne nous presse, répondis-je vivement ; nous n’avons que trente à trente-cinq verstes à faire d’ici à Tchiriourth.

— Eh bien, dit le capitaine Grabbé, vous verrez nos hommes ce soir, vous désignerez ceux qui vous conviendront, et je vous les enverrai demain matin, vous n’aurez jamais eu de meilleurs modèles ; ce sont des gaillards qui vous posent une heure sans cligner une seule fois de l’œil.

Tranquillisé par cette promesse, Moynet ne fit plus aucune difficulté de se rendre à l’invitation du lieutenant-colonel.

Pendant tout le dîner on causa mœurs, usages, légendes : le lieutenant-colonel Coignard, d’origine française comme l’indique son nom, est un homme d’un esprit fort distingué, très-observateur, parlant français comme s’il avait passé toute sa vie à Paris.

Le dîner passa donc aussi rapidement que passaient ces fameux dîners de Scarron où la conversation de sa femme était chargée de faire oublier le rôti.

C’était à huit heures que nous devions nous trouver au club avec les officiers du régiment de Kabarda. Le dîner avait fini à six heures vingt minutes ; nous demandâmes au lieutenant-colonel la permission d’acquitter la promesse que nous avions faite à notre hôtesse de venir passer une heure avec elle, qu’elle avait promis de son côté d’employer à nous faire faire connaissance avec la danse tcherkesse et la danse lesguienne.

La permission obtenue, nous fûmes en un instant de retour à notre domicile : nos trois dîneurs en étaient au dessert.

La belle Leila était en grand costume : elle portait sur la tête une petite calotte brodée d’or, avec un long voile de gaze tombant jusqu’aux hanches, une longue robe de satin noir soutachée d’or. Sur cette robe, dont les manches ouvertes dépassaient de beaucoup la main, elle avait passé une petite tunique de soie blanche et rose, serrant les bras, serrant la taille, serrant ou plutôt dessinant les formes inférieures et tombant jusqu’aux genoux. La taille était marquée par une ceinture d’argent soutenant un petit poignard recourbé en ivoire, incrusté d’or, dont le fourreau servait en même temps d’étui à un petit couteau fort élégant. Enfin, cette toilette, que je soupçonnai d’être plus géorgienne que circassienne, se terminait par de petites pantoufles pointues en velours cerise brodé d’or, qui n’apparaissaient que rarement pour montrer un fort joli pied, cachées qu’elles étaient par les longs plis de la robe de satin noir.

On a dit que le Circassien était le plus beau peuple de la création.

Cela est peut-être vrai pour les hommes, cela est contestable pour les femmes.

Cependant, à notre avis, le Géorgien peut lui disputer le prix de la beauté.

Je me rappellerai toujours l’effet que me produisit, au milieu des steppes des Tatars-Nogaïs, la vue du premier Géorgien que nous aperçûmes.

Depuis trois semaines ou un mois l’aspect des Kalmouks au milieu desquels nous avions voyagé, et des Mongols au milieu desquels nous voyagions, faisait passer sous nos yeux les deux types les plus incontestés pour nous autres occidentaux de la laideur humaine : teint jaune, peau huileuse, yeux petits et retroussés, nez épaté ou presque absent, barbe à poils isolés, cheveux incultes, malpropreté proverbiale, voilà ce qui du matin au soir récréait notre vue.

Tout à coup, en arrivant à une station, nous aperçûmes debout, gracieusement appuyé au chambranle de la porte, un homme de vingt-cinq à trente ans, coiffé d’un bonnet à la persane, mais plus bas de forme ; sa figure, au teint mat, était encadrée dans de beaux cheveux luisants et doux comme de la soie et une barbe noire au reflet rougeâtre ; ses sourcils étaient dessinés comme avec un pinceau ; son œil de jais, plein de vaguïté, était ombragé par une paupière de velours ; son nez semblait avoir servi de modèle à celui de l’Apollon Pythien ; ses lèvres rouges comme du corail, à travers sa barbe noire, faisaient valoir des dents de nacre, et avec tout cela cette espèce de dieu grec descendu sur la terre, ce Dioscure qui avait oublié de remonter à l’Olympe, était vêtu d’une tchoukha déchirée, d’une bechemette en loques et ses pieds nus passaient à l’extrémité d’un large pantalon de drap lesguien.

Nous jetâmes, Moynet et moi, un cri involontaire d’admiration, tant la beauté est en honneur chez les peuples civilisés, tant il est inutile de la contester, tant il est impossible de ne pas la reconnaître, qu’elle apparaisse sous les traits de l’homme ou de la femme.

Je fis demander à notre jeune homme à quelle race il appartenait, il nous répondit qu’il était Géorgien.

Eh bien, à notre avis, le seul avantage, comme beauté, que possède le Tcherkesse sur le Géorgien, c’est celui qu’aura toujours le montagnard sur l’homme de ville, c’est-à-dire l’adjonction du pittoresque à la perfection de la forme.

Le Tcherkesse, avec son faucon sur le poing, sa bourka sur l’épaule, son bachelick sur la tête, son kangiar à la ceinture, sa schaska au côté, son fusil à l’épaule, c’est le moyen âge ressuscité, c’est le quinzième siècle apparaissant au milieu du dix-neuvième.

Le Géorgien, avec son charmant costume, tout de soie et de velours, c’est la civilisation du dix-septième, c’est Venise, c’est la Sicile, c’est la Grèce, c’est ce que l’on a vu.

Le Circassien, c’est ce que l’on rêve.

Quant aux Circassiennes, peut-être leur réputation de beauté trop vantée leur nuit-elle, surtout au premier aspect. Il est vrai que nous avons vu les Circassiens, mais non les Circassiens de la montagne ; il est probable que la beauté primitive des femmes s’est abâtardie en descendant vers la plaine. Pour juger d’ailleurs, pour apprécier, pour affirmer, il faudrait avoir pu étudier la beauté des femmes de la Circassie comme l’ont fait certains voyageurs, et comme paraît l’avoir fait Jean Struys, auquel on peut d’autant plus se fier, ce me semble, qu’il appartient à une nation qui ne s’échauffe pas facilement.

Jean Struys, comme l’indique son nom, est Hollandais.

Nous citerons ce qu’il dit des Circassiennes ; il est moins difficile et surtout moins embarrassant parfois de citer que d’écrire.

« Les femmes du Caucase, dit Jean Struys, ont toutes de l’agrément et je ne sais quoi qui les fait aimer. Elles sont belles et fort blanches, et cette blancheur est mêlée d’un si beau coloris, que ce n’est que lis et rose aux endroits où il faut qu’ils soient pour faire une parfaite beauté. Leur front est grand et uni, et, sans le secours de l’art, elles ont si peu de sourcils, qu’on dirait que ce n’est qu’un filet de soie recourbé. Elles ont les yeux grands, doux et pleins de feu ; le nez bien tourné, les lèvres vermeilles, la bouche riante et petite, le menton tel qu’il doit être pour achever un ovale parfait. Le cou et la gorge ont la blancheur et l’embonpoint que demandent les connaisseurs dans une beauté achevée, et sur un dos plein et blanc comme neige tombent de longs cheveux de la couleur du plus beau jais, tantôt flottants, tantôt tressés, et qui accompagnent toujours agréablement le tour du visage. En parlant de leur sein, j’ai passé vite comme on fait des choses communes, et cependant il n’est rien de si rare ni qui mérite plus d’attention. Les deux globes y sont bien placés, bien taillés, d’une fermeté incroyable, et je puis dire sans exagérer que jamais rien ne fut si blanc ni plus propre, un de leurs grands soins étant de les laver tous les jours, de peur, disent-elles, de se rendre indignes par leur négligence des grâces que le ciel leur a faites. Leur taille est belle. grande et aisée, et toute leur personne pourvue d’un air libre et dégagé. Avec de si beaux dons, elles ne sont point cruelles ; elles ne s’effrayent pas de l’abord d’un homme, de quelque pays qu’il soit ; et, soit qu’il les approche ou qu’il les touche, bien loin de le rebuter, elles se feraient scrupule de l’empêcher de cueillir ce qu’il faut de lis et de rose pour un bouquet de juste grosseur. Mais si les femmes sont faciles, de leur côté les hommes sont si bons qu’ils voient d’un air froid cajoler leurs femmes, dont ils ne sont ni fous, ni jaloux, alléguant pour raison qu’il en est des femmes comme des fleurs, dont la beauté serait inutile s’il n’y avait pas d’yeux pour les regarder ni de mains pour les toucher. »

Voici ce qu’écrivait à Amsterdam, en 1661, pendant le commencement du règne de Louis XIV, et dans un style qui, comme on le voit, ne serait pas indigne de Gentil-Bernard, le galant voyageur Jean Struys.

Comme il paraît avoir fait sur les Circassiennes des recherches plus approfondies que les miennes, je me contenterai de me ranger à son avis et d’inviter mes lecteurs à en faire autant.

Au reste, cette réputation de beauté est si bien établie, que sur les marchés de Trébizonde et dans les bazars de Constantinople, le prix d’une Circassienne est presque le double toujours, parfois le triple d’une femme dont, au premier coup d’œil, la beauté nous paraîtrait égale et même supérieure.

Au reste, cette digression, au lieu de nous éloigner de notre hôtesse, n’a fait que nous en rapprocher.

Elle nous avait promis de danser, et nous tint parole. Seulement, comme nous avions négligé de ramener un musicien quelconque, elle fut obligée de danser en s’accompagnant d’un accordéon dont elle jouait elle-même, ce qui enlevait à sa danse l’élégance des bras.

Mais ce que nous voyions de cette danse était si charmant, que nous nous engageâmes après le club à ramener un musicien quelconque, pour que la belle Leila pût avoir un succès complet et digne de son mérite.

À huit heures, le capitaine Grabbé vint nous prendre ; la réunion était complète et nous étions attendus au club.

Comme on nous en avait prévenus, le club était tout simplement la boutique d’un épicier. Sur le comptoir, qui s’étendait dans toute la longueur de la boutique et derrière lequel passaient seuls les privilégiés, étaient rangés des fromages de toutes les espèces, des fruits frais ou confits de tous les pays.

Mais ce qui était formidable à voir, c’était une double rangée de bouteilles de vin de Champagne s’étendant d’un bout du comptoir à l’autre avec une régularité qui faisait honneur à la discipline russe.

Pas une en effet qui dépassât l’autre d’une ligne, pas une qui ne sentît les coudes de sa voisine.

Je ne les comptai pas, mais il devait bien y en avoir soixante à quatre-vingts.

Cela faisait deux ou trois par convive, en supposant que l’on n’envoyât pas chercher de renfort à la cave.

Nulle part on ne boit comme en Russie, si ce n’est en Géorgie cependant.

Ce serait une lutte sérieuse à voir qu’une lutte entre des buveurs russes et géorgiens. J’offre de parier que le chiffre des bouteilles bues arriverait à une douzaine par hommes : mais je ne me charge pas de dire d’avance à qui demeurerait la victoire.

J’étais, au reste, déjà aguerri à ces sortes de luttes. Dans la vie habituelle, je ne bois que de l’eau à peine rougie ; quand l’eau est bonne, je la bois pure.

Fort ignorant pour les crus de vin, capable de confondre le vin de Bordeaux avec le vin de Bourgogne, j’ai pour l’eau une extrême finesse de dégustation. Quand j’habitais Saint-Germain, et que par paresse mon jardinier allait puiser l’eau à une fontaine plus rapprochée que celle dont l’eau me désaltérait d’habitude, je reconnaissais la substitution à l’instant même.

Mais de même que tous les hommes qui boivent peu, — ce que je vais dire a l’air d’un paradoxe, — je suis très-difficile à griser.

La facilité à se griser chez les hommes qui boivent beaucoup tient à ce qu’il y a toujours un reste d’ivresse de la veille.

Je fis donc amplement honneur aux quatre-vingts bouteilles de vin de Champagne réunies pour la fête dont j’étais le héros.

Pendant ce temps retentissait dans une pièce voisine le tambourin tatar et la flûte lesguienne. C’étaient nos coupeurs de têtes, les chasseurs du régiment de Kabarda, qui venaient nous donner un échantillon de leur science chorégraphique.

À peine la porte fut-elle ouverte et fûmes-nous introduits comme spectateurs, que je reconnus les originaux des portraits que j’avais vus, Bajeniock, Ignacieff et Mikaëlouk. Ils furent fort étonnés que je les appelasse par leurs noms, et cette prescience de leur individualité ne contribua pas peu à activer la connaissance.

Au bout de dix minutes, nous étions les meilleurs amis du monde, et ils nous faisaient sauter dans leurs bras comme des enfants.

Chacun dansa de son mieux, nos chasseurs de Kabarda, la tcherkesse et la lesguienne : Kalino un des beaux et surtout un des infatigables danseurs que je connaisse, leur répondit par la trépaka. Peu s’en fallut que je ne me rappelasse les jours de ma jeunesse et que je ne leur laissasse à mon tour dans le Caucase un échantillon de notre danse nationale.

À dix heures, la soirée finit ; nous prîmes congé du lieutenant-colonel, qui fixa notre départ au lendemain, onze heures du matin, voulant avoir le temps de prévenir un prince tatar que nous dînerions en passant chez lui ; puis de nos jeunes officiers, parmi lesquels nous remarquâmes trois ou quatre capotes de soldats, dont les habitants, — j’allais dire à tort les propriétaires : le soldat ne possède rien, pas même sa capote, — dont les habitants ne nous parurent ni moins gais ni moins libres avec leurs supérieurs que les autres.

C’étaient de jeunes officiers faits soldats à la suite de condamnations politiques. Aux yeux de leurs camarades ils ne perdent absolument rien par cette dégradation, et par une délicatesse de cœur que devrait admirer, mais que se contente de tolérer, je crois, le gouvernement russe, ils jouissent au Caucase de la position sociale dont ils sont privés à Moscou et à Pétersbourg.

En nous retirant, nous demandâmes au lieutenant-colonel la permission d’emmener chez nous Bajeniock, Ignacieff et Mikaëlouk, ce qui nous fut accordé, à la condition qu’ils seraient libres à minuit.

Il y avait un secret d’arrangé pour la nuit.

C’est ainsi que l’on nomme une expédition nocturne contre les voleurs d’hommes, de femmes et d’enfants.

Nous promîmes à nos trois Kabardiens de leur rendre la liberté à l’heure à laquelle ils la réclameraient. Ils échangèrent quelques mots tout bas avec leurs camarades, et nous regagnâmes notre domicile, où nous savions être attendus par notre hôtesse, qui prenait, comme actrice, à la danse autant de plaisir qu’elle nous en donnait comme spectateurs.