Le Banquet des Muses/A monsieur auvray, sur le stile divers de ses satyres. sonnet

Mertens et fils (p. 9-10).


A MONSIEUR AUVRAY


SUR LE STILE DIVERS DE SES SATYRES.


SONNET.


Quand Je t’oy, mon Auvray, discourir quelquefois
Avec un stile doux qui charme mes oreilles,
C’est comme un petit vent qui esbranle des fueilles
Un ruisseau qui gazouille en ses rivages cois.

Puis, quand d’un grave ton et rehaussant ta voix,
D’yambes furieux tes jaloux tu esveilles,
Je songe à ces torrens aux roideurs nompareilles
Qui raflent bleds, bergers, bornes, buissons et bois.

Mais quand dans tes escrits, sans vanité contrainte.
Les plus riches trésors de l’antiquité sainte
Tu agences si bien et en fais ton profit.



Alors il me souvient d’une abeille légère
Qui sur un tas de fleurs voltige, mesnagere.
Puis en succe la craime, et son miel en confit.

R. GUIBOURD,

Advocat au Parlement de Rennes.