La franc-maçonnerie et la conscience catholique/1

Imprimerie de l’Action Sociale Ltée (p. 5-8).

LA FRANC-MAÇONNERIE

ET
LA CONSCIENCE CATHOLIQUE

ÉTUDE SUR LA DÉNONCIATION JURIDIQUE


I


Instituée pour faire la guerre au mal, et détruire son règne et son empire dans le monde, l’Église, dès sa naissance, savait ce qui l’attendait au cours des siècles. Elle était avertie.

Son fondateur n’avait-il pas dit à ses premiers apôtres : « Allez et enseignez toutes les nations ! » Mais il avait ajouté : « Je vous envoie au milieu des loups. » Ce n’était pas un correctif, mais un avertissement. De plus, il avait dit encore : « Le loup se cache sous la peau de la brebis ; mais soyez sans crainte, je serai avec vous jusqu’à la consommation des siècles, et jamais les portes de l’enfer ne prévaudront contre cette Église que je bâtirai sur la pierre. »

Il importe de ne jamais oublier ces paroles, quand on parle de l’Église, de ses ministres, de ses œuvres et de son histoire.

Il est manifeste qu’elle est née pour le combat, c’est sa vie, et jamais elle ne s’est dérobée à ce devoir. Alors rien d’étonnant qu’elle ait, elle aussi, ses moyens propres de défense et d’attaque ; on conçoit également qu’il lui importe de connaître ses ennemis. Et, c’est élémentaire.

Parmi eux, il en est qui frappent en plein visage, ce sont les braves : ils combattent l’épée en main, ces chevaliers d’une mauvaise cause, égarés par la passion que produit souvent l’erreur et qu’entretient l’ignorance. Ils sont animés d’une certaine bonne foi qui les amène souvent aux pieds de celle-là même qu’ils ont voulu détruire. Elle les accueille avec bonté, comme du reste, toute âme loyale et sincère qui cherche la vérité, et qui l’accepte dès qu’elle est reconnue.

Il en est d’autres qui se cachent, qui se dissimulent pour organiser leurs complots. Ils ne sont pas parmi les plus braves, ceux-là, mais ils comptent certainement parmi les plus dangereux. Ce n’est pas que l’Église ait peur ou qu’elle appréhende quelque coup mortel, elle ne craint rien sous ce rapport, les promesses de son fondateur lui ont suffi jusqu’à ce jour ; mais elle redoute pour ses enfants, l’effet de leurs machinations. Cependant, contre eux aussi elle est armée.

Fille de la lumière, elle se servira de la lumière, et elle projettera un puissant faisceau de rayons lumineux sur les bas-fonds dans lesquels ils se dérobent. Léon XIII l’a dit avec une vigueur et une énergie admirables : « Démasquez ces hommes, faites la lumière sur leurs agissements. »

Comme on le voit, c’est une bataille de nuit, en pleines ténèbres, puisqu’il faut descendre dans l’antre obscur de la « Veuve Trois-Points. »

C’est pourquoi, l’Église, afin de les atteindre plus sûrement, a fait aux fidèles un devoir grave de dénoncer les officiers et les chefs occultes de la Franc-Maçonnerie et des sociétés secrètes, et cela sous peine d’excommunication. C’est grave, oui, mais c’est sage et habile, car c’est combattre à armes égales, et ce sera une arme souverainement efficace dans les mains d’un soldat docile à la voix de ses chefs.

On aurait tort de reprocher à l’Église cette manière de combattre. Ce n’est pas elle qui l’a voulue. Encore un coup, elle est née pour le combat, il faut bien suivre l’ennemi sur le terrain que lui-même a choisi, à moins que l’on ne prétende qu’elle doive se laisser égorger bêtement comme une victime que l’on conduit à la boucherie. C’est ce qu’elle ne fera pas, elle ne peut pas le faire, elle n’en a pas le droit. Alors elle luttera et elle triomphera comme toujours en attendant qu’elle soit appelée sur de nouveaux champs de bataille, car ces luttes comme ces victoires ne sont, en somme, que des épisodes dans la guerre engagée depuis les premiers jours de son existence.

Bien peu connaissent cette obligation et en comprennent la portée ; cependant, comme nous le verrons tout-à-l’heure, elle intéresse tous les fidèles.

Nous essaierons donc dans les pages qui vont suivre, d’expliquer ce devoir, et d’en mesurer toute l’étendue.