La colonie Canadienne-Française de Chicago/Biographies

Strombert, Allen & Cie (p. 42-91).

BIOGRAPHIES.


Nous allons, maintenant, nous occuper des biographies de nos principaux compatriotes de Chicago, qui ont toujours su se distinguer par leur intelligence, leur cœur et leur dévouement à nos intérêts nationaux.

Vu le peu de temps que nous avons à notre disposition et les difficultés de nous procurer les notes voulues, nous avons cru mettre de côté l’ordre du mérite ou de la préséance sociale et nous attacher tout simplement à les entrer dans cette brochure au fur et à mesure qu’elles nous viennent.


Z. P. BROSSEAU.



Tout le monde sait ce qu’on entend par le Board of Trade. Dans cette immense bâtisse, une des plus imposantes de Chicago, la main de la fortune tient en souveraine le sceptre du destin. Entrons dans cette immense salle où s’opèrent au milieu de cris et d’acclamations les grandes transactions du monde commercial. Voyez cette masse d’hommes d’affaires suivant la hausse et la baisse des produits agricoles et n’hésitant pas de mettre à l’enjeu tout leur avoir. Distinguez-vous dans cette foule d’hommes habiles la figure de ce digne compatriote qu’on appelle M. Z. P. Brosseau. Son regard est pénétrant. Sa figure semble être de fer, tant qu’il est sérieux et est versé dans les affaires. Dans ces grandes luttes du commerce, on dirait qu’il est un des combattants les plus convaincus et les plus ardents. Comme il est différent, une fois qu’il est sorti de cette sorte de cohue. Dans son bureau, il est doux, affable et plein de courtoisie.. C’est le type du vrai gentilhomme.

M. Z. P. Brosseau est né à Laprairie, près de Montréal, en Octobre 1840. Ses ancêtres appartenaient à une des plus anciennes familles Acadiennes.

À l’âge de 15 ans, il laissa sa place natale et vint chercher fortune à Malone, N. Y., où il s’occupa de commerce.

En 1860, il prit la route de l’ouest et s’arrêta à Chicago. Ses talents et son énergie à toute épreuve le mirent en état de mettre de suite le pied dans le Board of Trade. Il ne s’écoula pas un temps long avant qu’il eût accès aux charges les plus sérieuses et les plus difficiles. Membre actif du Board of Trade, il fit des affaires considérables en société avec M. Joseph McDonald jusqu’en 1865. En 1871, M. Brosseau avait forcé la fortune à lui sourire,


m. z. p. brosseau.


et le grand incendie lui fit subir des pertes au montant de $30,000.

Ces revers n’arrêtèrent pas notre vaillant compatriote dans sa marche vers des succès de plus en plus éclatants.

En 1881, M. W. S. Booth devient son associé pour trois ans sous la raison sociale de Brosseau, Booth & Co., qui plus tard fut connu sous le nom de Brosseau & Co.

Dans le Board of Trade M. Z. P. Brosseau compte comme un des membres les plus importants. Il y remplit divers offices et actuellement il en est un des directeurs. Dans les comités, on ne peut se passer de ses lumières et de son expérience.

Il est un des fondateurs du club Canadien-Français Américain, dont il a été et est encore le président. Ce club a rendu de grands services durant la dernière campagne électorale à la cause du parti démocratique.


résidence de m. z. p. brosseau.
coin lake shore drive et barry avenue, chicago
.

Dans Chicago, il existe un club composé des plus grandes notabilités parmi les catholiques de toute nationalité ; disons en passant que M. Z. P. Brosseau en est le vice-président.

Ce distingué compatriote est celui qui fait aujourd’hui le plus honneur à notre nationalité et à la religion.

Avant longtemps, il brillera dans le monde politique, étant devenu celui qui apparaîtra le plus apte et le plus digne de nous représenter. En attendant l’arrivée de ce jour, le maire Harrison l’à nommé un des directeurs de la Bibliothèque Publique de Chicago.

Il est, en outre un des plus fermes soutiens de la paroisse de Notre-Dame, bien qu’il en soit à une distance la plus éloigné. Tous les ans, le couvent de Notre-Dame décerne à l’élève le plus méritant une médaille, qui porte l’éffigie de M. Z. P. Brosseau.

Dans la partie nord de la ville, au milieu d’un centre vraiment aristocratique, se trouve la résidence princière de ce brave compatriote. On peut s’en faire une idée en jetant un coup d’œil sur la gravure qui la représente.

M. Brosseau est un des notables de Chicago, et bien qu’il eut vécu dans un milieu réellement américain et saturé de protestantisme, il a toujours porté haut le drapeau de sa nationalité. Aussi il est admirable de voir que chez lui le français est toujours tenu à la place d’honneur.

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ARTHUR CHRISTIN





Parmi les notables industriels de notre colonie, nous devons citer M. Arthur Christin. On peut dire que confiant en lui-même, ne désespérant jamais, il est un de ceux qui donnent raison à cette maxime latine « Audoces fortuna juvat. »

Né le 10 Janvier, 1831, à l’Assomption, province de Québec, il passa les premières années de sa jeunesse au collège, qui porte le nom de son pays natal. Dès l’âge de dix-sept ans, possédant beaucoup d’énergie et de force de caractère, il comprit cette belle maxime de Franklin : « L’activité est la mère de la prospérité. »

De la comprendre à la mettre à profit il n’y eut pour lui qu’un pas. M. A. Christin partit pour la Nouvelle-Angleterre et se fixa à Boston. Il y débuta comme ouvrier cordonnier. Économe il y fit quelques épargnes qui lui permirent de monter un établissement de chaussures. Pendant les huit années que M. A. Christin resta dans cette ville, son commerce prospéra toujours et il y acquit une certaine fortune. Comme beaucoup il aimait son pays. Désireux de retourner au Canada, il se rendit à Montréal où il établit une maison de commerce importante. Malheureusement la fortune ne lui sourit pas aussi bien qu’aux États-Unis et il sentit la nécessité d’y retourner. Jamais découragé, plein de cette vigueur et de cette foi en lui-même qu’il héritait de ses ancêtres, il se rendit à Chicago en 1872. Esprit ingénieux, il sut être compris et trouvant un commanditaire pour la minime somme de $150 qui lui manquait il se lança dans la fabrication des « eaux gazeuses. » Grâce à son activité et surtout à sa grande loyauté dans les affaires, il acquit la confiance de tous, son commerce prospéra rapidement, et il s’enrichit en peu d’années.


ARTHUR CHRISTIN.

Il fait actuellement partie de plusieurs sociétés commerciales parmi lesquelles nous citerons la « Fountain Soda Water Co. » qui manufacture sur une grande échelle les fontaines pour le soda water et les marble draf operators. Le stock de cette société est évaluée à $150,000.

Il compte également parmi les membres directeurs de l’importante société connue sous le nom de « Consolidated Bottling Co., » dont le capital est de $600,000.

Bien que M. A. Christin soit presque tout le temps, en rapport avec les américains, par suite de ses affaires commerciales il se fait un devoir d’aider toutes les œuvres canadiennes.


RÉSIDENCE DE M. ARTHUR CHRISTIN.

À la tête d’une nombreuse famille, tous ses enfants occupent des situations très honorables et respectées.

Sa résidence comme ses bureaux et sa fabrique de soda water se trouvent dans le block qui porte son nom et dont il est propriétaire, rue ouest Harrison Nos. 423, 425 et 427. L’estimation en est de $50,000.


DR. ELZÉAR PAQUIN.




IL y a quelques années, apparaissait dans l’Est un vaillant compatriote pour la défense de nos intérêts nationaux. Les nôtres étaient déjà nombreux dans la Nouvelle-Angleterre, et pas un seul journal n’existait pour s’occuper d’eux et les faire respecter des étrangers. Feu Ferdinand Gagnon, dont le nom est gravé dans tous les cœurs, s’imposa la tâche ingrate, mais nécessaire, de fonder à Worcester, Mass., un organe destiné à les faire connaître et à les défendre. Ce noble et illustre canadien a éprouvé ce qu’il en coûte dans la fondation et le maintien d’un journal français, en ce temps-là, et il est tombé victime de son dévouement héroïque.

Dans l’Ouest, nos nationaux quoiqu’en aussi grand nombre que dans l’Est n’étaient pas connus, personne ne parlait d’eux.

En Canada, on n’était sous l’impression que les canadiens-français émigrés dans le Michigan, le Wisconsin, l’Illinois, et les autres états de l’Ouest, ne formaient pas de groupes importants, se trouvant trop disséminés partout.

Mais la Providence a fait surgir un autre champion de la nationalité canadienne-française, aux États-Unis. Les lecteurs de cette brochure comprennent déjà que le héros maintenant en question est notre brave ami, M. le Dr. Elzéar Paquin.

Le 19 février 1889, ce célèbre compatriote fondait à Chicago son journal appelé Le Combat, et, dans l’Ouest, tout le monde sait que cet organe français a noblement porté son nom. Le Dr. Elzéar Paquin a rempli une véritable mission, dans les immenses contrées occidentales des États-Unis. Son journal, ses voyages, ses conférences, et ses nombreuses recherches sur le progrès des nôtres, dans l’Ouest, constituent ce qu’on pourrait appeler un véritable apostolat national. Partout, nos compatriotes l’ont vu à l’œuvre s’imposant des sacrifices et des privations dont on ne peut se faire une idée. Le jour, comme un apôtre le plus zélé pour le salut des âmes, il rendait des visites à domicile, visitaient les places d’affaires occupées par ceux des nôtres qui étaient dans l’industrie et le


DR. ELZÉAR PAQUIN.
 
DR. JOSEPH J. FORTIER. DR. CHARLES E. CYRIER.

commerce, et il prenait des notes avec les plus grands soins et une attention digne de louanges. Le soir, on le trouvait occupé à rédiger ses articles sur chacun des centres canadiens-français de l’Ouest. Dans ses pérégrinations nationales, il a organisé un bon nombre de sociétés Saint Jean-Baptiste. Le but principal de son œuvre a été de jeter de la lumière sur le nombre et les progrès de nos compatriotes établis partout dans l’Ouest, de les aider à s’organiser en sociétés et en paroisses nationales, à l’exemple des allemands et des irlandais, et de les mettre à même de profiter des avantages d’un

journal exclusivement dévoué à leur cause.

Dans ses efforts patriotiques pour le bien de nos nationaux, il a été compris et aidé par des compatriotes d’intelligence et de cœur. Mais la masse de nos canadiens-français émigrés, manquant de lumières, ou plutôt n’étant pas en état d’apprécier la valeur d’un journal français et catholique, s’est montrée trop indifférente. Voilà pourquoi Le Combat n’a vécu qu’une couple d’années, son vaillant fondateur ne pouvant le soutenir d’avantage, faute de moyens pécuniaires.

Quelques mois après, à Marquette, Mich., le Dr Paquin fit renaître de ses cendres Le Combat sous le nom de La Vie.

Ce nouvel organe n’a pu se maintenir que six mois.

Croyant qu’il avait combattu assez les bons combats de la cause nationale et religieuse, dans l’Ouest, le Dr Paquin renonça au journalisme, et vint reprendre l’automne dernier, à Chicago, l’exercice de sa profession.

Comme ses talents et ses vastes connaissances lui permettent d’opérer des guérisons éclatantes, il me fait plaisir de dire que mon ami le Dr Paquin possède déjà une clientèle digne d’un médecin de sa réputation. Il se trouve dans un quartier presqu’exclusivement américain et il occupe avec sa gentille petite famille une splendide résidence sur le Boulevard Garfield.

La célébrité dont jouit le Dr Paquin non seulement dans l’Ouest mais dans tous les États-Unis, ne fait que suivre celle qu’il a acquise en Canada.

Né à Saint Raphaël, Île Bizard, le 23 décembre 1850, cet immortel défenseur des éléments constitutifs de notre nationalité, fit une partie de son cours classique au collège de Sainte-Thérèse et au collège des Jésuites, à Montréal, et le termina sous la direction du savant et illustre Abbé Alphonse Villeneuve, en 1873. Il entra ensuite au séminaire de Montréal où il passa un an à étudier la théologie.

Ne se pensant pas appelé au sacerdoce, il étudia la médecine au collège Victoria, à Montréal, et fut gradué en 1878.

Pendant sa cléricature, il écrivit de nombreux articles, dans le Franc-parleur de Montréal, sur diverses questions ayant rapport à l’hygiène et à la politique. De plus, des écrits publiés dans le Foyer Domestique d’Ottawa nous donnent des preuves que le Dr Paquin est doué d’un esprit vraiment philosophique. Ces travaux étaient intitulés : « Étude de l’Homme. »

Pour pratiquer la médecine, il s’établit d’abord à Montréal, où il passa cinq ans. Pendant ses moments de loisirs, il composa un ouvrage intitulé : « Le Livres des Mères. » La première édition de ce livre s’est écoulée rapidement. Il publia aussi plusieurs autres brochures sur les questions politico-religieuses agitées alors en Canada.

En 1883, il vint s’établira Chicago. Quelque temps après, il publia un livre intitulé : « Instructions pratiques sur l’Hygiène et les Maladies des Enfants. »

On voit, par ce qui précède, que le Dr. Paquin est un savant hors ligne. Durant ces dernières années, il a prononcé des discours qui prouvent qu’il est un orateur de première force. S’il possède une intelligence supérieure, on peut dire que dans sa poitrine se trouvent les ardeurs du plus pur patriotisme. — Rev. T. Ouimet.

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DR. CHARLES E. CYRIER.





BOURBONNAIS qui est incontestablement la paroisse la plus franchement canadienne des Illinois a vu naître plusieurs de nos nationaux qui se distinguent dans les professions libérales et M. le Dr C. E. Cyrier peut figurer avec avantage parmi ces illustrations. Ce vrai patriote est né à Bourbonnais le 3 mars 1854.

À peine âgé de 14 ans il fait son entrée au collège Saint-Viateur qu’il quitte à l’âge de 21 ans. Après avoir étudié pendant trois ans au « Rush Medical College » il débuta dans la pratique de sa profession à Bourbonnais. Quatre ans se sont écoulées et nous voyons M. le Dr Cyrier établi à Chicago où sa clientèle s’accroît constamment.

Les sociétés Saint Jean-Baptiste, la Cour Notre-Dame et la Cour La Salle des Forestiers Catholiques, « Order of United Workmen, » les Cours Champlain, Robin Hood des Forestiers Indépendants lui firent l’honneur de l’élire médecin d’office.

En 1886 il épousait Mademoiselle Éloïse C. Frazer de sa paroisse natale, et quatre garçons sont nés de cet heureux mariage.

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DR. JOSEPH J. FORTIER.





LE Dr Joseph J. Fortier, établi à Chicago depuis au-delà d’un an à son bureau au No. 329 rue Harrison. Né à Sainte-Scholastique, province de Québec, il fit son cours d’études au collège du Révérend François Bonin, ancien curé de cette paroisse.

Il est un des élèves de l’École de Médecine et de Chirurgie de Montréal, et il fut gradué le 8 mai, 1860, après avoir suivi les cours de cette Institution depuis 1855 et bénéficié des lumières du Dr Michel Prévost de sa place natale et des connaissances de son frère, le Dr Alfred Fortier, alors établi à Saint-Bruno, comté de Chambly.

Le comté de Russell. Ontario, et le comté de Laprairie, province de Québec, furent témoins de ses premiers succès.

En 1864, il émigra aux États-Unis, et dans l’intention de se perfectionner en Chirurgie, il entra comme assistant-chirurgien au service de l’armée. Ses capacités lui firent obtenir des charges dont il s’acquitta toujours à la satisfaction des officiers. Plus tard, pendant qu’il avait la charge du 18ième régiment Y. R. C., il établit à Washington un Post Hospital, qu’il réussit à mettre sur un pied d’ordre et de propreté tel que le colonel ne laissait jamais partir les visiteurs sans leur demander de visiter cet hôpital.

Ne trouvant pas à ce poste ce qu’il s’était proposé dans le service militaire, il fut mis en charge d’une salle à l’hôpital « Mount Pleasant General Hospital. »

Après la guerre, différents détachements lui furent confiés, dans la Virginie.

Après avoir quitté le service militaire, il vint successivement s’établir à Springfield, Mass., et Saginaw City, Mich.

En 1869, il se rendit à Chippewa Falls, Wisconsin ; où il demeura jusqu’en décembre 1891. Le Dr Portier fut le principal fondateur de la société Saint Jean-Baptiste de Chippewa. Il fut aussi un des fondateurs de la société Médicale du Comté de Chippewa. De plus, il est membre de d’autres sociétés médicales, dans le Wisconsin. Il fut le 1er chirurgien en charge de l’Hôpital Saint-Joseph, à Chippewa Falls.

En 1882, l’École de Médecine et de Chirurgie étant alors affiliée à l’Université du Collège Victoria, il soumit à cette Institution une thèse qui lui mérita les dégrés de maître en Chirurgie et de docteur en Médecine.

Il est actuellement à Chicago, où tout en se vouant à la pratique générale, il fait une spécialité de la généalogiste et de la chirurgie générale.


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DR. PHILIPPE LESAGE.





NÉ le 20 octobre, en 1866, à Bourbonnais, ce médecin est le frère du Rév. Père Lesage, curé de Brighton Park. Il entra au collège Saint-Viateur en 1878, et termina son cours classique en 1886.

En 1887, il commença à étudier la médecine au « Chicago Medical College » et fut gradué en 1890.

Après avoir acquis de l’expérience comme médecin interne à l’hôpital connu sous le nom de « Mercy Hospital, » où il passa un an, il vint s’établir à Brighton Park, en 1891.

En peu de temps, il a pu se faire une belle clientèle. Depuis 1891, il a été élu deux fois médecin de la Cour Jacques-Cartier des Forestiers Catholiques. De plus, il est médecin examinateur de l’assurance appelée « John Hancock Life Insurance Co., » de Boston.


DR. PHILIPPE LESAGE. ANTOINE GRIGNON.
 
ÉDOUARD L. CARON. THÉODORE PROULX, AVOCAT.

Le Dr. Lesage tient deux bureaux : l’un au No. 476, 31ième rue, l’autre au No. 1999½, 38ième rue.

Il n’a pas encore franchi le seuil de l’hymenée. Quand cela arrivera, sa digne compagne n’aura jamais à le regretter.

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ANTOINE GRIGNON.





Nous avons esquissé à grands traits les physionomies de nos concitoyens canadiens qui occupent une place distinguée dans le clergé, les professions libérales et le commerce. M. Grignon est un homme du métier ou de l’art inventé par Guttemberg. Il est aujourd’ui à la tête d’un florissant établissement après avoir été surintendant d’une grande maison de Chicago. Il avait commencé son apprentisage avec J. C. Benedick pour le terminer chez H. O’Donohue.

En 1880 réussissant bien dans ses entreprises, se croyant assuré d’un futur souriant, il épousa Mademoiselle M. J. Bell et trois enfants sont issus de cet heureux mariage. La paroisse Saint Jean-Baptiste le compte au nombre de ses plus dévoués paroissiens.

Mais nous oublions de parler de sa jeunesse. C’est à Montréal que M. Grignon vit le jour le 18 juillet 1857. Ses parents éminemment chrétiens l’envoyèrent aux écoles des frères. De ces frères que M. Thiers, célèbre homme d’état, aurait voulu placer dans chaque famille, et que monsignor Labelle qui s’y connaissait en fait d’hommes appelait de « l’or en barre. »

J’ai vécu dans beaucoup de provinces, j’ai été en relation avec beaucoup de catholiques et j’ai toujours distingué les élèves des frères des écoles chrétiennes par leur grand attachement à la foi catholique.

Mais, revenons à M. A. Grignon. En 1870 il a émigré à la Louisiane, puis quelques temps après il était à Chicago suivant le cours commercial au collège de Saint-Ignace dirigé par les Révds. PP. Jésuites.

Nous ferons remarquer qu’il fut président du club Dramatique Canadien-Français, à Chicago. Les recettes des soirées organisées par ce Club ont toujours été au bénéfice de l’école paroissiale de Notre-Dame ; alors sur la rue Halsted.

Ou y a représenté, une fois, « Félix Poutré, » tel que M. L. H. Fréchette l’a composé. M. Grignon y fit son début comme amateur dans le rôle de Camel.

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ÉDOUARD L. CARON.





LE 18 octobre 1862, ce compatriote vit le jour à Bourbonnais, comté de Kankakee, III. À l’âge de 7 ans, il commença ses études au collège Saint-Viateur, établi dans sa paroisse, et il en sortit au mois de juin 1871.

Désirant devenir pharmacien, il passa, d’abord, un an chez Babel & Stamm, à Kankakee.

Venant ensuite à Chicago, il trouva une position chez John Brown, au service duquel il resta sept mois. Plus tard, tout en étant à l’emploi de Marchall & Douherty, il suivit trois termes au « Collège of Pharmacy, » au lieu de deux, ce qui lui permit d’acquérir les connaissances requises pour être bon pharmacien.

Après avoir été gradué il vint offrir ses services à M. Warnecke, sur l’avenue Blue Island. En 1889, il acheta la pharmacie de son patron, qui avait peu de temps avant pris la place de feu Ernest Lebeau.

M. Caron, une fois à son compte, a su conduire son commerce de manière à marcher dans la voie du succès, et, il y a quelques mois, il ouvrit une des plus belles pharmacies du West Side, au coin de l’avenue Centre et de la 13ième rue.

Le 7 mai 1885, il maria Delle Edwidge Boisvert, fille de l’un des cultivateurs les plus riches de Bourbonnais. Une petite fille de 3 ans fait actuellement la joie de sa vie de famille.

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THÉODORE PROULX.





M. Théodore PROULX avocat et notaire public, au No. 87 sur la rue Washington, est né en 1861 dans la ville de Maskinongé, province de Québec.

Après avoir quitté l’École Normal de Montréal, il mit ses services en qualité de clerc au bureau des célèbres avocats Dorion, Dorion & Geoffrion.

Il abandonna pendant quelque temps l’étude du Droit et prit un hôtel à son compte.

En 1889, il fut admis au barreau de Chicago, où il jouit maintenant de la renommée que pourraient désirer les plus vieux avocats de cette ville. M. Proulx a acquis une fortune considérable, grâce à d’heureuses spéculations sur les biens immeubles, depuis 1878, date de son arrivée à Chicago.

Il est aujourd’hui à la tête d’une belle clientèle, et, en général, nos compatriotes l’honorent de leur confiance. Il est l’avocat pour la « Wide Awake Building and Loan Association, » ex-chef ranger de la Cour La Salle de l’Ordre des Forestiers Catholiques.

Il nous fait plaisir de remarquer ici qu’il n’a pas honte de passer pour un des fils de l’Église Catholique, contrairement à un certain nombre des nôtres qui se figurent avoir plus de contenance au milieu des Américains protestants en faisant la courbette aux suppôts de l’erreur. M. Proulx partage les délices du foyer domestique avec sa gentille épouse Delle Mathilde Bussière. La résidence de ce brave compatriote se trouve dans la partie ouest de Chicago. Parmi ses confrères, l’avocat Proulx est connu sous le nom de self made man.

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ELZÉAR A. BEAUVAIS.





M. Elzéar A. Beauvais est un autre canadien-français qui figure avec distinction dans le Board of Trade de Chicago. Il est né à Laprairie, province de Québec, en 1858. C’est là qu’il passa les premières années de son enfance.

Gradué du « High School » de Peterborough, Ontario, il devint, d’abord, un des employés de la « Loan and Trust Co, » de Montréal, et remplit avec grande satisfaction les différentes charges qui lui furent assignées, durant l’espace de sept années.

En 1881, M. Beauvais vint à Chicago et ne prit pas de temps à se familiariser avec le genre d’affaires qui se font dans le Board of Trade.

Son énergie et ses aptitudes commerciales lui permirent d’arriver promptement à la tête d’un établissement qui jouit de la meilleure réputation dans le Board of Trade. Il porte le nom de E. A. Beauvais & Co.


ELZÉAR A. BEAUVAIS.

Notre digne compatriote est membre du Columbus Club, un des plus aristocratiques de Chicago.

De plus dans toutes les œuvres inspirées par la charité et la religion, il a toujours su se montrer généreux.

Nous n’avons pas de doute qu’il restera toujours canadien-français, au milieu même de ses succès financiers, dans un monde tout-à-fait américain et protestant.

ZÉPHIRIN DE SAINT AUBIN.



Zéphirin de Saint Aubin est né le 3 mars 1831, au Cap Saint Ignace, comté de Montmorency.

Il fit un cours complet d’études classiques, au collège de Sainte-Anne de l’Apocatière. À 18 ans, il était professeur des Éléments, dans la même institution, et deux ans après, entra au grand séminaire de Québec pour étudier la théologie.

Ne se croyant pas appelé à l’état ecclésiastique, il quitta le séminaire et devint principal de l’école supérieure de Sainte-Marie de la Beauce. Peu après, vu ses aptitudes pédagogiques, la direction de l’école Modèle de Saint-Henri de Lauzon lui fut confiée. Plus tard, il devint directeur de l’École Supérieure de Belœil, comté de Verchères.

Travailleur infatigable, ses devoirs scolaires accomplis, il se livrait à l’étude de la loi pendant ses courts loisirs.

Notaire public, il exerça sa profession à Saint-Marc de Verchères et à Saint-Denis, et cela pendant 14 ans. Voyant sa famille augmenter et se trouvant en face d’un avenir peu certain, il résolut de chercher un champ plus étendu et plus sûr. Naturellement il tourna les yeux vers la République voisine. Le 10 septembre 1872, il dit adieu à la Province de Québec et vint s’établir à Chicago, sans jamais sentir dans son âme attristée la moindre diminution de cet amour vivace pour la foi, la langue et les mœurs de la patrie.

Dans la grande métropole de l’ouest, avec plus de courage, d’énergie et de constance que d’écus dans son escarcelle, mais appuyé sur le dévouement d’une épouse capable des plus grands sacrifices, il réussit à bien élever sa famille et à se créer une position qui, tout modeste qu’elle soit, le met à l’abri du besoin.

Il a été successivement président de la société Saint Jean-Baptiste et de Saint-Joseph, de Chicago.

Depuis un certain nombre d’années, il travaille comme agent d’assurance et de transactions sur les biens fonciers.

Plus indépendant de caractère que de fortune, catholique convaincu, et citoyen intègre, il fait honneur à la colonie canadienne-française de Chicago.


FAMILLE DE M. ZÉPHIRIN DE SAINT AUBIN.

Maintenant, il nous fait plaisir de dire quelques mots sur la nombreuse famille de ce vrai patriarche. Les huit enfants, issus de son mariage, suffisent pour attester qu’un vrai sang canadien circule dans les veines de ces deux époux.

Que font-ils donc les enfants de ce patriarche canadien, qui a l’habitude de dire franchement sa pensée ?

L’aîné, Ernest, âgé aujourd’hui de 34 ans, après avoir été sculpteur, chez Palmer & Fuller, ensuite dans le commerce à son compte, s’est trouvé en état de tenir un bureau comme agent de transactions sur les propriétés foncières, position qu’il occupe actuellement. Il peut maintenant envisager l’avenir avec assurance, en compagnie de sa gentille femme qui lui a donné un fils.

Arthur, le second, actuellement marchand en commission pour de grandes manufactures de l’Est, a acquis de l’expérience dans les affaires, comme employé pendant plusieurs années de quelques-uns des principaux magasins de Chicago, tels que Marshall Field, Carson, Pirie & Co., et J. V. Farwell. Il est à la tête d’une belle petite famille.

Ovide, le troisième, peu après son arrivée à Chicago, trouva une situation chez Marshall Field, qu’il conserva 20 ans, jusqu’au 1er janvier dernier. Pendant le temps qu’il passa au service de cette maison, la plus importante de l’Ouest, il fut envoyé tous les ans en Europe qu’il parcourut en tous sens pour faire les achats du département qu’il représentait. Aujourd’hui, en société avec son beau-frère Magnan et M. Norman, il possède un établissement de commerce considérable dans le Colorado. Il est marié et père de deux enfants.

Le quatrième, Lucien, est aussi marchand en commission pour de grandes maisons d’habits et de fourrures dans l’Est. Il voyage beaucoup dans l’Ouest, plus particulièrement. Il a bon pied et bon œil, connaissant bien les deux langues comme les autres. On peut dire qu’il sait faire honneur à sa famille et à sa nationalité.

Zéphirin, le cinquième, travaille depuis 10 ans chez James Walker. Sous le rapport du salaire et de l’avenir, sa carrière est enviable. Il a 21 ans.

Frédéric, après avoir fait un cours d’étude au collège de Montréal et à celui de Bourbonnais, est aujourd’hui à l’emploie de Marshall Field.

Ernestine, la septième, dirige actuellement une classe dans le couvent de Kankakee.

Ludivine, la dernière de la famille, est institutrice au couvent de Notre-Dame de Chicago.

Ces deux demoiselles ont reçu leur éducation dans les meilleurs couvents de Montréal.

Il y a quelques semaines, nous demandions à un des vieux amis de M. Saint Aubin ce qu’il pense de ce digne compatriote. Cet ami est un prêtre, qui a une grande mémoire de cœur, et qui nous est revenu après une absence de deux ans, pour cause de maladie. Voici sa réponse : « C’est un catholique et un canadien dans toute la force des mots. On connait l’arbre à ses fruits : huit enfants robustes, bons chrétiens et heureux travailleurs, sont une preuve vivante que cet arbre est réellement bon. Dernièrement, continua le prêtre, je lisais qu’un philosophe païen vit venir à lui un jeune homme pour lui demander ce qu’il fallait faire afin de réussir dans la vie. Le philosophe lui répliqua : « Sois vertueux et vas ton chemin. » Le père Saint Aubin a dû dire quelque chose de semblable à son intéressante famille. Sachant que la crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, ses enfants n’ont vu que les mûrs de l’école avec Dieu.

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LOUIS E. PAQUIN.





MONSIEUR Louis E. Paquin, de la société Paquin and Stillwell, avocats, 801 Chicago Opéra House, est né à Kankakee, III., de parents canadiens-français.

Il commença ses études légales en 1884, et après avoir été gradué il fut admis au Barreau en 1887.

En 1888, il se mit à la pratique de sa profession, et, jusqu’aujourd’hui, il a toujours su se distinguer comme un des avocats les plus proéminents représentants l’élément français.

Il a une des plus belles clientèles.


ULRIC BASTIEN. LOUIS E. PAQUIN, AVOCAT.
 
EUGÈNE E. FOISY. P. DEMERS.


EUGENE E. FOISY.


MONSIEUR Eugène E. Foisy est né à Saint-Mathias, comté d’Iberville, Canada, le 23 avril 1857. Les frères des Écoles Chrétiennes de Montréal, l’eurent comme élève jusqu’en 1868, époque où la famille allait s’établir à Boston, Mass. Cinq ans plus tard le jeune Eugène entrait chez un horloger et bijoutier. Ses succès lui ouvre les portes de la célèbre compagnie de Waltham, Mass. Possédant tous les secrets du métier, il ouvre à Lowell un magasin en société avec M. Alfred Simard. En 1883 il est à Chicago dans le populaire établissement de J. P. Wathier, 178 rue Madison, et le voici depuis 1885 possesseur d’un magasin au No. 107 avenue Blue Island.

M. Eugène E. Foisy est marié et père de trois enfants. Sa digne épouse Marie-Louise Demers, vit le jour à West Farnham, P. Q., Canada. Ce fut à Lowell, en 1879, que les portes de l’hyménée lui furent ouvertes.

Ce compatriote jouit actuellement d’une grande popularité dans le West Side. Sa réputation d’intégrité et d’habileté lui ont acquis une des plus belles clientèles.

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ULRIC BASTIEN.





Né le 10 novembre 1852, à Saint-François de Salle, Île Jésus, comté de Laval, Canada. M. Ulric Bastien commença son apprentissage comme menuisier et charpentier chez Lambert & Lamontagne, entrepreneurs en renom dans le temps à Montréal.

Il avait alors à peine l’âge de quinze ans.

En 1869, il laissa son pays pour les États-Unis, et Chicago devint le centre de ses opérations.

En 1871, on le trouve contre-maître dans les grands chantiers de Gerry Alliot. Il y travailla cinq ans.

En 1876, il abandonna cette position pour se livrer au commerce de charbon et de grains. Il tint ce genre d’affaires durant deux ans et six mois.

Ne se laissant pas décourager par une crise qui produisit une grande dépression dans le commerce, il ouvrit à son compte une boutique de menuiserie.

Depuis cette époque, il n’a fait que prospérer, et, aujourd’hui, il peut se reposer sous des lauriers, acquis par de longues années de travail.

M. Ulric Bastien est père de plusieurs enfants. En 1870, il épousa Delle Elizabeth Thérien, qui lui donna quatre enfants. Il convola en secondes noces, en 1889, avec Delle Éloise Gagnon, de laquelle il eut une fille. M. Bastien est très-populaire à Chicago.

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PHIDIME DEMERS.





Monsieur Phidime Demers, membre du Board of Trade et commerçant de grains, est né à Lévis, Province de Québec, Canada, en 1845.

Il fit son cours d’études au collège de Lévis et révéla dès sa jeunesse des aptitudes très-prononcées pour les affaires. Il fit le commerce de fleur et de grains pendant vingt ans à Québec, où il compta parmi les hommes d’affaires les plus importants. La crise financière de 1879 le força à passer à Chicago où il était déjà avantageusement connu par ses relations commerciales. Il ne lui fallut que peu de temps pour prendre sa place parmi les sommités du commerce de fleur et de grains, son coup d’œil sûr lui faisant voir de suite dans quelle direction il devait pousser son énergie. Il entra dans le Board of Trade, spécula sur la bourse et agit comme marchand en commission jusqu’en 1886, alors qu’il prit la charge importante de gérant des immenses affaires de la maison Gilbert, Montagne & Co., dans le commerce de grains et de fleur. Il est reconnu comme un des meilleurs experts dans cette ligne. Il fait un commerce considérable avec la province de Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Son salaire s’élève à $400 par mois.

M. Demers occupe aujourd’hui une position très enviable et possède une magnifique résidence dans la partie sud de Chicago. Il est père de 10 enfants, dont 8 filles et 2 garçons. Au nombre de ses filles se trouvait la célèbre cantatrice, Alice Demers, madame Bennis, dont la mort inattendue, arrivée à Paris au mois de septembre 1892, causa tant de regrets dans le monde artistique de Chicago. Madame Alice Demers-Bennis était reconnue comme la meilleure cantatrice soliste de Chicago, ce qui lui fit remporter la médaille d’or ornée de diamants, accordée par le Collège Musical de Chicago. Après avoir chanté à l’Auditorium et avoir été comparée à la Patti par les critiques les plus autorisés, madame Bennis se rendit à Paris pour perfectionner ses études musicales sous les plus grands maîtres. Elle devait bientôt faire entendre sa voix dans le Grand Opéra, lorsque la mort vint la ravir au monde artistique.

M. P. Demers a deux autres filles mariées en cette ville, dont les maris se trouvent dans de très bonnes positions.

M. Demers a été l’un des organisateurs du club Plessis, dont il est le président. On l’appelle à bon droit le fondateur de la paroisse de Saint Jean-Baptiste, ayant le premier suggéré l’idée de cette fondation et étant encore en tête du mouvement.

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MODESTE DUPUIS.


NÉ le 8 avril 1859, à Saint-François, township de Tilbery, comté d’Essex, Ontario, Canada.

Ayant eu le malheur de perdre ses parents pendant qu’il était en bas âge, le curé de sa paroisse, le Rév. Louis Villeneuve, le prit sous sa protection.

Il lui fit apprendre le métier de tailleur, et, dans ces moments de loisir, il lui faisait la classe.

En 1880, il vint tenter fortune aux États-Unis. Il s’arrêta d’abord à East Saginaw, Mich., ou il travailla comme tailleur, pendant deux ans.

En 1882, il prit la direction du sud de la Géorgie, où il passa un an.

Après avoir voyagé durant six mois, il vint s’établir à Fort Worth, dans le Texas. Il fit des affaires comme tailleur pendant deux ans.

Ensuite, il se dirigea à Chicago où il trouva une situation dans la maison importante de W. G. Jerrems, au coin des rues Clark et Adams. Il y fut employé durant six ans comme premier coupeur du magasin. Il a établi plusieurs succursales de cet établissement.

Le 2 de septembre 1891, il ouvrit à son compte, au No. 10 sur la rue Monroe, un magasin fashionable de tailleur.


MODESTE DEPUIS.

Le 5 décembre 1889, il épousa à Minneapolis, Minn., Delle Catherine Joséphine Pierce, née à Seeford, près de London, Ontario.

M. Modeste Dupuis a su toujours rester un digne fils de ses ancêtres en conservant sa religion et sa langue au milieu d’un élément étranger.

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DR. J. Z. BERGERON.




NÉ le 16 avril 1865, à Bourbonnais, comté de Kankakee, Illinois. À l’âge de 7 ans, il fit son entrée au collège Saint Viateur, qui se trouve dans sa paroisse, et en sort âgé


GABRIEL FRANCHÈRE. DR. J. Z. BERGERON.
 
MICHEL CYR. J. O. FRANCHÈRE.

de 20 ans. En 1886, il fut admis à l’étude de la médecine au « Rush Medical Collège, » et fut gradué en 1889. Pendant sa cléricature, il a été assistant au « Cook County Hospital. »

Lors de son admission à la pratique, il fut nommé assistant-surintendant de l’infirmerie dans le même hôpital.

En 1890, il se mit dans la pratique privée. Il est médecin visiteur de plusieurs hôpitaux.

En 1889, il épousa Delle Geneviève Ferguson, dont il eut un garçon et une fille.

Il nous fait plaisir de dire que dernièrement le Maire Harrison l’à nommé assistant du Comité Sanitaire de Chicago.

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GABRIEL FRANCHÈRE.





LA famille Franchère est une des plus anciennes de notre nationalité, dans Chicago. M. David Franchère vint s’y établir en 1849.

Ses garçons ont su marcher sur ses pas et gravir rapidement le sommet de la prospérité, tels que par exemple MM. J. O., Gabriel, Alphonse et Napoléon.

Ces lignes sont consacrées à faire ressortir quelques-unes des brillantes qualités de M. Gabriel Franchère. Il figure parmi les premiers hommes d’affaires de la métropole de l’Ouest. Il porte le même nom de ce grand voyageur qui a écrit l’ouvrage intitulé : « Relations d’un Voyage dans le Nord-ouest de l’Amérique Septentrionale, en 1810, 12, 13 et 14. » Cet illustre explorateur a des relations consanguines avec la famille dont fait partie celui dont nous nous occupons dans cet exquise biographique.

Bien que né et élevé dans un atmosphère purement américain, M. Gabriel Franchère a toujours cru devoir demeurer canadien par le cœur, la langue et la foi. Cela ne l’a pas empêché de devenir une étoile brillante dans le firmament commercial de Chicago. Il naquit à Chicago le 27 juillet 1852.

Il s’associa d’abord, en 1872, une digne compagne dans la personne de Delle Eugénie, une des filles de M. Louis Chiniquy, de Kankakee, Ill.

En 1876, il ouvrit un grand magasin de chaussures sur l’avenue Blue Island, en cette ville. Ses aptitudes commerciales lui permirent d’arriver en peu d’années à la possession d’une belle fortune. Aujourd’hui, il figure dans le West Side comme un des citoyens les plus importants.

Sur l’avenue Blue Island, il est propriétaire de deux grosses bâtisses affectées en partie au commerce. Dans l’une se trouve la fameuse « Salle Franchère » où se sont tenues tant d’assemblées de nos compatriotes, sans compter les réunions de citoyens de d’autres nationalités. Nos nationaux de Chicago peuvent dire à la louange de M. Franchère que les portes de cette salle leur ont souvent été ouvertes gratuitement, surtout lorsqu’il s’agissait des intérêts publics du groupe des nôtres.

De plus, sur la Vernon Park Place, M. G. Franchère possède un bon nombre de maisons.

À quelques pas de l’église Notre-Dame, il a fait en société avec son frère J. O., bâtir avant l’inauguration de l’Exposition Colombienne un magnifique hôtel, contenant 200 chambres. Les visiteurs qui les occupent en sont enchantés.

M. G. Franchère a toujours su aussi prêter main-forte à nos entreprises nationales.

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J. O. FRANCHÈRE.





MONSIEUR J. O. Franchère, né à Montréal en 1850, arriva à Chicago à l’âge d’un an et six mois. À peine avait-il douze ans, qu’il trouva à se placer chez Potter Palmer, dont l’établissement est devenu plus tard entre les mains de Marshall Field & Co. Le jeune compatriote montrait de bonnes dispositions pour le commerce. Aussi ne tarda-t-il pas d’ouvrir à son compte un grand magasin de chaussures sur l’avenue Centre No. 458.

Comme son frère Gabriel, il sut marcher promptement vers la fortune, grâce à ses principes d’économie et à son habileté dans les affaires.

Suivant M. J. O. Franchère, il importe dans le monde pour réussir de savoir ne s’occuper que de ses affaires, tout en étant libéral et généreux quand les occasions et les circonstances le demandent. Il a raison.

Bien qu’élevé au milieu de la ville de Chicago, M. J. O. Franchère n’a jamais cru devoir abandonner la langue française. Dans sa maison, notre belle langue occupe la place d’honneur.

En M. J. O. Franchère, nous avons un compatriote qui a pu arriver à figurer parmi les principaux hommes de commerce du West Side de la grande Métropole de l’Ouest.

Il possède maintenant des propriétés qui lui permettent d’avoir vingt-cinq locataires, et aussi une splendide résidence privée, évaluée à $15,000, sur la rue Loomis.

M. J. O. Franchère est un compatriote dont notre nationalité peut être fière, puisqu’il lui fait honneur et sait au besoin prêter main forte au mouvement de ses intérêts.

En 1889, avec son frère Gabriel, il visita l’Exposition Universelle à Paris.

Depuis trois ans, il est en société avec M. LaRocque dans ce que suivant le langage du pays on appelle « Real Estate, Loans and Insurance. »

M. J. O. Franchère et son associé ont accepté l’agence de la location du « New Era Building, » encoignure des rues Halsted, Harrison et de l’avenue Blue Island. Nos félicitations les plus sincères.

Sa gentille épouse est une des filles de feu Cyrille Lebeau, qui fut un des plus anciens entrepreneurs de Chicago. M. Franchère a droit d’être heureux des deux fils qu’elle lui a donnés.

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MICHEL CYR.





QUI ne connait pas ce bon patriote, ce canadien-français qui a tant fait pour sa race ? Dans le cadre restreint de ce livre il nous serait impossible de faire son histoire, mais ses œuvres sont connues, elles parlent pour lui, son nom est dans toutes les bouches et dans tous les cœurs. Tous les canadiens-français de l’ouest connaissent ce bon patriote qui a nom de Michel Cyr.

M. Cyr est né à Laprairie, près Montréal, P. Q., le 16 août 1848, alors que notre nationalité avait à soutenir de terribles combats. Il faut croire que les tristes évènements de cette époque ont influé grandement sur l’âme du personnage dont nous faisons l’histoire ; car M. Cyr a toujours été partisan convaincu et avéré de la langue française qu’il a défendue envers et contre tous. Ses convictions ont toujours été solides, ses principes sérieux et honorables.

Après un cours brillant au collège Masson de Terrebonne, le futur président de la société Saint Jean-Baptiste de Chicago se lançait sur la scène du monde plein de vie et d’espoir, ayant au cœur cette naïve illusion que les convictions quelles qu’elles soient doivent être respectées. Il s’aperçut bientôt que dans ce monde la vénalité est de mode et l’égoïsme est roi.

M. Cyr pouvait avoir une position lucrative dans un des bureaux publics les plus importants de Montréal. Mais pour cela, il lui fallait comme condition, sacrifier ses opinions politiques. M. Cyr abattu, dégoûté prit comme tant d’autres le chemin de l’exil.

À son arrivée à Chicago en mars 1869, le premier canadien qu’il rencontrait était notre poëte lauréat Louis Honoré Fréchette. Inutile de dire qu’une étroite liaison et une vive amitié s’établirent immédiatement entre ces deux grands patriotes. Pendant les quatorze années que notre héros passa comme teneur de livres chez Messieurs Byrne & O’Brien entrepreneurs-plâtriers, il s’est toujours occupé de questions nationales. On le rencontrait à tout instant dans les maisons commerciales de notre ville cherchant des positions à toute cette jeunesse canadienne forcée d’émigrer aux États-Unis. On l’a vu même fournir à ses frais des outils à de pauvres ouvriers qui se trouvaient dans la dèche.

En décembre 1886, ses capacités et son dévouement le faisaient choisir comme président de la société Saint Jean-Baptiste de Chicago. En 1888, il était délégué à la convention nationale de Nashua par la société Saint Jean-Baptiste et la paroisse Notre-Dame. Depuis plusieurs années il remplit les fonctions de Chef Ranger des Forestiers Catholiques qui l’ont eux-mêmes délégué aux conventions de Milwaukee en 1891 et de Montréal en 1892. Il est actuellement un des canadiens-français au bureau de la direction de la Haute Cour des Forestiers Catholiques. En un mot, M. Cyr a toujours occupé parmi nos compatriotes une position des plus enviables.

La langue française se parlent et s’enseigne au foyer de cet éminent compatriote. Pour le prouver, qu’il nous suffise de dire que Delle Cordélia a remporté au couvent de Notre-Dame la première médaille donnée par M. Z. P. Brosseau à l’élève la plus compétente en langue française. M. Michel Cyr fut toujours le champion de notre race à Chicago. Il y a 18 ans « l’Evening Journal » de cette ville avait lancé des injures graves à l’adresse de nos compatriotes. M. Cyr se mit à l’œuvre et la réponse qu’il donna à cet insulteur de notre race fit sensation dans la presse de Chicago, et quelques jours plus tard « l’Evening Journal » faisait une rétractation complète. Somme toute, il serait à désirer qu’il y eut beaucoup de canadiens-français de cette trempe ; les luttes que nous avons à soutenir seraient moins dures et moins terribles, les soldats étant plus forts et plus vaillants.

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CÉZAIRE GAREAU





MONSIEUR Cézaire Gareau est un des entrepreneurs charpentiers les plus en renom de Chicago. Il est né à Terrebonne, près de Montréal, Canada, le 3 janvier 1844. Il porte le même nom que son père, et il est l’aîné d’une famille de neuf enfants.

Il a été élevé, en Canada, et a reçu son éducation au collège Masson, de Terrebonne. Il y suivit un cours commercial, et il en sortit après avoir été gradué avec distinction.

En 1869, il vint à Chicago, et il ne tarda pas d’obtenir, chez M. Goldie, la position de contre-maître, qu’il garda six ans. Ensuite il entra au service de P. J. Sexton et de plusieurs autres jusqu’en 1882.

À cette époque, il se mit en société avec M. G. Clément, aussi de Terrebonne, et il commença à figurer parmi les entrepreneurs de Chicago. Deux ans après, il devint seul dans ses entreprises et en peu d’années il s’est élevé au premier rang.

Il construisit des bâtisses considérables, dont quelques-unes portent les noms de A. J. Snell, de Sprague, de Warner & Co., de A. E. Kent, de John Berry et de Caruther, et aussi de magnifiques résidences sur le Boulevard Ashland, comme celles de Goldsmith, de Sherwood, de Scherer et de R. H. Peratzki, ainsi que celles de l’ex-sénateur Riddle et de J. D. Marshall sur le Boulevard Jackson. Dans le west side, la « A. J. Stone Building, » la plus haute et la plus aristocratique, est aussi une de ses constructions.


M. CÉZAIRE GAREAU.

M. Gareau possède plusieurs propriétés sur le Boulevard Jackson, l’avenue Ogden, et les rues Harrison, Wood et Van Buren.

Il est actuellement occupé à bâtir la « Tudor Appartment Building, » sur la rue 43ième et l’avenue Ellis.

M. Gareau est membre des « Builders and Traders Exchange, » et aussi de l’association des « Carpenters and Builders, » dont il a été directeur pendant quatre années.

Notre compatriote se maria à Chicago avec Delle Angèle Bisson, du Mile-End, Montréal, de laquelle il eut une fille, Demoiselle Georgianna, et deux garçons, Louis et Gédéon tous vivants.

Voilà un canadien-français qui s’est élevé au premier rang parmi les entrepreneurs de Chicago et qui est devenu capable, grâce à sa fortune et surtout à l’honorabilité de son caractère de figurer avec distinction dans les meilleurs cercles de la société.

Ses entreprises et ses rapports sociaux qui l’ont entraîné dans un milieu purement américain, n’ont pas diminué en lui les qualités qui caractérisent un bon canadien-français.

Il reste toujours attaché à sa langue, à sa foi et à sa nationalité. On le trouve toujours prêt, en tout temps, à seconder tout effort déployé pour les intérêts nationaux.

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JOSEPH AUBRY.





IL EST de New York où il est né le 17 de février 1849. Sa famille retourna à Montréal, en 1856. Il fréquenta les écoles des Frères de la Doctrine Chrétienne. Après son apprentissage comme menuisier et charpentier, il émigra à Chicago en 1878. En 1880, il se maria avec Delle Rosalie Dubé, en cette ville. Il est compté au nombre des principaux organisateurs de la paroisse de Saint Jean-Baptiste. C’est un propriétaire à l’aise.

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ALEXIS LABINE.





SA NAISSANCE date du 12 d’octobre 1854, à Saint-Alexis, comté de Montcalm, Canada. En 1878, il se rendit à Chicago. En cette même année, il retourna au pays natal pour convoler en premières noces avec Delle Delima


JOSEPH AUBRY. ALEXIS LABINE.
 
LOUIS COURCHÈNE. FRANÇOIS ROBICHAUD.

Prud’homme, dont il eut un garçon. Plus tard, en 1886, à Chicago, il se remaria avec Delle Louise Duplessis. Elle lui a donné deux enfants. Il tint un bon hôtel sur la rue Halsted, tout près de la rue 52ième. C’est encore un canadien qui aime à aller de l’avant, et qui figure comme organisateur de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Chicago.

FRANÇOIS ROBICHAUD.



NÉ le 15 d’avril 1850 à Saint-Jean-Port-Joli, comté de Montmagny, province de Québec. En 1881, il arriva à Chicago, et s’y maria en 1886 avec Delle Delvina Labine, dont il eut trois enfants. Fut un des promoteurs du projet de fonder la paroisse de Saint Jean-Baptiste, à Chicago, et, aujourd’hui, il en est un des marguilliers. Comme charpentier et menuisier il a pu se créer un bon avenir à Chicago, où il est propriétaire. C’est un bon et brave compatriote.


LOUIS COURCHÈNE.



VIT le jour le 23 d’octobre 1856, à l’Île-du-Pas, comté de Berthier, Canada. Vint à Chicago en 1886, où il passa d’abord un an dans le quartier ouest. Ensuite, il se rendit sur la 53ième rue où il fit l’acquisition d’une belle propriété. C’est un bon charpentier et menuisier, comme savent l’être nos compatriotes. En 1874, le 6 de juillet, il se choisit une compagne dans la personne de Delle Édesse Beaudry. Père de neuf enfants, dont trois décédés. Il compte aussi au nombre des organisateurs de la paroisse Saint Jean-Baptiste.


PLACIDE PROTEAU.



NÉ le 13 février 1859, à Charlesbourg, Province de Québec, Canada. À l’âge de 15 ans, il entra au Séminaire de Québec où il passa huit ans. En 1883, il vint se fixer à Chicago où durant les trois premières années il réussit à faire des épargnes comme charpentier et menuisier.

En 1886, il établit à son compte une boulangerie, d’où sort du bon pain canadien que tout le monde aime à manger. C’est la réputation de ce pain canadien, qui l’a fait marcher dans la voie du succès.


PLACIDE PROTEAU.

Aujourd’hui, M. Proteau possède deux belles propriétés, sur la Vernon Park Place, tout près de l’église Notre-Dame. On prétend qu’elles peuvent être évaluées à $30,000.

Le 3 de janvier 1890, il se maria avec Delle Marie Giroux, et de ce mariage deux enfants ont vu le jour, un garçon et une fille.


FEU DR. GABRIEL LETOURNEUX.



IL NOUS fait plaisir de dire quelque chose de la vie si bien remplie de ce brave citoyen et de ce ferme chrétien. Ce compatriote fut un homme d’église dans toute la force du mot. Doué d’une voix puissante et juste, il a vécu pour chanter le Dieu qu’il adorait, de manière que sa nombreuse famille a été élevée et a grandie dans un milieu toujours inondé d’harmonie.

Que l’on demande aux canadiens-français de Bourbonnais s’ils ont connu le Dr. LeTourneux ? Tous répondront que sa maison était le rendez-vous de la jeunesse, de l’âge mur et de la vieillesse ; qu’ils ne se rassassiaient jamais d’entendre dans la plaine de Kankakee les sublimes chants de la patrie absente.

Aux grandes fêtes, le Dr. LeTourneux et sa famille faisaient tous les frais de la partie musicale.

Lorsqu’ils vinrent s’établir à Chicago, ils inauguraient la grande musique classique, et les modestes voûtes des églises Saint-Louis et Notre-Dame retentirent des magnifiques accents de sa mélodieuse voix de ténor.

Jetons maintenant un coup-d’œil sur l’individualité de ce digne compatriote.

Le Dr. LeTourneux est né à Montréal le 20 octobre 1822.

Après avoir terminé son cours classique au collège de Saint-Hyacinthe et s’être initié à la science médicale à l’Université McGill, il est admis à la pratique en 1846. Il alla immédiatement débuter dans sa profession à l’Assomption où il demeura trois ans.

En 1849, il vint se fixer à Chicago. À cette époque, la métropole de l’Ouest n’offrait guère d’avantages à un médecin canadien, vu que nos nationaux y étaient peu nombreux et menaient une vie presque nomade.

Comme Bourbonnais Grove, à 55 milles de Chicago, est un centre établi par un groupe des nôtres, il crut que la Providence l’y appelait parcequ’il pouvait leur être plus utile. Dans cette localité, en effet, nos nationaux étaient plus nombreux et se trouvaient presque tous propriétaires. Il y consacra 18 ans au service de l’humanité souffrante et de la religion. Il figura à la tête de cette héroïque phalange qui a opposé une victorieuse résistance aux assauts de l’apostat Chiniquy contre la foi catholique.

En 1856, il était nommé maître de poste de Bourbonnais, charge qu’il occupa jusqu’en 1870. Alors il revint à Chicago.

En 1875, sa vie active fut soudainement interrompue par une paralysie qui le tint confiné dans sa maison jusqu’à sa mort. Ce pénible événement pour sa famille eut lieu en 1875.


DIEUDONNÉ LAPOINTE. FEU DR. GABRIEL LÉTOURNEUX.
 
LOUIS RACICOT. THÉOPHILE CHARPENTIER.

Ce canadien peut être considéré comme le pionnier et l’âme des intérêts religieux à cette époque, de la colonie canadienne-française de Chicago.

Qu’il était beau de voir ce brave père de famille transporter son harmonium dans le sous-bassement de l’église St. Mary pour y chanter avec ses enfants les louanges de Dieu à la première messe célébrée par un prêtre canadien, le Rév. Père A. Lebel, pour la première fois dans ce lieu de prière.

On le voit également avec sa famille à la tête du chœur de l’église Saint-Louis.

Un mot maintenant sur sa famille :

L’aîné, Tancrède, après avoir fait de bonnes études commerciales, tint une pharmacie sur la rue Madison. Le grand feu de 1871 détruisit de fond en comble son florissant établissement. Il se remit dans le commerce avec une nouvelle ardeur. Quelques années après, il quitta Chicago pour aller tenter fortune à San Francisco. Il se livra à l’étude de la médecine, et, une fois lancé dans la pratique, il figura tantôt comme chirurgien et premier médecin de l’hôpital de la “Mercy, ” tantôt comme membre du bureau d’hygiène de la Californie. Il occupe aujourd’hui une des plus hautes positions dans le bureau des examinateurs de l’État.

Le second, Charles, eut son berceau, comme son frère aîné, à l’Assomption, Canada. Il est maintenant dans le commerce de chaussures, en société avec son frère Édouard.

Né à Bourbonnais, Gaspard reçut son éducation au collège Saint-Viateur, de cette localité. En 1868, il est à Chicago, à l’emploi de Field Leiter pendant plusieurs années. Maintenant, il se trouve à Neenah, Wisconsin, comme premier commis au bureau d’enrégistrement de cette ville.

Les filles, comme les garçons, de cette brave famille, se distinguent par leurs brillantes qualités, au milieu de notre société canadienne-française. Elles reçurent une solide éducation au couvent de Bourbonnais. Dans l’enseignement de la musique, leurs nombreux élèves prouvent leurs succès.

L’une d’elles, Emma, est l’épouse de M. A. A. Franchère. Une autre, Laura, est devenue la digne compagne de M. H. A. Douglass.

Ces dames et leur sœur, demoiselle Marie, dignes enfants d’un père voué à la grande musique religieuse, continuent encore dans le chœur de chant de l’Abbé Thérien, à l’église Notre-Dame à maintenir à sa hauteur la renommée du nom du Dr. LeTourneux.


DIEUDONNÉ LAPOINTE



NÉ à Montréal, le 6 de juillet 1860. En 1863, sa famille émigra à New York, où il ne put faire autrement que de s’instruire dans les écoles publiques. En 1872, il suivit sa famille qui retourna à Montréal.

Il compléta son éducation chez les Frères des Écoles Chrétiennes. Ayant des aptitudes prononcées pour la musique, il fit partie de la fanfare des Frères du faubourg Québec. L’on sait que de ce corps de musique sont sortis les meilleurs membres de la fameuse bande connue sous le nom de « Bande de la Cité » de Montréal.

Pendant six ans, après sa sortie de l’école des Frères, il figura au nombre des musiciens composant cet important corps de musique. En 1876, il débuta à Montréal, dans l’imprimerie, la lithographie et la gravure chez Bishop & Co. Il s’y trouvait sous la direction de M. James Armstrong, le surintendant de l’établissement.

Après un certain nombre d’années, il s’en alla à New York pour se perfectionner dans l’art de la photo-gravure. En 1887, il vint à Chicago où son habileté et son expérience lui permirent de tenir un atelier à son compte.

C’est lui qui le premier obtint les commandes des grands journaux de Chicago pour les gravures, ce procédé étant encore inconnu dans cette ville. Deux ans après, il prit un engagement à la « Tribune, » pour trois ans, moyennant un salaire de $3,000, par années. Ce temps expiré, il avait en mains d’autres découvertes se rapportant à des procédés nouveaux pour des photo-gravures à couleurs variées.

L’Inter-Ocean, un autre grand journal de Chicago, fit des arrangements avec lui pour avoir le bénéfice de telles découvertes, ce qui a permis à ce journal de faire sortir un supplément, chaque samedi, contenant des gravures à quatre couleurs. C’est le seul de ce genre en Amérique.

Se mettant ensuite en société avec M. Harvey sous le nom et raison sociale de Harvey & Lapointe, ils établirent un atelier de photo-gravure sur la rue State.

En 1885, le 1 août, il épousa à Montréal Delle Élodie Mousseau. De ce mariage sont nés un garçon et une fille.

Disons, en passant, que M. Dieudonné Lapointe, s’est toujours dévoué pour ses compatriotes, en initiant les jeunes gens suivant à son art ; M. Louis Racicot, de la « Tribune, » M. George Lebeau, de l’Inter-Ocean, M. Théo. Charpentier, du « Times, » et deux de ses cousins, François et Raoul Lapointe, qui ont mis ces jeunes gens en position de marcher s’ils le veulent, vers un avenir assuré.


LOUIS RACICOT.



MONSIEUR Louis Racicot est né à St. Constant, comté de Laprairie, le 13 de mai 1872, de parents canadiens-français. Il fréquenta, pendant cinq ans les écoles des Frères de la Doctrine Chrétienne.

Ayant eu le malheur de perdre sa mère, alors qu’il n’avait que l’âge de 13 ans, il partit l’année suivante pour Chicago.

Bien que jeune et loin de tous parents et amis, il s’est toujours fait remarquer dans ce grand centre par son assiduité au travail, par sa bonne conduite, et par la manière dont il a su se créer des épargnes.

À son arrivée à Chicago, il trouva une position chez M. D. Lapointe, sous la direction duquel il fit son apprentissage dans l’art de la photo-gravure. Lorsque M. D. Lapointe laissa la « Tribune, » le jeune Racicot fut jugé capable de prendre sa place. Il gagne un salaire de $2,500 par année.

Voilà un jeune compatriote qui prouve que quand on sait marcher dans le chemin du devoir et de l’honneur on peut arriver, surtout aux États-Unis, à des positions les plus lucratives ou des succès qui feraient ouvrir les yeux à bien du monde, en Canada.


THÉOPHILE CHARPENTIER.




NÉ le 17 décembre 1869, à Montréal, Canada. En 1886, il vint à Chicago avec sa famille. Il avait alors dix-sept ans et avait terminé un bon cours commercial. Il commença de suite son apprentissage dans la photo-gravure sous la direction de M. D. Lapointe.

Deux ans après, il prit la charge du département de la photo-gravure du « Times, » un des grands journaux de Chicago. Après avoir été cinq ans au service du « Times, » il est entré dans l’établissement le plus considérable de la photogravure, à Chicago. Cette maison est connue sous le nom de « Garden City Photo-Engraving Co. »

C’est dans cette même maison qu’il travaille aujourd’hui. Il est encore tout jeune, et s’il est actuellement en voie de se faire un bel avenir, c’est dû à sa bonne conduite et à ses capacités.

Le 20 juin 1891, il crut que ce serait mieux pour lui de se marier, et son union se contracta avec Delle Marie Zace, à Chicago. Il est père d’une jolie petite fille.


NECTAIRE ROUSSEAU.




VOICI un compatriote qui mérite notre respect et notre estime. Catholique convaincu, nous le voyons toujours à la tête de tout ce qui est propre à promouvoir les intérêts de la religion. Plein de patriotisme, il ne fait jamais défaut quand il s’agit de notre avancement national. Il est un des organisateurs de plusieurs sociétés canadiennes-françaises, telles que la Saint Jean-Baptiste, la Cour Notre-Dame, No. 25, des Forestiers Catholiques.

Citoyen dévoué au bien de la société en général, M. Rousseau appartient à la Saint-Vincent de Paul, et est depuis 23 ans membre actif de l’association de bienfaisance connue sous le nom de « Secours Mutuel. »

Il est considéré au nombre de nos nationaux les plus honorables et les plus respectables. C’est un citoyen bien vu dans Chicago. Il tient sa famille sur le bon ton, et elle sait figurer au milieu de la bonne société.

Dans la construction des lignes télégraphiques, M. Rousseau est regardé comme un des plus habiles. Comme mécanicien, il s’y est fait une réputation extraordinaire.

Né à Saint-Damase, Province de Québec, le 31 août 1838, sa famille se rendit à Détroit en 1844.

En 1856, il offrit ses services à la « Western Union Telegraph Company » qui l’employa d’abord dans ce qui se rapporte à la construction.


nectaire rousseau.

En 1860, eut lieu la construction de la première grande ligne télégraphique dans l’Ouest, jusqu’à Sacramento, en Californie. C’est notre vaillant compatriote qui fut chargé de conduire les travaux.

En 1861, dans le courant de décembre étant de retour à Omaha, il fut chargé par le général Stager de construire des lignes télégraphiques, de Chicago à Omaha, durant la guerre civile.

En 1865, il retourna à Détroit, où, le 3 de janvier de la même année, il épousa Delle Lodia Dupont.

Il vint ensuite se fixer à Chicago où il éleva une famille de neuf enfants, dont trois sont mariés.

Aussitôt arrivé dans la grande métropole de l’ouest, il prit la charge des lignes de la compagnie appelée « Illinois & Mississipi Tel. Co. »

En 1869, cette compagnie s’est fusionnée avec la « Western Union, » et M. Rousseau a reçu la charge de toutes les lignes télégraphiques de Chicago.

En 1873, la compagnie de « American District Service » se formait, et M. Rousseau fut nommé surintendant de la construction.

Lorsque le téléphone fut introduit, en 1877, c’est notre habile compatriote, M. Rousseau, qui posa le premier téléphone à Chicago et qui eut la charge des lignes téléphoniques.

En 1882, il obtint de différentes compagnies téléphoniques et télégraphiques des contrats pour le charroyage de leurs matériaux. C’est là que se trouve encore son occupation, aujourd’hui. Ce genre d’affaires le mit dans la nécessité de se bâtir une grande écurie qu’on peut considérer comme modèle de toutes les écuries de Chicago.


F. A. LANGLOIS.



C’est avec plaisir que nous introduisons à nos lecteurs ce digne compatriote qui a su faire honorablement son chemin dans le monde et qui est toujours demeuré bon canadien. Né le 11 juillet 1857, au Cap Santé, comté de Portneuf, Province de Québec, M. Langlois laissa sa place natale à l’âge de onze ans.

C’est qu’il suivit alors sa famille, qui vint s’établir à Montréal. Jusqu’à l’âge de 16 ans, il fréquenta d’abord l’école des Frères des Écoles Chrétiennes et ensuite il fut placé au collège de Montréal.

Aspirant au commerce de fourrures, il chercha en premier lieu à se familiariser avec ce genre d’affaires chez James Correstine & Co., sur la rue St. Paul, dans cette même ville.

Ensuite, il passa trois ans au service de la maison Thibault, Lanthier & Cie., gros marchands de fourrures sur la rue Notre-Dame. Pour se perfectionner dans la coupe des pelleteries, il obtint une position chez J. Neagle, encore à Montréal.

En 1880, dans le courant de novembre, il se rendit à Chicago où il éprouva, d’abord, durant un an, qu’en pays étranger les chances ne viennent pas toujours nous sourire.

Cette année de contrariétés étant passée, il trouva une place comme commis chez M. J. F. Périolat & Co. Après un mois de service son patron vit en cet employé canadien-français un homme capable, affable


f. a. langlois.


et honnête, qualités indispensables au succès du commerce.

Il fut de suite élevé à la charge de surintendant de la manufacture de cette compagnie. Il y occupa cette position pendant un an.

Ensuite ses patrons le chargèrent d’ouvrir une succursale sur la rue State, à Chicago. Il fit marcher rapidement cette succursale dans la voie du progrès, et dans l’espace d’un an, il réussit à avoir un profit net de $33,000.

Les deux maisons s’étant fusionnées, M. Langlois devient membre de la maison Périolat & Co., ce qui dura jusqu’en 1889. À deux reprises, le feu fit subir des pertes si considérables à cet établissement qu’une faillite s’en suivit.

Alors M. Langlois trouva à se placer au magasin de « Hausens Empire Fur Factory, » Nos. 151 et 153 sur l’avenue Wabash. Il s’y fait des affaires pour $1,500,000 par année. M. Langlois y occupe une des premières positions.

Le 18 janvier 1879, il se maria, à Montréal, avec Delle Marie Ezilda Berubé, fille de feu Jean Lambert Berubé, ancien manufacturier de vinaigre, en cette même ville. Il a deux garçons et une fille.

On dit que son fils Ernest est doué d’un talent extraordinaire pour la musique. Rien de surprenant, quand on sait que M. Langlois possède une des plus belles voix de base. Sa voix remarquable lui permit d’avoir à l’archevêché de Chicago la place de première base comme soliste, une des meilleures positions comme chantre dans la métropole.


JOSEPH CHALIFOUX.



Monsieur Joseph Chalifoux, entrepreneur de pompes funèbres et propriétaire d’une grande écurie de chevaux de louage, est à Chicago depuis 1867, est un de nos compatriotes qui ont le mieux réussi dans les affaires.

Né à Montréal en 1841, il y fit son apprentissage de menuisier ; mais durant cinq années consécutives il suivit la carrière de marin, donna plus d’une preuve de hardiesse de bravoure qui dénotèrent, dès son jeune âge, ce caractère ferme et énergique qui a toujours paru le trait saillant de sa nature.

Poussé par le désir de faire fortune plus vite que sur la mer, il pointa vers l’Ouest et arriva à Chicago en 1867 avec 75 cents dans sa poche pour toute caisse d’épargne. Il se livra courageusement à son métier de menuisier, et grâce à son habilité et son assiduité au travail il gagna de bons gages jusqu’à l’époque du grand feu de 1871, où il se trouva avec un joli montant en caisse.

Mais ça n’allait pas assez vite pour satisfaire ses aspirations. Il laissa alors l’équerre pour s’aventurer dans le commerce. C’est là sa vocation. M. Chalifoux était fait pour les affaires. Ses succès dans le commerce l’ont prouvé amplement. Il est aujourd’hui à la tête d’un des plus grands établissements de Chicago et commande un bon capital, sans parler des nombreuses propriétés foncières dont il est devenu possesseur.

Par le génie des affaires M. J. Chalifoux est américain : il peut faire la barbe, comme on dit, à plus d’un yankee. Mais par le cœur il est


joseph chalifoux.


canadien, foncièrement canadien.

Il a été, pendant six années, trésorier de la société Saint-Jean-Baptiste, de Chicago, et durant deux ans trésorier de la société Saint-Vincent de Paul.

Aux dernières élections municipales, il eut l’honneur d’être mis sur les rangs des candidats, mais, dans le temps, son état de santé l’obligea de décliner. Il n’y a pas de doute que sa popularité lui aurait obtenu la grande majorité des suffrages.


JOSEPH CHARLES JACQUES.



Né à Joliette, comté de l’Assomption, Province de Québec, le 16 septembre 1856. Il fréquenta jusqu’à l’âge de 13 ans l’école tenue par les Frères Viateurs dans sa paroisse.

Il se rendit d’abord à Montréal où il trouva à se placer chez M. W. Coddington, chapelier sur la rue Notre-Dame.

Il passa cinq ans au service de cette maison. Il alla ensuite à New York, où il resta six mois chez Joseph Day. Revenu à Montréal, il obtint une position chez M. Robertson. C’est dans cet établissement qu’il


joseph charles jacques.


termina son apprentissage.

Un an après, il établit à son compte en société avec M. Scott un magasin sur la rue McGill.

Après avoir tenté ainsi fortune pendant un an et six mois, il vint à Watertown, dans l’état de New York. Durant deux ans et six mois, ses services furent donnés à la maison de Charles Tubbs & Co.

Il se rendit ensuite à New York où il trouva de l’emploi dans la grande manufacture de Dunlap & Co. Enfin, il y a neuf ans, il fut envoyé à Chicago par la même maison, sur la rue State, où il est maintenant assistant-surintendant.

De Lévis dit : « La religion et les mœurs sont les seuls moyens de prospérité pour les nations comme pour les individus. » De plus, lorsqu’au milieu des succès en ce pays on est content d’être Canadien, c’est faire preuve de cœur et de bons sens : Nos félicitations à M. Joseph Charles Jacques.

Le 27 d’avril 1880, il se maria avec Delle Albina B. Pelletier, à l’église St.-Jacques, Montréal. Sa famille se compose de deux garçons et de trois filles.


JOSEPH LEPITRE



Ce compatriote octogénaire est un de nos plus anciens nationaux émigrés à Chicago, C’est un brave catholique et un bon canadien-français dans toute la force du mot.


joseph lepitre.
Il est un des premiers paroissiens de l’église St. Louis, lorsqu’elle était au coin des rues Clark et Quincy, du temps du Père Lebel. Il a aujourd’hui, atteint l’âge de 83 ans.

Le 8 octobre 1832, il épousa à Pointe-du-Lac, Canada, Delle Julie Silce, et, en 1848, il vint créer son avenir à Chicago où il jouit de la considération de tout le monde.

Ce respectable vieillard est devenu père de dix garçons et dix filles, dont six maintenant sont encore pleins de vie.

Les seize autres doivent lui préparer ainsi qu’à sa brave épouse une belle couronne là-haut.

Ce couple respectable mérite d’être cité aux Américains comme preuve de la fécondité de notre race. M. Lepitre écoule une heureuse vieillesse à l’ombre de ses lauriers noblement acquis.