Éditions de l'Action canadienne-française (p. 113-127).


XIV

LE FESTIN — UN DÉVOUEMENT



DE BONNE heure, le lendemain, deux hommes du fort arrivèrent en hâte chez le chasseur, qui, avec le manchot et l’enfant, se préparait à partir :

— Trop tard ! Trop tard ! s’écrièrent les arrivants ; le capitaine nous avait avertis que vous nous trouveriez des canots, mais les guerriers iroquois sont déjà en route… le fort sera cerné… pas de fuite possible… nous sommes perdus !

— Non ! s’écria le manchot, sortant de son flegme habituel, rien n’est perdu, je sais comment déjouer leurs projets ! Partons vite en canot, je vous expliquerai ça en route !

Dans peu de minutes, les quatre hommes et le garçonnet furent rendus au rivage et bientôt la légère embarcation filait avec rapidité.

— Avez-vous beaucoup de provisions au fort ? demanda le Castor ; des vivres… de la nourriture ?

— Oui, une bonne quantité, il en est arrivé une charge dernièrement.

— Avez-vous aussi des boissons et de l’eau de-feu ?

— Oui, je sais qu’il y en a.

— Hé ! Tout est bien alors !

— Comment ça ? Ils arrivent les démons rouges ! Ils nous auront cernés avant la fin du jour ! Leurs éclaireurs sont déjà rendus !

— À leur arrivée, il faut feindre, dit le Huron, il faut les traiter en amis et les inviter à un festin à tout manger… je les connais ! Ils se diront : « Quand nous aurons bien mangé, il sera temps de massacrer les Visages-Pâles ! » Surtout, s’ils pensent que les Français ne se doutent de rien et croient à l’amitié des Onontagués !

— Ensuite ? demanda le chasseur.

— Hé ! L’eau-de-feu va leur déranger la tête, les appesantir, les endormir… quand ils seront ivres la fuite sera possible !

On atterrit ; le capitaine, aux abois, se demandait comment il pourrait bien sauver ses quarante-deux compatriotes… Le plan du manchot lui parut réalisable ; il y avait bien au fort une petite quantité d’eau-de-vie et une réserve de vin. Il fut convenu que les hommes ne s’esquiveraient que lorsque les Peaux-Rouges seraient plongés dans l’ivresse.

À l’arrivée des guerriers, on irait donc au-devant d’eux pour les accueillir en amis et les inviter au festin.

Amiscou, avec Jeannot, était resté dans l’embarcation pendant que les autres conféraient avec le commandant ; lorsque le chasseur revint lui annoncer que la décision était prise, il dit :

— Je marquerai d’un sapin ébranché la sortie du passage de pierre… si la fuite peut se faire avant les petites heures du jour, ce serait bien mieux.

— Ne pourrait-on pas partir tout de suite ? dit Brisot.

— Impossible, les ennemis sont en partie rendus, ou le seront avant que les Visages-Pâles d’ici aient eu le temps de se rendre à ma caverne…

— Jeannot, mon fiston, dit alors le chasseur tu sais qu’il nous faut fuir ?

— Je sais, papa ; mais avec toi et Grand-Castor, je n’aurai pas peur !

— C’est ça, mon brave enfant… et le bon Dieu nous protégera !

Ils filèrent en silence sur les eaux calmes du lac et atterrirent à l’endroit désigné par le Huron ; celui-ci avança un peu sur la rive, prit, parmi les aulnes, un sapin qu’il avait ébranché la veille et le planta dans le sable.

— Que les Visages-Pâles se rendent à ma caverne par le bois ; je veillerai avec Jeannot et Onata ; un seul homme devra revenir en canot avec toi ; vous trouverez l’ouverture libre ; les canots sortiront à mesure que vous les prendrez… j’irai dans le dernier avec la squaw.

— Et moi, Grand-Castor ? questionna Jeannot.

— Toi, mon gars, avec ton père, dans un des premiers canots.

— Non, dit Brisot, non, mon brave ami Jeannot et moi nous ne partirons qu’avec toi !

— Hé ! nous serons donc sauvés ensemble ! fit l’Indien, content. Mais hâtons-nous ! Je remonte à ma caverne ; venez, au plus tôt, m’y rejoindre tous deux avec Onata.

Le trajet jusqu’à la maisonnette s’effectua en peu de temps, le père et le fils n’échangeant que peu de paroles ; le chasseur était pénétré d’admiration pour le jugement et le dévouement extraordinaires du Huron. Avec quelle lucidité il semblait avoir tout prévu et arrangé ! La pensée qu’avait eue l’Indien de construire secrètement plusieurs embarcations en prévision d’un danger possible, puis la manière ingénieuse dont il avait tiré partie du couloir de pierre, le transformant en une véritable cache aux canots… n’était-ce pas admirable ? Puis, le plan qu’il venait de suggérer, à un moment où l’espoir d’évasion semblait perdu, la direction assurée qu’il prenait à ce moment critique pour assurer le salut des Français… tout dénotait chez ce primitif un cerveau merveilleux et une loyauté à toute épreuve. « Et le capitaine qui me demandait, il y a deux mois, se dit Brisot, si Grand-Castor était vraiment équilibré ! » Songeant à toutes ces choses, tout en maniant lestement son aviron, le chasseur se disait : « Cet homme est digne d’admiration, il semble marqué par la Providence, c’est vraiment un miraculé ! »

Brisot eut bientôt rassemblé quelques menus objets qu’il voulait apporter avec lui ; l’Indienne, un peu effrayée, se prépara cependant sans délai, prenant une cape et une couverture pour garantir Jeannot contre le froid de la nuit. Lorsque tout fut terminé, ils se rendirent tous les trois en canot jusqu’à la côte conduisant à la grotte. Ils gravirent rapidement la montée et rejoignirent le manchot qui les attendait à l’entrée de son gîte.

— Le festin est peut-être commencé là-bas, dit-il ; en tous cas, que les Visages-Pâles fassent mine de boire avec les ennemis ; qu’ils fassent aussi provision de chandelles pour éclairer le couloir ; et maintenant, pars, mon ami, le temps presse !

— Je n’oublierai rien de tout ça ! À tantôt, Castor, je te confie mon Jeannot !

En peu de moments, le chasseur eut dégringolé la côte et repris son canot. Lorsqu’il vint atterrir, près de l’établissement, un grand brouhaha y régnait ! Des Indiens… des Indiens … il y en avait des centaines ! Ils rôdaient autour du fort et semblaient se concerter pour agir… Soudain, le capitaine Dupuis parut, affable, souriant, il s’adressa aux Iroquois :

— Vous venez nous rendre visite ? dit-il, au nom d’Ononthio, je vous souhaite la bienvenue ! Je désire parler à votre chef.

Le chef s’avança ; c’était un colosse et son premier guerrier de même ; tous deux avaient un aspect féroce et cruel ; leurs visages, affreusement tatoués de rouge, de noir et de jaune, étaient horribles à voir.

Dupuis fit quelques pas au-devant d’eux… auprès de ces géants, le capitaine, pourtant de taille moyenne, semblait presque un nain !

— Je te salue, grand chef, dit Dupuis ; puisque tu es venu jusqu’ici avec tes hommes, je t’invite avec eux à un festin à tout manger que je fais préparer pour vous !

Le chef ne comprenait pas le français, mais le chasseur, put servir d’interprète.

Le colosse iroquois, surpris de cet accueil, consulta du regard ceux qui l’entouraient, puis il répondit :

— Soldat d’Ononthio, mes guerriers ne sont pas tous rendus ; lorsque la troupe sera au complet, je te répondrai.

Le capitaine salua de nouveau d’un air dégagé.

Il était alors trois heures ; ce ne fut qu’une heure plus tard, qu’un guerrier vint apporter au commandant la réponse affirmative.

— Bien, lui répondit-il, nous allons maintenant fermer le fort pour terminer les préparatifs ; dans peu de temps, vous entendrez le clairon et vous entrerez… ne vous éloignez pas trop en attendant !

Le chasseur traduisit cette réponse du commandant ; les Onontagués, trompés par le ton cordial et surtout par la recommandation de ne pas s’éloigner, paraissaient contents et leurs faces bariolées reflétaient leur gourmandise…

Dès que le fort se fut refermé, le capitaine rassembla tout son monde, le chasseur expliqua les conventions et le plan du départ ; les hommes reçurent instruction de ne pas prendre d’eau-de-vie, mais de faire mine de boire avec les Indiens. On convint d’un signal silencieux que donnerait Dupuis lorsque le moment décisif serait venu.

On avait bien, au fort, une certaine réserve d’eau-de-vie et quelques barriques de vin, mais on avait surtout plusieurs tonneaux vides !

Pour donner à boire à un si grand nombre d’Indiens, il allait falloir recourir à la ruse…

L’eau-de-vie fut diluée avec de l’eau claire, ce qui en tripla la quantité. La même opération doubla le contenu des barriques de vin et l’on emplit ainsi les tonneaux vides… on aurait donc de quoi les servir tous…

Les Iroquois de cette région, nullement habitués au vin et à l’alcool, y seraient, sans doute, très sensibles et ces boissons, quoique réduites, suffiraient à les enivrer… c’est, du moins, ce qu’espérait le capitaine.

Le clairon résonne… les portes du fort s’ouvrent, les Iroquois se pressent à l’intérieur où une quantité incroyable de nourriture a été préparée ; de grandes tonnes d’eau-de-vie et de vin sont ensuite apportées et les Peaux-Rouges commencent à manger et à boire en compagnie des Français ; ces derniers, cependant, fidèles à la consigne, ne touchant pas à l’eau-de-vie.

Toutes les pièces du fort sont envahies et partout les Iroquois trouvent quantité de vivres et force boisson. Pendant plus de trois heures, il règne, dans l’enceinte de la petite forteresse, un vacarme d’enfer ; les diables rouges, excités par les liqueurs enivrantes, chantent, dansent, crient, tout en mangeant et en buvant ; leurs hôtes, feignant la joie, en font autant, baragouinant des phrases indiennes et affectant une confiance entière dans l’amitié de leurs invités…

Peu à peu, les fumées du vin et de l’alcool commencent à appesantir les indigènes ; ils ne mangent presque plus ; l’eau-de-vie circule encore et plusieurs la boivent couchés par terre… on commence à dormir un peu.. mais chacun s’éveille, lorsque deux autres tonnes de vin font leur apparition ; on se lève en titubant et, de nouveau, on boit ferme… bientôt plusieurs sont ivres ; ils s’affaissent, ils dorment, tandis que d’autres, insatiables, se gorgent encore de boisson… mais, vers minuit, l’eau-de-feu a fait son œuvre… le vacarme a cessé ; le lourd sommeil de l’ivresse commence à gagner la presque totalité des ennemis ; ce sommeil devient de plus en plus profond à mesure que s’épaississent les ombres de la nuit… Vers une heure, le silence n’est plus coupé que par des hoquets et des ronflements… plus personne ne boit ni ne mange…

Le chasseur et le capitaine ont fait le tour des chambres : les Iroquois sont tous ivres-morts !

Sur un signe du commandant, les Français s’esquivent les uns après les autres et on referme la porte du fort. Dupuis et Brisot se hâtent vers l’embarcation, les autres fugitifs partent par le bois pour se rendre à la caverne du manchot, guidés par l’un d’eux qui en connaît le chemin… Bientôt, ils aperçoivent la petite lumière que Grand-Castor a mise pour les orienter dans la bonne direction ; la nuit est claire, mais dans le bois on se trompe facilement lorsqu’on doit s’éloigner du sentier battu…

Le Huron les accueille à la hâte, leur fait voir la cache aux canots, et, à la lueur des chandelles, tout le monde s’engage dans le couloir de pierre. Amiscou bat la marche, suivi de Jeannot et d’Onata, on tire les canots, on se charge des avirons… on atteint la sortie, que l’Indien ouvre aussitôt. Dupuis et le chasseur sont là et reçoivent d’abord l’enfant, puis le premier canot et des avirons ; il passe ensuite des hommes, puis encore des canots et des avirons ; en peu de temps, barques et gens sont hors de la cache ; il ne reste plus que la squaw, dont la rotondité rend la sortie un peu difficile, vu l’exiguïté de l’ouverture, mais, avec quelques vigoureuses poussées du manchot et l’aide des bras qui la tirent du dehors, la bonne Onata se retrouve saine et sauve sur la rive. Amiscou passe à son tour ; il ne reste plus au rivage qu’un seul canot, près duquel se tiennent Jeannot, son père et le capitaine, ce dernier ayant insisté à faire partir tous ses hommes avant de songer à lui-même ; les fugitifs, sur son ordre, avaient pris place dans les embarcations et ils étaient partis à l’obscurité, se dirigeant vers la petite rivière. L’enfant, l’Indienne et les trois hommes se placent dans la dernière frêle barque d’écorce : Jeannot assis au fond, appuyé sur Onata, Amiscou accroupi sur ses talons, la figure tournée vers l’emplacement du fort, Brisot et Dupuis ayant charge des avirons.

Les premières lueurs du jour ne tardèrent pas à paraître ; il fallait se hâter, être hors de vue lors du réveil des Iroquois ; sous les bras vigoureux des avironneurs, les canots filaient à grande allure.

Le soleil se leva, rouge et brillant, un léger brouillard obscurcissait à peine le paysage, tout était calme et silencieux…

Soudain, les yeux perçants du manchot, scrutant la surface du lac, fixèrent un point noir qui semblait se rapprocher ; en même temps, l’écho d’une lointaine clameur fut entendue des fugitifs…

— Vite, vite ! dit le Huron, notre fuite est découverte !

Un canot (un seul) fut bientôt en vue, mais d’autres pouvaient le suivre… il fallait à tout prix arriver avant que les ennemis puissent leur créer des embarras.

Jeannot, ne manifestant aucune peur, suivait crânement le regard du Grand-Castor qui ne perdait pas de vue la barque des Iroquois.

Les premiers canots des fugitifs étaient déjà à l’entrée de la petite rivière lorsque la dernière embarcation l’atteignit ; les légers esquifs passèrent alors tous à la file entre les deux rives enneigées. Il fallait atteindre le lac Seivisala et le village des Sénécas ; de là, en faisant un long détour, l’on pourrait, en sûreté, retourner vers les centres français.

Quel défilé unique et mémorable que celui qui descendait, rapide et silencieux, les ondes glacées de l’étroit cours d’eau ! Cette rivière sinueuse cachait cependant, dans ses détours, la vue du canot ennemi et l’on ne pouvait savoir si la chasse se continuait, ni s’il y avait plusieurs canots à la poursuite des Français.

Enfin, l’on arriva au but, les barques furent abandonnées et l’on allait se mettre en route vers le premier village, en suivant un sentier à travers la forêt, à l’est du petit lac qu’ils venaient d’atteindre. Les hommes partirent, devant marcher deux à deux, ou à la file indienne, lorsque le chemin deviendrait trop exigu, le capitaine, le chasseur, Jeannot et Amiscou fermant la marche… mais à peine eurent-ils fait quelques pas que le manchot entendit du bruit dans les broussailles… Se tournant vivement à droite, d’où provenaient les craquements entendus, il put discerner, dans la brousse deux Onontagués ; ils avaient sans doute atterri un peu plus haut et s’étaient postés à l’affût pour lancer des flèches aux Blancs à leur passage… Les yeux rivés sur les ennemis, le Huron vit que l’un d’eux grimpait lestement dans un arbre… il reconnut Loup-Cervier ; il le vit tendre son arc et viser le garçonnet qui marchait auprès de son père…

Vif comme l’éclair, le manchot se jeta de côté, tomba à genoux devant l’enfant et reçut en pleine poitrine, la flèche destinée à Jeannot !

Le chasseur, atterré, s’agenouilla auprès du blessé pour le secourir ; le capitaine, apercevant soudain Loup-Cervier qui ajustait une autre flèche, épaula sa carabine et l’Iroquois tomba ; son compagnon fut aussitôt repéré par d’autres soldats et plusieurs balles vinrent se loger dans ce coin du bois, sans sembler l’atteindre.

Le pauvre Amiscou était mortellement frappé ; le trait empoisonné lui avait percé le cœur et le poumon.

Avec une douceur infinie, le chasseur avait extrait, des chairs cuivrées, la flèche cruelle qui les avait transpercées ; il cherchait maintenant à ranimer le blessé en lui faisant avaler quelques gouttes d’eau-de-vie de sa gourde ; Jeannot, écrasé près de son ami, pleurait à chaudes larmes…

— Hé ! faut pas pleurer, mon petit, murmura faiblement le Huron, Amiscou s’en va, mais le Dieu des Visages-Pâles le recevra peut-être dans son ciel… Puis, soupirant :

— Je meurs… j’aurais bien voulu, pourtant, recevoir le baptême !

— Tu vas le recevoir, mon brave, s’écria le chasseur, vite, vous autres, de l’eau ! Il faut baptiser cet homme sans tarder !

— Vous avez raison, dit vivement Dupuis, c’est un cas de nécessité urgente !

Un soldat accourut avec une écuelle pleine d’eau puisée à la petite rivière et, tandis que Brisot et son fils, à genoux, soutenaient le mourant, le capitaine lui versa sur la tête l’eau baptismale et, prononçant les paroles rituelles, il traça sur le front du brave Huron le signe de la croix.

Une expression sereine se répandit sur ses traits…

— Chrétien… murmura-t-il, chrétien !

Puis, comme en rêve :

— Robe-Noire, Robe-Noire, je t’ai cherché…

Tournant ensuite vers l’enfant ses yeux à demi-éteints, il dit :

— Jeannot… brave petit !

Ensuite, il se souleva un peu et, regardant autour de lui, il prononça quelques paroles inintelligibles… puis, clairement, comme répondant à un appel :

— Hé ! je viens… je viens ! dit-il.

Il s’affaissa de nouveau, il était mort !

On l’avait entouré ; oubliant le péril du moment, les hommes, tête nue, impressionnés par ce baptême de la dernière heure, exprimaient leur regret de la mort de ce valeureux, grâce auquel ils n’avaient pas été les victimes des perfides Onontagués.

— Papa, dit soudain Jeannot, cessant de sangloter, Grand-Castor ira au ciel, n’est-ce pas ? Il était si bon !

— Bien sûr, mon chéri ; il vient de recevoir le baptême ; de plus, comme tu dis, il était si bon ! Pour te sauver la vie, mon Jeannot, il a sacrifié la sienne… Dieu va le recevoir là-haut, j’en ai la ferme conviction ! Brave Castor ! Nous n’oublierons jamais son dévouement, toi et moi !

— Jamais ! répéta l’enfant, dont les larmes avaient recommencé à couler.

On enterra hâtivement, dans la forêt, au pied d’une touffe de jeunes sapins, le corps du grand manchot ; son unique main se crispait encore sur la petite médaille qui ornait sa tunique, talisman précieux qui lui venait du jésuite martyr et que le Huron conservait depuis les jours de sa lointaine adolescence.

Avant de quitter les lieux, le chasseur prit son couteau et creusa dans l’écorce de plusieurs des arbres, près de la fosse, deux larges incisions en forme de croix.