L. H. Huot (p. 9-10).


Messieurs les Députés,


Arrêtez ! Vos délibérations ne sont pas finies. Vous avez légiféré sur plusieures questions bien importantes, et je vous en félicite. Mais au-dessus de toutes ces questions, il y en a une que je vous prie de considérer, et sur laquelle je demande l’urgence. Le véritable ordre du jour, je viens le soumettre à vos délibérations.

Vous êtes tous de bons patriotes, n’est-ce pas ? Cette Province de Québec que vous habitez et qui vous a vus naître, vous voulez la voir prospérer et grandir ? Eh bien, Messieurs de la Droite, Messieurs de la Gauche, Messieurs du Centre, le moment est venu de faire un grand effort pour l’accroissement de la commune patrie.

Le peuple américain, sur lequel nous avons tant de fois jeté des regards d’admiration et d’envie, et dont l’agrandissement merveilleux, agissant sur notre population comme l’aimant sur le fer, a dépeuplé notre pays dans des proportions si alarmantes, le peuple américain traverse en ce moment une crise financière et industrielle qui sera désastreuse pour nos compatriotes émigrés.

Ses plus riches institutions financières chancellent, son commerce languit, ses grandes manufactures suspendent leurs opérations. Dans presque toutes les villes manufacturières des États-Unis, les ateliers se vident en grand nombre, et nos malheureux compatriotes nous reviennent par milliers.

Il y a longtemps que vous cherchez en vain des moyens de les rapatrier, ces frères malheureux ! Il y a longtemps que vous faites de vains essais pour arrêter ce torrent de l’émigration qui nous épuisait ! Enfin ! Voilà la Providence qui vous vient en aide en faisant évanouir ce brillant mirage qui séduisait tant de familles. Le cours des flots est changé, et le torrent revient vers sa source.

Un mal salutaire ramène au pays vos enfants et vos frères. À vous, maintenant, de faire en sorte qu’ils ne l’abandonnent plus jamais. Ces milliers de bras qui avaient porté chez un peuple étranger le fruit de leur travail, et qui viennent maintenant s’offrir à vous, c’est une richesse qu’il faut accaparer. Or ils vous resteront s’ils trouvent chez vous du travail et du pain.