La Vierge aux roses

Le Passe-Temps du 30 juillet 1893 (p. 3-4).

LA VIERGE AUX ROSES



À Carissima.


Seize ans vous couronnent de roses :
Toutes les grâces du printemps
Sur vos traits charmants sont écloses
Comme des bouquets éclatants.

Vous avez la rose à la joue,
Et chacune offre tour à tour
Une fraîche touffe où se joue
L’innocence près de l’amour.

Sur votre front, — fleur idéale, —
Luit la rose de la pudeur,
Mêlant sa teinte virginale
Avec les lys de la candeur…

Et votre bouche épanouie,
Où le rire aime à se poser,
Et comme une rose fleurie
Où l’aube a mis son frais baiser !

Partout les roses printanières,
Sur vos attraits à leur matin,

Règnent radieuses et fières,
Et leur souffle est dans votre sein…

On dirait, vierge ravissante,
Que vous avez en même temps
La fraîcheur de l’aube naissante
Et le tendre éclat du printemps…

Et votre beauté qui se lève
Ainsi qu’un rayon dans l’azur,
A la teinte rose d’un rêve
Qui sourit au fond d’un cœur pur !


Gabriel Monavon.