La Maison de la Courtisane (recueil)/Sous le Balcon

SOUS LE BALCON

O belle étoile à la bouche de carmin, ô lune aux sourcils d’or, lève-toi, lève-toi du Sud embaumé et éclaire la route que suivra mon Aimée, de peur que ses petits pieds ne s’égarent sur la colline où le vent souffle, ou sur la dune. O belle étoile à la bouche de carmin, ô lune aux sourcils d’or.

O navire qui trembles sur la mer désolée, ô navire à la voile humide et blanche, pars, oh, pars pour le port, vers moi. Car celle que j’aime et moi nous voudrions aller au pays où s’épanouissent les asphodèles, dans le cœur d’une vallée violette. O navire qui trembles sur la mer désolée, ô navire à l’humide et blanche voile.

Oiseau charmeur au chant faible et doux, oiseau qui chantes sur la branche, chante, chante encore de ta gorge douce et brune, et celle que j’aime, en son petit lit, prêtera l’oreille et lèvera la tête sur l’oreiller, et viendra de mon côté. Oiseau charmeur, au chant faible et doux, oiseau qui te perches sur la branche !

O fleur qui te balances dans l’air tremblant, fleur aux lèvres de neige, descends, pour être portée par celle que j’aime. Si tu meurs, ce sera dans une couronne sur sa tête, si tu meurs, ce sera dans un pli de sa robe. Tu iras te poser sur son petit cœur léger, ô fleur qui te balances dans l’air tremblant, ô fleur aux lèvres de neige.