La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Planche 56


Planche 56, t. I, p. 411 et suivantes.


Plantes fossiles de la formation houillère.


Fig. 1. Figure copiée d’après un dessin de M. Sopwith.de la base d’un grand tronc de sigillaire trouvé debout en 1803 dans la falaise de Bog-Hall, près de Newbiggin, sur la côte de Northumberland. Ce fragment est haut d’environ cinq pieds, et a deux pieds trois pouces de diamètre à sa base[1]. Réduit au 1/24e.
Fig. 2. Fragment de l’écorce d’un tronc de sigillaire provenant de la mine de houille du comte Fitz-William à Elsecar, près de Rotherham. On voit dans cette mine plusieurs grands troncs inclinés dans toutes les directions, et quelques-uns presque verticaux. L’écorce est convertie en une lame mince de houille, et on la voit encore fixée à la partie inférieure de l’échantillon dont il s’agit. À la surface extérieure se voient encore des cicatrices formées par l’articulation de la base des feuilles ; ces cicatrices sont percées à leur centre de trois ouvertures pour le passage des vaisseaux dans l’intérieur du tronc. L’écorce manque à la partie supérieure ; mais elle y a laissé l’empreinte de sa surface interne striée, et l’on y voit correspondre à chaque cicatrice deux ouvertures parallèles de forme oblongue, par lesquelles les vaisseaux de la feuille pénétraient dans le tronc. Échelle de 1/2 (Figure originale.)
La substance du tronc peut bien avoir été décomposée avant que la boue que nous trouvons maintenant durcie en schistes ait pénétré dans l’intérieur de l’écorce. Les troncs de cette espèce, que l’on trouve inclinés à plus de 45°, sont ordinairement remplis de grès ou de schiste sableux. Si leur angle d’inclinaison est moindre que de 45°, on les trouve ordinairement comprimés, et l’intérieur de leur écorce ne contient qu’une petite quantité d’un schiste formé d’une boue durcie ; l’écorce, toutes les fois qu’elle n’est pas complètement détruite, est convertie en houille.
Fig. 2’. Cicatrice articulaire de l’extérieur de l’écorce d’un autre grand tronc de sigillaire trouvé à Elsecar.— De grandeur naturelle. En comparant cette cicatrice avec celles de la figure 2, il est facile de voir qu’il y a, dans les différens modes d’articulation des feuilles avec le tégument cortical, des caractères frappans, sur lesquels peut-être pourrait-on fonder des distinctions spécifiques dans cette famille à la fois si obscure et si curieuse de plantes détruites. Voyez diverses figures de ces cicatrices dans la Flore fossile de Lindley et Hutton, planches 55, 56, 57, 71, 72, etc. Dans les figures 2 et 2’, ainsi que dans plusieurs autres espèces, des lignes décurrentes se voient des deux côtés des cicatrices. (D’après nature.)
Fig. 3. Ulodendron Allanii (Nob.) réduite au 1/5e, dessiné d’après un modèle en plâtre d’une impression de grès qui existe au muséum de la Société royale d’Édimbourg, et qui provient de la formation houillère de Craigleith. Ce grès s’est moulé naturellement sur la surface extérieure d’une tige qui s’est complètement détruite ; et notre relief en plâtre offre une reproduction des petites écailles rhomboïdales et de trois grandes cicatrices circulaires de la surface extérieure du tronc. Cette même empreinte a déjà été figurée, mais en sens inverse, par M. Allan, dans le t. IX des Trans. royal soc. Edin. 1823, pl. XIV, p. 236. (Demi original.)
Cette figure représente le tronc dans sa position naturelle. Au centre de chaque cicatrice est une cavité indiquant l’insertion d’un cône. Dans la partie supérieure se voient des sillons produits par la pression des longues écailles rayonnées de la base du cône. Cette pression a presque oblitéré les petites écailles rhomboïdales de l’écorce, dans les points où les sillons sont des plus profonds ; sur les portions inférieures des cicatrices, les écailles n’ont reçu de la pression du cône que de légères modifications.
Fig. 4. Figure d’une cicatrice isolée produite par l’attache d’un cone d’une autre espèce, l’Ulodendron Lucasii (Nob.), découverte par M. Lucas dans le terrain houiller des environs de Swansea, dans le sud du pays de Galles. On voit conservées, le long du bord de cette cicatrice, quelques écailles et quelques feuilles lancéolées tenant au tronc. Comme l’écorce est tombée, nous n’avons ici que l’empreinte de sa surface interne, qui offre de petites ouvertures par où les vaisseaux pénétraient de dessous les écailles corticales dans le tronc. À la partie supérieure du disque, les traces de ces vaisseaux ont été oblitérées par la pression du cone. (Réduite au quart.) Figure originale.
Fig. 5. Vlodendron Stockesii (Nob.). Une longue cicatrice (de 4 pouces 1/4 sur 3 pouces 1/2) trouvée dans un schiste d’une localité inconnue du terrain houiller de l’Angleterre. Au bas de cette cicatrice se voient des débris d’écaillés rhomboïdales, des impressions
d’écailles et quelques petites feuilles. À l’intérieur du disque, il n’existe que quelques fragmens d’écorce situés près du bord supérieur. Près du centre est la trace de l’insertion de la tige d’un grand cone ; on observe dans la moitié inférieure une série de petites cavités tubulaires, indiquant les points par où les vaisseaux passaient de l’écorce dans le tronc, points qui correspondent aux écailles corticales qui sont tombées. Dans la moitié supérieure de la cicatrice, on ne voit que de légères traces de ces cavités ; et la surface en est marquée de sillons produits par la pression des longues écailles rayonnantes de la base du cône. (Réduite au cinquième.) Figure originale.
Fig. 6. Ulodendron Rhodii (Nob). Cicatrice d’une tige écailleuse trouvée dans le terrain houiller de la Silésie, figurée par Rhode, dans son ouvrage intitulé : Bextrage zur Pflanzenkunde der Vorwelt, liv. II, pl. 3, fig. 1. La partie inférieure de cette cicatrice conserve encore les écailles corticales modifiées par la pression du strobile ou cône qui était porté au centre du disque. À la portion supérieure on ne voit aucune trace d’écailles, et cette portion est couverte de sillons rayonnans, imprimés à sa surface par les longues écailles minces partant de la base du strobile, lesquelles ont oblitéré les écailles corticales[2].

Cette cicatrice se rapproche par ses caractères de celle qui est représentée dans la figure 5, mais elle en diffère par ses proportions, n’ayant que 3 pouces 1/4 sur 2 1/2. L’écorce écailleuse, qui, dans la figure 5, a été presque entièrement enlevée de la surface interne de la cicatrice, est encore conservée dans la partie inférieure du disque de la figure 6. (Echelle de 2/9e.) Figure originale.
Fig. 6. Relief de l’Ulodendron Conybearii (Nob.), formé du grès(Pennant sandstone) de la formation houillère de Stappleton, près de Bristol. Ce relief reproduit avec exactitude la forme d’une cicatrice ovale, ou cavité de la tige, demeurée vide par la chute d’un cône.
Le disque est couvert de rides et de sillons légers, rayonnant dans toutes les directions, à partir du point d’insertion du cône, et résultant de la pression de ses écailles inférieures sur le point de la tige auquel il était fixé. Au dessous de ce point d’insertion quelques petites écailles corticales sont demeurées adhérentes au grès. — Échelle de 1/4. (D’après nature.)
Fig. 7. Portion d’un tronc de favulaire, réduite au quart de sa grandeur naturelle. Cette plante est caractérisée par l’apparence d’une mosaïque qu’offrent les écailles qui recouvrent l’espace intermédiaire entre les canelures de l’écorce. Au centre de l’aire de chaque écaille on voit une cicatrice en forme de trèfle, d’où naissait une feuille. Les favulaires étaient des plantes dicotylédonées probablement voisines des sigillaires, et elles ont dû avoir leur tige recouverte par une masse dense de feuilles imbriquées. Dans le genre sigillaire, les feuilles étaient plus distinctes entre elles. Les cicatrices sont disposées par lignes que sépare entre elles un sillon, fig. 7, b ; la ligne a fait connaître la disposition qu’elles affectent dans le sens vertical. (Lindley, fossil flora, pl. 73.)
Fig. 8. Réduction d’une figure donnée par Lindley et Hutton (pl. 31) de la portion centrale d’unStigmaria ficoïdes, provenant du schiste du toit de la naine de houille de Jarrow, aux environs de Newcastle. C’est la surface inférieure de cette plante curieuse qui est représentée dans cette figure. La partie centrale de la tige concave, en forme de dôme, a 3 pieds de diamètre, et est construite de manière à soutenir flottantes, dans une position horizontale, les nombreuses branches alongées dont elle était entourée ; ces dernières se bifurquent à une certaine distance du tronc. La plante complète, et flottant dans l’eau, a dû rappeler beaucoup par sa forme celle d’une astérie. Sur les deux branches les plus longues a, b, se voient des dépressions longitudinales, ordinairement adjacentes au petit axe ligneux interne de ces branches, et la position que cette dépression occupe dans le fossile nous prouve que, dans la plante vivante, elle se trouvait à la surface inférieure de chaque branche. — Échelle de 1/24e.
Fig. 9. Coupe verticale d’un tronc en forme de dôme de Sigtmaria, destiné à faire voir la position relative des branches. (Lindley et Hutton.)
Fig. 10. Portion restaurée d’une branche de Stigmaria, destinés faire voir comment les longues feuilles cylindriques naissent des tubercules dont sa surface est couverte, et se prolongent à la distance de plusieurs pieds. On y voit, de a en b, la dépression adjacente à l’axe ligneux excentrique interne a ; de b en c, cet axe est mis à découvert par l’enlèvement d’une portion du grès. Cette partie de l’axe a été dessinée d’après un échantillon du muséum d’Oxford. — Echelle de 1/7e. (D’après nature.)
Fig. 11. Fragment d’une branche de Stigmaria, où l’on voit le caractère des tubercules sur lesquels s’articulent les bases des feuilles. L’augmentation de volume que l’on observe à la base de ces feuilles paraît avoir été destiné à rendre cette portion plus solide, et à fournir l’espace nécessaire pour recevoir la cavité articulaire. Cette cavité, dans laquelle le tubercule était reçu, formait avec lui une articulation par enarthrose, qui laissait aux longues feuilles cylindriques flottant dans les eaux la liberté de se mouvoir dans tous les sens. — Échelle de 1/2. (D’après Sternberg.)



  1. M. Ad. Brongniart a trouvé dans une mine de houille, à Essen, en Westphalie, une tige de sigillaire qui était dichotome à sa partie supérieure.
  2. Les deux portions inférieure et supérieure de la figure 6, séparées par la ligne horizontale qui la traverse, ont été dessinées d’après deux cicatrices différentes de la figure de Rhode. Cet auteur regarde ces impressions comme des fleurs, et les écailles corticales comprimées comme les pétales de la fleur, et il a représenté le tronc dans une position renversée.

    Dans toutes les espèces d’ulodendron que nous avons étudiées, les sillons produits par les écailles de la base du cône sont les plus profonds dans la partie supérieure de la cicatrice ; cette circonstance nous conduit à cette conclusion que les cônes étaient redressés, et que leur axe se rapprochait, dans sa direction, de celui de la tige sur laquelle ils étaient insérés.