La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Planche 44′


Planche 44’, t. I, p. 326.


Cette planche est destinée à faire bien connaître la nature probable des animaux auxquels les bélemnites doivent leur origine[1].

1. Restauration théorique de la belemnoseiche (Belemnosepia), destinée à faire voir la position probable du réservoir d’encre, et de la coquille interne ou bélemnite. Les trois parties dont se compose cette bélemnite sont représentées comme si elles eussent été coupées longitudinalement ; et l’on a assigné au réservoir d’encre à peu près la position que cet organe occupé dans le calmar de l’époque actuelle. (D’après nature.)
2. La seiche commune. On y voit la position qu’occupe la coquille interne (sépiostaire) à l’intérieur de la partie dorsale du sac. Le sommet (a) et les lames dorsales calcaires (c) correspondent au sommet et à l’étui calcaire conique d’une bélemnite. (D’après nature.)
3. La seiche commune, avec le sac ventral ouvert sur la ligne médiane, pour faire voir la position du réservoir d’encre. (D’après nature.)
3 a, 3 b, 3 c. Rhyncholites trouvés en contact avec des bélemnites dans le lias de Lyme-Regis. De grandeur naturelle. (D’après nature.)
3 d. Bec d’une petite tortue de la craie, appartenant à la collection de M. Mantell. On y remarque une structure osseuse fibro-cellulaire, très différente de la structure compacte propre aux coquilles qu’on observe dans les rhyncholites, avec lesquels ses dimensions et sa forme pourraient le faire confondre. (D’après nature.)
4. Surface centrale d’un sépiostaire. Le cône, ou la coupe longue évasée (e, e, é, é), est composé de lames calcaires très minces alternant avec des membranes cornées, qui s’étendent latéralement de manière à constituer le bord mince du cône. Cette coquille, ou cône irrégulier, représente le cône creux du gros bout des bélemnites (fig. 7, b, b’, e, é, e"), où sont renfermés l’alvéole (b, b′) et, le réservoir d’encre (c). À l’intérieur de cette coquille évasée du sépiostaire, se trouve contenu l’alvéole, ou la partie cloisonnée calcaire (fig. 4, b) qui représente l’alvéole cloisonné des bélemnites (fig. 7, b, b′), mais qui est dépourvue de siphon. (Blainville.) 4’. Coupe longitudinale du sommet de la coquille de la seiche commune. Cette partie se compose d’une substance granuleuse calcaire (a), alternant avec des lames cornées coniques qui se prolongent latéralement de manière à constituer un bord corné (e). (D’après nature.)
5. La coquille de la fig. 4, vue de côté. Le point a représente le sommet d’une bélemnite ; le dos de la coquille (e) en représente la portion dorsale, et la portion alvéolaire b, b′ de cette même coquille représente la coquille interne cloisonnée des bélemnites. (Blainville.)
6. Extrémité antérieure des lamelles, ou lames alvéolaires qui avaient déjà été rendues visibles par une coupe longitudinale dans la figure 5. Chez l’animal adulte, ces lamelles sont au nombre d’environ cent ; on en a représenté ici quelques unes seulement. Ces lames alvéolaires constituent les chambres internes du sépiostaire, et représentent les cloisons transversales de l’alvéole des bélemnites, et d’autres coquilles cloisonnées. Mais le sépiostaire manquant de siphon, il ne paraît pas que les chambres puissent servir, comme celles des bélemnites, à faire varier la pesanteur spécifique de l’animal ; l’intervalle qui sépare les cloisons est rempli par un nombre infini de cloisons sinueuses perpendiculaires aux lames transversales, et servant à les soutenir.
6’, 6". Cloisons sinueuses calcaires minces qui séparent les lames alvéolaires du sépiostaire, et servent à les soutenir. La disposition sinueuse de ces cloisons en accroît la force de résistance, suivant le même principe dont nous avons déjà vu des applications dans les bords foliacés des cloisons transversales des ammonites[2]. Les sinuosités des cloisons calcaires sont moins apparentes dans le voisinage du bord des lamelles. Voyez Gg. 6’. (D’après nature.)
6"’. Aspect colonnaire des cloisons sinueuses, lorsqu’on les voit de côté. (D’après nature.)
7. Échantillon unique du Belemnites ovalis, du lias de Lyme-Régis. Du cabinet de mademoiselle Philpotis. Une cassure en b′ permet de voir les aréoles cloisonnées de l’alvéole. En e, l’étui corné mince antérieur prend son origine sur le bord de l’étui calcaire, et s’étend jusqu’en e". La surface de cet étui antérieur offre des lignes transversales onduleuses d’accroissement. Elle est dans un état de décomposition avancée, légèrement nacrée, et aplatie par l’effet de la pression qu’elle a eu à supporter.

À l’intérieur de cet étui corné antérieur, on voit en c le réservoir d’encre un peu décomposé, et passé à une couleur gris-brun. (D’après nature.)

8. Fragment détaché du réservoir d’encre de la figure 7, c, avec la portion de l’enveloppe cornée dont il est recouvert. Les lignes transversales e, que l’on voit sur ce fragment, sont la continuation des stries d’accroissement de l’étui corné e, e, e", de la figure 7. (D’après nature.)
9. Belemnites pistilliformis (?) du lias de Lyme-Regis. Collection de mademoiselle Philpotts. On voit en c une portion du réservoir d’encre. (D’après nature.)
10. 11, 12. Bélemnites du calcaire jurassique de Solenhofen, figurées par le comte Munster dans les mémoires géologiques de M. Boué, t. I, planche 4. Dans les figures 10 et 12, la forme de l’étui corné antérieur est conservée dans une longueur égale à celle de la gaîne calcaire de la bélemnite ; mais le réservoir d’encre n’est visible dans aucune[3]. (Munster.)

13. Cône cloisonné alvéolaire, et étui corné d’une grande bélemnite du calcaire de Solenhofen. L’étui calcaire ou la bélemnite elle-même a tout à fait disparu. (Munster.)
14. Belemnites brevis ? du lias de Lyme-Regis. De grandeur naturelle. Le fourreau de cette bélemnite ne surpasse pas celui du béloptère (fig. 15) en longueur : une faible portion seulement de l’alvéole est conservée ; mais la place qu’elle occupait est remplie de spath calcaire, et le cône creux intérieur est rempli lui-même par de la matière du lias. (D’après nature.)
15. Béloptère. Ce fossile établit le passage entre les bélemnites et la coquille, ou étui de la seiche commune, a représente le sommet de l’étui ; e, e son expansion postérieure analogue à celle qui se voit figure 4, e, e, et fig. 4’, c ; en est l’expansion antérieure, offrant sur sa surface interne des traces annulaires provenant des cloisons transversales de l’alvéole. (Blainville.)



  1. Dans les descriptions des planches 44’ et 44", les lettres qui suivent indiqueront les mêmes parties dans tous les échantillons que nous avons présentés.

    a, le sommet de la coquille calcaire, ou étui.

    b, portion alvéolaire, ou coquille chambrée.

    c, réservoir d’encre.

    d, e, portions de l’étui corné antérieur mince, que revêt quelquefois un brillant enduit nacré.

    f, col du réservoir d’encre.

  2. Le docteur Fleming a décrit avec exactitude la structure de ces cloisons, et il a fuit voir que c’étaient des lames perpendiculaires, ondulées, plissées à la manière des circonvolutions cérebriformes, et s’anastomosant parfois entre elles.
  3. M. De Meyer (Palœologica, page 522, première édition, 48S3) dit avoir vu un réservoir d’encre à la partie supérieure d’une bélemnite du lias de Banz, et il demande — « si les bélemnites n’auraient pas possédé un réservoir d’encre pareil à celui des seiches ? »