La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Chapitre 18




Chapitre XVIII.


Preuves d’un plan primitif, tirées de la structure des végétaux fossiles.


SECTION I.


HISTOIRE GÉNÉRALE DES VÉGÉTAUX FOSSILES.


L’histoire des végétaux fossiles, dans ses rapports avec l’objet du présent ouvrage, demande à être considérée sous un double point de vue. Le premier se rapporte à l’influence qu’exercent sur la condition actuelle de l’espèce humaine les plantes maintenant converties en charbon fossile, qui revêtirent la surface ancienne du globe[1] : nous avons déjà exposé brièvement ce sujet dans un des chapitres précédens ; le second a trait à l’histoire et à la structure des espèces qui constituaient anciennement le règne végétal.

Il parait que vers les mêmes époques de l’histoire des stratifications où se sont accomplis les changemens les plus remarquables dans l’ensemble du règne animal, des changemens correspondans se sont manifestés dans les caractères des végétaux fossiles.

Si nous comparons les lois qui ont dirigé les divers systèmes de végétation qui se sont succédé sur les surfaces anciennes de notre globe avec celles dont l’influence règle et coordonne la végétation actuelle, nous verrons s’ouvrir à notre activité tout un vaste et nouveau champ de recherches à faire. S’il résultait de cette investigation que les familles dont se compose notre Flore fossile furent organisées d’après des principes identiques avec ceux qui règlent le développement des plantes actuelles, ou tellement analogues, que leur ensemble ne constitue qu’un seul et même grand code de lois destinées à la coordination universelle de la vie ; nous y trouverions un anneau de plus de cette chaîne d’argumens que nous fournit l’étude de l’intérieur du globe, pour démontrer l’unité de l’Architecte intelligent et puissant qui présida à la construction du monde matériel tout entier.

Nous avons vu que les premiers débris animaux que l’on ait observés jusqu’ici ont appartenu à des espèces marines : et comme l’existence d’une espèce animale quelconque implique l’existence antérieure ou au moins contemporaine d’espèces végétales destinées à lui fournir un principe d’alimentation, nous pouvions à priori poser comme probable cette conclusion qu’est venue confirmer l’observation, que des plantes marines devaient exister dans les couches où se rencontrent ces animaux les plus anciens, et se continuer depuis cette époque dans toutes les formations d’origine marine. M. Adolphe Brongniart a fait voir, dans son admirable Histoire des végétaux fossiles[2], que la végétation sous-marine actuelle semble se partager en trois grandes divisions, en rapport jusqu’à un certain point avec les trois zones glaciale, tempérée et torride ; et qu’une distribution analogue se fait remarquer dans les algues submergées fossiles, d’après laquelle on trouve dans les formations géologiques les plus basses et les plus anciennes des genres voisins de ceux qui abondent maintenant dans les climats les plus chauds, tandis que les formes de la végétation sous-marine qui se succèdent les unes aux autres dans les périodes secondaire et tertiaire semblent se rapprocher davantage de celles de nos climats actuels à mesure qu’elles appartiennent à des couches d’une formation plus récente[3].

Une revue générale des débris de végétaux terrestres qui peuplent les trois grandes divisions des formations géologiques stratifiées nous fait voir qu’ils se partagent en des groupes dont chacun indique que la surface de la terre a subi la même diminution progressive de température que la végétation sous-marine nous annonce s’être accomplie au fond des mers. Ainsi, dans les couches de la série de transition, nous voyons s’associer quelques unes des formes actuelles de plantes endogènes[4], et particulièrement des fougères et des équisétacées, avec certaines familles éteintes d’endogènes et d’exogènes que quelques botanistes modernes ont considérées comme indiquant un climat plus chaud que ne l’est de nos jours celui des tropiques.

Dans les formations secondaires, les espèces de ces familles les plus anciennes sont devenues beaucoup moins nombreuses ; et un grand nombre de genres et même des familles ont entièrement disparu. En même temps deux familles qui comprennent plusieurs des formes végétales actuellement existantes, et qui étaient rares dans la formation carbonifère, les cycadées et les conifères, prennent un accroissement considérable. L’ensemble de caractères qu’offrent les groupes qui constituent ces deux séries indiquent un climat dont la température était à peu près la même que celle qui règne maintenant entre les tropiques.

Dans les dépôts tertiaires, la plus grande partie des familles de la première série disparaissent, ainsi que plusieurs de celles de la seconde ; et une végétation dicotylédone[5] plus compliquée prend la place des formes plus simples qui avaient prédominé pendant la durée des deux périodes précédentes. Aux calamites gigantesques ont succédé des équisétacées plus petites ; les fougères sont réduites aux proportions numériques faibles et à la petite taille que nous leur voyons sur les limites méridionales de nos climats tempérés. La présence des palmiers nous atteste que la température ne descendait jamais jusqu’à un froid de quelque intensité ; et tout l’ensemble des caractères généraux s’accorde à nous indiquer un climat très approchant de celui des bords de la Méditerranée.

Nous devons aux travaux de Schlotheim, de Sternberg et d’Ad. Brongniart, d’avoir posé les fondemens d’un arrangement systématique des plantes fossiles, grâce auquel, en nous aidant des analogies que nous offrent les plantes récentes, nous pourrons aborder la question ardue de la nature de l’ancienne végétation du globe, durant les périodes où se formaient les couches qui constituent son enveloppe.

Il est peu de personnes qui soient au courant des témoignages qui nous ont conduits, après une longue incertitude, à une solution certaine de la question si long-temps en litige de l’origine végétale de la houille. Il n’est pas rare que nous rencontrions parmi les cendres qui tombent des grilles où nous brûlons de la houille, des traces de plantes fossiles dont toute la substance a été pénétrée par de la vase, à l’époque où elles sont tombées dans la masse végétale à laquelle la houille doit son origine, et dont les formes sont reproduites par l’argile ou le sable qui s’y est introduit, de la même manière que les formes intérieures d’un moule sont reproduites par la matière que l’on y verse.

M. Hutton a découvert tout récemment une preuve encore plus décisive de l’origine végétale de la houille, même la plus complètement convertie en bitume. Il a fait connaître en effet que si l’on réduit en lames minces, pour les soumettre au microscope, l’une quelconque des trois variétés de houilles qui se trouvent aux environs de Newcastle, on y reconnaît une structure végétale plus ou moins évidente[6]

Pour mettre cette question dans un jour encore plus complet, nous ajouterons ici une courte description de la manière dont les débris végétaux sont disposés dans les couches carbonifères de deux gisemens de houilles fort importans, celui de Newcastle dans le nord de l’Angleterre, et celui de Swina en Bohême, au N.-O. de Prague.

Le terrain houiller de Newcastle fournit en ce moment de riches matériaux à la Flore de la Grande-Bretagne, que publient en commun M. le professeur Lindley et M. Hutton. Les végétaux de la formation houillère de la Bohême forment la base de la Flore du monde primitif, du comte Sternberg, dont la publication a été commencée à Leipsick et à Prague en 1820.

D’après MM. Lindley et Hutton (Flore fossile, t. 1, p. 16), « il y a des lits de schistes et de schistes argileux où abondent plus que partout ailleurs ces débris curieux d’un monde plus ancien, et dont les particules déliées ont été comme une cire sur laquelle se sent empreintes et conservées dans toute leur perfection et dans toute leur beauté les formes les plus délicates qui entrent dans la structure organique des végétaux. S’il arrive que ce soit un schiste qui constitue le toit d’un banc de houille propre à être exploité, ainsi que cela a lieu généralement, nous y trouvons à faire la plus abondante moisson de fossiles ; et peut-être n’est-ce pas tant par suite de quelque circonstance particulière à ces sortes de lits que parce que nous les connaissons sur une plus grande étendue et que nous les étudions davantage. Le dépôt principal n’est pas en contact immédiat avec la houille, mais il en est séparé par une distance de douze à vingt pouces ; et il y en a dans cette position une quantité si immense qu’il n’est pas rare qu’elle soit la cause d’accidens sérieux en détruisant l’adhésion du lit de schiste, qui sa sépare et tombe après que le travail du mineur a enlevé la houille qui le supportait. Lorsqu’il s’est fait une chute considérable de cette nature, c’est chose curieuse à voir que la voûte de cette mine recouverte de ces formes végétales dont quelques unes sont d’une beauté et d’une délicatesse parfaites ; et tout observateur est frappé de la confusion extraordinaire avec laquelle sont dispersés ces restes brisés, et de la puissante action mécanique dont ils nous fournissent d’abondans témoignages. »

On rencontre dans les autres gisemens houillers de la Grande-Bretagne une abondance pareille de restes végétaux distinctement conservés. Mais l’exemple le plus remarquable que j’en aie encore observé, c’est celui des mines de Bohême que j’ai déjà citées. Les peintures de feuillages les plus exquises qui recouvrent les lambris des palais de l’Italie ne peuvent entrer en comparaison avec la belle profusion des formes végétales éteintes qui tapissent les galeries de ces mines de houille ; c’est un dais d’une magnifique tapisserie, qu’enrichissent des festons d’un gracieux feuillage jetés sans règles et avec une sorte de profusion sauvage sur tous les points de sa surface. Ce qui en rehausse encore l’effet, c’est le contraste de la couleur noir de jais de ces végétaux avec la teinte pâle du fond, que forme la roche à laquelle ils sont fixés. Le spectateur se sent transporté comme par enchantement dans les forêts d’un autre monde ; il y est entouré d’arbres de formes et de caractères maintenant inconnus à la surface du globe, et qui s’offrent à son admiration dans toute la beauté et la vigueur de leur vie primitive. Leurs troncs écailleux, leurs branches inclinées avec toutes les délicatesses de leur feuillage, s’étalent devant lui, à peine altérés par les âges sans nombre qu’ils ont traversés pour arriver jusqu’à nous ; ils sont là comme des témoins fidèles de systèmes de végétation qui ont eu leur commencement et leur fin à des époques dont, sortant de leur linceul de pierre, ils viennent en quelque sorte nous raconter la véridique histoire.

Tels sont les grands herbiers de la nature où, dans des conditions de notre planète qui n’existent plus, se sont conservés les restes les plus anciens du règne végétal, avec une perfection qui laisse à peine quelque chose à regretter de leurs formes vivantes.


SECTION II.


Végétaux de la série de transition[7].


Les débris végétaux sont des plus nombreux dans les dépôts les plus récens de la période de transition, dépôts qui constituent la formation houillère ; et ils nous offrent des témoignages décisifs sur la condition du règne végétal à cette époque ancienne de l’histoire de l’organisation.

Nous ferons mieux ressortir la nature de ces témoignages en prenant pour exemple quelques uns des genres nombreux

de plantes fossiles que nous trouvons conservés dans les couches de la série carbonifère, et en commençant par ceux qui ont vécu également dans les conditions les plus anciennes et dans les conditions actuelles de la végétation.


Equisétacées[8].


Les équisétacées sont des végétaux dont nous trouvons actuellement un exemple bien connu dans les prêles, ou queues de cheval, qui croissent sur le bord des fossés et des marais. C’est une famille qui s’étend depuis la Laponie jusqu’à la zone torride. Les espèces en sont nombreuses dans la zone tempérée ; elles décroissent en nombre et en hauteur, à mesure qu’elles se rapprochent des régions froides, tandis qu’elles atteignent leur développement le plus complet dans les régions chaudes et humides des tropiques, où leurs espèces ne sont que peu nombreuses.

M. Ad. Brongniart[9] partage les équisétacées fossiles en deux genres : l’un, qui a tous les caractères des équisétacées actuelles, ne se rencontre que rarement à l’état fossile ; l’autre est au contraire fort abondant ; il diffère considérablement du précédent quant à ses formes, et il atteint souvent une taille inconnue dans les équisétacées modernes ; c’est le genre calamites[10], genre répandu partout en abondance dans la formation houillère la plus ancienne, mais qui ne se rencontre plus que rarement dans les âges inférieurs de la série secondaire, et qui manque totalement dans les formations tertiaires, aussi bien qu’à la surface actuelle du globe.

Le même accroissement dans les dimensions, qui se manifeste dans les équisétacées modernes à mesure qu’elles se rapprochent de l’équateur, se montre donc dans les espèces fossiles, à mesure qu’elles se rencontrent dans des couches d’une antiquité plus reculée, sans que l’on y observe aucune relation avec les latitudes auxquelles appartiennent ces formations. M. Ad. Brongniart (Prodrome, p. 167) énumère douze espèces de calamites et deux espèces d’équisétacées, dans la liste qu’il douce des plantes du groupe carbonifère.


Fougères[11].


La famille des fougères est la plus nombreuse des cryptogames vasculaires[12], dans la flore actuelle comme dans la flore fossile. Ce que nous savons de la distribution géographique des fougères actuelles, par rapport à la température, nous met à même d’apprécier, jusqu’à un certain point, les renseignemens que nous fournissent les caractères des fougères fossiles sur l’état et les conditions climatériques de la surface ancienne de notre globe.

Le nombre total des espèces de fougères connues est d’environ 1,500 ; ces espèces se partagent en trois groupes sous le point de vue de leur distribution géographique.

Le premier groupe comprend les fougères des zones froides et tempérées de l’hémisphère nord ; il se compose de 144 espèces.

Le second, celles de la zone tempérée du sud, renfermant le cap de Bonne-Espérance, une partie de l’Amérique du Sud, la portion extra-tropicale de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélande. On y compte 140 espèces.

Enfin le troisième groupe s’éloigne de l’équateur jusqu’à 30 ou 35° au nord et au sud ; il renferme 1,200 espèces.

La comparaison du nombre des fougères avec l’ensemble des autres végétaux nous donnera une idée de l’importance relative de cette famille, par rapport au district ou à la période que nous étudierons. Ainsi, dans le nombre total des espèces actuelles connues, les phanérogames entrent pour 45,000, les fougères pour 1,500 ; le rapport est celui de 30 à 1. En Europe, ce nombre varie depuis 35 : 1, jusqu’à 80 : 1 ; moyenne, 60 : 1. Quant aux contrées intertropicales, M. de Humboldt estime que ce rapport est celui de 36 à 1 pour l’Amérique équinoxiale ; et M. Brown donne 20 : 1 comme exprimant le rapport du nombre total des végétaux à celui des fougères, dans les parties des régions intertropicales qui sont les plus favorables au développement de ces dernières[13].

D’après M. Brown[14], les circonstances les plus favorables à l’accroissement des fougères sont l’humidité, l’ombre et la chaleur. Ces diverses circonstances se rencontrent souvent combinées au plus haut degré dans certaines îles petites et élevées des mers tropicales, où l’air est continuellement chargé de l’humidité qui se dépose sur les montagnes, et maintient le sol dans un continuel état de fraîcheur. C’est ainsi qu’à la Jamaïque les fougères sont aux phanérogames dans la proportion de 1 à 10, de 1 à 6 à la Nouvelle-Zélande, de 1 à 4 à Otaïti, de 1 à 3 dans l’île de Norfolk, de 1 à 2 à l’île Sainte-Hélène, et de 2 à 3 dans l’île de Tristan d’Acunha (en dehors des tropiques]. Les fougères sont aussi les plantes qui sont les plus nombreuses dans les îles de l’Archipel indien.

Non seulement certains genres et certaines tribus de fougères appartiennent en propre à certains climats déterminés, mais il paraît aussi que la taille élevée des espèces arborescentes dépend essentiellement de la température, puisque ces espèces se rencontrent ordinairement en dedans des tropiques, ou à une distance peu considérable au delà de cette limite[15].

C’est en s’appuyant sur les considérations qui précèdent relativement aux caractères, et à la distribution des fougères vivantes, que M. Ad. Brongniart a entrepris, avec beaucoup de bonheur, de mettre en lumière les différences dans le climat et dans les conditions d’existence qu’a traversées notre globe, durant les périodes successives des formations géologiques. Il a vu que les débris de fougères deviennent de moins en moins nombreux à mesure que l’on s’élève des couches les plus anciennes dans les plus récentes, et il a établi sur ce fait une conjecture importante relativement aux décroissemens successifs de température et aux variations climatériques qui ont eu lieu à la surface du globe. C’est ainsi que la grande formation houillère possède environ 120 espèces connues de fougères, lesquelles constituent presque une moitié de la flore connue tout entière de cette formation ; mais ces espèces ne reproduisent qu’un petit nombre des formes que l’on rencontre maintenant dans l’ensemble des fougères vivantes, et elles appartiennent en presque totalité à la tribu des polypodiacées, qui renferme encore maintenant le plus grand nombre d’espèces arborescentes[16]. Dans cette même formation se rencontrent des fragmens de tiges de fougères arborescentes. M. Brongniart voit dans cet ensemble de circonstances les indices d’une végétation analogue à celles des îles des régions équinoxiales du globe, et il en conclut que les mêmes conditions de chaleur et d’humidité qui favorisent la végétation actuelle de ces îles doivent avoir exercé une plus grande influence encore sur la végétation du globe pendant la formation des couches carbonifères de la série de transition.

Dans les couches de la série secondaire, les fougères ont beaucoup perdu de leur importance numérique, soit absolue, soit relative. Elles forment un tiers à peu près de la flore connue de ces périodes intermédiaires de la géologie[17].

Dans les couches tertiaires, leur proportion aux autres végétaux est à peu près celle où nous les voyons dans les régions tempérées actuelles de notre globe.


Lépidodendron[18].


Le genre lépidodendron comprend plusieurs espèces de plantes fossiles d’une grande taille, qui abondent dans la formation houillère. Plusieurs particularités de leur structure les ont fait comparer aux conifères ; mais d’autres circonstances et leur aspect général, moins leur grande taille, les font ressembler beaucoup aux lycopodiacées[19]. Cette tribu ne renferme pas maintenant d’espèces qui atteignent plus de trois pieds en hauteur, et ce sont pour la plupart des plantes faibles et rampantes, tandis que leurs représentans fossiles les plus anciens paraissent avoir atteint les dimensions des grands arbres forestiers[20].

Les lycopodiacées de l’époque actuelle sont soumises à peu près aux mêmes lois que les fougères et les équisétacées, sous le rapport de leur distribution géographique ; elles sont plus grandes et plus nombreuses dans les localités chaudes et humides situées entre les tropiques, et surtout dans les petites îles. Les affinités des lépidodendron avec ces plantes, leur taille et leur abondance parmi les fossiles de la formation carbonifère, ont conduit les auteurs qui ont écrit sur les plantes fossiles à cette conclusion, que ce fut sous l’influence d’une grande chaleur, d’une humidité convenable, et d’une position insulaire que les végétaux de cette famille atteignirent les dimensions gigantesques sous lesquelles ils nous apparaissent dans les dépôts de transition ; et ce résultat vient à l’appui du résultat tout semblable auquel nous avons été conduits par l’examen des calamites, avec lesquelles on les trouve associés[21].

Suivant MM. Lindley et Hutton, les lépidodendrons constituent, après les calamites, la classe de fossiles la plus abondante dans la formation houillère du nord de l’Angleterre. Ces végétaux atteignent parfois des dimensions énormes ; on en rencontre des fragmens de tiges qui ont depuis vingt jusqu’à quarante-cinq pieds de longueur ; et une tige comprimée que l’on a rencontrée dans la houillère de Jarrow mesurait quatre pieds deux pouces dans son plus grand diamètre. M. Ad. Brongniart en cite trente-quatre espèces dans son catalogue des plantes fossiles de la formation houillère.

La structure intérieure des lépidodendrons a montré que ces végétaux tenaient le milieu entre les lycopodiacées et les conifères[22], et les conséquences que tire M. le professeur Lindley, de la position intermédiaire qu’occupe ce curieux genre éteint de plantes fossiles, sont en harmonie parfaite avec les corollaires que nous avons déduits de l’existence de conditions analogues dans des genres éteints d’animaux fossiles. — « Cette découverte est du plus haut intérêt pour les botanistes ; car elle donne gain de cause à ces esprits sagement systématiques qui soutiennent que l’on peut expliquer certaines lacunes qui, au sein de l’état actuel des choses, se font sentir dans la série graduelle de l’organisation, en lui assignant pour cause l’extinction de genres et même d’ordres tout entiers, dont l’existence manquait à l’harmonie que nous croyons avoir existé dès l’origine du monde, dans la structure de toutes les parties du règne végétal. Les lépidodendrons établissent entre les végétaux à fleurs et ceux qui n’en ont pas une liaison plus étroite que n’eussent pu le faire les équisétacées, ou les cycadées, ou tout autre genre qui nous soit connu. » — Lindiey et Hutton, Flore fossile, t. 2, p. 53.


Sigillaires.[23]


Outre les plantes que nous venons de citer comme appartenant à la formation carbonifère, et qui offrent des rapports étroits avec des familles ou des genres encore actuellement existans, cette formation en renferme encore plusieurs autres que l’on ne peut rapporter à aucun type connu du règne végétal. Nous venons de voir que les calamites ont leur place dans la famille actuelle des équisétacées, qu’un grand nombre de fougères fossiles se placent dans des genres de cette famille étendue, et que les lépidodrendons se rapprochent des lycopodiacées et des conifères actuelles. À ces plantes se trouvent mêlés d’autres groupes de plantes inconnues dans notre végétation moderne, et dont la durée paraît avoir eu pour limites les limites mêmes de la période de transition. Parmi les plus hautes et les plus puissantes de ces formes végétales inconnues, se placent les troncs colossaux de plusieurs espèces que M. Ad. Brongniart a désignées sous le nom de sigillaires. On les trouve dispersées dans les grès et dans les schistes qui accompagnent la houille ; et il arrive même qu’elles se montrent dans la houille elle-même à la formation de laquelle leurs débris ont puissamment contribué. Quelquefois ces troncs sont encore dans une position droite, comme on peut le voir lorsqu’il existe des coupes verticales naturelles des couches, telle que les falaises des bords de la mer, ou dans les escarpemens des carrières, ou des bords des rivières[24].

Pour la plupart de ces troncs la position verticale est uniquement due au hasard de quelque cause accidentelle. On les voit à tous les degrés d’inclinaison dans l’ensemble des couches de la série carbonifère ; mais le plus souvent ils sont couchés, et parallèles aux lignes de stratification ; et, dans cette situation, on les trouve ordinairement comprimés. Lorsqu’ils sont droits ou peu inclinés, ils conservent leur forme naturelle ; et leur intérieur est rempli de sable ou d’argile souvent différens des matériaux constitutifs de la couche où est fixée leur partie inférieure, et mélangés avec de petits fragmens de diverses autres plantes. Or comme ces matériaux étrangers ont entièrement rempli l’intérieur des troncs, nous en pouvons conclure que ces derniers formaient un cylindre creux dans toute leur longueur, sans aucune cloison transversale, à cette époque du moins où le sable, la vase et des fragmens d’autres plantes trouvèrent accès dans leur intérieur. L’écorce qui avait persisté, après s’être convertie en houille, entourait probablement un axe formé d’une substance pulpeuse molle et périssable, comme la pulpe charnue qui remplit les tiges des cactus actuels ; et ce fut probablement cet axe mou intérieur qui, en se décomposant, alors que les tiges flottaient dans les eaux, laissa après lui cette cavité où se sont introduits le sable et l’argile.

Le diamètre ordinaire de ces troncs varie depuis un demi-pied jusqu’à trois pieds. Arrivés à leur accroissement parfait, plusieurs d’entre eux ont dû avoir de hauteur cinquante à soixante pieds au moins[25].

Le comte Sternberg a désigné plusieurs espèces de sigillaires sous le nom de syringodendron, à cause des cannelures en forme de tuyaux parallèles qui les parcourent dans toute leur longueur ; leurs tiges sont dépourvues d’articulations, et plusieurs atteignent la taille des arbres de nos forêts. À la surface de ces cannelures se voient des impressions ponctiformes ou linéaires, de formes différentes, indiquant les points d’insertion des feuilles sur la tige. Cette partie cannelée des sigillaires qui constituait une enveloppe externe susceptible de se séparer, à la manière d’une écorce véritable, de l’axe mou, ou du tronc pulpeux qui en remplissait la cavité interne, varie en épaisseur depuis un pouce jusqu’à un huitième de pouce, et se rencontre ordinairement convertie en une houille pure[26].

Un tronc composé d’une pulpe charnue qu’entourait et soutenait seulement une écorce mince n’eût pu porter à son sommet des rameaux lourds et épais. Il est probable par conséquent qu’il se terminait brusquement à sa partie supérieure comme se terminent maintenant plusieurs des plus grandes espèces de cactus ; et cette hypothèse tire une force nouvelle de la grande quantité de petites feuilles qui entouraient le tronc dans toute son étendue.

Les impressions ou cicatrices qu’ont laissées les articulations des feuilles sur les cannelures longitudinales des troncs de sigillaires sont disposées par rangées verticales sur le milieu de chaque cannelure, dans toute la longueur du tronc. Chacune de ces cicatrices indique la place qu’occupait une feuille, et l’on y voit ordinairement deux ouvertures par où les faisceaux vasculaires traversaient l’écorce pour mettre les feuilles en communication avec l’axe de la plante. L’on n’a pas encore rencontré jusqu’ici de feuilles qui soient demeurées fixées au tronc, de telle sorte que pour ce qui concerne la nature de ces organes nous en sommes entièrement réduits à des conjectures. L’absence complète de ces appendices sur tant de milliers de troncs qui ont été soumis à l’observation nous porte à penser que toutes les feuilles quittèrent leur point d’articulation, et que la plupart se décomposèrent probablement, de même que la pulpe charnue de l’intérieur des tiges, pendant que ces plantes furent chariées du point où elles s’étaient développées jusqu’à celui où elles ont été définitivement submergées.

M. Ad. Brongniart fait connaître quarante-deux espèces de sigillaires, et il les regarde comme des plantes très voisines des fougères arborescentes, mais avec des feuilles très petites proportionnellement aux dimensions de leurs tiges et disposées autrement que dans les fougères actuelles. Il croit pouvoir rapporter à ces tiges plusieurs feuilles de fougères appartenant à des espèces inconnues et ressemblant à des feuilles de certaines fougères arborescentes actuelles. MM. Lindley et Hutton ont donné de fortes raisons en faveur de l’opinion que les sigillaires étaient des végétaux dicotylédones tout à fait distinctes des fougères, et s’éloignant également de toutes les plantes qui font partie du système de création actuel.[27]


Favulaire, Megaphyton, Bothrodendron, Ulodendron[28].


Dans ce même groupe où MM. Lindley et Hullon placent le genre sigillaire, se trouvent encore compris quatre autres genres éteints, dont chacun présente de même des cicatrices disposées en lignes verticales et indiquant le point d’insertion des feuilles ou des cônes sur le tronc. Ces quatre genres ont été désignés sous les noms de Favulaire, de Mégaphyton, de Bothrodendron et d’Ulodendron[29]. On voit dans notre pl. 56, fig. 3, 4, 5 et 6, des portions de troncs de ces conifères extraordinaires, avec les cicatrices dont ces troncs sont recouverts.

Dans la flore actuelle, il n’existe qu’un très petit nombre de plantes charnues qui offrent des feuilles ainsi rangées les unes au dessus des autres sur des lignes parallèles, mais près de la moitié des quatre-vingts espèces connues de plantes arborescentes de la flore fossile du groupe carbonifère ont leurs feuilles disposées ainsi par séries parallèles. Les autres espèces sont des lépidodendrons, ou des conifères maintenant détruites[30].


Stigmaria[31].

Les découvertes récentes de MM. Lindley et Hutton ont jeté beaucoup de lumière sur cette famille très extraordinaire de plantes fossiles maintenant perdues. Notre figure 8 de la pl. 56 a été copiée d’après une planche représentant le stigmaria ficoides (Flore fossile, pl. 31, fig. 1). C’est un des types les mieux connus du genre[32]. Le centre de la plante est formé par un tronc ou tige en forme de dôme, d’un diamètre de trois ou quatre pieds, et dont la substance était probablement molle et charnue. La surface en est légèrement ridée, et est couverte en même temps de points circulaires peu distincts. (Pl. 56 fig. 8 et 9.)

Les bords de ce dôme donnent naissance à plusieurs branches horizontales dont le nombre varie de neuf à quinze suivant les individus. Quelques unes de ces branches se bifurquent plus ou moins près du dôme ; et on les trouve toujours brisées à peu de distance ; aussi, bien que le plus grand fragment de cette sorte que l’on ait encore rencontré ne fût long que de quatre pieds et demi, il n’en est pas moins probable que ces branches étendues, lorsqu’elles étaient arrivées à leur plus haut point de développement, n’avaient pas moins de vingt à trente pieds de long[33]. Chacune d’elles a sa surface recouverte de tubercules disposés en spirale, et ressemblant à ceux que l’on voit chez les oursins à la base des épines. Chaque tubercule donnait naissance à une feuille cylindrique et probablement charnue qui s’étendait jusqu’à plusieurs pieds de la branche, dans toutes les directions (pl. 56, fig. 10 et 11). Les feuilles, que l’on trouve ordinairement comprimées, pénètrent suivant tous les sens dans la substance du grès ou du schiste où elles sont ensevelies ; leurs traces ont été suivies jusqu’à une longueur de trois pieds, et l’on assure même davantage[34].

On rencontre des fragmens de ces plantes en très grande abondance dans plusieurs des couches qui accompagnent la houille ; et on les a signalées depuis long-temps au sein du grès que l’on désigne sous les noms de gannister et de crowstone, dans les houillères des comtés d’York et de Derby ; on les avait prises à tort pour des fragmens de tiges de cactus.

La découverte des dômes centraux dont nous avons parlé, en même temps que la longueur et la conformation des feuilles et des branches, rendent fort probable que les stigmaria étaient des plantes aquatiques qui se traînaient sur la vase des marécages, ou qui flottaient à la surface de lacs petits et tranquilles, comme le font de nos jours les Stratitoes et les Isoetes. Dans ces situations, les stigmaria ont pu être entraînées par les mêmes inondations qui ont effectué le transport des fougères et des autres végétaux terrestres qui leur sont associés dans la formation houillère. La forme du tronc et des rameaux prouve que ce n’ont pu être des végétaux qui se soient soutenus dans l’air ; ils ont dû par conséquent ramper sur le sol, ou flotter à la surface des eaux[35]. C’étaient probablement des végétaux dicotylédones, et leur structure interne établit entre ces plantes et les euphorbiacées quelques analogies.


Conclusion.


Outre les genres dont nous venons de faire mention, il y en a plusieurs autres d’une nature encore plus obscure, et dont on n’a retrouvé aucune trace, ni parmi les végétaux actuellement existans, ni dans aucune couche postérieure au groupe carbonifère[36]. Plusieurs années s’écouleront encore avant que l’on arrive à saisir complètement les caractères de cette végétation primitive du globe. Les plantes qui ont essentiellement contribué à la formation de la houille, formation si importante et si pleine d’intérêt pour nous, se rapportent principalement aux genres dont-nous venons d’essayer d’esquisser l’histoire, les calamites, les fougères, les lycopodiacées, les sigillarias, et les stigmarias : c’est dans les couches carbonifères de l’Europe que ces plantes ont été le plus souvent recueillies, mais on rencontre les mêmes espèces dans les mines de houille du nord de l’Amérique, et on a des raisons de penser que de semblables débris existent dans toutes les formations houillères de la même époque, sous des latitudes très différentes, et dans des points du globe fort éloignés, comme dans l’Inde, à la Nouvelle-Hollande, dans l’Ile Melville et dans la baie de Baffin.

Les conséquences les plus importantes que nous puissions déduire de l’état actuel de nos connaissances sur les végétaux auxquels la houille doit son origine sont les suivantes :

1° Que ces végétaux ont été pour la plupart des cryptogames vasculaires, et surtout des fougères ;

2° Que parmi ces cryptogames, les équisétacées atteignaient une taille gigantesque ;

3° Que les plantes dicotylédonées, qui constituent les deux tiers à peu près des végétaux actuels, n’occupaient qu’une place peu importante dans la flore de ces périodes reculées[37].

4° Que, bien que plusieurs genres éteints, et même des familles entières, n’aient aucun représentant dans l’état actuel des choses, et que ces groupes aient même entièrement disparu, passé la formation houillère, elles tiennent cependant aux végétaux modernes par les principes généraux de leur structure, et par des détails d’organisation qui nous montrent en elles des parties détachées d’un seul et vaste plan rempli d’ensemble et d’harmonie.

Nous terminerons cette étude que nous venons de faire des plantes auxquelles la houille nous paraît devoir son origine, par un coup d’œil rapide sur les divers changemens qu’a subis dans la nature cette importante production végétale, et sur les services qu’elle rend aux arts et à l’industrie.

Peu de personnes sont au courant des événemens merveilleux qui se sont succédé dans l’économie de notre planète ; et il en est également peu qui sachent combien les applications compliquées de l’industrie et de la science humaine sont subordonnées à la production de la houille, source de chaleur et de lumière pour la métropole de l’Angleterre. L’époque la plus reculée jusqu’où nous puissions remonter vers l’origine de la végétation est celle où elle florissait dans les marais et les forêts du monde primitif, sous les formes gigantesques et majestueuses des calamites, des lépidodendrons et des sigillaires. Arrachées au sol qui les avait vues naître par les tempêtes et les inondations d’un climat chaud et humide, ces plantes furent entraînées dans un lac, dans un golfe, ou dans quelque mer peu éloignée. Là, après avoir flotté à la surface, jusqu’à ce que, saturées par l’eau, elles soient tombées au fond, elles y ont été enveloppées par les détritus des terres adjacentes, et, changeant de conditions, elles ont pris place parmi les minéraux. Depuis lors elles sont demeurées long-temps dans leur sépulture, où, soumises à une longue série d’actions chimiques et à de nouvelles combinaisons dans leurs élémens végétaux, et les ont passé à la forme minérale de la houille. Puis l’expansion des feux internes a soulevé ces lits du fond des eaux, pour les élever à la position qu’ils occupent maintenant sur les montagnes et les collines où l’industrie humaine peut aller les prendre. C’est à cette quatrième période que le mineur va chercher la houille, assisté par les arts et la science qui lui ont donné la machine à vapeur et la lampe de sûreté. Rendue à la lumière, et de nouveau confiée à l’élément aquatique, la navigation la transporte de la bouche du puits d’extraction sur la scène où le feu doit lui faire subir ses derniers et ses plus importans changemens, ceux qui doivent la mettre enfin au service des besoins et du bien-être de l’espèce humaine. À cette dernière phase de son histoire si riche en événemens, la houille disparaît, et le vulgaire la croit anéantie ; ses élémens en effet se débarrassent des combinaisons minérales dans lesquelles ils ont été emprisonnés pendant des âges sans nombre ; mais cette destruction apparente n’est que le point de départ d’une activité nouvelle, et d’une nouvelle suite de changemens. Libres enfin des liens qui les ont retenus si long-temps, ces élémens retournent à leur atmosphère natale, d’où ils furent appelés jadis à fournir le principe de la végétation primitive du globe ; puis le lendemain ils retournent peut-être constituer la substance du bois dans les arbres de nos forêts actuelles ; et quand ils auront repris ainsi leur place dans le règne végétal de notre époque, ils reviendront avant peu se remettre une seconde fois au service de l’espèce humaine. Et lorsque la décomposition ou le feu auront de nouveau rendu à l’atmosphère ou à la terre les mêmes élémens désagrégés, ce ne sera que pour qu’ils rentrent de nouveau dans le cercle indéfini qu’ils sont destinés à parcourir au sein de l’économie du monde matériel.


Conifères fossiles[38].


Les conifères constituent parmi les végétaux du monde actuel une famille nombreuse et des plus importantes, et que caractérisent non seulement des particularités de leur fructification qui les rangent parmi les phanérogames gymnospermes[39], mais en outre certains arrangemens remarquables dans la structure de leur bois, qui peuvent servir à en faire reconnaître de suite les fragmens les plus petits.

En étudiant à l’aide du microscope certains bois fossiles, on est arrivé depuis peu à reconnaître une structure interne analogue à celle des conifères actuelles dans les troncs de certains grands arbres provenant soit de la série carbonifère[40], soit des formations secondaires[41], et M. Ad. Brongniart a compté vingt espèces de conifères fossiles dans les formations tertiaires. Plusieurs de ces derniers se rapprochent beaucoup plus des genres actuels que ne le font ceux des terrains secondaires, et il en est même qui y prennent immédiatement place.

M. Nicol a fait voir en outre[42] que plusieurs des plus anciens conifères fossiles peuvent être rapportés au genre actuel des pins, et d’autres au genre Araucaria. Ce dernier comprend plusieurs des arbres les plus élevés du monde actuel[43], et on en trouve un exemple fort connu dans l’Araucaria excelsa, ou pin de l’île de Norfolk.

Toutes ces découvertes sont d’une haute importance ; car elles nous démontrent, comme résultat de l’étude des restes les plus anciens de la végétation, une identité qui s’étend jusqu’aux détails les plus minutieux de l’organisation interne, entre les arbres des forêts primitives du globe, et quelques uns de nos plus grands conifères actuels[44].

Les Araucaria sont les seuls conifères dont on ait jusqu’ici retrouvé la structure dans des arbres de la série carbonifère de la Grande-Bretagne[45] ; celle des pins proprement dits a été observée dans un bois de la formation houillère de la Nouvelle-Écosse, et de la Nouvelle-Hollande.

Cette même structure ordinaire des pins est celle qui prédomine dans le bois fossile du lias de Whitby, mais on y rencontre aussi des troncs d’araucarias ; et l’on en a découvert dans le lias de Lyme-Regis aux branches desquels adhéraient encore des feuilles[46].

Le professeur Lindley a fait observer avec justesse, comme un fait important à signaler, qu’à cette période où se déposa le lias, la végétation ressemblait à la végétation actuelle de l’hémisphère sud, non seulement par la présence des cycadées, mais aussi parce que les pins étaient de la nature des espèces que l’on trouve maintenant au sud de l’équateur. Sur les quatre espèces vivantes d’araucaria que l’on connaît à l’heure présente, une se trouve sur la côte est de la Nouvelle-Hollande, une autre dans l’île de Norfolk, la troisième au Brésil, et la quatrième au Chili.

Quels que puissent être les résultats des travaux à venir, les faits que nous possédons actuellement suffisent pour prouver que les conifères fossiles les plus grands et les plus parfaits de la formation houillère et du lias que l’on ait pu jusqu’ici soumettre à un examen attentif peuvent être rapportés au genre des pins proprement dits, ou au genre araucaria[47], et que l’une et l’autre de ces deux modifications de la famille actuelle des conifères ont pris leur commencement dès cette période très reculée, où se sont déposés les terrains carbonifères de la formation de transition.

On rencontre des fragmens fossiles de troncs de conifères, et parfois même des feuilles et des cônes, dans tous les étages des formations oolitiques, depuis le lias jusqu’au calcaire Portlandien. À la surface supérieure de cette dernière pierre, se voient les restes d’une ancienne forêt, parmi lesquels sont conservés de grands troncs renversés et convertis en silex, ainsi que des souches de conifères modifiés de la même manière, avec leurs racines encore enfoncées dans le sol végétal sur lequel elles ont crû. On trouve aussi fréquemment des fragmens de bois de conifères dans la formation wéaldienne et dans celle du sable vert, parfois même dans la craie[48].

Les conifères paraissent communes aux couches fossilifères de toutes les périodes. C’est dans la série de transition qu’elles sont le plus rares ; elles le sont moins dans la série secondaire, et c’est dans les terrains tertiaires qu’on en rencontre le plus. Ceci nous prouve qu’à toutes les époques, depuis que la végétation terrestre a commencé, de grands conifères ont existé à la surface de notre globe ; mais les témoignages que nous possédons au moment actuel sont trop peu complets pour que nous en puissions conclure avec certitude dans quelles proportions numériques ces plantes se trouvaient par rapport aux autres familles, à ces diverses époques successives de la géologie qui se trouvent ainsi rattachées à la nôtre par une nouvelle et magnifique série d’anneaux appartenant à l’un des groupes les plus importans du règne végétal.


SECTION III.


VÉGÉTAUX DES COUCHES SE LA SÉRIE SECONDAIRE[49].


Cycadées fossiles.


La flore de la série secondaire[50] est intermédiaire par ses caractères entre la végétation insulaire de la série de transition et la flore continentale des formations tertiaires. La grande abondance des cycadées[51], réunies aux conifères[52] et aux fougères[53] en caractérise surtout la physionomie.

M. Ad. Brongniart énumère environ soixante-dix espèces de plantes terrestres appartenant aux formations secondaires, depuis le keuper jusqu’à la craie inclusivement ; la moitié de ces plantes sont des conifères ou des cycadées, et sur cette moitié vingt-neuf appartiennent à la seule famille des cycadées ; l’autre moitié se compose en presque totalité de cryptogames vasculaires, telles que des fougères, des équisétacées et des lycopodiacées. Dans notre végétation actuelle, les conifères et les cycadées entrent à peine pour une trois-centième partie[54].

La famille des cycadées ne comprend que deux genres actuellement existans, les genres Cycas(pl. 58) et Zamia (pl. 59). On connaît cinq espèces appartenant au premier, et dix-sept appartenant au second ; aucune espèce de l’un ni de l’autre genre ne croît maintenant en Europe. Les principales localités où on les rencontre sont l’Amérique équinoxiale, les Indes occidentales, le Cap de Bonne-Espérance, Madagascar, les Indes, les Moluques, le Japon, la Chine et la Nouvelle-Hollande.

Quatre ou cinq genres et trente-neuf espèces de cycadées font partie de la flore de la période secondaire ; mais les débris de cette famille sont très rares dans les couches de transition et dans la série tertiaire[55].

Les cycadées constituent une belle famille de plantes que leurs formes extérieures font ressembler aux palmiers, tandis que plusieurs points essentiels de leur structure interne les rapprochent des conifères. Une troisième particularité de leur organisation les rapproche en outre des fougères ; nous voulons parler de leur enroulement ou du mode suivant lequel leurs feuilles encore renfermées dans l’intérieur des bourgeons se contournent à leur extrémité supérieure[56].

Je choisirai cette famille des cycadées dans la flore fossile de la période secondaire, et j’entrerai sur son organisation dans quelques détails ayant pour but de faire connaître par un exemple la méthode d’analyse qui a conduit les géologues à la connaissance de la structure et de l’économie des espèces végétales fossiles, et l’importance des conclusions auxquelles ils sont arrivés. C’est en voyant les progrès récents qu’a faits la physiologie végétale que l’on peut apprécier avec justesse la haute importance des investigations microscopiques ; car nous devons à leur seul secours, d’avoir pu reconnaître l’identité de structure qui existe entre ces végétaux d’une antiquité si reculée et ceux que nous sommes maintenant a même d’étudier à l’état vivant.

Les recherches physiologiques que l’on a faites dans ces derniers temps sur les espèces vivantes de cycadées ont fait voir que ces végétaux occupent une place intermédiaire entre les palmiers, les fougères et les conifères, et qu’ils ont avec chacune de ces familles certains points de ressemblance. Il résulte de là qu’il y a intérêt tout particulier à retrouver une structure semblable dans des plantes fossiles qu’on peut rapporter à une famille aussi remarquable par ses caractères.

La figure que nous donnons d’un cycas revoluta dans notre planche 58[57] fait connaître les formes et le facies des plantes qui composent ce genre si remarquable. Elles ressemblent aux palmiers par la magnifique couronne d’un gracieux feuillage qui ceint la tête de leur tronc simple et cylindrique. Ce tronc dans le genre Cycas est d’ordinaire alongé ; il atteint jusqu’à trente pieds dans le cycas circinalis[58]. Chez les Zamia, au contraire, le tronc est communément d’une petite taille.

La figure que nous donnons du Zamia pungens dans notre planche 59[59] fait voir que l’inflorescence du genre Zamia, consiste dans un cône unique ressemblant à un fruit d’ananas dépourvu de la touffe de feuilles qui la termine et naissant du sein du bouquet de feuilles qui couronne la tige.

Le tronc des cycadées n’est point entouré d’une écorce véritable ; mais il est enfermé dans une enveloppe compacte composée des écailles persistantes qui ont formé la base des feuilles tombées et qui, avec d’autres écailles avortées, constituent une couche externe tenant lieu d’écorce[60].

J’ai publié en commun avec M. De la Bêche dans les Transactions géologiques de Londres[61] une note sur les circonstances dans lesquelles se sont rencontrés des troncs fossiles silicifiés de cycadées dans l’île de Portland, immédiatement au dessus de la pierre de Portland et au dessous de la pierre de Purbeck. Ces troncs sont renfermés dans les mêmes lits de terreau noir où ils se sont développés, et ils y sont accompagnés par des troncs couchés de grands arbres conifères convertis en silex, et par des souches de ces mêmes arbres maintenues dans une position droite, avec leurs racines encore enfoncées dans leur sol natal[62].

La figure 3 de la planche 57 représente de semblables souches d’arbres enracinées dans le terreau où elles ont pris naissance, qui se voient dans la falaise située immédiatement à l’est de Lulworth-Cove (comté de Dorset). Comme les couches ont été soulevées jusqu’à une inclinaison de près de quarante-cinq degrés, les souches dont il s’agit ont conservé l’inclinaison anormale dans laquelle le soulèvement les a placées.

Tous les faits que représentent ces trois figures 1, 2 et 3 de la planche 57 sont exposés et complètement décrits dans le Mémoire que nous avons déjà cité ; et ces faits prouvent que des plantes d’une famille qui, de nos jours, est limitée aux régions les plus chaudes de notre globe, croissaient, aux périodes reculées dont il s’agit, sur la côte sud de l’Angleterre[63].

Comme dans tous ces divers cas les feuilles ne se sont pas trouvées réunies aux troncs fossiles de cycadées, nous sommes forcés de nous en tenir aux caractères distinctifs qui nous sont fournis par la structure du tronc et des écailles qui le recouvrent.

J’ai déjà comparé ailleurs[64] la structure interne de deux espèces de troncs fossiles avec celle de troncs récens appartenant aux genres Zamia et Cycas[65].

Je renverrai au Mémoire où sont décrites les coupes à l’aide desquelles cette structure a été étudiée, ceux qui seraient désireux de connaître des détails plus circonstanciés sur les proportions diverses et sur la distribution numérique des cercles concentriques de lames ligneuses et de tissu cellulaire dans les troncs des espèces vivantes de cycadées et des espèces fossiles[66].

On trouve entre nos cycadites fossiles et les espèces récentes une correspondance toute semblable sous le rapport de la structure interne des écailles ou de la base des feuilles tombées qui recouvrent la tige[67].


Mode identique d’accroissement par des bourgeons chez les espèces récentes et chez les espèces fossiles de Cycadées.

Le Cycas revoluta, figuré planche 58, offre un intérêt particulier dans ses relations avec l’une et l’autre de nos deux espèces fossiles, par l’existence d’une série de bourgeons naissant de l’aisselle de plusieurs des écailles qui en entourent le tronc[68]. Ces bourgeons nous expliquent des apparences analogues qui se voient à l’aisselle de plusieurs écailles fossiles du cycadites mégalophyllus et du cycadites microphyllus[69], et ils établissent une connexion physiologique des plus importantes entre les cycadées vivantes et les cycadées fossiles[70].

Ainsi nos deux cycadées fossiles sont étroitement rapprochées des cycadées actuelles par un grand nombre de caractères remarquables, tels que

1° La structure interne de leur tronc qui contient un ou plusieurs cercles rayonnans de fibres ligneuses, au sein d’une masse de tissu cellulaire ;

2° La structure de leur enveloppe extérieure, formée par les bases persistantes des pétioles, qui tiennent lieu d’écorce ; et en outre par plusieurs détails de la structure interne de chacun de ces pétioles en particulier ;

3° Leur mode d’accroissement par bourgeons qui naissent de germes situés dans l’aisselle des pétioles.

Si reculée que soit l’époque où ont cessé d’exister ces types primitifs de la famille des cycadées, cet ensemble étendu de particularités d’organisation qui leur sont communes avec les cycadées actuelles rattache ces arrangemens anciens de la botanique fossile à ceux qui caractérisent l’une des familles de plantes les plus remarquables parmi celles qui font partie de la création actuelle. Les cycadées de nos jours, par suite de cette structure particulière, deviennent un anneau important que nous ne pourrions rencontrer dans aucun autre groupe, et qui, réunissant la grande famille des conifères aux familles des palmiers et des fougères, comble ainsi l’intervalle qui existe entre les trois grandes divisions naturelles des dicotylédons, des monocotylédons et des acotylédons.

Le grand développement qu’a pris ce groupe intermédiaire, dans les périodes secondaires de l’histoire géologique, est une preuve importante de l’uniformité de plan qui a toujours présidé et qui préside maintenant encore aux lois de l’organisation végétale.

Des faits semblables sont d’un prix inestimable pour la théologie naturelle, car cette identité dans les détails de l’œuvre tout entière de la création nous y fait reconnaître partout la main d’un seul et même Architecte. Ils parlent au physiologiste un langage bien autrement puissant que celui de l’éloquence humaine ; ils appellent en quelque sorte ces troncs et ces pierres qui sont demeurés ensevelis pendant des âges sans nombre dans les profondeurs de la terre à proclamer un seul Créateur, dirigeant tout, soutenant tout, dans la volonté et la Puissance duquel tous ces harmonieux systèmes ont pris leur origine, et dont l’universelle Providence les a toujours maintenus et continue de les maintenir encore.


Pandanées fossiles.


Les Pandanées sont une famille de végétaux monocotylédonés qui maintenant croit seulement dans les zones chaudes, et surtout dans le voisinage de la mer. Ces plantes abondent dans l’Archipel Indien et dans les îles de l’Océan pacifique. Leur aspect est celui d’un ananas à tige arborescente[71].

De même que le cocotier, les Pandanèes sont du nombre des végétaux qui apparaissent les premiers sur des terres récemment sorties de l’Océan. Les navigateurs en effet ont presque toujours trouvé ces plantes réunies sur les îles de corail des mers tropicales. L’étude que nous venons de faire des tiges fossiles de cycadées de l’île de Portland nous a appris que des plantes de cette famille, maintenant complètement étrangères à l’Europe, ont été indigènes de la Grande-Bretagne pendant la période de la formation oolitique. Un beau fruit fossile unique, que nous avons représenté à la fin de cet ouvrage[72], rend probable l’existence dans les mêmes contrées d’une autre famille tropicale très voisine de celle des Pandanèes, au commencement de la grande série oolitique de la formation secondaire[73].

Ce fruit, par sa structure, se rapproché davantage du Pandanus que de toute autre plante actuellement existante ; et si nous étudions les particularités d’organisation du fruit des pandanées[74] dans leurs rapports avec les fonctions assignées à ces plantes des rivages de la mer, au sein de l’économie générale de la nature, fonctions qui consistent à prendre les premières possessions d’une terre, aussitôt qu’elle est sortie des eaux, nous trouvons dans ces fibres minces et légères qui remplissent l’intérieur des fruits un arrangement complètement en harmonie avec cet office de colonisation végétale[75]. Leur position sur le bord de la mer est cause qu’un grand nombre de leurs fruits tombent dans les eaux, où ils sont ballottés par les vents et par les vagues jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent d’une manière définitive sur quelque rivage éloigné. Il suffit d’une drupe unique de pandanus ainsi chargée de graines, pour transporter les élémens d’une végétation jusqu’aux îles volcaniques ou aux récifs madréporiques, qui sortent de l’Océan-Pacifique actuel. Cette graine qui est allée s’échouer ainsi sur quelque terre nouvellement formée donne naissance à une plante qui trouve un moyen de se supporter, sur une surface où il n’existe pas de sol, dans l’arrangement tout particulier qu’offrent les racines aériennes grosses et longues qui naissent autour de la partie inférieure du tronc, à une certaine distance du sol[76]. Ces racines adventives sont disposées de manière à soutenir la plante, comme le feraient des arcs boutans disposés tout autour de la tige à sa partie inférieure ; elles maintiennent celle-ci dans sa position verticale, et c’est grâce à leurs services que l’arbre étale une végétation florissante au milieu du sable aride dont les récifs sont recouverts, et là où se sont à peine formés les premiers rudimens d’un sol. Jusqu’ici l’on n’a encore rencontré à l’état fossile aucun débris de feuilles ou de troncs de Pandanées ; mais le fruit unique trouvé dans la formation oolitique inférieure des environs de Charmouth est de cette date précise où l’Angleterre, ainsi que nous l’enseignent d’autres témoignages, était encore une terre nouvellement sortie des mers, au sein d’un climat chaud et humide ; et nous y voyons la preuve qu’à l’époque où les terrains oolitiques étaient en progrès de formation, il existait des végétaux offrant des combinaisons de structure toutes pareilles à celles qui nous sont offertes par les Pandanées actuelles, et ayant de même pour but spécial le transport au loin de colonies végétales.

Ainsi ce fruit est un nouvel anneau qui s’ajoute à la chaîne des découvertes qui nous ont fait connaître la flore des périodes géologiques secondaires ; et il nous fournit de nouveaux témoignages de l’existence d’un Ordre, d’une Harmonie, et d’une Sagesse qui sait créer des ressources spéciales pour des fins déterminées ; Ordre, Harmonie et Sagesse que nous ne perdons pas un instant de vue, lorsque, jetant nos regards en arrière, nous remontons jusqu’aux conditions les plus anciennes de notre planète, en parcourant successivement toutes les révolutions qui se sont accomplies à sa surface[77].


SECTION IV.


Végétaux des terrains tertiaires.[78]


Nous avons déjà dit que la végétation de la période tertiaire offre les mêmes caractères généraux que la végétation des zones tempérées de nos continens actuels. Les plantes dicotylédonées y sont quatre ou cinq fois plus nombreuses que les monocotylédonées, proportions qui sont à peu près les mêmes qu’à l’époque présente ; et la plupart des plantes fossiles, bien que d’espèces éteintes, offrent les plus grands rapports avec les genres actuels.

Ce troisième grand changement survenu dans le règne végétal paraît fournir une preuve de plus que la température de l’atmosphère a été en diminuant continuellement depuis l’époque où la vie commença sur notre globe.

Le nombre des espèces de plantes qui existent dans les diverses divisions des couches tertiaires n’est encore qu’imparfaitement connu. En 1828, M. Ad. Brongniart pensait que l’on en avait déjà découvert 166, parmi lesquelles il y en avait de non décrites ; beaucoup appartiennent à des genres qui, à cette époque, n’étaient pas encore déterminés. La différence la plus frappante qui existe entre les végétaux de cette période et ceux des périodes précédentes, c’est l’abondance de plantes dicotylédonées et de grands arbres appartenant à des formes actuelles, tels que des peupliers, des saules, des ormes, des châtaigniers, des sycomores, et beaucoup d’autres genres dont nous rencontrons partout autour de nous des espèces vivantes.

Parmi les amas les plus remarquables de végétaux de cette époque, nous devons citer ceux qui constituent des lits étendus de lignite ou Brown coal[79]. Sur certains points de l’Allemagne, ce lignite se montre en couches de plus de trente pieds d’épaisseur, principalement composées d’arbres charriés selon toute apparence par les eaux douces, et étendus au fond des lacs ou des golfes de cette époque, en des lits que l’on voit alterner d’ordinaire avec des lits de sable et d’argile.

Le lignite, ou les lits de charbon fossile fétide des environs de Poole, dans le comté de Dorset, de Bovey, dans le Devonshire, et de Soissons en France, ont été rapportés à la première période, ou période éocène des formations tertiaires. C’est à la même période qu’appartiennent probablement le Surturbrand d’Islande[80], et les ligniles bien connus du Rhin, aux environs de Bonn, du mont Meisner, et de l’Habichtswald, près de Cassel. Ces formations contiennent quelquefois des débris de palmiers. M.Lindley a dernièrement reconnu parmi quelques échantillons trouvés par M. Horner, dans le lignite des environs de Bonn[81], des feuilles offrant des rapports intimes avec les feuilles des Cinnamomum de nos régions tropicales actuelles, et avec celles des Podocarpus de l’hémisphère austral[82].

Dans la molasse de la Suisse, il existe plusieurs dépôts semblables où se rencontre quelquefois du charbon de terre d’une grande pureté, formé durant la seconde période de cette série, ou période miocène, et contenant d’ordinaire des coquilles d’eau douce. Telles sont les lignites de Vernier près de Genève, de Pandex et de Moudon près de Lausanne, de St-Saphorin près de Vevay, de Kœpfnach près de Horgen sur le lac de Zurich, et d’Œningen près de Constance.

Le lignite d’Œningen ne constitue que des lits minces, et de peu d’importance sous le rapport de leur exploitation pour le chauffage ; mais les débris végétaux abondent dans les schistes marneux, et dans les carrières de calcaires qui s’exploitent dans cette localité, et l’on y trouve l’histoire la plus complète que l’on ait encore rencontrée de la végétation pendant la période miocène[83].

On n’a pas encore publié dé catalogue des plantes trouvées dans les couches. pliocènes de la série tertiaire ou dans les couches plus récentes.


Palmiers fossiles.


Nous avons déjà dit que des débris de palmiers ont été trouvés dans le lignite de l’Allemagne ; et comme les restes de cette famille intéressante sont plus fréquens encore dans les formations tertiaires de la France et de l’Angleterre, tandis qu’ils sont comparativement rares dans la série secondaire et dans celle de transition, c’est à ce moment de notre étude que nous placerons le petit nombre d’observations que nous aurons à faire sur leur histoire.

On regarde la famille actuelle des palmiers[84] comme composée d’environ mille espèces qui appartiennent pour la plupart en propre à certaines régions de la zone torride. Quant à son histoire géologique, cette grande et belle famille, bien qu’elle ait été appelée à l’existence aussitôt que les formes végétales les plus anciennes de la période de transition, elle n’a que très peu de représentans dans la formation houillère[85], et elle est également peu nombreuse dans la série secondaire[86] ; mais on trouve en abondance des tiges, des feuilles et des fruits de palmiers dans les formarions tertiaires[87].


Troncs fossiles de palmiers.


Les tiges de palmiers que l’on rencontre à l’état fossile proviennent d’un grand nombre d’espèces ; on en voit qui sont converties en un beau silex dans les dépôts tertiaires de la Hongrie et dans le calcaire grossier de Paris[88]. Il existe également des troncs de palmiers dans les formations d’eau douce de Montmartre[89], et on assure qu’à Liblar, près de Cologne, il s’en est trouvé dont la direction était verticale[90]. De beaux troncs de palmiers silicifiés se voient à Antigoa et dans l’Inde, ainsi que sur les buttes d’Irawadi, dans le royaume d’Ava.

Nous ne devons pas nous étonner que des débris de palmiers se rencontrent dans les latitudes chaudes où les plantes de cette famille sont encore maintenant indigènes, comme à Antigoa ou dans les Indes ; mais leur présence dans les formations tertiaires de l’Europe, associée à des débris de crocodiles et de tortues, et à des coquilles marines très voisines de celles que l’on rencontre maintenant dans les mers chaudes, semble indiquer que le climat de l’Europe pendant la période tertiaire était d’une température plus élevée qu’il ne l’est à l’époque actuelle.


Feuilles fossiles de palmiers.


Sept localités différentes présentent des feuilles fossiles de palmiers dans les couches tertiaires de la France, de la Suisse et du Tyrol ; et parmi ces feuilles se trouvent au moins trois espèces flabelliformes, qui diffèrent non seulement des feuilles du Chamœrops humilis, le seul palmier qui croisse maintenant dans le sud de l’Europe, mais qui ne ressemblent même à aucune espèce vivante connue[91]. Ces feuilles sont d’ailleurs trop parfaitement conservées pour que l’on puisse admettre qu’elles ont eu à subir un transport par eau de régions éloignées, et elles doivent plutôt, selon toute apparence, être rapportées aux espèces éteintes qui furent indigènes de l’Europe durant la période tertiaire.

On n’a rencontré jusqu’ici dans les touches tertiaires aucune feuille de palmier de forme pennée, bien que cette forme soit plus de deux fois plus fréquente que la forme en éventail dans la famille des palmiers telle qu’elle existe maintenant[92].


Fruits fossiles de palmiers.


On rencontre dans les formations tertiaires un grand nombre de fruits fossiles appartenant à la famille des palmiers, et qui, d’après M. Ad. Brongniart, paraissent tous provenir de genres à feuilles pennées. On en a découvert quelques uns dans l’argile tertiaire de l’île de Sheppey, parmi lesquels des dattes[93], fruits qui maintenant ne se voient plus qu’en Afrique et dans les Indes ; des noix de coco[94], qui maintenant ne se trouvent plus qu’entre les tropiques ; des bactris, qui de nos jours appartiennent exclusivement à l’Amérique, et des noix d’arec que l’Asie seule possède. Il n’est pas un de ces fruits que l’on puisse rapporter à quelque palmier flabelliforme ; on trouve des noix de coco fossiles à Bruxelles et à Liblar, près de Cologne, associées à des fruits d’arec.

Bien que ces fruits appartiennent tous à des genres à feuilles pennées, aucune feuille de palmier de cette sorte ne s’est jusqu’ici rencontrée en Europe, ainsi que nous venons de le dire. Il paraît donc vraisemblable, d’après la quantité énorme de fruits de toute espèce qui sont accumulés dans l’île de Sheppey, entassés avec des coquilles marines et des fragmens de bois presque toujours percés, par des tarets, que ces fruits ont été amenés là par des courans marins de contrées plus chaudes que ne le fut l’Europe après le commencement de la période tertiaire, de la même manière que certaines graines tropicales et des merrains d’acajou sont transportés de nos jours du golfe du Mexique sur les côtes de la Norwège et de l’Irlande.

Outre les fruits de palmiers, l’île de Sheppey présente une réunion de plusieurs centaines d’autres fruits[95] dont la plupart offrent les caractères de la végétation des tropiques ; et il serait difficile d’expliquer comment ils auraient pu être accumulés ainsi en amas où ne se trouvé pas une seule feuille des arbres qui les ont portés, mais qui renferment des bois perforés par des tarets, autrement que par l’hypothèse d’un courant marin.

Nous n’avons encore aucune donnée certaine relativement au nombre des espèces de ces fruits fossiles ; on a estimé qu’elles s’élevaient à six ou sept cents[96]. On leur trouve associés dans la même argile un grand nombre de crustacés fossiles, en même temps que des restes de plusieurs poissons, de crocodiles et de tortues.

Si les fruits de l’île de Sheppey ont été ainsi rassemblés sur ce point par l’action des courans marins, il s’ensuit que l’histoire de la végétation européenne pendant la période tertiaire doit être étudiée dans ces autres débris de plantes qui, à en juger par l’état et les circonstances dans lesquels on les trouve, ont vécu à peu de distance du point bu elles se rencontrent maintenant[97].


Conclusion.


Après ce qui vient d’être dit, nous allons résumer ce que nous savons à l’heure actuelle sur les conditions diverses de la flore des trois grandes périodes de l’histoire géologique dont nous nous sommes occupés précédemment.

Les débris végétaux de ces périodes se distinguent surtout par les caractères qui suivent :

Dans la première, les cryptogames vasculaires prédominent, et les plantes dicolylédonées sont comparativement rares.

Dans la seconde, ces doux groupes se montrent dans une proportion à peu près égale[98]. Dans la troisième, les dicotylédonèes prédominent, et il y a rareté des cryptogames vasculaires.

Quant aux végétaux actuels, les deux tiers à peu près sont dicolylédonés.

On trouve des débris de plantes monocotylédonées dans toutes les périodes des formations géologiques, mais elles y sont rares. Le nombre des plantes fossiles décrites jusqu’à ce jour est d’environ cinq cents, dont près de trois cents proviennent des couches dé la série de transition, et presque exclusivement de la formation houillère ; environ cent appartiennent aux couches secondaires, et plus de cent autres aux formations de la tertiaire. Outre ces espèces, il en existe qui appartiennent à chacune de ces formations et qui n’ont pas encore été dénommées.

Comme les espèces connues de végétaux vivans sont au nombre de plus de cinquante mille, et que l’étude de la botanique fossile n’est pas encore sortie de l’enfance, il est probable que la terre recèle dans ses entrailles une quantité considérable d’espèces fossiles que les découvertes de chaque année rendront successivement à la lumière.

Les plantes de la première période sont pour la plupart des fougères et des équisétacées gigantesques, ou appartiennent à des familles intermédiaires par leurs caractères entre les formes actuelles des lycopodiacées et des conifères, comme les lépidodendron, les sigyllaria et les stigmaria ; à quoi il faut ajouter un petit nombre de conifères.

Les fougères forment un tiers environ des plantes de la seconde période, et les deux tiers qui restent se composent en grande partie de cycadées et de conifères, avec quelques liliacées.

On rencontre un plus grand nombre d’espèces de cycadées parmi les fosslles de cette période que l’on n’en a encore trouvé parmi les végétaux qui vivent actuellement à la, surface du globe- Cette famille entre, pour plus d’un tiers dans toute la flore fossile connue des formations secondaires, tandis qu’elle ne forme pas la deux millième partie de la végétation actuelle.

La végétation de la troisième période se rapproche beaucoup de celle de la surface actuelle du globe.

Parmi les familles actuelles, les algues, les fougères, les lycopodiacées, les équisétacées, les cycadées et les conifères sont celles qui ont les relations les plus intimes avec les formes végétales les plus anciennes qui aient existé sur notre planète.

La famille des conifères est celle qui est la plus universellement répandue dans les diverses phases successives de la végétation ; elle s’accroît suivant le nombre et la diversité de ses genres et de ses espèces à chaque changement nouveau dans le climat et dans les conditions de la surface du globe. Cette famille comprend un trois centième environ du nombre total des végétaux actuels.

Une autre famille se montre également, mais en petite proportion, dans toute la série des formations, c’est celle des palmiers.

Les connexions que nous avons saisies entre ces systèmes éteints et le système, actuel de végétation fournissent un ensemble imposant d’argumens, en même temps qu’elles ouvrent un vaste et nouveau champ de recherches, soit aux physiologistes, soit à ceux qui se livrent à l’étude de la théologie physique.

Non seulement nous retrouvons dans la flore fossile les caractères fondamentaux, qui distinguent entre elles les plantes endogènes et les plantes exogènes, mais en outre, l’accord qui existe jusque dans les, moindres détails entre la structure des nombreuses familles qui la composent et de celles de l’époque où nous vivons, indique l’influence des mêmes lois régulatrices du développement des végétaux à ces deux époques si éloignées entre elles.

Il en est de même des organes de fructification ; ce que l’on en a rencontré dans les plantes de toutes les formations nous montre qu’à toutes les époques la production des végétaux s’est effectuée d’après des lois constantes.

Les détails exquis d’organisation que découvre le microscope dans ce qui n’est pour les yeux abandonnés à eux-mêmes qu’une bûche convertie en lignite ou un bloc de houille, ne démontrent pas seulement la corrélation parfaite qui existe entre les moyens et les fins pour lesquelles ils ont été mis en œuvre ; mais ils prouvent aussi la constance avec laquelle des moyens semblables ont été employés pour arriver à des fins correspondantes dans toute la série des créations diverses qui ont modifié les formes de la vie chez les végétaux. Ces combinaisons d’arrangemens, qui varient avec les diverses conditions du globe, démontrent l’existence d’un Architecte par l’existence d’un plan ; et en voyant la connexion des parties et l’unité du but pour lequel elles ont été faites, dans ce tout si vaste, si complexe et en même temps si harmonieux, nous sommes conduits à conclure que c’est une Intelligence unique et toujours la même qui a créé toutes ces dispositions et qui les a mises en jeu.


  1. Voy. chap. VII, p. 55.
  2. In-4. Paris, 1828.
  3. Voy. M. Ad. Brongniart, Histoire des végétaux fossiles, t. I, p. 47.— Le docteur Harlan, dans le Journal de l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie, 1831, et M. R. C. Taylor, dans le Magasin d’Histoire naturelle de London, janvier 1834, ont fait connaître de nombreux dépôts de fucoïdes qui se montrent par couches minces fréquentes dans les terrains de transition de l’Amérique du Nord, et qui s’étendent sur une longue étendue du flanc-est de la chaîne des Alleghanys. L’espèce la plus abondante est celle que le docteur Harlan a désignée sous le nom de fucoïdes alleghaniensis. M. R. C Taylor a trouvé des dépôts étendus de fucus fossiles dans la grawacke de la Pensylvanie centrale. On a trouvé, dans une localité, sept couches de végétaux différens dans une épaisseur de quatre pieds ; et sur un autre point, on en a rencontré jusqu’à cent dans une épaisseur de vingt pieds seulement (Journal de Jameson, juillet 1835, p. 185). J’ai vu aussi des fucoïdes en grande abondance dans le schiste traumatique (grawacke-slate) des Alpes maritimes, sur plusieurs points de la nouvelle route de Nice à Gênes ; et j’ai rencontré une fois, et cela dans un puits, à Cheltenharo, de petits fucoïdes dispersés en grande abondance dans du schiste de la formation liassique. Le fucoïdes granulatus voit dans le lias de Lyme-Regis, et à Boll dans le Wurtemberg ; et le fucoïdes Targionii dans le sable vert supérieur des environs de Bignor, dans le comté de Sussex.
  4. On désigne sous le nom d’endogènes les plantes dont les tiges s’accroissent par une addition de parties se faisant de l’intérieur à l’extérieur. Les exogènes, au contraire, sont celles dont l’accroissement se fait par des parties qui s’ajoutent a l’extérieur de la plante.
  5. On désigne sous le nom de plantes monocotylédones celles dont l’embryon n’offre qu’un seul cotylédon ou lobe ; telle est la graine du lys ou de l’ognon. Les plantes dicotylédones sont celles dent l’embryon présente deux lobes, comme une fève ou une graine de café. Les tiges des plantes monocotylédones sont toutes des tiges endogènes, c’est à-dire qu’elles s’accroissent de l’intérieur à l’extérieur par des faisceaux vasculaires contenus dans une masse de tissu cellulaire, et que leur volume s’augmente par une addition de substance qui a lieu du centre à la circonférence : tels sont les palmiers, les cannes, les liliacées. Les tiges des plantes dicotylédones sont toutes exogènes, c’est à-dire qu’elles s’accroissent par addition de couches concentriques se formant vers l’extérieur. Ces couches constituent des anneaux dont chacun indique l’accroissement total d’une année : c’est ce qui a lieu dans le chêne et dans les autres ai bref forestiers de nos climats.
  6. « Si l’on prend au hasard un échantillon quelconque de ces variétés de houille, dit M. Hutton, on y reconnaîtra une structure végétale plus ou moins apparente, ce qui suffirait pour démontrer, de la manière la plus complète, l’origine végétale de la houille, alors même qu’il n’en existerait aucune autre preuve.

    » Chacune de ces trois sortes de houille, outre la fine réticulation que l’on y distingue, et qui est due à ce que sa texture et d’origine végétale, offre d’autres cellules remplies d’une substance légèrement colorée en brun jaune, d’une nature probablement bitumineuse, assez volatile pour être entièrement expulsée par la chaleur avant qu’aucun changement ait encore eu lieu dans les autres démens constituais de la houille. Le nombre et l’aspect de ces cellules diffèrent suivant les diverses variétés de la houille. Dans la houille grasse (caking coal), les cellules en question sont comparativement peu nombreuses et de forme très alongée ; dans les portions les plus fines de cette houille, ]à où la forme rhomboïdale des fragmens indique une cristallisation plus complète, les cellules sont complètement oblitérées.

    » La houille schisteuse offre deux sortes de cellules remplies également d’une substance bitumineuse jaune : les unes sont de la nature de celles que nous avons déjà mentionnées dans la houille grasse (caking coal) ; les autres sont plus petites, réunies par groupes, et de forme sphéroïdale alongée.

    Les diverses variétés de houille et que l’on désigne à Newcastle sous les noms de cannel, de parrot, de splentcoal, n’offrent jamais structure cristalline si apparente dans la bonne houille grasse ; rarement on y trouve la première espèce de cellules, et toute la surface se compose d’une série presque continue de cellules de la seconde espèce remplies de matière bitumineuse, et séparées entre elles par de minces cloisons fibreuses. M. Hutton regarde comme fort probable que ces cellules proviennent de la texture réticulaire de la plante mère, structure qui est devenue plus confuse par la pression énorme à laquelle a été soumise la matière végétale. » L’auteur ajoute que, bien qu’en général les variétés de houilles cristallines et non cristallines, ou, en d’autres termes, parfaitement ou imparfaitement minéralisées, se rencontrent généralement dans des couches séparées, il est néanmoins facile de rencontrer des échantillons où les deux variétés se trouvent réunies sur une étendue d’un pouce carré. De ce fait, ainsi que de la position constamment la même où ces échantillons se trouvent dans les mines, on est conduit à rapporter les différentes variétés de la houille à des différences dans les plantes auxquelles ces variétes doivent leur origine. — Proceedings of geological Society. Landau and Edimb, Philosoph. Mag., 3e série, t. II, p. 502. Avril 1833.

  7. Pl. 1, fig. 1, 15.
  8. Pl. 1, fig. 2.
  9. Histoire des végétaux fossiles, 2e livraison.
  10. Les calamites sont caractérisées par des tiges cylindriques grosses et simples, articulées de distance en distance, mais dans lesquelles la gaine mangue, ou présente des formes inconnues chez les équisétacées actuelles ; parfois on voit, tout autour de leurs articulations, des traces de rameaux verticillés. Les feuilles ne sont point articulées ; mais le principal caractère qui les distingue des équisétacées, c’est leur hauteur et leur diamètre ; cette dernière dimension excède quelquefois six et sept pouces, tandis que dans les équisétacées modernes, elle dépasse rarement un demi-pouce. Le muséum de Leeds s’est enrichi tout dernièrement d’une calamité de quatorze pouces de diamètre.
  11. Pl. 1, numéros 6, 7, 8, 57, 58, 59.
  12. Les fougères se distinguent de tous les autres végétaux par le mode particulier de division et de distribution des nervures des feuilles ; et celles de leurs espèces qui sont arborescentes se reconnaissent à leurs troncs cylindriques dépourvus de branches, en même temps qu’à la disposition régulière et à la forme des cicatrices qu’ont laissées sur la tige les pétioles des feuilles tombées. C’est sur le premier de ces caractères que M. Ad. Brongniart a fondé principalement la classification des fougères fossiles, car il eût été impossible de leur appliquer le système adopté pour l’arrangement des genres actuellement existans, puisqu’il repose surtout sur les dispositions diverses de la fructification, et que ces organes sont rarement conservés à l’état fossile.
  13. Appendice à l’expédition de Tuckey au Congo, p. 42.
  14. Appendice à l’expédition de Tuckey au Congo, p. 42.
  15. Le petit nombre d’exceptions que l’on connaisse à cette règle parait appartenir en propre à l’hémisphère sud. On trouve une espèce de fougère arborescente à la Nouvelle-Zélande, à 46° de latitude sud. — Voy. M. Brown, Appendice au Voyage de Flinders.
  16. Les figures 7 et 57 de la pl. 1 représentent deux des formes les plus gracieuses de fougères arborescentes qui ornent nos contrées tropicales modernes, où elles atteignent une taille de quarante à cinquante pieds.

    On voit dans l’escalier du Muséum britannique une fougère arborescente haute de quaranie pieds alsophila Brunomiana provenant de Silhet, dans le Bengale. Les tiges de ces fougères se distinguent de celles de tous les monocotylédones arborescens par la forme spéciale et la disposition des cicatrices que laissent les pétioles après que les feuilles sont tombées. Dans les palmiers et dans les autres arbres monocotylédones, les feuilles ou leurs pétioles embrassent la tige et laissent des cicatrices transversales, alongées en forme d’anneaux, et ayant leur plus grand diamètre dans le sens horizontal. Dans les fougères, à la seule exception près des angiopteris, les cicatrices sont elliptiques ou rbomboïdales, et leur diamètre vertical est le plus grand.

    M. Ad. Brongniart (Histoire des végétaux fossiles, p. 261, pl. 79 et 80) a décrit et figuré la tige et la feuille d’une fougère arborescente (Anomopteris Mongeotii), du grès bigarré de Heilegenberg dans les Vosges. On rencontre, dans la formation du nouveau grès rouge de ce même district, de belles feuilles de cette espèce, ayant encore parfois leurs capsules de fructification adhérentes aux folioles.

    M. Cotta a publié un ouvrage intéressant sur les débris fossiles de fougères arborescentes que l’on rencontre en abondance dans le nouveau grès rouge de Saxe, près de Chemnitz. (Dendrolithen. Dresde et Leipsik, 1832.) Les débris consistent surtout dans des fragmens de tronc de plusieurs espèces perdues, que leur structure rapproche assez des fougères arborescentes actuelles, pour que l’on puisse les rapporter presque sans hésitation aux espèces arborescentes de cette famille, qui était répandue sur la surface de l’Europe à cette époque des formations secondaires.

  17. Pl. 1, figures 37, 38, 39.
  18. Pl. 1, fig. 11 et 12 ; pl. 55, fig. 1, 2 et 3.
  19. Pl. 1, fig. 9 et 10.
  20. D’après le professeur Lindley, les lycopodiacées actuelles sont intermédiaires entre les fougères et les conifères d’une part, les fougères et les mousses d’une autre. Elles se rapprochent des fougères par l’absence d’un appareil sexuel, et par l’abondance des vaisseaux annulaires de leur tige ; des conifères, par l’aspect des tiges de quelques unes des plus grandes espèces ; des mousses, par leur aspect général.
  21. Les feuilles des lycopodiacées actuelles sont simples et disposées en spirale autour de la tige ; et elles laissent, sur la surface de cette dernière, des cicatrices de forme rhomboïdale ou lancéolée, dans lesquelles se voient les empreintes d’insertions de vaisseaux. Dans les lépidodendrons fossiles, des cicatrices toutes semblables, et remarquables à la fois par leur grandeur et par leur beauté, se voient disposées comme des écailles en spirale sur toute la surface des tiges. Une division nombreuse de ces cryptogames se compose d’espèces arborescentes et dichotomes, et dont les branches sont couvertes de simples feuilles lancéolées. Notre figure du lépidodendron de Sternberg (pl. 55, fig. 1, 2 et 3) offre tous ces caractères réunis dans un seul arbre fossile provenant des mines de houille de Swina en Bohême.

    La forme des écailles varie sur les différens points d’une même tige ; ainsi celles qui sont les plus voisines de la base sont de forme alongée dans le sens vertical.

  22. Voyez le Bulletin annuel de la Société phil. de Yorkshire, pour l’année 1832, les végétaux fossiles, pur Witham, 1833, pl. 12 et 13, et la Flore fossile, de MM. Lindley et Hutton, pl. 98 et 99.
  23. Pl. 56, fig. 1 et 2.
  24. À Greswell-Hall, sur la côte deNorthumberland, et à Newbiggin, près de Morpeth, on voit plusieurs tiges dressées de sigillaires, se tenant à angle droit par rapport aux couches alternatives de schiste et de grès. Ces débris varient de dix à vingt pieds en hauteur, et de un à trois pieds en diamètre ; et d’ordinaire ils sont brisés à leur partie supérieure. Plusieurs se terminent inférieurement par une sorte de bulbe élargi, où commençaient les racines ; mais les racines elles-mêmes ne s’y trouvent jamais attachées. M. W. G. Trevelyan a compté vingt débris semblables dans une longueur d’un demi-mille, et qui tous à l’exception de quatre ou cinq seulement étaient dressés. L’écorce, qui se voyait à la surface de ces arbres fossiles à l’époque où ils furent découverts, mais qui s’est bientôt détachée, avait environ un demi pouce d’épaisseur, et était entièrement convertie en houille. M. Trevelan a observé quatre variétés de ces tiges, et il a figuré, en 1816, une esquisse de l’une d’elles, qui a été depuis copiée dans l’ouvrage du comte Sternberg, tome VII, fig. 5.

    J’ai vu, en 1854, dans l’une des mines de houille du comte Fitzwilliam, à Elsecar, près de Rotherham, sur les parois d’une galerie conduisant à la mine, plusieurs grands troncs de sigillaires, qui s’élevaient du toit d’un lit de houille épais d’environ six pieds. Ces troncs étaient inclinés dans tous les sens ; quelques uns étaient à peu près verticaux. L’intérieur de ceux dont l’inclinaison dépassait 45° était rempli d’un mélange endurci de sable et d’argile ; l’extrémité inférieure de quelques uns posait sur la surface supérieure du lit de houille ; on n’y apercevait aucune trace de racines, et il ne parait pas qu’aucun d’eux eût pu croître dans la position où il se trouve à l’époque actuelle.

    M. Alexandre Brongniart a figuré une coupe prise à St-Étienne, où se voient plusieurs tiges semblables dans une position dressée, au sein d’un grès de la formation carbonifère, et il a conclu de ce fait que ces tiges avaient vécu sur le point même où on les trouve maintenant. M. Constant Prevost objecte avec raison à cette conclusion que si ces diverses tiges avaient vécu sur ce point là même, elles auraient leurs racines dans la même couche, et n’auraient pas leur base dans des couches de nature différente. Quand j’ai visité ces mêmes carrières en 1839, j’y ai vu d’autres troncs inclinés dans des directions diverses, et plus nombreux que ceux d’entre eux qui étaient dressés.

    Il n’existe à ma connaissance que la carrière de Balgray, à trois milles au nord de Glasgow, où l’on rencontre des troncs dressés de grands arbres fixés par leurs racines dans le grès de la formation houillère, où il parait que ces arbres vécurent fort rapprochés, à l’époque où ce terrain était encore dans un état de mollesse. — Lond. and Edinb. Phil. Mag. Décembre 1833, page 487.

  25. M. Ad. Brongniart a trouvé dans une mine de houille de Westphalie, près d’Essen, la tige comprimée d’une sigillaire couchée qui avait quarante pieds de longueur. Son diamètre était d’environ douze pouces à sa partie inférieure, et de six à sa partie supérieure, où elle se divisait en deux branches, dont chacune avait quatre pouces de diamètre. La partie inférieure était brisée» — Lindley et Hutton, Flore fossile, tome I, p. 455.
  26. Pl. 56, fig. a, b, c.
  27. « On ne peut révoquer en doute, disent ces auteurs (Fossil flora, t.1, page 155), que les sigillaires, par leurs caractères extérieurs, se rapprochent plus des euphorbiacées et des cactées que d’aucune autre plante maintenant connue. Ces caractères consistent surtout dans leur texture molle, dans les cannelures profondes de leur tige, et, ce qui est un caractère plus important, dans les cicatrices, qui sont disposées par séries linéaires entre les cannelures. On sait que chacune de ces deux tribus, et la dernière surtout, acquièrent, même à l’époque actuelle, une grande taille. En un mot, il est extrêmement probable, il est même à peu près certain que les sigillaires étaient des plantes dicotylédones, puisque ce sont les seules que l’on connaisse jusqu’à présent qui possèdent une véritable écorce susceptible d’être séparée. Néanmoins, dans l’ignorance complète où nous sommes des feuilles et des fleurs de cet plantes anciennes, nous croyons plus sûr de tenir ce genre à l’écart avec d’autres espèces dont les affinités sont jusqu’ici demeurées douteuses.
  28. Pl. 56, fig. 5, 4, S, 6, 7.
  29. Les genres dont se compose ce groupe sont décrits dans le tome II de la Flore fossile, page 96.

    1° Genre Sigillaire. Tige cannelée, cicatrices produites par la chute des feuilles, petites, arrondies, beaucoup plus étroites que les côtes de la tige. (Pl. 56, fig. 1, 2, 2’)

    2° Genre Favulaire. Tige cannelée ; cicatrices provenant de feuilles, petites, carrées, de la même largeur que les côtes (Pl. 56, fig. 7).

    3° Genre Megaphyton. Tige non cannelée, et recouverte de ponctuations. Cicatrices des feuilles, en forme de fer à cheval, très grandes et beaucoup plus étroites que les côtes.

    4° Genre Bothrodendron. Tige non cannelée, couverte de points. Cicatrices provenant de la chute des cônes, ovales, et dirigées obliquement.

    5° Genre Ulodendron. Tige non cannelée, couverte d’empreintes rhomboïdales ; cicatrices laissées par les cônes circulaires. (Pl. 56, fig. 5, 4, 5, 6.6*)

    Dans les trois premiers de ces genres, les cicatrices paraissent devoir leur origine à des feuilles ; dans les deux derniers, elles indiquent l’insertion de grands cônes.

    Dans le genre Favulaire (pl. 56, fig. 7), le tronc était entièrement recouvert d’une masse dense d’un feuillage imbriqué ; les traces de la base des feuilles sont de forme à peu près carrée, et les séries de cicatrices sont séparées entre elles par des sillons, tandis que, dans les Sigillaires, les feuilles étaient beaucoup plus espacées et séparées par des intervalles qui variaient suivant les différentes espèces (Flore fossile, pl. 75, 74 et 75).

    La tige des Megaphyton n’est pas cannelée, les cicatrices des feuilles sont très grandes, et ressemblent pour la forme à des fers à cheval rangés ces cicatrices, se trouvent des impressions plus petites, d’une forme semblable, qui paraissent indiquer la disposition du système ligneux dans le pétiole de la feuille (Flore fossile, pl. 116 et 117).

    Enfin les genres Bothrodendron (Flore fossile, pl. 80 et 81), et Ulodendron (Flore fossile, pl. 5 et 6), ont leur tige caractérisée par des cavités profondes, de forme ovale ou circulaire, qui paraissent avoir eu pour destination de recevoir la base de grands cônes. Ces enfoncemens constituent deux rangées verticales sur les deux faces opposées du tronc ; il y a des espèces où ils ont jusqu’à près de cinq pouces en diamètre (pl. 56, fig. 5, 4, 5, 6).

  30. Voy. Lindley et Hutton, Flore fossile, T. II, p. 95.
  31. Pl. 56, figures 8, 9, 10, 11.
  32. On a trouvé seize échantillons de nature semblable sur une étendue de six cents verges carrées du schiste qui recouvre le gisement de houille de Bensham, à la houillère de Jarrow, près de Newcastle, et à une profondeur de douze cents pieds.
  33. Il paraîtrait d’après les coupes qu’ont données Lindley et Hutton d’une branche de stigmaria (Flore fossile, pl. 166) que l’intérieur n’était qu’un cylindre creux dont les parois étaient composées exclusivement de vaisseaux spiraux, et entouraient une moelle épaisse ; ces figures font voir en outre qu’à l’aide d’une coupe transversale on y trouvait une structure ayant quelque analogie avec celle des conifères, mais dépourvue de cercles concentriques, et offrant des espaces vides au lieu du tissu des rayons médullaires. On ne connaît aucune plante vivante qui offre une semblable structure.

    Ces rameaux cylindriques sont ordinairement aplatis d’un côté, probablement le côté inférieur (pl. 56, fig. 8. a, b, et 10 b). Tout près de cette dépression se voit un axe excentrique libre, ou cœur ligneux (pl. 56, fig. 10, a), entouré de faisceaux vasculaires qui communiquent avec les tubercules extérieurs, et rappelant l’axe interne des tiges de certaines espèces de cactus.

  34. Toutes ces conditions sont celles qu’une plante flottant habituellement avec ses feuilles étendues dans toutes les directions aurait conservées après avoir été entraînée au fond d’un golfe, pour y être graduellement enveloppée dans les sédimens d’une boue vaseuse.
  35. La forme et la position des feuilles, si on suppose qu’elles se sont développées dans tous les sens à la surface des branches suspendues horizontalement dans les eaux, n’ont dû subir que peu de changement, pendant leur transport dans la mer ou dans le golfe, non plus que lorsqu’elles sont tombées au fond pour y être ensevelies dans un sédiment de vase ou de sable. Cette hypothèse semble trouver un nouvel appui dans l’observation que l’on a faite à Jarrow que les extrémités des branches descendent du dôme vers la surface du lit de houille au dessus desquels on les rencontre.
  36. Quelques unes des plus nombreuses parmi ces plantes ont été réunies sous le nom d’astérophyhtes (pl. 1, fig. 4 et 5), à cause de la disposition rayonnée de leurs feuilles autour des rameaux.
  37. La considération des rapports numériques dans l’étude de l’ensemble des conditions de la flore de ces périodes reculées a beaucoup perdu de son importance par les résultats auxquels a été conduit le professeur Lindley sur la résistance qu’offrent à la décomposition les plantes immergées dans l’eau (Flore fossile, n° 17, T. III, p. 4). Ce savant a tenu plongées dans un bassin d’eau douce, pendant plus de deux ans, cent soixante-dix-sept espèces de plantes choisies parmi celles qui représentent dans la création actuelle, soit les espèces qui se montrent constamment dans les mines de houille, soit celles que l’on n’y rencontre jamais ; il a trouvé

    1° Que les feuilles et l’écorce de la plupart des plantes dicotylédonées se décomposent complètement en deux années, et que parmi celles où ces parties résistent la plupart appartiennent aux deux familles des conifères et des cycadées.

    2° Que les plantes monocotylédonées peuvent résister plus longtemps à l’action décomposante des eaux, et surtout les palmiers et les scitaminées ; mail que les graminées et les joncs se détruisent complètement.

    3° Qu’on voit se détruire de même les champignons, les mousses, et toutes les formes inférieures de la végétation.

    4° Que les fougères offrent une remarquable persistance lorsqu’elles ont été plongées étant encore à l’état vert ; car aucune de celles qui ont été soumises à l’expérience n’a disparu dans le temps en question, mais que leur fructification disparaît complètement.

    Bien que ces résultats infirment jusqu’à un certain point la valeur de nos connaissances relativement à la Flore complète de chacune des périodes consécutives de la chronologie géologique, ils ne modifient en rien ce que nous savons sur le nombre des plantes résistantes qui ont contribué à la formation de la houille, non plus que sur les changemens qui se sont accomplis dans les proportions relatives et dans les caractères spécifiques des fougères et d’autres plantes dans les divers systèmes de végétation qui se sont succédé à la surface du globe.

    Nous pouvons ajouter à cela que si des troncs et des feuilles de Dicotylédone angiospermes se sont conservés en abondance dans les formations tertiaires, il ne parait pas y avoir de motif pour que, s’il eût existé des végétaux de cette tribu pendant que se formaient les terrains des périodes secondaires et de transition, il n’eût pas pu en échapper quelques uns à la destruction, au milieu des formations sédimentaires de ces époques reculées.

    Il est rendu compte dans le Magasin d’histoire naturelle de London (janvier 1834, p. 34), de quelques expériences pleines d’intérêt qu’a faites M. Lukis sur la succession de changemens de forme qu’éprouvent les parties corticales et internes des tiges de plantes charnues, du sempervivum arboreum, par exemple, aux diverses périodes de leur décomposition. Ces expériences expliquent certaines apparences analogues qu’offrent plusieurs plantes fossiles de la formation houillère.

  38. Pl. 1, fig. 1, 51, 62, 69.
  39. On doit à M. Brown la découverte importante que les conifères et les cycadées sont les deux seules familles de végétaux dont les graines soient primitivement nues, et non renfermées à l’intérieur d’un ovaire (Voyez l’appendice au Voyage du capitaine King dans l’Australie). C’est pour cette raison qu’on les a réunies en un ordre distinct sous le nom de phanérogames gymnospermes. Ce caractère tiré de l’ovule coïncide dans l’une et dans l’autre de ces deux familles avec des particularités de la structure interne des tiges qui les séparent à quelques égards de presque toutes les plantes dicotylédones, et qui les distinguent également entre elles.

    La rencontre de ces caractères particuliers de la structure des tiges est une découverte d’une grande importance pour la botanique géologique ; car cette portion de la plante est fréquemment la seule que l’on trouve conservée à l’état fossile.

  40. La présence de grands arbres conifères dans les couches de la grande formation houillère a été signalée pour la première fois dans les Végétaux fossiles de M. Witham, en 1831. Il y est établi que les conifères les plus complexes et les plus élevés en organisation se rencontrent dans les mines de houille d’Édimbourg et de Newcastle, au sein de couches que l’on n’avait encore supposées contenir que les formes végétales les plus simples.
  41. Dans les étages inférieurs des terrains stratifiés secondaires, M. Ad, Brongniart a compté, parmi les plantes du nouveau grès rouge des Vosges, quatre espèces de Voltzia, genre nouveau de conifères, que ses affinités rapprochent des Araucaria et des Cunninghamia. On trouve eu abondance, à Sulz-les-Bains, près de Strasbourg, des rameaux, des feuilles et des cônes provenant d’individus de ce genre.

    M. Witham compte huit espèces de conifères parmi les bois fossiles du lias, et on en trouve cinq dans l’oolite de Stonesfield, dont quatre se rapprochent du genre actuel des Thuya (Ad. Brongniart, Prodr. p. 200). Voyez, pour des figures de cônes du lias et du sable vert des environs de Lyme-Regis, et de l’oolite inférieur du comté de Northampton, la Flore fossile de MM. Lindley et Hutton, pl. 89, 135 et 137.

    Le docteur Fitton a décrit et figuré deux cônes très complets et d’une grande beauté, dont l’un provenant de Purbeck (?), et l’autre du sable de Ilastings. — Transactions géolog. deuxième série, T. IV, pl. 22, fig. 9 et 10, p. 181 et 230.

  42. Edimb. New. Phil. Journal, janvier 1834.
  43. Pl. 1, fig. 1.
  44. Si l’on coupe transversalement une tige de conifère, et qu’on la soumette au microscope, on apercevra, outre les lignes rayonnantes et concentriques figurés pl. 56a, fig. 7, tout un système de réticulations qui permettent de distinguer les conifères de toutes les autres plantes. On voit de ces réticulations grossies quatre cents fois, dans les figures 2, 4 et 6 ; les trous dont elles sont criblées indiquent les coupes transversales des mêmes vaisseaux que l’on voit dans la figure 8, suivant une coupe longitudinale pratiquée du centre à l’écorce parallèlement aux rayons médullaires. Ces vaisseaux sont d’une structure fort belle et caractéristique ; et ils fournissent des moyens de distinguer les pins des araucarias. Dans une coupe semblable les petits vaisseaux continus longitudinaux qui constituent les fibres ligneuses offrent, d’intervalles en intervalles, l’apparence de petits corps à peu près circulaires disposés par lignes verticales (Pl. 56a, fig. 1, 3, 5). Ces corps, que l’on désigne sous le nom de glandes ou de disques, sont diversement disposés dans les différentes espèces. En général, ils sont circulaires, quelquefois elliptiques ; et, s’ils sont serrés, ils prennent une forme anguleuse. Chacun de ces disques a, près de son centre, une petite aréole circulaire. La figure indique l’aspect qu’ils offrent dans le Pinus strobus de l’Amérique du Nord.

    Ces disques dans plusieurs conifères sont disposés sur un seul rang. D’autres fois ils sont réunis par rangs doubles ou simples, comme dans le Pinus strobus, pl. 56a, fig. 4.

    Dans tous les pins actuellement existans, s’il se rencontre deux séries de disques dans un seul vaisseau, les disques de chacune des deux séries sont toujours opposés, jamais alternes, et le nombre des séries n’est jamais de plus de deux.

    Dans les araucarias, au contraire, ils sont disposés par séries simples, doubles, triples et même quadruples (pl. 56, fig. 3 et 5) ; en outre, ils sont beaucoup plus petits que dans les pins, ordinairement de la moitié en diamètre, et lorsqu’ils sont disposés sur deux rangs, les disques de l’un alternent constamment avec ceux de l’autre ; quelquefois ils sont circulaires, mais le plus souvent ils ont une forme polygonale. M. Nicol en a compté plus de cinquante dans une rangée d’un vingtième de pouce, de telle sorte que le diamètre d’un seul disque n’excède pns un millième de pouce ; encore sont-ce là des dimensions énormes, si on les compare aux fibres des cloisons qui entourent les vaisseaux sur lesquels ces disques se voient.

  45. On a trouvé dans les carrières de Cragleith, près d’Édimbourg, en 1850, un tronc d’araucaria long de quarante-sept pieds (Végétaux fossiles, par William, 1833, pl. 5), et un autre en 1833, long de plus de vingt.quatre pieds, avec un diamètre de trois. (Voyez Nicol, sur les Conifères fossiles, dans l’Edimb. New Phil. Journal, janvier 1834.) Une coupe longitudinale de ce dernier fait voir, comme dans l’espèce moderne, Araucaria excelsa, de petits disques polygonaux disposés sur deux, trois ou quatre rangs à l’intérieur des vaisseaux longitudinaux.
  46. Voyez Lindley et Hutton, Flore fossile, pl. 88. La planche 89 du même ouvrage représente un cône fossile du lias de Lyme Regis, que l’on peut rapporter à la famille des conifères, et peut-être même au genre Araucaria.
  47. D’après M. Nicol, les bois fossiles du lias de Whitby, dont la coupe horizontale offre une série de couches concentriques (pl. 56a, fig. 2, a a), présentent dans leur section longitudinale la structure des pins (pl. 56a, fig. 4) ; mais si les couches annuelles concentriques ne sont pas distinctes (pl. 56a, fig. 4), ou ne sont que faiblement indiquées dans la coupe horizontale (pl. 56a, fig. 6, a), la coupe longitudinale présente tous les caractères des araucarias (pl. 56a, fig. 3 et 5). Il en est de même des conifères de la grande formation houillère d’Édimbourg et de New castle ; leur coupe longitudinale offre la structure des araucarias, tandis que leurs couches concentriques ne sont pas distinctes dans la coupe horizontale ; au contraire, les conifères fossiles des mines de houille de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Écosse se rapprochent de la tribu actuelle des pins, tout à la fois par la structure que laissent apercevoir leur coupe longitudinale et transversale.

    M. Witham fait observer aussi que les conifères de la formation houillère et du calcaire de montagne n’offrent qu’en petit nombre et d’une manière peu apparente ces lignes concentriques qui permet lent de distinguer les couches annuelles d’accroissement du bois, et que c’est là une circonstance que présentent communément à l’époque actuelle les arbres de nos régions tropicales ; et il lire de là cette conjecture, qu’aux époques où ces formations ont eu lieu les changemens de saison n’étaient pas aussi prononcés au moins quant à la température.

  48. Il y a dans le Muséum d’Oxford un fragment d’un bois de conifère converti en silex, et perforé par les tarets. C’est le révérend docteur Faussett qui l’a rencontré dans un calcaire siliceux, à Lower-Hardres, près de Cantorbéry.
  49. Pl. 1, fig. 31 à 39.
  50. M. Ad. Brongniart, dans sa classification des plantes fossiles, a formé un groupe distinct avec quelques espèces qui ont été trouvées dans la formation du grès bigarré, immédiatement au dessus de la houille. Dans la division que nous avons adoptée pour les couches, ce grès bigarré appartient à la série secondaire et en est l’un des étages les plus anciens. Cinq Algues, trois Calamites, cinq Fougères, cinq Conifères, deux Liliacées et trois Monocotylédones incertaines ; telle est la totalité des plantes dont se compose cette petite flore.

    Voyez aussi Jæger. Uber die Pflanzenversteinerungen iudem Bausandstein von Stuttgard, 1827.

  51. Pl. 1, fig. 53, 54, 55.
  52. Nous renvoyons à ce qu’a dit Witham sur les conifères du lias, dans ses observations sur les végétaux fossiles (1833).
  53. Cotta, dans son ouvrage intitulé Dendrohthen, publié à Dresde en 1852, adonné un travail intéressant, accompagné de figures, dans lequel il fait connaître la structure interne des fougères fossiles arborescentes de la période secondaire, qui paraissent appartenir surtout an nouveau grès rouge de Chemnitz, près de Dresde.
  54. Bien que l’on rencontre dans les terrains secondaires plusieurs sortes de lignite, les végétaux fossiles de cette série n’y forment que très rarement des lits d’une houille de quelque valeur. La houille imparfaite des marais du Cleveland, près de Whitby, et de Brora, dans le Sutherland, appartient à la région inférieure de la formation oolitique. Il en est de même de la houille bitumineuse de Buckeberg, près de Minden, en Westphalie.

    La houille de Hoer, dans la Scanie, appartient à la formation wéaldienne ou au sable vert. (Annales des sciences naturelles, t. 4, p, 200.)

  55. Le comte Sternberg m’a fait savoir dans une lettre que j’ai reçue de lui (août 1835) qu’il a trouvé dans la formation houillère de la Bohême des cycadées et des zamites dont il publiera les figures dans le septième et dans le huitième cahier de sa Flore du monde primitif. C’est là, je crois, la première rencontre qui ait été faite de plantes appartenant à cette famille, dans les couches de la série carbonifère.

    Dans une visite que j’ai faite tout récemment à la belle collection géologique du Muséum de Strasbourg, j’ai appris de la bouche de M. Voltz qu’une tige de cycadite que l’on y voit, et que M. Ad. Brongniart a décrite comme une Mantellia du calcaire conchylien (muschelkalk) de Lunéville, provient en réalité du lias des environs de cette ville. M. Voltz ne connaît aucun exemple de cycadites du muschelkalk. On rencontre aussi dans le lias de Lyme-Regis des tiges et des feuilles de cycadées. (Lindley., Flore fossile, n. 143.)

    Le dépôt le plus abondant de feuilles fossiles de cycadées qu’il y ait en Angleterre se trouve dans la formation oolitique de la côte du Yorkshire entre Whitby et Scarborough. (Voyez M. Phillips, Illustrations of the Geology of Yorkshire.) On rencontre aussi dans le schiste oolitique de Stonesfield des feuilles appartenant à cette famille. — Lindley et Hutton, Flore fossile, pl. 172 et 173.

    La planche 136 de ce dernier ouvrage représente des cônes que les auteurs rapportent au genre zamia du grès de la formation wéaldienne de Yaverland, sur la côte sud de l’Ile de Wight.

    M. Adolphe Brongniart a établi dans la famille des Cycadées un nouveau genre fossile Nilsonia que l’on trouve à Hoer, en Scanie, dans des couches de la formation wéaldienne ou du sable vert, et un autre genre Pterophyllum, qui se trouve depuis le nouveau grès rouge jusqu’à la formation wéaldienne.

  56. Pl. 1, fig. 53, 54, 55, et pl. 58 et 59.
  57. Cette figure a été dessinée, en 1832, d’après une plante des terres de lord Granville, à Drupmore.
  58. Dans le Magasin Botanique de Curtis, 1828, pl. 2826, le docteur. Hooker a publié la figure d’un Cycas circinalis qui a fleuri en 1827 dans le jardin botanique d’Édimbourg. (Voyez pl. 1, fig. 53.)
  59. Cette figure a été copiée d’une gravure publiée par M. Lambert, et représentant une plante qui a produit sa fructification à Walton, sur la Tamise, dans les serres de lady Tankerville, en 1852.
  60. Pl. 58 et 59.
  61. Nouvelle série, t. 4, première partie.
  62. Pl. 57, fig. 1.

    La figure 2 de la même planche représente une triple série de sillons circulaires du sol et entourant une souche enracinée dans un lit de vase de l’île de Portland. Cette disposition curieuse a été produite, selon toute apparence, par les ondulations qu’ont déterminées les vents en soufflant à des époques diverses, suivant des directions différentes, à la surface de la masse d’eau douce peu profonde dont les sédimens ont fourni les matériaux de cette couche, pendant que le tronc s’élevait au dessus de l’eau. (Voyez les Transactions géologiques de Londres, nouvelle série, t. 4, p. 17)

  63. La structure de ce district offre aussi un remarquable exemple des témoignages que nous fournit la géologie d’élévations et d’abaissemens successifs dans les couches, mouvemens qui se sont produits parfois avec lenteur, parfois avec violence, pendant que se formait la croûte de notre planète.

    En premier lieu nous y trouvons la preuve que la pierre de Portland s’éleva jusqu’à ce qu’elle atteignit la surface de la mer où elle fut formée.

    Puis cette surface devint une terre émergée qui se couvrit temporairement d’une forêt, pendant un intervalle dont la durée nous est indiquée par un lit de terreau noir que l’on désigne sous le nom de dirt bed (couche de boue) et aussi par les couches annuelles d’accroissement des grands troncs pétrifiés qui se montrent renversés par terre, et dont les racines se sont développées dans le terreau même dont il est question.

    En troisième lieu, nous voyons que cette forêt des temps reculés s’est graduellement engloutie, d’abord au dessous des eaux d’un lac d’eau douce, puis d’un golfe d’eau saumâtre, puis d’une mer profonde, où se sont déposées des couches crétacées et tertiaires d’une épaisseur de plus de 2000 pieds.

    Enfin tout l’ensemble de ces couches a été de nouveau soulevé par les efforts des agens internes et porté à la place qu’elles occupent maintenant dans Les collines du comté de Dorset.

    De semblables conséquences relativement aux soulèvemens et aux dépressions alternatives de la surface du globe nous sont fournies par la position dressée qu’occupent les calamites dans le grès de la formation oolitique inférieure, sur la côte est du comté d’York. (Voyez M. Murchison, Proceedings of Geolog. society of London, page 391.)

  64. Transactions géologiques de Londres, nouvelle série, t. 2, 5e partie, 1828.
  65. M. Ad. Brongniart a rapporté ces deux espèces à un genre nouveau, sous les noms de Mantellia nidiformis et de Mantellia cylindrica. Dans le mémoire que je viens de citer, je leur avais appliqué les noms provisoires de Cycadeoidea mégalophylla et de Cycadeoidea microphylla : mais M. Brown est de l’opinion que, bien que l’on ait des raisons suffisantes pour séparer ces espèces des genres Cycas et Zamia, le nom provisoire de Cycadites leur convient mieux, comme l’expression plus exacte de l’état actuel de nos connaissances sur ce sujet. Le nom de Mantellia a déjà été employé par Parkinson (Introduction to fossil organic remains, page 55), pour désigner un genre de zoophytes que Goldfuss a figuré, pl. 6, fig. 4, t. 1, page 15.
  66. La planche 60, figure 1, et la planche 61, figure 1, représentent des échantillons très complets de Cycadites fossiles provenant de Portland, et déposés maintenant au muséum d’Oxford ; on voit dans l’un et dans l’autre le caractère important de bourgeons qui naissent de l’aisselle des pétioles.

    La coupe figurée planche 59, figure 2, d’un tronc de l’espèce actuelle Zamia horrida du cap de Bonne-Espérance, montre une structure toute semblable à celle que l’on observe dans une coupe semblable de l’espèce fossile Cycadites mégalophyllus de l’île de Portland (pl. 60, fig. 2). Dans l’un et dans l’autre cas on voit un cercle unique de lames rayonnantes de fibres ligneuses (B) interposé entre une masse centrale de tissu cellulaire (A) et un cercle extérieur du même (issu (C). Ce tronc ainsi constitué de trois parties est renfermé dans un fourreau d’une fausse écorce formée par les bases persistantes des feuilles tombées, et par des écailles avortées. On voit se continuer la même structure jusqu’au sommet de la tige. (Pl. 60, fig. 1, A, B, C, D.)

    Le Cycadites microphyllus (Pl. 61, fig. 1) se rapproche de même de la structure interne de la tige dans les Cycas actuels. Ce fossile offre à son sommet une masse centrale de tissu cellulaire (A) entourée par deux cercles de lames ligneuses rayonnantes (B, b) ; et entre ces deux cercles lamelleux se voit un cercle étroit de tissu cellulaire, tandis qu’un cercle plus épais d’un tissu cellulaire tout semblable (C) sépare le cercle extérieur (b) de l’enveloppe écailleuse externe (D). Cette alternance de cercles rayonnés de fibres ligneuses avec des cercles de tissu cellulaire rappelle les deux cercles lamelleux qui se voient aux environs de la base dans une jeune tige de Cycas revoluta (pl. 59, fig. 3). Cette coupe m’a été communiquée par M. Brown au commencement de 1828 ; elle confirme l’analogie qu’avait fait soupçonner la surface extérieure entre ces fossiles et les Cycadées récentes. Elle est figurée dans les Transactions géologiques, nouvelle série, t. 2, pl. 46.

  67. Les figures 2 et 3 de la planche 61 représentent deux coupes verticales d’un Cycadites microphyllus de Portland, converti en chalcédoine. Ces coupes sont dirigées parallèlement à l’axe du tronc, et transversalement par rapport aux bases persistantes des pétioles. Chaque pétiole rhomboïdal offre les traces de trois systèmes de tissus végétaux différens que nous représentons amplifiés, planche 62, fig. 1, 2 et 3. On y voit

    1° La masse principale du tissu cellulaire (f).

    2° La coupe des vaisseaux gommeux (h) dispersés irrégulièrement dans la masse de ce tissu cellulaire.

    3° Des faisceaux vasculaires (c) disposant suivant une figure à peu près rhomboïdale, parallèlement à l’enveloppe de chaque pétiole, et un peu à l’intérieur. Ces faisceaux sont composés de fibres ligueuses vasculaires qui vont du tronc dans l’intérieur de la feuille ; la figure 3 c′ fait voir l’un de ces faisceaux encore plus agrandi.

    Une coupe transversale des pétioles des Cycadées récentes y fait reconnaître un arrangement semblable dans presque toutes les parties. Dans le Cycas circinalis, dans le Cycas revoluta, et dans le Zamia furfuracea, les faisceaux vasculaires y sont, comme dans les plantes fossiles, disposés à peu près parallèlement à l’enveloppe extérieure. Dans le Zamia spiralis et dans le Zamia horrida, leur disposition à l’intérieur du pétiole est moins régulière, mais la structure interne de chacun des faisceaux est à peu près la même. La figure A de la planche 62 fait voir la place qu’occupent ces faisceaux dans une coupe transversale d’un pétiole du Zamia spiralis ; la figure A, c′ représente amplifié l’un des faisceaux que l’on voit dans cette coupe, ; la figure B, c″ est la coupe transversale amplifiée d’un semblable faisceau vasculaire d’un pétiole du Zamia horrida. Les fibres vasculaires dans cette dernière espèce sont plus petites et plus nombreuses que dans le Zamia spiralis, et les lignes opaques moins distinctes. Dans les cycadées, soit récentes, soit fossiles, les fibres vasculaires qui constituent ces faisceaux sont disposées par séries tellement serrées les unes contre les autres, que leurs bords comprimés offrent l’apparence de lignes opaques qui seraient interposées entre ces rangées de fibres vasculaires (pl. 62, fig. 1, c’, fig. B, c", fig. 3, c’). Ces faisceaux vasculaires semblent tenir de la disposition lamelleuse du cercle ligneux de l’intérieur du tronc.

    Les coupes longitudinales des pétioles dans les espèces récentes et fossiles de cycadées nous montrent encore entre ces plantes de nouveaux rapports. La figure de la planche 62 fait voir une coupe longitudinale de la base d’un pétiole du Zamia spiralis au double de sa grandeur naturelle. Ce pétiole est formé d’un tissu cellulaire, f, que parcourent des vaisseaux gommeux et des faisceaux alongés de fibres vasculaires (e) allant du tronc dans les feuilles. La surface inférieure ('bb′) est revêtue d’une couche serrée (a) de petits filamens frisés formant un duvet ou coton qui, se répétant à chaque écaille, rendent tout l’ensemble de l’enveloppe du tronc inaccessible à l’air et à l’humidité.

    On voit une disposition semblable dans la coupe longitudinale du pétiole fossile du Cycadites microphyllus, représenté planche 62, fig. 2, avec un grossissement de quatre fois son diamètre. En f est le tissu cellulaire ou sont dispersés des vaisseaux gommeux, h. En c sont des faisceaux vasculaires longitudinaux, en b l’enveloppe externe, en a une pétrification des plus belles des filamens frisés de la bourre ou du coton qui naît de la surface de l’enveloppe externe.

    M. Brown a reconnu, à l’intérieur des pétioles fossiles (c) la présence de vaisseaux spiraux ou scalariformes (vasa scalariformia) pareils à ceux que l’on trouve dans les pétioles des cycadées actuelles. Il en a découvert également de semblables dans le cercle lamelleux de l’intérieur du tronc des bourgeons fossiles que nous allons décrire. On n’a pas encore constaté jusqu’ici dans les cycadées fossiles l’existence de vaisseaux marqués de disques tels que ceux que nous avons déjà décrits comme particuliers aux cycadées et aux conifères actuelles.

  68. Cette plante a vécu plusieurs années dans les serres de lord Granville, à Dropmore. Dans l’automne de 1827, on enleva la partie la plus extérieure de l’enveloppe écailleuse, pour la débarrasser des insectes ; au printemps suivant les bourgeons commencèrent à se développer. On voit de semblables bourgeons dans la même serre sur un Zamia spiralis de la Nouvelle-Hollande. Dans le tome 6 des Horticult. Transact., page 501, on assure que des feuilles se sont développées sur les écailles d’un tronc carié de Zamia horrida, dans une serre, à Pétersbourg.

    Je tiens du professeur Henslow que le tronc d’un Cycas revoluta qui, en 1830, a produit un cône chargé de fruits mûrs, dans la serre chaude du comte Fitzwilliam, à Wentworth, se recouvrit d’un grand nombre de bourgeons prenant leur origine dans l’aisselle des écailles extérieures après que l’on eut enlevé le cône qui le terminait à son sommet. On voit figurer dans les Transactions linnèennes, t. 6, pl. 29, un cône semblable qui porta des fruits, au château de Farnham, en 1799.

    On lit dans le Dictionnaire du Jardinier, par Miller, que le Cycas revoluta fut introduit en Angleterre vers 1758, par le capitaine Hutchinson. Dans une attaque que le vaisseau qui le portait eut à soutenir, la tête de la plante se trouva coupée par une balle, mais la tige ayant été conservée donna naissance à de nouvelles têtes qui en furent détachées, et constituèrent autant de plantes séparées.

  69. Pl. 60, fig, 4, et pl. 61, fig. 4.
  70. Le tronc fossile de Cycadites microphyllus figuré planche 61, fig. 1, présente quatorze bourgeons qui naissent de l’aisselle d’écailles externes, et l’on en voit trois dans une position toute semblable sur le tronc de Cycadites mégalophylfas de la planche 60, fig. 1.

    Les figures 2 et 3 de la planche 61 offrent des coupes transversales de trois des bourgeons du Cycadites microphyllus. La coupe du bourgeon supérieur (fig. 5, g) ne fait que traverser les pétioles qui en avoisinent le sommet près de celle du bourgeon fig. 5, d′, étant située plus bas dans le tronc embryonnaire, offre un double cercle ligneux formé de lames rayonnantes, et ressemblant au double cercle ligneux qu’offre le tronc dans sa maturité. (Pl. 61, fig. 1, B, b.) Mais dans la figure 2 de la même planche, le cercle lamelleux de l’intérieur du tronc embryonnaire, en d, est moins distinctement double ainsi qu’on pouvait le prévoir dans un état de développement aussi peu avancé.

    Dans la figure 5 de la planche 62, d et d′ représentent grossie une portion du cercle embryonnaire de l’intérieur du bourgeon, pl. 61, fig. 5, d′. De même que dans les tiges adultes, les cercles ligneux de l’intérieur des bourgeons sont interposés entre un cercle extérieur de tissu cellulaire où sont dispersés des vaisseaux gommeux, et une masse centrale formée du même tissu.

    À droite du bourgeon inférieur, pl. 61, fig. 3, au-dessus de la lettre b et dans la représentation amplifiée de ce même bourgeon, pl. 62, fig. 3, en e, on aperçoit une portion d’un petit cercle lamelleux incomplet ; et l’on en voit de semblables sur le bord des coupes, pl. 61, fig. 2 et 2, en e, e′ e". Ces apparences ne sont peut-être pas autre chose que des bourgeons imparfaitement développés, agglomérés à la manière des petits bourgeons qui environnent la base des cycas récens, pl. S8. Peut-être aussi résultent-elles de la réunion des faisceaux vasculaires de la base des feuilles, réunion produite par l’action combinée de la pression et d’une diminution ou atrophie de la substance cellulaire. On voit la position normale de ces mêmes faisceaux vasculaires amplifies, pl. 62, fig. 5, c, et dans presque toutes les coupes de bases de pétioles de la planche 61, fig. 2.

  71. Pl. 63 fig. 1.
  72. Pl. 65 fig. 2, 3, 4.
  73. Ce fossile a été trouvé par feu M. Page de Bishport, près de Bristol, dans la région la plus basse de la formation oolitique inférieure, à l’est de Charmouth, dans le comté de Dorset, et il se voit maintenant dans le Muséum d’Oxford. C’est un fruit du volume d’une grosse orange, offrant une enveloppe externe ou èpicarpe étoilé, composé de tubercules hexagonaux qui sont le sommet de cellules en occupant toute la surface (fig. 2, a, — 3, a, — 4, a, — 8, a).

    Chaque cellule contient une graine unique, ressemblant à une petite graine de riz, de forme plus ou moins comprimée, et ordinairement hexagonale, fig. 5, 6, 7, 8, 10. Quand on a enlevé l’épicarpe, on aperçoit le sommet des graines serrées à la surface du fruit (fig. 2. 3, e). Les bases des cellules sont séparées du réceptacle par un amas de pedicelles (d), constituant une masse dense de fibres qui ressemblent aux fibres de la base des graines dans les espèces récentes du Pandanus (fig. 13, 14 et 15 d). Comme cette position qu’occupent les graines au sommet de pédoncules, composés de longues fibres rigides qui les portent à une certaine distance du réceptacle, est un caractère que l’on ne rencontre dans aucune autre famille moderne que celle des pandanées, nous sommes conduits à réunir notre fruit fossile à cette remarquable tribu de végétaux en en formant un nouveau genre, le genre Podocarya. C’est mon ami, M. Robert Brown, qui m’a suggéré ce nom, de même que je dois à sa bienveillance la plupart des données que je possède sur ce sujet.

  74. On voit pl. 63, fig. 1, le gros fruit sphérique du Pandanus, encore porté sur l’arbre qui lui a donné naissance. La fig. 11 représente le sommet de l’une des drupes nombreuses dans lesquelles ce fruit se subdivise ordinairement. Les loges qui ne sont point stériles ne renferment qu’une seule graine, mince et de forme oblongue, et varient pour le nombre dans chaque drupe, depuis deux jusqu’à quatorze, mais parmi lesquelles beaucoup sont avortées (fig. 13). Les graines de chaque drupe sont enfermées dans une noix dure, dont on voit des coupes dans les fig, 14 et 15. Ces noix manquent dans le Podocarya, qui a les graines plus petites que celle des Pandanées, et dispersées uniformément dans des loges répandues sur toute la surface du fruit, au lieu d’être rassemblées dans des drupes (pl. 65, fig. 3, 8 et 10). Ce fait de la réunion des graines en des drupes revêtues d’une enveloppe épaisse, dans le fruit des pandanées, constitue la différence principale qui sépare ce genre de notre nouveau genre Podocarya.

    Dans le fruit des premiers, chaque cellule est surmontée à son sommet par un couvercle dur ou tubercule irrégulièrement hexagonal, se terminant à sa pointe par les débris d’un stigmate flétri. Les cellules des podocarya sont recouvertes de même par des tubercules hexagonaux (pl. 63, fig. 2, a, 8, a, 10, a), au centre desquels se voient également les débris d’un stigmate qui correspondait au sommet de chacune des graines (fig. 8, a, 10, a).

  75. Nous trouvons dans la masse légère de fibres qui entoure la noix du cocos une disposition semblable ayant pour but le transporter sur des points éloignés de l’Océan les graines de cette famille de plantes qui rit en compagnie des Pandanées sur le bord de la mer.
  76. Pl.65, fig. 1.
  77. On trouve en même temps que des noix de coco, à une période reculée des formations tertiaires, parmi les nombreux fruits fossiles de l’argile de Londres, dans l’île de Sheppey, des fruits d’un autre genre de Pandanées que M. Ad. Brougniart a désigné sous le nom de Paridanocarpum. (Prodrome, p. 458.)
  78. Pl. 4, fig. 66-72.
  79. Voyez un admirable article de M. Alex. Brongniart sur les lignites, dans le 26e volume du Dictionnaire des Sciences naturelles.
  80. Voyez Henderson, Islande, t. 2, p. 114.
  81. Voyez les Ann. Phil. de Londres, sept. 1833, t. 3, p. 222.
  82. Il existe à Pützberg, près de Bonn, six ou sept lits de lignite qui alternent avec des lits d’argile sableuse ou d’argile plastique. Les arbres dans les lignites ne sont pas tous parallèles à la surface des couches, mais ils se croisent dans toutes les directions de la même manière que les arbres charriés que l’on voit maintenant accumulés dans les plaines d’alluvion et dans le Delta du Mississipi. (Voyez la Géologie de M. Lyel, 5e édition, t. 1, p. 272.) On en voit même qui ont été soulevés de façon à se trouver dans une position tout à fait verticale. M. Nœggerath a compté 792 cercles concentriques dans un arbre offrant cette direction, à Pützberg, et d’un diamètre d’environ trois mètres. Ces cercles constituent une sorte de table chronologique qui enregistre près de huit cents ans de cette période reculée de la série tertiaire pendant laquelle se sont développées les forêts d’où proviennent les matériaux du lignite.

    Le fait cité par Faujas, que l’on n’a jamais rencontré fixées aux troncs d’arbres du lignite de Bruhl et de Liblar, près de Bologne, ni racines, ni branches, ni feuilles, semble indiquer que ces arbres n’ont pas vécu dans les localités dont il s’agit, et que leurs parties les plus périssables ont été détruites pendant leur transport d’une distance éloignée.

    Dans le lignite de Bonn, ainsi que dans le Surturbrand de l’Islande, se voient des lits qui se partagent en des feuilles aussi minces que du papier (papier kohle), et qui sont entièrement composés de feuilles de plusieurs espèces. Henderson cite celles de deux espèces de peupliers ressemblant au Populus tremula et au Populus balsamifera, et d’un pin ressemblant au Pinus abies, comme faisant partie du Surturbrand.

    Quoique nous nous soyons conformés à l’opinion de M. Brongniart en rapportant les dépôts que nous venons d’énumérer à la première période de la série tertiaire, ou période éocène, il n’est pas sans probabilité que quelques-uns de ces dépôts appartiennent à une époque plus récente, et font partie des périodes miocène ou pliocène. L’étude des débris animaux ou végétaux qui s’y rencontrent décidera plus tard la place exacte que doit tenir chacune dans la grande série des formations tertiaires.

  83. Le professeur Braun, de Carlsruhe, a bien voulu me communiquer tout dernièrement le catalogue suivant encore inédit, et d’une grande importance, en même temps que des observations sur les plantes fossiles trouvées dans la formation d’eau douce d’Œningen, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler en traitant des poissons fossiles. Les plantes qui y sont mentionnées ont été recueillies pendant une longue série d’années par les commensaux d’un monastère des environs d’ŒEningen, et transportées lors de la dispersion de cette communauté au muséum de Carlsruhe, où on les voit maintenant. Il résulte de ce catalogue que l’on trouve à Œningen des débris de plantes constituant trente-six espèces de vingt-cinq genres différens, appartenant aux familles suivantes :
    Familles. Genres. Espèces. Genres. Espèces.
    « Polypodiacées. 2 2 Cryptogames, en tout 4 4
    Equisétacées. 1 1
    Lycopodiacées. 1 1
    Conifères. 2 2 Gymnospermes. 2 2
    Graminées. 1 1 Monocotylédonées 5 5
    Naïadés 2 2
    Amentacées. 5 10 dicotylédonées 5 5
    Juglandées 1 2
    Ébénacées. 1 1
    Tiliacées. 1 1
    Acrérinées. 1 5
    Rhamnées. 1 2
    Légumineuses. 2 2
    Dicotylédonées de familles douteuses. 4 4

    Ce tableau fait voir la prédominance des plantes dicotylédonés dans la Flore d’Œningen, et nous offre un terme de comparaison pour les plantes du lignite d’autres localités de la série tertiaire. La plupart des espèces qui y sont portées correspondent à celles du lignite de Wetteraw et des environs de Donn.

    En même temps que les végétaux dicotylédonés prédominent ainsi, quelques fragmens de fougères et de graminées et plusieurs débris de plantes aquatiques sont les seules traces de végétaux herbacés que l’on n’y ait rencontrées ; tout le reste se rapporte à des plantes ligneuses dicotylédonées et à des végétaux gymnospermes.

    Plusieurs de ces débris consistent dans de simples feuilles isolées, tombées durant le cours naturel de la végétation. On y rencontre aussi des rameaux avec leurs feuilles, que l’on dirait avoir été arrachés par la tempête du tronc qui les soutenait, des péricarpes mûrs, et le calice persistant de plusieurs fleurs.

    La plus grande partie des plantes d’Œningen, environ les deux tiers, appartiennent à des genres dont on trouve encore des représentans dans cette localité, mais elles sont d’espèces différentes et qui se rapproche beaucoup plus d’espèces actuellement existantes dans l’Amérique du Nord que d’aucune de celles que possède l’Europe. Les peupliers fossiles offrent un exemple dé cette nature.

    D’ailleurs on y trouve aussi des genres qui ne font plus partie de la Flore actuelle de l’Allemagne, le genre Diospyros, par exemple, et même d’autres qui sont maintenant étrangers à l’Europe, tels que tes genres Taxodium, Liquidambar, Juglans, Gleditschia.

    Si l’on en juge par les proportions de leurs débris, les peupliers, les saules et les érables sont les arbres à larges feuilles qui occupèrent le plus de place dans la Flore ancienne d’Œningen. Deux espèces fossiles très abondantes ressemblent l’une (Populus latior) au peuplier du Canada, l’autre (Populus ovalis) au peuplier baume de l’Amérique du Nord.

    La détermination des espèces de saules fossiles offre plus de difficultés. Il en est une (Salix angustifolia) qui dut ressembler beaucoup à l’espèce moderne Salix viminalis.

    Une des espèces du genre Érable (Acer) peut être comparée à l’Acer campestre, une autre à l’Acer pseudoplatanus ; mais l’espèce la plus commune, l’Acer protensum, paraît se rapprocher de l’Acer dasycarpon de l’Amérique du Nord plus que de toute autre espèce ; une autre espèce qui offre des rapports avec l’Acer negundo a reçu de M. Braun le nom d’Acer trifoliatum. Une espèce fossile de liquidambar, le Liquidambar Europœum (Braun), diffère de l’espèce actuelle le Liquidambar styracifluum, en ce que les lobes plus étroits de ses feuilles se terminent en pointe plus alongée ; c’est le plus ancien représentant de ce genre en Europe. On rencontre conservé le fruit de cette espèce, et il en est de même du fruit de deux espèces d’érables et d’un saule.

    Le tilleul fossile d’Œningen ressemble à notre moderne tilleul à grandes feuilles. (Tilia grandifolia.)

    L’orme fossile semble une variété à petites feuilles de notre Ulnus campestris.

    Des deux espèces du genre Juglans, l’une, Juglans falcifolia, peut se comparer à l’espèce américaine Juglans nigra, l’autre rappelle le Juglans alba, et appartient probablement comme ce dernier à la division caractérisée par des noix à enveloppe externe déhiscente. (Carya nutal.)

    Parmi les plantes que l’on ne rencontre que rarement à Œningen est une espèce de Diospyros, le Diospyros brachysepala, dont le calice se montre conservé d’une manière remarquable, et laisse nettement distinguer à son centre le point d’insertion du fruit ; il se distingue du Diospyros lotus actuel de l’Europe méridionale par ses lobes plus courts et plus obtus.

    Au nombre des arbrisseaux fossiles se trouvent deux espèces de Rhamnus, dont l’une, le Rhamnus multinervis (Braun), ressemble au Rhamnus alpinus par la distribution des nervures de ses feuilles. L’autre espèce, qui est la plus fréquente, le Rhamnus terminalis (Braun), peut être comparé jusqu’à un certain point, sous le rapport de la position de ses feuilles et de la distribution de leurs nervures, au Rhamnus catharticus, mais diffère de toutes les espèces vivantes en ce que les fleurs y sont placées à l’extrémité des rameaux.

    Parmi les légumineuses fossiles se voit une feuille qui ressemble beaucoup plus à celle d’un cytise frutescent qu’à celle d’aucune espèce herbacée du genre trèfle.

    Au genre Gleditschia (G. podocarpa, Braun) appartiennent des feuilles pennées fossiles et un grand nombre de gousses. Ces dernières paraissent n’avoir renfermé, qu’une seule graine, comme celle du Gleditschia monosperma, de l’Amérique du Nord ; elles sont petites, courtes, et supportées par un pédicule alongé, formé par la base contractée de la gousse.

    En compagnie de ces nombreuses espèces de végétaux dicotylédonés à feuilles étalées, se voient quelques espèces de conifères. Il y en a une du genre Abies, encore indéterminée ; des branches et de petits cônes d’un autre arbre de cette famille, le Taxodium Europceum (Ad. Brongniart), ressemblent à ceux du cyprès du Japon (Taxodium Japonicum).

    Parmi les plantes aquatiques dont on rencontre des débris, se trouve un Potamogeton à feuilles étroites, et un Isoetes semblable à l’Isoetes lacustris que l’on trouve maintenant dans les petits lacs de la Forêt-Noire, mais qui ne croît pas dans le lac de Constance.

    L’existence des graminées à cette époque est un fait démontré par l’empreinte bien conservée d’une feuille qui ressemble à celle d’un Triticum, tournant vers la droite, et sur laquelle on voit nettement indiquée la distribution des nervures.

    On a rencontré dans la même localité des fragmens de fougères ayant de la ressemblance avec le Pleris aquilina et avec l’Aspidium filix mas.

    Les débris d’équisétacées indiquent une espèce ressemblant à l’Equisetum palustre.

    Parmi les débris en petit nombre qui n’ont pu être déterminés se trouvent certaines impressions, assez communes à Œningen, du calice d’une fleur à cinq divisions, offrant des nervures fort élégantes.

    Jusqu’ici on n’a encore découvert dans cette localité aucun débris de rosacées. »

    (Lettre du professeur Braun ou docteur Buckland, 25 novembre 1833.)

    Outre ces plantes fossiles, les couches d’Œningen renferment un grand nombre d’espèces de coquilles d’eau douce, et une réunion remarquable de poissons dont nous avons déjà eu occasion de parler, à la page 250 de cet ouvrage. La classe des reptiles y est représentée par une tortue très curieuse et par une salamandre aquatique gigantesque, longue de plus de trois pieds, l’Homo diluvii testis de Scheuchzer. On y a trouvé aussi un lagomys et un renard fossiles. Voyez les Transact. Géol. de Londres, nouvelle série, t. 3, p. 287.

    J’ai vu en octobre 1833, au muséum de Leyde, une salamandre en vie longue de trois pieds, la première qui ait été apportée vivante en Europe. Elle appartient à une espèce très voisine de la salamandre fossile d’Œningen, et avait été rapportée du Japon par le docteur Siebold, qui l’avait trouvée dans le cratère d’un volcan éteint, au sommet d’une haute montagne. Elle dévorait avec avidité de petits poissons et se dépouillait fréquemment de son épiderme.

  84. Pl. 1, fig. 66, 67, 68.
  85. Lindley, Flore fossile, n. XV, pl. 142, p. 163.
  86. Voyez le travail de Sprengel sur les palmacites endogénites du nouveau grès rpuge, des environs de Chemnitz (Halle, 1828), et l’ouvrage de Cotta (Dendrolithen, Dresde et Leipsick, 1832, pl. 9 et 10).
  87. M. Ad. Brongniart a mentionné huit espèces de palmiers dans la liste qu’il a donnée des plantes fossiles de la série tertiaire.
  88. On voit dans notre planche 64, figure 2, un beau tronc fossile appartenant au muséum de Paris, voisin de la famille des palmiers, et d’une circonférence de près de quatre pieds ; il a été trouvé dans la région inférieure du calcaire grossier de Vailly, près de Soissons. M. Brongniart a désigné ce fossile sous le nom d’Endogenites echinatus. Les appendices saillans dont il est entouré, et qui rappellent le feuillage qui couronne un chapiteau corinthien, sont les portions persistantes des pétioles tombés, portions qui demeurent adhérentes à la tige après la chute des feuilles elles-mêmes. Ces appendices sont dilatés à leur base, qui entoure un quart ou même un tiers de la circonférence de la tige ; la forme de cette hase, et la disposition un tissu ligneux dans les faisceaux de fibres, indiquent assez que ce fossile provient d’un monocotylédon arborescent voisin des palmiers.
  89. On a trouvé dans les lits de marne argileuse qui recouvrent les couches de gypse du bassin de Paris, des troncs couchés de palmiers d’une taille considérable, en même temps que des coquilles de limnées et de planorbes.

    Comme les dépôts dont il s’agit sont des dépôts d’eau douce, ces troncs n’ont pu y être apportés de régions éloignées par des courans marins ; et il est probable que ce sont des palmiers indigènes de l’Europe et même de la France.

  90. On n’a pas encore décidé la question de savoir si ces palmiers ont conservé cette position après avoir été chariés, ou s’ils occupent encore la place où ils ont vécu, ainsi que cela a lieu pour les cycadiles et les conifères de l’île de Portland.
  91. La feuille représentée pl. 64, fig. 1, est celle d’un palmier flabelliforme, le Palmacites Lananonis, provenant du gypse d’Aix en Provence ; on en trouve encore de semblables dans trois autres localités de la France, aux environs d’Amiens, du Mans et d’Angers, et partout dans des couches tertiaires. Une autre espèce, le Palmacites parisiensis, provient du calcaire grossier des environs de Versailles (Cuvier et Broingniart, Géognosie des environs de Paris, pl. 8, fig. 1, E). Une troisième, le Palmacites flabellatits, se rencontre dans la molasse de la Suisse, près de Lausanne, et dans le lignite d’Hœring, dans le Tyrol. Voyez pl. 4, fig. 13 et 66.
  92. Les dattiers, les cocotiers et les arecs sont des exemples bien connus de palmiers à feuilles pennées, pl. 1, fig. 67 et 68.
  93. Perkinson, Organic Remains, t. 1, pl. 6, fig. 4-9.
  94. Parkinson, Organic Remains, t. t, pl.7, fig. 1-5. M. Brongniart regarde ces fruits comme appartenant certainement au genre Cocos et à une espèce voisine du Cocos lapidea de Gœrtner.
  95. Selon M. Ad. Brongniart, plusieurs de ces fruits ont des rapports intimes avec les fruits aromatiques de l’Araomum (Cardamome), Ce sont des fruits triangulaires, très comprimés, ombiliqués à leur sommet, où se trouve une petite aréole circulaire, indiquant apparemment la cicatrice laissée par un calice adhérent ; à l’intérieur se trouvent trois cloisons, un léger sillon se voit sur le milieu de chacune des trois faces, comme en présente le fruit de plusieurs plantes de la famille des scitaminées. On ne peut toutefois considérer les fruits de l’île de Sheppey comme identiques avec aucun genre de cette famille ; mais ils s’en rapprochent tellement que M. Ad. Brongniart les a désignés sous le nom dAmomocarpum.
  96. Voy. Parkinson, Organic Remains, t, 1, pl. 6, 7. — Jacob, Flora Favershamensis, et le docteur Parsons, dans les Transactions philosophiques de Londres ; 1737, t. 50, p. 596, pl. 5 et 10. — Il existe une collection de Ces fruits dans le musée britannique ; une autre dans celui de Canterbury, une troisième dans le cabinet de M. Bowerbank, à Londres.
  97. Le beau succin qui se rencontre sur les côtes Est de l’Angleterre et sur celles de la Prusse et de la Sicile, et que l’on suppose être une résine fossile, provient de certains lits de lignite des couches tertiaires. On a trouvé des fragmens de gomme fossile près de Londres2 en creusant un tunnel à Highgate à travers l’argile de Londres
  98. Les plantes dicotylédonées des formations de transition et des formations secondaires appartiennent exclusivement à la tribu de cette classe que forment les cycadées et les conifères, c’est-à-dire à la tribu des phanérogames gymnospermes.