XL


À MONSIEUR
MONSIEUR DE MEILHAN
HÔTEL DE BELLEVUE,
À BRUXELLES (BELGIQUE)

Vous êtes à Bruxelles, en ce moment, cher Edgard. Je le crois, et j’ai besoin de le croire, pour avoir un peu de repos. Certainement, je ne crains pas pour vous les rigueurs de la justice ; mais je tiens beaucoup à savoir que vous êtes en lieu sûr et hospitalier.

Les procès criminels dénoués par une issue favorable sont toujours fort tristes. Dans votre cas, il faut se mettre à couvert, d’abord, et sonder l’opinion. L’avenir règle la conduite. Au reste, tant que la législation du duel ne sera pas faite, il faudra toujours se méfier des tribunaux. Un jour arrivera où quelque jury, ennuyé des acquittements antérieurs, fera tomber une condamnation. Il est permis à chacun de redouter, pour soi, ce jury. La prudence conseille de s’éloigner et d’attendre.

J’ignorais toutes ces choses, moi. Au retour d’un voyage de dix ans, on apprend du nouveau.

Immédiatement après le combat, j’ai couru chez M. l’avocat Delestong, celui que vous m’aviez désigné. Là, il m’a fallu raconter l’affaire telle qu’elle s’était passée, sauf quelques omissions volontaires. Je dois vous mettre au courant de ce que j’ai dit et de ce que je n’ai pas dit, afin que cela vous serve de règle exacte, le cas échéant, et pour éviter le danger des contradictions devant un juge instructeur.

Il était inutile de raconter ce qui s’était passé entre vous et moi avant le combat. Je n’ai donc pas dit que nous avions tiré au sort le nom de celui de nous qui vengerait l’autre, en lui laissant le rôle de témoin. Je n’ai pas cru devoir, non plus, donner des explications sur les trop sérieuses causes du duel ; il m’aurait fallu faire une longue histoire, et mêler des noms de femmes à tout propos, ce que des hommes ne doivent jamais faire. Je me suis borné à dire qu’il y avait malheureusement des motifs graves, et de nature à légitimer le plus acharné combat. Nous sommes partis de Guéret, ai-je ajouté, à six heures du matin, M. Edgard de Meilhan et moi. À une lieue de la ville environ, nous nous sommes écartés de la grande route de Limoges, et nous sommes descendus de cheval dans l’endroit de la forêt appelé la petite cascade. Un quart-d’heure après, M. de Villiers est arrivé avec deux officiers de chasseurs à cheval, ses témoins d’obligeance. Nous avons échangé des saluts, à la distance de dix pas, mais aucune parole n’a été prononcée. Le plus âgé des officiers s’est avancé vers moi, m’a tendu la main, et, me prenant à l’écart, m’a dit : — Nous n’osons pas nous récuser, nous militaires, dans ces rencontres, lorsqu’un homme de cœur nous appelle, mais nous arrivons toujours sur le terrain avec un but de conciliation. Ces jeunes gens ont la tête chaude ; il y a quelque belle blonde ou brune là-dessous ; j’ai compris cela, un enfantillage de rivalité. On ne se bat plus pour ces misères. Ce n’est plus dans nos mœurs. Nous allons arranger cela pour le mieux, n’est-ce pas ? et en ménageant l’amour-propre de ces messieurs. — Monsieur, lui ai-je répondu, c’est avec un profond regret, croyez-le bien, que je repousse une proposition d’arrangement qui est autant dans mon caractère que dans le vôtre. Nous venons ici avec une résolution immuable. Si vous saviez… — Dites-moi, je saurai, a dit l’officier, en m’interrompant avec vivacité. — Vous demandez l’impossible, ai-je repris ; c’est d’ailleurs une chose convenue. — Eh bien ! si c’est ainsi, monsieur, a dit le militaire, nous nous retirons, mon camarade et moi. — Si vous vous retirez, capitaine, — lui ai-je dit en lui serrant la main, je me retire aussi, et je ne réponds plus de ce qui arrivera. — Et qu’arrivera-t-il ? — Ces messieurs se battront sans témoins ; je vous l’affirme sur l’honneur.

L’officier a incliné sa tête, et a fait avec ses mains un signe d’acquiescement forcé.

Après une courte pause, il m’a dit d’un ton froidement poli : — Tout cela est fort désagréable. Nous nous sommes embarqués, là, dans une fâcheuse affaire… Voyons, finissons-en… A-t-on réglé les armes ? — Il est convenu, lui ai-je répondu, que les armes seront tirées au sort. — Mais, s’est écrié le militaire, il n’y a donc pas d’offenseur, pas d’offensé ! Ils ont tous deux raison, et tous deux tort ? — C’est ainsi convenu, capitaine. — Il faut encore se résigner, tirons les armes au sort, puisque c’est convenu.

Le sort a choisi l’épée.

— Avec cette arme, ai-je dit, tout le désavantage du combat était pour M. Edgard de Meilhan ; le nom de son adversaire a une certaine célébrité d’escrime parmi les amateurs. C’est un des meilleurs élèves de Pons.

Avez-vous amené un chirurgien ? m’a demandé l’officier. — Oui, monsieur. C’est le docteur Gillard. Nous l’avons laissé dans la maison la plus proche.

Comme vous voyez, cher Edgard, j’insisterai toujours fortement sur le désavantage que l’arme blanche vous donnait ; et, quand il le faudra, j’exprimerai, en termes saisissants, les angoisses que j’ai subies, lorsque votre main, plus exercée au maniement de la plume que de l’épée, s’est fermée, avec hésitation, sous la coquille d’acier.

J’ai terminé ma déposition en ces termes : « Lorsque les places ont été réglées par le sort sur le terrain, nous avons remis aux combattants des épées jumelles ; le plus âgé des témoins adverses, et moi, nous nous sommes placés, à trois pas, la canne haute pour nous élancer, entre les deux épées, à nos risques et périls, si le cas l’exigeait, conformément à la plus belle et la plus française des injonctions du Code du duel, par M. de Chateauvillard.

» Au signal donné, les épées se sont bravement croisées, Edgard a vivement attaqué son adversaire, avec cette audace qu’une héroïque inexpérience donne toujours. L’autre s’étonnait d’être obligé de se défendre ; il pensait trop, dans ces moments terribles, où la pensée tue l’action. La lutte n’a pas été longue. L’épée d’Edgard, mollement écartée par une défense pleine de distractions, a traversé son adversaire de part en part. En arrivant, le chirurgien n’a trouvé qu’un cadavre. Edgard est remonté à cheval, et je ne l’ai pas revu depuis. Ceux qui restaient ont rendu les derniers devoirs au mort. »

J’ai été obligé de vous écrire ces choses, mon cher Edgard, non pas pour vous les apprendre, puisque vous les savez, mais pour vous les rappeler exactement, et judiciairement, dans leur ordre naturel et surtout, je vous le répète, pour éviter les versions contradictoires, dans les débats d’un procès.

Maintenant, il me reste à vous écrire ce que vous ne savez pas.

J’avais un devoir à remplir, bien plus terrible que le vôtre, et il a fallu me rappeler notre exécrable serment, pour me donner le courage et la force de m’obéir.

Avant de tirer, au sort, vous et moi, pour savoir quel serait le héros de ce duel, nous nous sommes engagés par serment à nous présenter nous-mêmes à la maison de cette femme pour lui annoncer l’issue du combat, si elle nous était favorable. Dans le délire d’irritation fiévreuse et folle qui brûlait en ce moment notre cœur et notre front, ce serment nous paraissait la plus raisonnable chose du monde. Il y avait, dans chaque goutte de notre sang, une flamme de haine si juste, si vive contre lui et contre elle, que la vengeance devait même franchir un cadavre, et poursuivre son œuvre devant une robe de deuil, avec un raffinement et un luxe de cruautés inouïs. Edgard ! Edgard ! quand j’ai vu couler le sang ; quand j’ai vu la jeunesse et la vie sous la pâleur du cadavre ; quand vous m’avez laissé seul sur ce théâtre de mort, une révolution subite s’est opérée dans mon esprit ; il m’a semblé que cet instant me vieillissait d’un demi-siècle, et, sans m’ôter toute ma haine, ne m’en laissait que la perception confuse, avec un vague souvenir plein de tristesse et de désenchantement. Le crime était grand, sans doute ; mais quelle foudroyante expiation ! quel enfer, résumé pour lui dans une minute d’agonie ! Tout perdre à la pointe d’une épée, tout ! jeunesse, fortune, amour, femme, voluptés célestes, harmonies des campagnes, lumière du soleil !

Cependant, cher Edgard, je me suis souvenu de notre promesse solennelle ; et comme vous n’étiez plus avec moi pour m’en délier, il m’a bien fallu remplir jusqu’au bout ma mission. Et puis, vous le dirai-je ? cette commisération humaine qui m’avait saisi, en face d’un cadavre, ne remontait pas complétement jusqu’à la femme criminelle. Je me sentais toujours au cœur un sentiment qui n’a pas de nom dans la langue des passions ; mélange de haine, d’amour, de jalousie, de mépris, de désespoir. Elle n’était pas morte, elle ! Un homme avait été immolé, comme une victime, à l’autel de cette déesse ; voilà tout. Ne leur faut-il pas de ces amusements aux femmes ! Elle vivrait. Elle aurait des larmes aujourd’hui ; elle marcherait demain dans l’ornière banale de la consolation. Une victime ne suffit pas à tant d’orgueil satiné ! il faut bien vite se consoler pour mériter encore dans son temple de nouveaux sacrifices humains !

M’entretenant et m’excitant de ces pensées, je lançai mon cheval, à travers la campagne, dans la direction qui m’avait été indiquée la veille. Je reconnus bientôt le site pittoresque, où se réfugiait la maison maudite, entre la fraîcheur des arbres et la fraîcheur des eaux. Une secousse électrique a dû vous communiquer, cher Edgard, le serrement de mon cœur à la vue de ce paysage. Il y a toute une histoire d’amour écrite à chaque pas. Il y a d’ineffables accords de bonheur dans les haies fleuries des vallées ; des caresses langoureuses dans le murmure des iris, au bord des ruisseaux ; des extases de jeunes époux dans le frémissement des feuilles ; des enivrements divins dans les exhalaisons des fleurs agrestes, et dans les jeux suaves de la lumière, de l’ombre et du vent, sous les alcôves mystérieuses des arbres. Oh ! qu’ils ont été heureux dans ce paradis ! Que d’amour et de volupté leur souffle a laissé partout ! Il y a sans doute ici un être surnaturel et invisible, qui a été le jaloux témoin de ces allégresses nuptiales, et qui s’est servi de votre épée pour les briser ! Tant de bonheur offensait le ciel. Nous avons été les instruments aveugles de quelque intelligente colère. Mais qu’importe la mort, après cette vie d’un jour ! après avoir savouré toutes les exquises tendresses de ce monde ! En le voyant, lui, ce jeune époux triomphant, remonter cet escalier de fleurs, à la clarté des premières étoiles ; en le voyant incliner ses yeux pleins d’avenir sur la beauté de l’épouse, qui ne se serait écrié, comme le poète : Ma vie pour un quart d’heure de cet homme ! Qui n’aurait accepté votre coup de poignard, au prix de sa divinité d’un moment ! Les malheureux sont ceux qui survivent, parce qu’ils ont vu passer sous leurs lèvres ce bonheur, sans le goûter, Tantales infernaux des voluptés du paradis ! Les malheureux sont ceux qui survivent, parce que leur rêve a été la réalité d’un autre, et que la vengeance la plus légitime leur laisse une satisfaction empoisonnée comme un remords !

Continuez à me suivre, cher Edgard, dans mon triste pèlerinage à la maison maudite, et marchez avec moi jusqu’au bout.

En sortant des massifs d’arbres, et en mettant le pied sur le terrain nu et découvert qui s’étend devant la maison, comme une immense terrasse d’herbes et de fleurs, j’ai vu beaucoup de choses étranges, et je les ai vues avec cette rapidité de coup d’œil que donne la fièvre des grandes émotions : deux chevaux ruisselants de sueur, brides flottantes et sellés, ravageaient les plates-bandes. J’ai reconnu celui que montait le mort ; il avait été ramené sans doute par un domestique resté en arrière, et qui montait l’autre. Pas une figure ne se montrait au soleil, ni devant la ferme, ni sur le perron, ni dans le verger, ni aux fenêtres. Je remarquai dans le parterre deux râteaux couchés sur de belles tiges d’azaléas ; ils n’avaient donc pas été déposés avec précaution ; ils avaient été abandonnés subitement et au hasard de leur chute, à quelque lamentable appel de la maison. Une seule fenêtre était ouverte ; la riche étoffe du rideau que cette fenêtre laissait entrevoir annonçait la chambre d’une femme ; et le désordre des persiennes écartées sans symétrie faisait deviner que de longs regards d’attente fiévreuse étaient partis de là, aux heures tristes du matin. Un silence désolé régnait autour de la maison ; et ce silence était affreux, à ce moment du jour, où le travail joyeux s’agite et chante, à l’unisson des fontaines et des oiseaux.

Je montai l’escalier du perron en regardant, comme contenance, les jolies fleurs qui le bordaient, — les fleurs se mêlent à toutes les catastrophes de la vie ; — sur le seuil de la maison, je m’oubliai pour songer à vous, pour vivre avec votre âme, pour marcher avec vos pieds, car ma volonté seule eût expiré à cette fatale limite. Dans le vestibule, une porte ouverte à deux battants me laissa voir, dans un clair-obscur funèbre, des hommes et des femmes de campagne agenouillés et priant. Personne ne leva la tête pour me regarder. Je traversai le salon à pas lents et les yeux à demi couverts par la paupière et gonflés par des larmes violemment retenues ; j’entrevoyais dans un angle, sur une chaise longue, quelque chose de blanc et d’immobile qui donnait le frisson… C’était… j’ai oublié son nom, Edgard, c’était elle !

Morte ou vivante, voilà ce que mon regard plein de trouble ne discerna pas. Elle semblait endormie, sa chevelure déployée en mille gerbes, dans le désordre du sommeil du matin.

Tout auprès, un jeune domestique, dont la veste avait des taches de sang, pleurait, la tête appuyée sur ses mains.

Derrière la tête de la femme couchée, une fenêtre basse était ouverte, pour laisser entrer un peu de fraîcheur dans le salon. Cette fenêtre est contiguë à une cour intérieure, très-sombre, à cause des grandes masses de feuilles flottantes qui semblent pleuvoir, du haut de ses murs, pour la combler.

Deux hommes vêtus de noir, et d’un maintien plus grave encore que leur costume, se parlaient bas, dans cette cour. Je ne les voyais qu’en buste ; le petit mur inférieur de la fenêtre cachait la moitié de leurs corps. Au reste, je ne donnai que l’éclair d’un regard à ces observations de détail ; mes yeux, ma douleur, ma haine, mon amour étaient tout à cette femme. J’étais absorbé dans une contemplation désolante.

Un instinct, et non une idée, me retenait à cette place.

J’attendais qu’elle reprît ses sens, et qu’elle rouvrît les yeux, non pour ajouter quelque chose à sa douleur par mon regard, ou ma parole, mais pour lui prouver que j’étais là, comme une vivante et muette accusation.

Des garçons de ferme entrèrent avec des bougies allumées, une croix et un bénitier, et me forcèrent, par des gestes brusques, à quitter ma place, et à m’éloigner. Dans le désordre de mon esprit, je ne compris rien, et je sortis lentement sur la terrasse, avec l’intention vague de respirer un instant l’air extérieur, et de rentrer ensuite.

Il y avait une ironie atroce contre le deuil de ce moment, dans la sérénité du ciel, l’éclat du jour, le vert lumineux des arbres, les sourires des fleurs, le chant des oiseaux. Souvent la nature refuse de s’associer aux douleurs humaines, parce que souvent ces douleurs sont une ingratitude envers sa bonté. Elle crée les merveilles du ciel pour nous rendre heureux ; nous évoquons les secrets de l’enfer pour brûler nos corps et nos âmes. La nature a raison de verser tant de raillerie sur nos volontaires douleurs.

Cher Edgard, vous le voyez, je vous fais passer par toutes mes misères, par toutes mes réflexions. Je vous donne cette heure, minute par minute, angoisse par angoisse, comme je l’ai subie, moi.

J’étais à l’écart sous les premiers arbres, et je ne sais pas trop ce que j’attendais. L’un de ces hommes, vêtus de noir, que j’avais entrevus dans la cour intérieure, a descendu l’escalier du perron et a suivi le sentier des arbres. Je l’ai abordé en bégayant une phrase inintelligible, mais que la situation éclaircissait. — Vous êtes un parent, un ami, une connaissance ? m’a-t-il demandé d’une voix assez calme. — Oui, monsieur. — C’est un grand malheur, a-t-il ajouté en croisant les mains et baissant la tête, — ou, pour mieux dire, deux grands malheurs à la fois. La pauvre femme aussi est morte…

Ce n’est qu’avec le sens des rêves que j’ai entendu le reste de la phrase, et je vous la transcris, sous l’impression d’un souvenir qui me paraît déjà bien éloigné, quoique d’hier… Oui, morte ! a-t-il ajouté, nous avons été appelés trop tard. Une saignée aurait pu dégager le cerveau. Il y a eu congestion foudroyante, asphyxie instantanée. Nous avons des exemples comme ça… Perte immense pour le pays. Une femme jeune et belle comme un ange, et bonne comme la charité… Morte !

Il leva la tête, montra le ciel avec sa main, et s’éloigna rapidement.

Il y a un souvenir qui me poursuit, et qui ne s’effacera jamais. Ce souvenir est sans doute aussi le vôtre, cher Edgard. C’est une image éloquente et muette, taillée dans le vide de l’air, comme le simulacre d’un tombeau ; fantôme que ne peut dissiper le soleil, et qui me regarde dans les rayons ou dans les ténèbres : c’est le visage de Raymond, lorsqu’il s’est posé en face de vous, sur le terrain du combat. Son front, ses yeux, ses lèvres, son attitude respiraient tous les nobles sentiments qu’une tombe imméritée peut ensevelir. Il venait là, cet héroïque jeune homme, avec la conviction fatale de son dernier jour ; il n’avait contre nous deux ni mépris ni haine ; il obéissait aux inexorables exigences de cette heure, sans se plaindre, sans accuser. Le silence de Raymond voilait, avec une délicatesse sublime, son amitié pour nous, son amour pour elle. Son maintien n’exprimait ni la résignation qui veut être ménagée, ni la fierté qui provoque l’ennemi. Sa figure rayonnait de cette sérénité modeste, fille des résolutions suprêmes. En quelques jours d’union conjugale, il venait d’accomplir le cercle des félicités humaines ; il venait d’épuiser toute la somme de béatitude divine qu’un homme peut dépenser ici-bas ; et il se préparait sans faiblesse à l’inévitable et sanglante expiation de son bonheur !

Voilà ce qui était sur le visage de Raymond !

Edgard ! Edgard ! nous sommes trop vengés !

Comment se fait-il que l’honneur, cette noble vertu française, soit la mère de tant de remords ?

Adieu.

Roger de Monbert.