La Comtesse de Lesbos/Chapitre 2

CHAPITRE II.
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Quatuor de Lesbiennes.


Intrigué par le bruit qui venait de la chambre voisine, je m’avance à pas de loup vers la porte vitrée. J’écarte le rideau, un jet éblouissant de lumière, que jette un lustre à plusieurs becs, vient d’abord m’aveugler ; puis, mes yeux tombent sur le groupe gracieux qui babille dans la chambre. Renversant les rôles, la comtesse, toujours en peignoir, déshabille la blonde camérière, qui se laisse faire volontiers. La dame déboutonne le corsage, le retire, délace le corset, et, pressant le haut, fait jaillir une belle gorge, d’un blanc d’ivoire, berçant deux petites pointes roses, qu’elle prend un moment dans sa bouche. Le corset retiré, elle détache la jupe, les jupons ; puis, la faisant asseoir, elle la déchausse, retire ses bas de soie rose, et tient un moment dans ses mains, deux petits pieds blancs, qu’elle couvre de baisers. Et les laissant retomber : « Debout, Mina, » dit-elle. La soubrette se lève, la dame lui retire le pantalon, fait glisser la chemise, qui vient s’enrouler autour des pieds, lui faisant un blanc piédestal, et la jolie fille reste toute nue, étalant sa belle chair blanche, tachée de blond, au bas du ventre, par une toison frisée, qui couvre tout le promontoire. La comtesse détache deux claques sur les fesses nues, qui sont à sa portée ; puis : « À toi, Lison, dit-elle. La soubrette, aux cheveux châtains, prend la place de la blonde Mina, et la comtesse lui rend les mêmes soins, la mettant toute nue, avec la même profusion de tendres caresses. Lison a la peau blanche et rose, avec une belle motte de frisons roux ; elle reçoit deux petites claques à son tour. « Lola ! » dit alors la comtesse. Une plantureuse brune, répondant à l’appel, vient se livrer aux mains de sa maîtresse, qui la dépouille avec les mêmes chatteries. La peau veloutée de Lola, indique son origine espagnole ; une forêt de poils noirs, haute et large, met au bas du ventre une grande tache de jais. Clic, clac, « à moi ! » s’écria la comtesse.

Les trois belles filles nues se précipitent à cet appel vers la dame, qui tend ses bras ; le peignoir tombe, elle n’a pas de corset, ses seins, ronds et fermes, blancs comme la gorge d’une vierge de France, reposent dans un nid de dentelles, qui bordent le haut de la chemise, appuyés comme au rebord d’une fenêtre, dressant les pointes vermeilles de deux roses du paradis, que viennent sucer, tour à tour, les aimables filles, avec des démonstrations de tendresse passionnée. La chemise suit le peignoir ; les soubrettes me cachent le corps qu’elles dépouillent, mais bientôt, tombant à genoux, et s’inclinant comme pour l’adorer, elles découvrent sa nudité marmoréenne. Je retiens un cri d’admiration, que m’arracha prèsque l’apparition de cette merveille. Les pointes roses, toujours droites, se dressent sur les globes pleins et ronds ; la peau, d’un satin étincelant, d’une blancheur éblouissante, dément son origine andalouse, qu’affirme, au bas du ventre, une superbe toison noire, formant un large et haut triangle, qui met une magnifique garniture à la grotte d’amour, éclipsant les angoras les plus fourrés du monde ; les cuisses, rondes et blanches, deux jambes, faites au tour, se terminent par un chef-d’œuvre de petits pieds, tels que l’on n’en voit qu’en Espagne. Comme pour me permettre d’admirer sa beauté en détail, la comtesse se retourne ; le trio, incliné devant la superbe croupe, retombe en adoration ; la mappemonde potelée, bombée, est à demi cachée par la luxuriante chevelure noire, qui descend jusqu’au milieu de la croupe, dont on ne voit que la moitié ; mais ce que j’en vois est d’un aspect enchanteur, et je ne puis en détacher mes yeux, pour admirer les cent merveilles qui courent de la nuque aux talons.

Après avoir reçu les hommages qu’on rend à ses charmes postérieurs, la comtesse fait un signe. Les trois nymphes s’étendent sur le tapis épais et moëlleux, qui couvre le parquet, couchées sur le flanc, formant un triangle, chacune glissant sa tête entre les cuisses de celle qu’elle a devant. Elles déposent d’abord leurs hommages entre les hémisphères, donnant l’accolade au petit bijou noir qui se cache en ces lieux ; et, quand elles l’ont cajolé, baisé, lardé, en guise d’introduction au jeu d’amour, elles se glissent vers l’huis voisin, impatient, sans doute, d’avoir son tour. On entend comme un clapotement de lèvres contre d’autres lèvres, qui se pressent et se quittent en s’aspirant. Cependant, la comtesse agenouillée, va de l’une à l’autre, se penchant pour suivre les diverses phases du divertissement, encourageant les aimables ouvrières par des baisers sonores, et des gifles retentissantes sur les tendres fesses qui se trémoussent sous les claques. Elle voltige d’un derrière à l’autre, rampant sur les genoux, puis, quand elle devine l’approche du moment psychologique, elle vient s’étendre sur le groupe, coupant le triangle d’une ligne droite, la figure sur le cul de Mina, les bras étendus vers les deux autres sphères, fouillant les chairs d’un doigt quêteur, tandis qu’elle mordille les globes charnus de Mina, prodiguant à toutes des tendres stimulants, qui hâtent la venue du plaisir, et en augmentent l’intensité, ne cessant, que quand les folles amoureuses se tordent dans les spasmes voluptueux.

Bientôt le trio reprend ses sens. La comtesse, debout, faisant face à la porte vitrée, attend son tour. Mina va dans un coin de l’appartement, fait jouer un ressort ; un trapèze, que je n’avais pas vu, descend sur la comtesse, s’arrêtant au-dessus de sa tête. Je me demandais à quoi pouvait bien servir cet appareil de gymnastique ; j’en vis bientôt l’usage. Deux des soubrettes s’agenouillent : Lola devant, Lison derrière ; Mina, debout, colle ses lèvres à celles de la comtesse, et pendant que les autres montent le long des jambes et des cuisses, par une promenade de baisers, Mina mange les yeux, le nez, la bouche, tout le visage enfin, descend vers la poitrine, suçote les seins, descend encore, et rencontre Lola au nombril, pendant que Lison se dirige par derrière vers la nuque. Chacune regagne ensuite sa place par de baisers ininterrompus, Mina s’arrête aux beaux seins palpitants, Lola, sur la grotte d’amour, où elle commence sa douce manœuvre, tandis que Lison reste devant le noir joyau. Lola, agenouillée, les reins tendus, étale ses grosses fesses foncées, dans une posture bien engageante ; si j’avais été de la fête, je leur aurais dit un mot volontiers. La comtesse, levant les bras, s’accroche au trapèze, se soulevant sur la pointe des pieds, qui reposent à peine à terre, la gorge tendue, braquant vers le ciel ses deux pointes dressées, que Mina suce tour à tour, en pressant les globes dans ses mains, les laissant pour mettre une guirlande de baisers sur les alentours, qui se rosent sous ses chaudes caresses. La comtesse s’enlève, obligeant les ouvrières à la suivre dans son ascension, redescend pour remonter encore. Ses yeux brillent d’un vif éclat, ses longs cils noirs et soyeux s’abaissent, voilant l’éclat des prunelles, se relevant, battent plus vite, puis, les yeux se lèvent vers le ciel, le satin du ventre se fronce, Mina quitte les seins, les referme dans les mains, roulant les boutons sous les doigts, pendant que ses lèvres remontent doucement vers les lèvres de la comtesse, qui s’entr’ouvrent, laissant passer un bout de langue ; elles s’y collent, s’y impriment, les yeux de la comtesse roulent dans leurs orbites, ne laissant voir que le blanc ; le ventre bondit, les hanches ondulent, et, pendant deux minutes, on la voit se tordre, au paroxysme de l’extase ; et soudain, lâchant la barre d’appui, elle s’écroule pantelante sur le tapis.

Bientôt le jeu du trapèze recommence ; c’est Lison qui prend la barre ; Lola, changeant de rôle, c’est Mina qui prend place devant le chat, la comtesse devant les seins. Le cul potelé de Mina s’étale, non moins beau, moins gros cependant que celui de Lola, me faisant regretter, lui aussi, de n’être que l’invisible témoin de ces tendres ébats. Les préliminaires terminés, les mignonnes besognent avec ardeur, et la comtesse mord jusqu’au sang les lèvres de Lison, quand le plaisir tord la soubrette dans ses bras. C’est le tour de Lola, la plantureuse brune. Chacune changeant de rôle, Lison est devant, la comtesse derrière, Mina à la gorge. Décidément Lison a aussi un superbe reposoir, blanc et rose, mais j’ai à peine le temps de le contempler, car Lola était si pressée, qu’à peine les mignonnes ont entamé le grand jeu, qu’elle se pâmait en rugissant.

Enfin Mina a son tour sous le trapèze. La comtesse s’agenouille devant le chat aux poils d’or qu’elle va bouffer, pendant que les deux soubrettes se partagent le reste de la besogne. La comtesse le présentait beau. Sa splendide croupe, quand elle s’incline pour baiser les petits pieds roses, s’étale épanouie, débordant sur les talons, plus large, plus opulente, plus éblouissante que celles de ses compagnes ; et, comme sa toison est incomparable, son beau cul aussi est sans rival. Quand elle se relève peu à peu pour gagner le port de Cythère, sa croupe, en remontant, se renfle, se bombe, toujours tendue au bas des reins, cambrés dans cette position ; je dois faire de grands efforts pour ne pas succomber au véhément désir qui m’attire vers ce délicieux objet. Je ne suis guère les diverses phases du jeu, cette fois, et quand Mina s’affaisse pâmée, je n’ai pu encore détacher mes yeux de la splendide croupe, qui les retient cloués, émerveillés, fascinés.

La comtesse, les yeux brillants de volupté, mendie de nouvelles caresses. Lola, la plus vigoureuse de la bande, s’étend sur le dos, la comtesse l’enjambe, repose son minet sur sa figure, se couche de tout son long en avant, le derrière en l’air, et le nez sur la motte de Lola ; Lison s’étend à son tour sur le dos de la comtesse, entourant le cou de ses cuisses, les lèvres sur ses fesses ; Mina, agenouillée en dehors du groupe, derrière la comtesse, prend ses petits pieds dans la main, les chatouille et les embrasse tour à tour, Lola et la comtesse se gamahuchent à qui mieux mieux ; Lison mord la mappemonde, écarte les globes, et dépose son offrande au bas de la raie, sur la petite tache noire, qu’elle larde avec amour, tandis qu’elle serre entre ses cuisses le cou de la comtesse, frottant lascivement son bouton sur la nuque. Mina, qui tient dans une main les petits pieds, aux ongles roses, qu’elle mange de baisers, s’offre d’un doigt agile une petite compensation. Des soupirs étouffés, venus de dessous, annoncent que les langues tiennent l’avance ; mais comme si elles n’avaient attendu que ce moment, Lison, qui s’agite comme une enragée, en secouant ses fesses sur la nuque, et Mina qui accélère le mouvement de son doigt, atteignant le comble de la vitesse, se mettent au diapason, et bientôt l’aimable quatuor termine le doux ensemble, par un unisson de soupirs amoureux.

Chacune ayant passé un peignoir, les soubrettes, après les plus tendres adieux à leur maîtresse, se retirent dans la chambre à côté, prêtes à reparaître au premier coup de sonnette, si la dame a besoin de leurs bons offices.


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