La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule


Les Libertinage au XVIIe siècle
Texte établi par Frédéric Lachèvre (Les Œuvres libertines de Claude Le Petitp. 113-167).


LA CHRONIQUE SCANDALEUSE OU PARIS RIDICULE[1].




  1. Loing d’icy, Muse serieuse,
    Va-t’en chercher quelqu’autre employ !
    Je n’ay aucun besoin de toy,
    Tu ne peus m’estre que fascheuse :
    Va-t’en, je seray satisfait !
    En deux mots, tu n’es pas mon fait.
    J’en veux quelqu’autre qui m’inspire
    De quoy contenter mon desir,
    Et par une bonne Satyre
    Estriller Paris à plaisir.




  2. Va, dis-je, ou le Diable te gratte !
    Car je ne veux pas faire un vers
    Sur tant de beaux sujets divers,
    Que pour m’espanouïr la ratte :
    Je ne veux faire des placards,
    Que pour les remplir de brocards.
    Qu’on rie ou jure, il ne m’importe,
    Qu’on n’y veüille pas consentir,
    Je feray tousjours de la sorte,
    Quand je voudray me divertir.



  1. Viens donc à moy, Muse berneuse,
    Non pas d’avoir chié sous toy,
    Car je ne voudrois pas, ma foy,
    Avoir pour guide une breneuse :
    Mais toy qui sçais l’art d’abaisser
    Tous les plus fiers, et les gausser,
    Par un trait de ta raillerie.
    Fais que je puisse un peu berner
    Celle qui a l’effronterie
    D’oser mesme les Dieux braver[2].




  2. Monstrons que, si bien qu’on calcule,
    On ne verra point sous les cieux
    Aucun de tous les plus beaux lieux,
    Que nous ne rendions ridicule[3] :
    De grâce, faisons un peu voir
    Jusques où va nostre pouvoir,
    Quand une fois on nous irrite ;
    Faisons enfin connoistre à tous
    Que l’homme du plus grand mérite
    N’oseroit s’adresser à nous.




    paris.

  3. Bernons cette vieille bicoque.
    D’un vif et d’un picquant pinceau ;
    Voyons tout ce qu’elle a de beau,
    Afin qu’avec toy je m’en mocque :
    N’espargnons point ce beau Paris,
    Je m’en gauberge et je m’en ris,
    Je raille tout ce qu’il peut faire ;
    Et s’il ne perd de son crédit,
    Dy hardiment, Muse sevère,
    Que c’est un sot qui te l’a dit ?



le louvre.

  1. Vois, Muse, comme il se descouvre,
    Pensant nous esbloüir les yeux,
    Ce grand bastiment neuf et vieux,
    Qu’on appelle aujourd’huy le Louvre :
    Vois-tu ces murs si mal rangez,
    Par l’antiquité tous rongez,
    Ces chambres, cette gallerie[4] ?
    C’est là que Dame Volupté
    Fait une infâme fripperie
    Des juppes de grand’ qualité[5].




  2. Vois sur cette aisle-cy l’ardoise.
    Et sur cette autre-là le plomb[6] ;
    Regarde un peu ce pavillon
    Plus court que l’autre d’une toise[7] ;
    Admire ces compartimens,
    Ces reliefs, ces soubassemens,
    Cette façade, et ces corniches ;
    Rien n’y manque, hormis d’y graver,
    Au-dessous de toutes les niches :
    Maisons à loüer pour l’hyver[8].



les courtisans.

  1. Ces beaux Messieurs qui se promeinent
    Dans cette Cour autour de nous,
    Sont-ils exempts de ton courroux ?
    Regarde comme ils se demeinent[9] !
    Ces honorables espions,
    Ces attrapeurs de pensions,
    Qui vont débitant la nouvelle[10],
    Méritent bien je ne scay quoy ;
    Mais comment leur faire querelle ?
    Ils sont sur le pavé du Roy[11].




    les chevaliers du saint-esprit.

  2. Disons donc un mot de ces autres
    Qui font, ensemble en peloton,
    Bande à part dedans ce canton :
    Disent-ils là leurs patenôtres ?
    Ces vénérables Cordons bleus
    Font bien, avec leurs habits neufs,
    Les fiers parmy ces hallebardes ;
    Ont-ils peur, ces Sires nouveaux,
    Que le Diable emporte leurs hardes,
    Qu’ils font des croix à leurs manteaux[12] ?




    le roy.

  3. Sur cette espineuse matière,
    N’en disons guère, et qu’il soit bon :
    J’apperçois Loüis de Bourbon,
    Gaignons la porte de derrière[13] ;
    C’est un très-digne Souverain ;
    De plus il est sur son terrain,
    Malheur à qui le scandalise !
    J’ay des pensers bien différens ;
    S’il est fils aisné de l’Église,
    Mazarin est de ses parens[14].




  1. Les Monarques ont les mains longues,
    Ils nous attrapent sans courir,
    Et n’ayment pas à discourir
    Avec un peseur de dipthongues ;
    Dieu nous garde de celuy-cy,
    Particulièrement icy :
    Nos lauriers seroient inutiles[15]
    Tirons donc nos chausses d’un saut !
    S’il prend les gens comme les villes,
    Nous serions bien-tost pris d’assaut[16].




    la chapelle du louvre.

  2. Tous les Limousins de Limoge
    Ont-ils icy leurs rendez-vous ?
    Bonté divine, où sommes-nous ?
    Me prend-on pour un Allobroge ?
    J’enrage tout vif en ma peau :
    Cette Rotonde au plat coupeau[17]
    Est-elle là pour braver Rome ?…
    Personne ne me respond rien ;
    J’aymerois autant voir un homme
    Dire : « Le Roy n’est pas Chrestien[18]. »




  1. Mais dans nostre juste saillie,
    Espargnons la Caze du Roy[19] ;
    Chacun fait ce qu’il peut chez soy,
    La France n’est pas l’Italie[20].
    Maintenant que dedans Paris
    Les logis sont fort rencheris[21],
    Chacun dans son giste tient ferme,
    Et peut-estre est-il en prison[22],
    Afin de s’espargner le terme
    Qu’il payeroit d’une maison.




    les tuileries.

  2. Pour ne fausser pas compagnie,
    Pourtant par un trait si soudain[23],
    Allons faire un tour de jardin,
    Depeschons sans ceremonie :
    Qu’il est beau, qu’il est bien muré[24] !
    Mais d’où vient qu’il est séparé,

    Par tant de pas, du domicille[25] ?
    Est-ce la mode en ces sejours[26],
    D’avoir la maison à la Ville,
    Et le jardin dans les fauxbourgs[27] ?




  1. Mode ou non, il passe à la monstre[28] ;
    Qu’importe-t-il comme il soit fait !
    Quand on n’a pas tout à souhait,
    Il faut prendre ce qu’on rencontre.
    Il en est de moindres ailleurs,
    Et si les prez avoient des fleurs,
    Les fontaines un peu d’eau claire[29],
    Quelques poissons dans les estangs,
    On en pourroit encore faire,
    Un joly clos, avec le temps.




    la place du carrousel.

  2. Cirque de bois à cinq croizées,
    Barboüillé d’azur et d’orpin,
    Amphitheâtre de sapin,
    Phantosme entre les Colizées,
    Manège de Pantagruel[30],
    Belle place du Carrousel[31],
    Faite en forme d’huistre à l’escaille,
    Quoy qu’on en dise, on vous voit là[32] ;
    Un habit de pierre de taille
    Vous siéroit mieux que celuy-là[33].




    la grande escurie.

  1. Grande Escurie[34], en ce grimoire
    Chacun sçaura ce que tu vaux :
    Tu n’as que cinq ou six chevaux,
    Les autres sont-ils allez boire ?
    Non, taisez-vous, dame Alizon[35],
    Contre le Prince, sans raison,
    Vous tournez tout en raillerie.
    Qu’importe à ce grand Potentat
    Qu’il en ait dans son Escurie,
    Il en a tant dans son Estat[36] !


    les quinze-vingts.

  2. Hospital plein de testes creuses,
    Où les borgnes sont des soleils,
    Où tous les objects sont pareils.
    Et les lumières tenébreuses :
    Que ton illustre fondateur[37],
    Loin d’aller pour le Redempteur
    Perdre sa vie et sa pecune,
    Eut fait de miracles divins,
    S’il eut enrôlé la Fortune
    Au nombre de ses Quinze-Vingts !



le palais cardinal.

  1. Icy demeuroit maistre Griffe[38].
    Dit Jean Armand de Richelieu,
    En son temps quasi demy-Dieu,
    Demy-Prince et demy-Pontife.
    Vois-tu ce merveilleux Chapeau[39],
    Qui nageoit sur terre et sur l’eau[40],
    Au frontispice de l’ouvrage ?
    C’est luy qui fit tous ces travaux.
    La belle maison ! C’est dommage[41]
    Qu’elle n’ait des pots à moineaux.




    la butte saint-roch.

  2. Dieu vous garde de mal rencontre[42],
    Gentille Butte de Saint-Roch[43],
    Montagne de célèbre estoc[44],
    Comme vostre croupe le monstre !
    Ouÿ, vous arrivez presque aux Cieux,
    Et tous les Geants seroient Dieux,
    S’ils eussent mieux appris la carte,
    Et mis dans leur rébellion,
    Cette butte-cy sur Montmartre,
    Au lieu d’Osse sur Pelion.



le palais mazarin.

  1. Mais nous nous enfonçons trop viste[45]
    Et dans la Fable et dans les champs,
    Quoy que les chemins soient meschans,
    Regaignons l’Histoire et le giste :
    Ne nous rebutons point si-tost,
    Courage ! Nous voilà tantost
    Auprès du Galletas de Jule,
    Qui las du nom de Cardinal,
    À force de ferrer la mule[46],
    A pris celuy de Mareschal[47].




  2. La maison est assez jolie,
    Et la cage vaut bien l’oyseau ;
    Que le voisinage en est beau !
    Il me semble estre en Italie ;
    Il me chagrine seulement
    Que derrière celle d’Armand,
    Elle soit de cette manière ;
    Mais je m’estomacque de rien[48],
    S’il est logé sur le derrière,
    N’est-ce pas un Italien[49] ?




    l’hostel de bourgogne.

  3. Célèbre théâtre[50], où dix garces
    D’intrigue avecque dix cocus[51],
    Donnent autant de coups de cus,
    Qu’elles représentent de farces :
    Vieil Jeu de Paulme desguisé[52],
    Bordel public Royalisé,
    Hostel, dans cette estrange terre,
    Si de toy seul je dis du bien,
    C’est à la charge qu’au parterre
    J’entreray désormais pour rien[53].




    la halle.

  1. Nous ne sçaurions nous en desdire,
    Il faut passer par ce marché,
    Et bien ou mal enharnaché,
    Dire en passant le mot pour rire.
    Je suis dans la plus belle humeur,
    Qu’aye jamais esté Rimeur[54],
    De berner cette Foire immonde[55],
    Mais quand j’en dirois haut ou bas
    Les plus belles choses du monde,
    Personne ne m’entendroit pas[56].




  2. Fut-il jamais clameurs pareilles[57] ?
    Si le Ciel n’a pitié de moy,
    Je deviendray sourd, par ma foy,
    En despit de mes deux oreilles :
    Chacun parle et nul ne respond,
    Chacun se mesle et se confond[58].
    Tout marche, tout tourne, tout vire.
    Après cela, Père Eternel,
    Qui ne croira, dans cet Empire[59],
    Le mouvement perpetuel ?



  1. Tous ces petits throsnes de toile[60],
    Où pendent tant de panonceaux,
    N’expriment pas mal sur les eaux
    La flotte d’Espagne à la voile ;
    Que de cercles et de pacquets,
    Que de caques et de baquets,
    Que de barriques à dos d’arche[61] !
    Un camp ne fut mieux retranché,
    Et tant plus dans ce lieu je marche,
    Moins je le prends pour un marché.




  2. C’en est un pourtant, je me trompe ;
    Je le cognois bien maintenant,
    Car j’y vois tromper le manant,
    Avec magnificence et pompe.
    Je vois vendre à l’entour de moy,
    Sans police et sans bonne foy,
    À faux poids et fausse mesure ;
    Je vois maquignonner chacun,
    Je suis à my-jambe en l’ordure ;
    Je n’en doute plus, c’en est un !




  3. À la bonne heure pour la France,
    À la bonne heure aussi pour nous,
    Pourveu que Messieurs les filous
    Ne nous lanternent point la gance[62] !
    Çà, rions-en tout nostre soul.
    Mais non, ne faisons point le fou ;
    Retirons-nous, et sans satyre,
    Faisons place à qui veut rester :
    On ne vient pas icy pour rire,
    On vient icy pour acheter[63].



le pilory.

  1. Deschargeons icy nostre phlegme,
    Dessus ce chilindre pourry[64] :
    Ce gibet, nommé Pilory,
    Merite bien un apophtegme.
    Quoy qu’il soit en estat piteux,
    Il fait voir à ce Siècle honteux,
    Qu’on faisoit autrefois justice ;
    Et conclud enfin contre luy,
    L’ayant privé de son office,
    Qu’on ne la fait plus aujourd’hui[65].




    les piliers des halles. les fripiers.

  2. Tandis que j’ay la verve rogue[66],
    Point de quartier à ces gens-cy ;
    Voilà l’Enfer en raccourcy[67],
    C’est-à-dire la Sinagogue.
    Hé quoy ! Fripiers rabinisez,
    Seigneurs Chrestiens judaïsez[68],
    Osez-vous bien icy paroistre ?
    Engeance de Mathusalem,
    Juifs baptisez, croyez-vous estre
    Encore dans Hierusalem ?




  3. Le Talmud est-il à la mode,
    La Bible des Parisiens ?
    Les François sont-ils Pharisiens,
    Et dessous le règne d’Herode ?
    L’Egypte a-t’elle dans Paris
    Mis la Cabale à si haut prix,
    Qu’en la France on endure un schisme ?
    Ô honte des hommes de bien !
    Qui croiroit que le Judaïsme
    Fut dans un Paÿs si Chrestien ?




  1. Mais mon feu prend trop grande amorce ;
    Muse, politique par tout,
    Lors qu’on pousse les gens à bout,
    Leur desespoir se change en force :
    Laissons ces modernes Hebreux,
    Dessous leurs piliers tenébreux[69],
    Judaïser ainsi qu’à Rome[70],
    Sans les insulter en ce lieu[71] ;
    Ils pourroient bien tuër un homme,
    Ayant pour rien fait pendre un Dieu.




    cimetière de saint-innocent.

  2. En passant par ce Cimetière,
    Prions Dieu pour les trespassez.
    Que d’os l’un sur l’autre entassez !
    Que de cendre et que de poussière !
    Quatre mots de moralité
    Sur ce lieu de mortalité :
    Hommes, pour une bagatelle
    Qui vous donnez tant de soucy[72],
    Toutes les testes sans cervelle
    Ne sont pas dedans ce lieu-cy[73].



  1. Tous ces fameux traisneurs d’espées,
    Tous ces illustres champions,
    Ces Cesars, et ces Scipions,
    Ces Alexandres, et ces Pompées,
    Ces grands Soldats et ces grands Rois,
    Bravèrent la mort autrefois
    Par une valeur sans seconde ;
    Mais la Mort enfin les brava :
    Que de mal pour mourir au monde,
    Et ne sçavoir pas où l’on va !




    les charniers saint-innocent.

  2. C’est assez, Madame Morale,
    Dans le mal comme dans le bien,
    Tous les excez ne valent rien,
    Trop de vertu porte scandale.
    Passons dedans ces vieux charniers[74],
    C’est-à-dire sous les greniers
    De ces reliques mortuaires ;
    Et dans ces différents objets,
    Nous prouverons les loix contraires[75]
    Où tous les mortels sont sujets.




  3. Les plaisantes Tapisseries
    De carte et de papier noircy[76] !
    Que de choses en raccourcy[77]
    Dessous ces sombres galleries !
    Que d’estampes et de dessins[78],
    De grands Seigneurs, de petits Saints,
    Et de bestes d’après nature !
    Que je voy d’un œil satisfait,
    Là, ces vanitez en peinture ![79],
    Qui sont vanitez en effet[80].




  1. Icy chaque homme a son image[81],
    Chaque femme a la sienne aussi,
    Chaque tout a son raccourcy,
    Chaque ville a son paÿsage ;
    Chaque paÿs a son pinceau,
    Chaque élément a son tableau[82] ;
    On y voit le Paradis mesme.
    Et l’Enfer à la triste gent ;
    On y trouve enfin la Mort blesme[83],
    Et de tout, hormis de l’argent.




    la monnoye.

  2. Cette circonstance m’effroye,
    Car je ne cherche que cela ;
    Pour en trouver, sortons delà,
    Et courrons viste à la Monnoye[84] :
    Mais quel estrange nid à rats !
    Ce ne sont que des galetas
    Pleins de puanteurs éternelles ;
    Est-il possible, justes Dieux !
    Qu’on face des choses si belles,
    Dans de si sales et vilains lieux[85] ?



la croix du tiroir.

  1. Cette Croix me met bien en peine,
    Que fait-elle dedans ce lieu ?
    Seroit-ce une Croix de par Dieu[86],
    Ou bien une Croix de Lorraine ?
    Nenny, c’est la Croix du Tiroir[87],
    La seule noble antique à voir.
    Dedans ce village moderne.
    Qu’elle est grande ! On la voit de loin,
    Mais sa disgrâce me lanterne :
    Pourquoy l’a-t’on mise en ce coin ?




  2. Muse, c’est ce qu’il me faut dire ;
    Autrement je crie aux voisins,
    Et nous ne serons pas cousins
    À la fin de cette Satyre :
    Brûle comme Magiciens
    Plustost tes livres et les miens…
    Ah ! ma mémoire s’est refaite ;
    Sçavez-vous pourquoy c’est, Badauts[88] ?
    C’est qu’icy la Reyne Gilette
    Fut tirée à quatre chevaux[89].



le pont-neuf.

  1. Faisons icy renfort de pointes,
    Ce chemin nous meine au Pont-neuf[90] ;
    D’un regale de nerf de Bœuf[91],
    Saluons ces voûtes mal jointes.
    Vrayement Pont-neuf, il fait beau voir
    Que vous ne vous daigniez mouvoir,
    Quand les estrangers vous font feste :
    Sçavez-vous bien, nid de filoux[92],
    Qu’il passe de plus grosses bestes
    Par-dessus vous, que par dessous ?




  2. Pourquoy nous faites-vous la morgue
    Avecque vostre nouveauté,
    Pont en cent endroits rapiesté,
    Et meur comme un vieil souflet d’orgue[93] ?
    Vous qui faites compassion
    À la moindre inondation,
    D’où vous vient cette humeur altière ?
    Est-ce à cause que vous avez
    Cent esgouts dans vostre rivière,
    Et plus d’estrons que de pavez[94] ?




  3. Mordienne ! il faut que je vous bourre :
    Autant vaut bien que mal battu.
    Pont tout crasseux, Pont tout tortu,
    Regaignez un peu la bravoure[95] :
    Quoy qu’entre tous les ponts des eaux,
    Grands et petits, vieux et nouveaux,
    Vous passiez pour un Patriarche,
    Dites-moy, Pont-neuf mon mignon,
    Si vous aviez encore une arche,
    Seriez-vous pas un peu plus long ?




    la samaritaine.

  1. Donnons à la Samaritaine[96]
    Le bon jour en chemin faisant ;
    Son phantosme est assez plaisant,
    Accoudé sur cette fontaine ;
    Que cette eau sous ce pavillon,
    Qui danse au son du carillon,
    Fait un agréable spectacle !
    Mais Dieu, qui luy tend le vaisseau,
    Feroit bien un plus beau miracle,
    S’il changeoit en bon vin son eau[97].




    le cheval de bronze[98].

  2. Monument d’argile et de plastre,
    Ridicule amusoir de sots,
    Cube cantonné de magots,
    Rechignez en matoux qu’on chastre[99] ;
    Baye de tous les environs[100],
    Espouventail des moucherons,
    Où gisent des estrons plus d’onze,
    Simulachre de Carnaval,
    Cheval, quoy que tu sois de bronze[101],
    Tu n’es tousjours rien qu’un Cheval[102] !




    henri iv.

  1. Il faut aussi que je te raille,
    Vieil Heros califourchonné[103] :
    Pourquoy sers-tu là, Roy berné,
    De passe-temps à la canaille ?
    C’est ton peuple reconnaissant,
    Qui t’a dressé cet arc puissant[104] ;
    Mais, Prince d’heureuse mémoire,
    Ne t’a-t’il pas bien relevé ?
    Pour immortaliser ta gloire.
    Il t’a mis dedans un privé[105].




    la rivière de seine.

  2. Seine m’amour, nayade tendre[106],
    Ma Muse, grosse de lardons,
    Vous demande mille pardons
    De vous avoir tant fait attendre ;
    Mais pour avoir tant attendu,
    Vostre brocard n’est pas perdu,
    Depuis long-temps je vous le garde ;
    Voicy vostre tour à glisser :
    Maugrebieu, quand je vous regarde,
    Faut-il un pont pour vous passer ?




  1. Seroit-ce pas assez d’une arche,
    Ou de trois poultres[107] en travers,
    Ma gentille Nymphe aux yeux verts,
    Pour faire sur vous nostre marche ?
    Que dis-je, une arche seulement ?
    Que dis-je, trois poultres ? Comment
    L’équivoque n’est pas mauvaise ;
    Morbleu, sur un aix de sapin[108],
    Je voudrois vous passer à l’aise,
    Et sans me moüiller l’escarpin.




  2. Vous, Madame la mal nommée[109],
    Qu’on met à sec avec un seau,
    Qu’on bride avec un bastardeau,
    Comme un bourg avec une armée ;
    Vous que l’on peut boire et manger,
    Et dans qui se vont descharger[110]
    Mille tombereaux d’immondices,
    Cachez-vous, laide, je voudrois
    Du pus de quatre chaudes-pisses[111],
    Faire un ruisseau plus sain cent fois.




    le chasteau gaillard[112].

  3. J’aperçois là-bas sur la rive
    Le beau petit Chasteau Gaillard :
    Il faut bien qu’il en ait sa part,
    Puis qu’il est de la perspective.
    À quoy sers-tu dans ce bourbier ?
    Est-ce d’abry, de colombier ?
    Est-ce de phare, ou de lanterne,
    De quay, de port, ou de soutien ?
    Ma foy, si bien je te discerne,
    Je croy que tu ne sers de rien.




    l’isle du palais.

  1. Faisons un demy-tour à gauche :
    Place Dauphine, Dieu vous gard !
    Quand on vous fist, je croy que l’art
    Estoit chez Pallas en desbauche ;
    Mais je me trompe et je comprends
    Pourquoy ce triangle à trois rangs,
    Paris, est entre tes fabriques[113],
    Tu l’as fait faire asseurement,
    Pour monstrer les mathematiques[114]
    Aux pauvres gratuitement.




    la cloche de la sainte-chapelle.

  2. Il ne faut pas, Muse m’amie,
    Demeurer en si beau chemin ;
    Sus donc, le rasoir à la main,
    Poursuivons nostre Anathomie.
    Hé bien ! maintenant, le vois-tu
    Ce grand vilain clocher pointu[115],
    Qui t’a tant donné dans la veuë ?
    Vois comme il reluit au Soleil,
    Et comme il rit dedans la nuë
    D’estre comme luy sans pareil[116].




  1. Que dis-tu de cet obelisque,
    Qui prend plaisir à se courber,
    Et qui fait semblant de tomber,
    Pour n’en point tant courir de risque ?
    Mais qui diable a mandé ces fous ?
    Chacun s’attroupe autour de nous,
    Et s’entreregarde au visage[117].
    Sautons ces degrez en trois sauts[118] :
    Si nous restons là d’avantage,
    On nous prendra pour des badauts[119].




    le palais.

  2. Palais de la Reyne chicane
    Et du Roy des fesse-cahiers,
    Archives de vieux Plaidoyers,
    Porche où piaffe la soutane ;
    Que de pancartes et de sacs,
    Que d’étiquettes d’almanachs,
    Que de grimoires sur ces tables[120] !
    Je croy que c’est sur ces placets,
    Qu’on sacrifie à tous les diables,
    Pour l’éternité des procez[121].



la justice qu’on peint avec un bandeau.

  1. Bien vous prend qu’en coëffe-cornette
    Themis, Messieurs les Chicannoux,
    Prend icy plaisir avec vous[122]
    De joüer à cligne-musette !
    Bien vous prend qu’elle ne voit pas
    Vos rubriques, beaux Advocats !
    Mais que dis-je ? quand la Justice
    Vous iroit alors rebuffant,
    Avec un peu de pain d’epice[123],
    Vous l’appaisez comme un enfant[124].




    le parlement de paris.

  2. Emmitouflez de Robes rouges[125],
    Qui jugez souverainement,
    Auguste et grave Parlement,
    Qui faites nos loix dans vos bouges ;
    Croyez-vous estre bien bravez[126],
    Quand vous dites que vous avez
    Quantité de ressorts en France ?
    Un advantage si commun
    N’est pas de grande conséquence :
    Mon tourne-broche en a bien un.




  3. Hola ! la plus courte folie[127]
    Est la meilleure, ce dit-on :
    C’est trop faire icy le larron,
    Foutre de la mélancholie[128] !
    Si l’on nous trouvoit sur le fait,
    L’on jetteroit sur ce pourtraict
    De très-dangereuses œillades ;
    Pour estre en lieu de seureté,
    Allons visiter les malades,
    C’est une œuvre de charité[129].




    l’hostel-dieu.

  1. Est-ce icy, Muse (que t’en semble ?)
    L’Arche de Noë tout pourveu[130] ?
    Ma foy, je n’ay jamais tant veu
    De bestes et de gens ensemble ;
    Que de lits de toutes couleurs,
    Que de frères et que de sœurs,
    Que de poüilleux et de canaille !
    Mais qu’il y pue ! sortons d’icy !
    Mon grand nez ne sent rien qui vaille,
    Je crois que quelqu’un a vessy[131].




    nostre-dame.

  2. Voilà la Metropolitaine.
    Le siège de l’Archevesché.
    Si ce n’estoit point un peché,
    Je luy friperois sa mitaine ;
    Ce monstre à jambes d’eléphans,
    Qui fait peur aux petits enfans,
    Meriteroit cent croquignolles[132] ;
    Mais pourquoy s’en prendre au quidam ?
    Dieu deffend d’avoir des Idoles :
    Si Paris en dresse, à son dam !



tour nostre-dame.

  1. J’auray tousjours dessus mon âme[133]
    De la rancune contre toy ;
    Muse, si tu m’aymes, suis-moy,
    Montons sur la Tour Nostre-Dame[134] :
    Nous allons rire comme il faut,
    Nous sommes desjà presque en haut[135],
    Faisons desnicher les choüettes[136].
    Dieu soit loué ! nous y voicy !
    Je croy qu’on verroit sans lunettes[137]
    Le bout de l’univers, d’icy.




  2. Ha ! que de nids d’oyseaux farouches !
    Que de Hibous et de Choucas !
    Les gens ne paroissent là-bas
    Pas plus gros que des pieds de mouches :
    Je voy des clochers, des maisons,
    Des habitacles, des cloisons,
    Et des giroüettes sans nombre.
    Qu’icy l’air est à bon marché,
    Et qu’il dort de bestes à l’ombre,
    Lors que le Soleil est couché !




  3. Non, je n’aurois jamais peu croire
    Que Paris eust été si grand ;
    Plus je le voy, il me surprend,
    Par le trou de mon escritoire,
    Rome, Londres, Naples, Madrid,
    Cologne, Gand, Vailladolid,
    Le grand Caire, et Constantinople,
    Près de luy moindres que des bourgs,
    Danseroient en champ de sinople,
    Dans le moindre de ses Fauxbourgs.




  1. Descendons : la teste me tourne,
    Le cœur me manque et la raison ;
    Je tombe à terre en pasmoison,
    Si plus tard icy je sejourne[138] ;
    Mais que je suis un bel-esprit !
    Plust à Dieu que la mort me prist
    En finissant cet epigramme[139] !
    Si je mourois dans ces hauts lieux,
    Mon corps auroit fait pour mon âme
    La moitié du chemin des Cieux.




  2. C’est estre trop bon politique
    En matière de son trespas ;
    Descendons, descendons en bas
    Pour achever nostre Chronique.
    Nous aurons tousjours, sans courir,
    Du temps de reste pour mourir,
    Quand nous aurons fait cet ouvrage ;
    Mais sommes-nous tombez debout ?
    Continuons nostre voyage :
    Bon pied, bon œil, la main fait tout.




    l’horloge du marche neuf.

  3. Nous n’irons pas loing sur la route
    Sans faire fulminer Pasquin,
    Quelle figure de bouquin,
    Nous incague sous cette voûte ?
    C’est un petit diable d’Enfer,
    Qui fait sur des timbres de fer[140]
    Sonner les heures en musique[141].
    Ha ! la plaisante invention !
    Et que le badaut vetatique[142],
    En relève bien l’action !




  1. L’un bat, pour imiter le More[143],
    Sur la clef de g. re. sol. ut,
    Roulant les yeux en chat en rut[144]
    Fait plus laide grimace encore.
    L’autre l’admire en raccourcy :
    Celuy-là dessus celuy-cy
    S’alonge et ricane en Satyre[145] ;
    Cet autre avance un pied de nez,
    Et fait un mufle à faire rire
    Une douzaine de damnez.




    le chastelet[146].

  2. Passons dessus ces bagatelles ;
    C’est trop estre à la Place aux veaux[147],
    Disons des quolibets nouveaux,
    Voicy des sottises nouvelles :
    Bastiment debasti par tout,
    Qui sans pieds se tient tout debout,
    Vieux reste de vieille masure,
    Que six siècles n’ont pas vaincu[148],
    Chastelet, faut-il que tu dure,
    Et que ma maison soit à cu ?




    le pont au change.

  1. Dirons-nous rien, dans nos ïambes,
    De ce Pont, blanc[149] comme un satin,
    Cet enfant qui fait le lutin
    Et ne peut tenir sur ses jambes[150] ?
    Mais va, je suis de ton party :
    Si l’on ne t’a pas bien basty,
    Et si par un malheur estrange,
    On te ravaude tous les jours[151],
    On t’a bien nommé Pont au Change[152],
    Parce que tu change tousjours.




    pont nostre-dame.

  2. Encore un pont, Vierge Marie !
    Je trouve un pont à chaque pas :
    Voicy bien des ponts en un tas[153] !
    Mais qu’est celuy-cy, je vous prie ?
    À le voir sur sa gravité,
    Dessus ses eschasses monté,
    Il feroit la nique aux Dons Sanches[154] ;
    Je croy, sans mesdire de luy,
    Qu’il a son habit de Dimanches,
    Ou qu’il est de nopce aujourd’huy.




  1. Non, je ne croy là rien qui vaille[155] ;
    Ce qui rend ce Seigneur si sot,
    Ce sont ces heros de Calot,
    Dont on a verny la muraille.
    Par mon chef ! vous avez raison,
    Et le Louvre, en comparaison,
    Ne mérite pas qu’on le vante,
    Si les Roys font l’honneur commun ;
    Car il en a plus de soixante,
    Et l’autre à peine en a-t-il un[156] !




    la grève.

  2. Autre sujet de raillerie,
    Autre matière à camouflet ;
    Invoquons d’un coup de sifflet
    Le Démon de la Bernerie :
    À moy, gentil bouffon Momus !
    Je t’enfonce cet Oremus ;
    Voy de bon œil ma pasquinade[157],
    Exauce mes vers et mes vœux :
    Si Pégaze icy retrograde[158],
    C’est à la Grève que j’en veux[159].



  1. [160] Malheureux espace de terre
    Au gibet public consacré,
    Terrain où l’on a massacré
    Cent fois plus d’hommes qu’à la guerre ;
    Certes, Grève, après mainct délict,
    Vous estes, pour mourir un lict
    Bien commode pour les infâmes,
    Car ils n’ont qu’à prendre un batteau,
    Et d’un coup d’aviron leurs âmes
    S’en vont en Paradis par eau.





    l’hostel de ville.

  2. Ridicule cornue copie[161]
    D’une coque de Limaçon,
    Chef-d’œuvre d’un aide à maçon,
    Piloté sur de l’eau croupie ;
    Pile de moeslons tous rongez,
    Les uns sur les autres rangez
    Sans art et sans enchanterie[162].
    Les Rats tiennent chez toy bordel,
    Et tu sens plus l’hostellerie[163],
    Que tu ne parois un Hostel.




    le pont marie.

  3. Un pont encor ! mort de ma vie !
    Ne trouveray-je que des ponts ?
    J’ay, ponts grossiers, je vous responds,
    De vous berner puissante envie[164].
    Hé quoy ! nul icy pitié n’a
    De la pauvrette Sequana,
    Qui crève dessous ces gros piffres[165] ?
    Ha ! je la veux vanger, ma foy,
    Et les escrire en si gros chiffres,
    Qu’ils se ressouviendront de moy.




  1. Pont moitié de bois et de pierre,
    Pont moitié de pierre et de bois[166],
    Qui fait damner tout à la fois
    L’onde, le feu, l’air et la terre ;
    À quoy bon t’a-t-on là planté ?
    Est-ce pour la commodité
    Generale ou particulière ?
    Si tu te laisse, sans tarder[167],
    Tomber toy-mesme en la rivière,
    Comment veux-tu nous en garder ?




    l’isle notre-dame.

  2. Que voy-je là sans callebaces,
    Nager si bien entre deux eaux[168],
    Ou servir d’ancre à ces batteaux,
    Et de sauvegarde aux limaces ?
    Est-ce un banc de sable ? nenny ;
    Est-ce un grand rocher applany ?
    Rien moins ; il n’en a pas la mine.
    Qu’est-ce donc, ou que n’est-ce pas ?
    C’est…, attendez que je devine :
    C’est ce que vous sçaurez là-bas.



les deux bras de seine.

  1. C’est la belle Isle Nostre-Dame,
    Nostre-Dame ! qui l’auroit crû,
    Qu’un si beau bout de terre eust creu
    Dans ce bout de rivière infâme[169] ?
    C’est un tresor en champ moisi,
    Et l’on peut asseurer quasi,
    Supposant du sperme et du crime[170]
    Dans la nayade et les canards[171],
    Que c’est le seul fils légitime,
    Qu’ils ont fait entre deux bastards[172].




  2. Soit dit sans vous en rendre vaine[173],
    C’est assez d’estre dessus vous ;
    On languit ailleurs après nous,
    Faut un peu que je me promeine :
    Gaignons donc sans bruit le Marais[174],
    Et gardons pour là nos bons traits[175] ;
    Car enfin si nous voulions braire[176]
    Sur tout ce qui nous semble fat,
    Le bon Dieu n’auroit rien à faire
    Dans les valons de Josaphat.





    embarras de la confusion de paris.

  3. Mais que d’animaux domestiques,
    Que d’hommes, de chiens et de chats !
    Qu’ils font d’aymables entre-chats[177]
    Au milieu des places publiques !
    Qui seroit le Saint à fester,
    Qui s’empescheroit de pester
    Contre ces ridicules guises[178] ?
    Pour moy, faut que j’en dise un mot[179] :
    Qui ne reprend pas les sottises
    Fait cognoistre qu’il n’est qu’un sot.




  1. Jamais dedans une assemblée
    De deux cent mille combattans[180],
    On ne peut voir en mesme temps[181]
    Tant d’attirail et de meslée :
    Que d’insensez et que de fous !
    Tout est-il sans dessus dessous ?
    De tous costez on me dit Gare[182] !
    Et je ne sçay duquel tourner ;
    Dans cet horrible tintamarre,
    On n’entendroit pas Dieu tonner.





  2. Que d’embarras et que de crottes !
    Je suis pris comme en un clapied,
    Ô ! que de Cavaliers à pied[183]
    Faute de chevaux et de bottes[184] !
    Que ce vieux chartier embourbé[185],
    Et ce meschant cocher garbé[186]
    Parlent de Dieu souvent, et viste !
    Prennent-ils plaisir à cela ?
    Pour faire un tonneau d’eau-beniste,
    Il faudrait bien de ces mots-là.





  1. Quel plaisir de voir dans la ruë
    Ces porteurs aux goussets puants,
    Et ces lacquais aux pieds suants,
    Se promener à pas de gruë !
    Tout est dans l’excez en ce lieu,
    Personne n’y tient le milieu,
    Non pas la pauvre vertu mesme[187],
    Qui pour y vivre en seureté,
    Est contrainte par stratagème
    D’estre dedans l’obscurité[188].




    la crotte de paris.


  2. Juste Ciel ! voilà bien des mouches,
    Et je suis un joly garçon !
    J’en ay dessus mon polisson[189],
    Pour barboüiller cent Scaramouches :
    Ha ! mon habit est tout perdu,
    Et je voudrois qu’il fut pendu
    Ce cocher, ce bougre incurable[190] !
    Surtout, que n’ay-je mon miroir[191] ?
    Moy qui n’ay jamais veu de diable.
    Je serois ravy de me voir[192].




  3. Mais ce ne sont là que des roses,
    En voilà bien d’autres, vrayement !
    J’en ay jusques au fondement,
    En faveur des Metamorphoses[193] ;
    Mes souliers, mes bas, mon manteau,
    Mon colet, mes gands, mon chapeau,
    Sont passez en mesme teinture ;
    Et dans l’estat où je me voy,
    Je me prendrois pour une ordure,
    Si je ne me disois : c’est moy !




  1. Il n’est ordure icy qui tienne,
    Morbieu ! fange d’estron molet,
    Pour satisfaire mon valet,
    Il faut qu’il vous en ressouvienne !
    Elixir d’excremens pourris,
    Maudites crottes de Paris,
    Bran de damnez abominables,
    Matière fécale d’Enfer,
    Noires gringuenaudes du diable[194],
    Le Diable vous puisse estouffer !




    fondation de paris.

  2. À propos de fange et de bouë[195],
    Faisons commemoration
    De l’auguste fondation[196]
    Du village que je bafouë :
    Ce fut avec ce beau mortier.
    Que tous les experts du mestier
    L’ont fait unique en son espèce ;
    Il a beau faire le coquet,
    Son nom de baptesme est Lutèce,
    Et Paris n’est qu’un saubriquet[197].



  1. Ne tirons point de conjectures[198]
    Pour cela contre sa vertu ;
    Les plus fameux Heros n’ont eu,
    Que des naissances très obscures :
    Que sçait-on si peut-estre aussi,
    Dieu ne l’a pas permis ainsi
    Par sa Providence profonde,
    Pour le rendre esgal en esclat
    Au premier animal du monde,
    Qu’il fit de bouë et de crachat[199].




  2. Depuis que nous faisons des nostres,
    Nous avons bien fait du chemin ;
    Nous en aurons jusqu’à demain,
    Si nous ne despeschons les autres.
    Nous voicy dans un bon endroit ;
    À tort et travers, ou à droit[200],
    Que tout passe par l’estamine ;
    N’espargnons ny place, ny lieu,
    N’espargnons Palais, ny cassine,
    N’espargnons ny Diable ny Dieu[201] !




    l’eschelle du temple.


  3. Grâce, grâce, ou misericorde !
    S’en va-t-on pendre icy quelqu’un ?
    Est-ce une eschelle du commun,
    Ou bien une eschelle de corde[202] ?
    Non, c’est une eschelle de bois,
    Où les Templiers autrefois
    Ont confirmé par leur exemple,
    Pour aller au Ciel où vit Job[203],
    Qu’un bout de l’eschelle du Temple[204],
    Vaut toute celle de Jacob.




    place royalle.

  1. Voicy le meilleur de la pièce,
    Et le reste de nostre écu ;
    Faisons-luy sur son chien de cu
    Une caresse d’oncle à nièce :
    Ovalle large et quarré[205],
    Chasteau de carte peinturé,
    Place mille fois regrattée,
    Ne rougis-tu point à nos yeux[206]
    De voir une beste effrontée
    Porter ton maçon dans les Cieux[207] ?




    louis xiii et son cheval.

  2. T’en irois-tu, sans beste vendre ?
    Belle Beste au nom triomphal,
    Petit bastard de Bucephal,
    Qui porte presqu’un Alexandre[208] ;
    Arc-boutant de cailloux polis,
    Que la bise et le vent coulis
    Font rouler autour des balustres ;
    Pied-destal tout estropié[209],
    Je veux, avant qu’il soit trois lustres,
    Voir aller ton Héros à pié.



le jacquemard de saint-paul.

  1. Passons, et d’un crayon fidelle,
    Peignons à la posterité
    Ce Gaudenot[210] emmailloté,
    Qui fait là haut la sentinelle :
    Que les Dames ont mis ton nom,
    Jacquemard, dans un beau renom,
    Et qu’elles ayment à l’entendre !
    Non pas qu’il soit si doux qu’on dit,
    Mais à cause qu’il se peut prendre
    Par metaphore pour un vit.




  2. Une gloire si peu commune
    Brille encor dans un plus beau jour[211] ;
    Si tu chevauches chez l’amour,
    Tu triomphes chez la Fortune ;
    Tu vois tout au dessous de toy,
    Le Dauphin, la Reine, le Roy,
    Et quoy que si mal on t’agence,
    Tu peux te vanter d’estre enfin
    Dans le plus haut poste de France,
    Depuis la mort de Mazarin[212].




    la bastille.

  3. Que voy-je dans ce marescage,
    Digne de curiosité,
    Se tenir sur sa gravité
    En citadelle de village ?
    À quoy sert ce vieux mur dans l’eau ?
    Est-ce un aqueduc, un caveau ?
    Est-ce un reservoir de grenoüilles ?
    Si l’on ne me dit ce que c’est,
    Je m’en vais tant chanter de poüilles,
    Que l’on m’en payera l’interest[213].



  1. C’est la Bastille[214], ce me semble ;
    C’est elle-mesme, par ma foy !
    Ventre-bieu ! voilà bien dequoy
    Faire que tout le monde tremble !
    Qu’a donc de si particulier
    Ce massonnage irresgulier ?
    Est-ce une tour ? en est-ce quatre ?
    Et qui seroit le ciel foireux[215],
    Qui n’eust la force de l’abbatre
    D’une petarade, ou de deux ?




  2. Mais, ma Muse, admirons l’adresse
    De ce Chasteau sans garnison ;
    Il tasche à servir de prison,
    S’il ne sert pas de forteresse[216].
    Sous ce règne et dedans ce jour,
    Pour se mettre bien à la Cour,
    Faut joüer bien son personnage ;
    N’en parlons donc plus d’aujourd’huy :
    S’il est sot, ceux qu’il tient en cage
    Sont encore plus sots que luy.




  3. Nous n’avons plus qu’un pas à faire,
    Pour voir les murs et le fossé[217] ;
    Paris, es-tu si mal chaussé
    Que m’a conté le bruit vulgaire ?
    J’ay tousjours crû que tes habits
    Estoient tout au moins de rubis,
    De diamans et de topases ;
    Je viens pour m’en desabuser,
    Mettre icy quatre belles phrases[218],
    Pour les bien immortaliser[219].



les murailles de paris.

  1. Çà, voyons donc, Cité de merde,
    Si la Renommée a menty,
    Et si c’est l’adverse party
    Qui veut que sa langue te perde.
    Mais que diantre voir en ce lieu ?
    Es-tu faite en despit de Dieu,
    Et pour faire enrager la guerre,
    Ville sans porte et sans portier,
    Avec tes boulevards de verre,
    Et tes murs de terre à potier[220] ?




  2. Oüy, dans tes murs de crotte seiche[221],
    Qui ne me vont pas au nombril,
    Je voudrois d’un coup de fuzil
    Faire quinze toises de bresche ;
    Desjà d’eux-mesmes les créneaux[222],
    Dedans les fossez, en monceaux,
    Sont croulez de vieillesse pure[223] ;
    Et la meilleure de tes tours[224]
    N’attend pour choir en pourriture,
    Qu’une chamade de tambours.




  3. Dans cet estat, tu te fais craindre ;
    Chacun parle en tremblant d’effroy[225] !
    Pauvre Paris, en bonne foy,
    N’es-tu pas un bel homme à peindre ?
    N’es-tu pas, comme on dit icy,
    Un petit monde en raccourcy ?
    Oüy, par les droits de represailles,
    Tu merites ce tiltre-là ;
    Le monde n’a point de murailles,
    Et tu luy ressemble en cela.




    l’arsenal.

  1. N’oublions pas dans ce Registre,
    Ce vaste et grand logis bourgeois ;
    Icy le Jupiter François[226]
    Fait fourbir son foudre sinistre.
    Pourquoy nomme-t-on Arsenal,
    Muse, ce jardin infernal,
    Qui fait la figue à tous nos marbres[227] ?
    Le sujet quadre-t-il au nom ?
    On y compte plus de mil arbres,
    Et l’on n’y voit pas un canon[228].




    montfaucon.

  2. Faisons halte icy par débauche,
    Pour regarder les environs,
    Et par regale censurons
    Ce que je voy là sur la gauche :
    Vieil Gibet demantibulé,
    Par Enguerrand si signalé,
    Piliers maudits que les orfrayes
    Ont pris là pour leur tribunal[229] ;
    Montfaucon[230] avecque tes clayes,
    Tu fais plus de peur que de mal[231].



saint-louis.

  1. Voicy la maison de la peste,
    Ou l’Hostel des pestiferez[232] ;
    Destournons nos yeux egarez
    De dessus cet objet funeste ;
    Je ne puis pourtant en secret
    À ce superbe Lazaret
    M’empescher de donner le reste :
    Pourquoy faut-il, pays foutu[233],
    Donner un Palais à la peste,
    Et laisser pester la vertu ?




    le temple de charenton.

  2. Puisqu’il fait si mauvais sur terre
    Cherchons fortune sur les eaux ;
    Où vont tous ces petits batteaux.
    Font-ils voile pour l’Angleterre ?
    En veulent-ils aux Dunkerquois ?
    Ou sur le lac des Genevois,
    Vont-ils à la chasse aux macreuses[234] ?
    Ou seroit-ce point (que sçait-on ?)[235]
    La flotte des Brebis galeuses,
    Qui vont au presche à Charenton[236] ?




  3. Nous avons trouvé la cachette :
    Elles sont en habit décent,
    Hé ! de grâce, un mot en passant :
    Comment va la boëte à Perrette ?
    Que dit-on du Seigneur Morus[237] ?
    N’évangelisera-t-il plus ?
    Le renvoyez-vous en Hollande ?
    Que l’adage est bien averé[238],
    Lorsque l’on va trop à l’offrande,
    Que l’on fait tomber le Curé !




  1. En effect, belles Reformées,
    Vous l’auriez encore pour Pasteur,
    S’il eut esté moins bon fouteur,
    Et s’il vous avoit moins aymées ;
    Il a fait de si grands efforts
    Pour vos âmes et pour vos corps,
    Qu’il en court des rumeurs mauvaises ;
    Mais quoy qu’on taise ses délits[239],
    Il peut bien prescher dans vos chaises,
    Puis qu’il a couché dans vos lits.




    le chasteau de bissestre.

  2. Revenons dans ce lieu champestre[240],
    Qui nous rit en esloignement :
    Vostre valet, sans compliment !
    Auguste Chasteau de Bissestre[241] ;
    Les Lutins et les Loups-garous
    Reviennent-ils tousjours chez vous[242],
    Faire la nuict leurs diableries ?
    Et les Sorciers de suif graissez,
    N’y traînent-ils plus les voiries,
    Des pendus et des trespassez[243] ?




  1. Ils n’ont garde, les pauvres diables,
    D’y revenir fourrer leurs nez[244],
    Depuis que vous emprisonnez
    Les caimands, et les miserables[245] ;
    Depuis qu’on vous nomme hospital,
    Il n’en est point d’assez brutal,
    Qui l’ait osé choisir pour giste[246] :
    Ô merveilleuse nouveauté !
    Ce qu’on n’a peu par l’eau-beniste,
    On l’a fait par la pauvreté,




  2. Tous vos gros gueux en sont bien aises :
    Jamais ils n’ont eu si bon temps ;
    Ils vivent là gays et contents,
    Comme des Mecenas d’Ephèses[247].
    Pour moy, dans ce paÿs blessé,
    Je croy que tout est renversé :
    Qui vit jamais telles manières
    Dans les autres Estats Royaux ?
    Les Roys sont-ils dans des chaumières,
    Et les gueux dedans des chasteaux[248] ?



le mail.

  1. Mais quel caprice nous transporte
    À la campagne sans besoin ?
    Nous allons chercher Dieu bien loin,
    Et nous l’avons à nostre porte :
    Ce promenoir[249] qui sert de jeu,
    Attend qu’on le caresse un peu ;
    On dit qu’il n’en est pas indigne,
    Et que d’arbres estant revestu[250],
    Il seroit droit comme une ligne,
    S’il estoit un peu moins tortu.




  2. Sur mon âme ! la chose est vraye.
    Où diable avois-je mon esprit ?
    Est-il quelqu’un qui ne le prit
    Pour un petit bois de futaye ?
    Si j’avois un peu de loisir,
    Je voudrois avoir le plaisir
    D’y faire un moment d’exercice ;
    Ce sera, s’il plaist au bon Dieu,
    Pour demain, après le service :
    Il faut tout faire en temps et lieu.




  3. Icy gist le bout de la ville ;
    Allons aux Fauxbourgs maintenant :
    Nous y serons incontinent ;
    Avançons et suivons la file.
    Sans pindariser, passons l’eau :
    Ce Batelier dans ce bateau,
    N’est pas pour enfiler des perles.
    Nous voicy de l’autre costé ;
    Prens ta flutte et chifflons les merles[251],
    Muse, en attendant nouveauté.




    port-royal et jansenistes.

  1. La Chalouppe est bien arrivée
    De la façon que je voy tout ;
    Nous ne tomberons que debout
    Sur quelque nouvelle corvée.
    Cette tannière de Renards[252],
    Qui semble convier nos regards[253],
    A d’abord ce qu’elle pourchasse :
    Les gens qui la font tant priser,
    Font tout avccque tant de grâce,
    Qu’on ne leur en peut refuser[254].




  2. Séminaire de nouveaux cuistres,
    Tous erigez en beaux-esprits,
    Pepinière de cent proscripts,
    Jansenistes ou gens Senistres[255] ;
    Port bien moins royal qu’infernal,
    Port sans lanterne et sans fanal,
    Je ne veux point risquer mon âme
    Sur une mer qui bruit si fort,
    Puis que, quelque Saint qu’on reclame,
    On fait mesme naufrage au port[256].




    le val de grace.

  1. Ce Dôme avec cette Coupelle[257]
    S’eslève bien haut dans les Cieux ;
    Pense-t-il nous crever les yeux,
    Faisant en l’air la girondelle ?
    La Maman de nostre Loüis[258]
    Veut, par des excez inoüis,
    Immortaliser ses sottises[259],
    Et monstrer aux Saints triomphans,
    Qu’elle sçait faire des Églises
    Aussi riches que des enfans.




  2. Qu’elle fasse, il ne m’en chaut guères ;
    Chacun fait ce qu’il veut chez soy ;
    Ce sont les affaires du Roy,
    Et ce ne sont pas nos affaires :
    Qu’elle fasse aller son Couvent
    Jusqu’aux premiers moulins à vent[260] !
    On ne perd point sa renommée
    Dans de si pieuses amours[261] ;
    L’Eglise l’a tousjours aymée,
    Elle la veut aymer tousjours[262].



la rivière des gobelins.

    Ne faisons pas icy le cancre,
    Et passons viste le ruisseau ;
    Est-ce de la bouë ou de l’eau,
    Est-ce de la suye ou de l’encre ?
    Quoy ! c’est là le Sieur Gobelin[263] ?
    Qu’il est sale et qu’il est vilain !
    Je croy que le Diable à peau noire,
    Par regale et par volupté,
    Ayant trop chaud en purgatoire,
    Se vient icy baigner l’esté.




  1. On a beau, vantant l’escarlatte[264],
    Dire qu’auprès des Gobelins,
    Le Tibre avecque trois moulins
    Ne fait que traîner la savatte[265] :
    Qu’on rende si l’on veut le Nil
    En comparaison de luy vil ;
    Pour moy, n’en déplaise à la bière[266],
    Je ne puis estimer ses eaux,
    Ny prendre pour une rivière,
    Un pot de chambre de pourceaux.




  2. N’exposons point nostre fortune
    À ses caprices inconstans[267] ;
    Nous passerions mal nostre temps
    Si son soleil prenoit la lune.
    Gaignons le haut, sans discourir ;
    Rien ne serviroit de courir
    Pour trouver alors un refuge ;
    Nostre esquif seroit eschoué[268] :
    Mais pourquoy craindre le deluge,
    Estant dans l’arche de Noé ?




    l’université.

  1. Quelle estrange Encyclopédie
    De gueux à ceinturons pendans !
    Que de cuistres et de pedans,
    Que de rossignols d’Arcadie,
    Que de grimaux espoussetez,
    Que de philosophes crottez,
    Que de discours à teste verte[269] !
    Je croy qu’en despit du destin
    La Sorbonne a couché ouverte :
    Tous les Asnes parlent latin.




    le collège des jesuistes.

  2. Laschons icy nostre esguillette,
    En memoire de ce Saint fou
    Qui se fit casser le genou
    Pour avoir la jambe bien faite[270] :
    C’estoit un plaisant rossignol
    Que ce Patriarche espagnol ;
    Mais que ses heritiers sont rogues !
    D’où vient qu’estant si triumphans,
    Ils sont devenus Pedagogues[271],
    Et foüetteurs de petits enfans[272] ?



  1. C’est ce que tout le monde explique
    Selon son animosité :
    L’un dit que c’est par vanité,
    L’autre que c’est par politique ;
    Pour moy qui suis sans passion,
    Je juge de cette action
    Avecque plus de preud’hommie,
    Et soustiens plus probablement
    Que c’est par pure sodomie
    [273],
    Et ce n’est pas sans fondement.





  2. [274]Je ne donne point de creance
    À toute sorte de discours ;
    Je sçay que la vertu tousjours
    Est sujette à la mesdisance :
    Qu’on les nomme Assassins des Rois,
    Marchands de bled, meschans François
    [275],
    Et preparateurs d’Antimoine,
    Cela s’excuse sur le champ :
    Si l’habit ne fait pas le moine,
    Le mal ne fait pas le meschant.





    l’eglise et place de sorbonne.

  3. Armand repose en cette place,
    Qui nous regarde de travers ;
    Joignons quelques-uns de nos vers
    À ceux qui rongent sa carcasse[276] :
    Pourquoy fit-il bastir ce lieu[277],
    Moitié pour luy, moitié pour Dieu ?
    Est-ce afin que chacun contemple
    Son bon menage, ou son orgueil ?
    Ou n’est-ce point pour luy le Temple
    Aussi bien comme le cercueil ?




    cadran de la sorbonne.

  1. Je m’en rapporte, en ma migraine,
    À de plus curieux que moy[278] ;
    Ce cadran[279] tout rond que je voy
    Me met bien autrement en peine :
    La lune avec cent contrepoids
    N’y marque qu’une heure en un mois ;
    Ô l’agreable momerie !
    Et ne peut-on pas bien loger[280]
    Dans la mesme categorie,
    Et l’Architecte et l’Horloger ?




    le luxembourg.

  2. Donnons des éloges idoines[281]
    Au noble Palais d’Orleans[282] :
    Colin tampon ! Dieu soit céans,
    Et le Diable chez tous les moines[283] !
    Quand j’admire solidement
    Cet admirable bastiment,
    Qui semble au Louvre faire niche,
    Je dis : Est-il possible enfin,
    Que celle qui t’a fait si riche,
    Soit morte à Cologne de faim[284].



le jet du grand bassin.

  1. Morbleu ! qui n’auroit pas envie
    De rire à ce grotesque objet ?
    Non, je n’ay jamais vu de jet[285]
    Plus extravagant en ma vie :
    Que ce vilain poisson d’airain,
    Dans les bras du monstre marin,
    Fait le fantasque et le farouche !
    Mais Dieu ! qu’ils sont tous deux mal nés !
    Ce que l’un pisse par la bouche,
    L’autre l’avalle par le nez.




    l’abbaye saint-germain.

  2. Dix vers de grâce à l’Abbaye,
    En faveur de l’abbé Pansu ;
    Cet illustre Bougre est issu[286]
    D’une royalle fouterie[287].
    Ces trois Pyramides à jour[288],
    Que je voy là tout à l’entour,
    Me causent bien de la surprise ;
    Au nom de Dieu, pourquoy met-on
    Trois clochers dessus une Eglise ?
    Un cabaret n’a qu’un bouchon !



les petites maisons.

  1. Enfin donc, puisque sans reserve
    Dessus tout nous satyrisons,
    Allons aux Petites Maisons[289]
    Faire un dernier effort de verve :
    Par complaisance ou par pitié,
    Nous luy devons cette amitié
    Dedans nostre melancholie ;
    Car après tout, où pourrions-nous
    Mieux achever nostre folie,
    Que dedans la maison des fous ?




  2. Maison ordinaire et commune
    Des gens privez de sens commun,
    Fameux hospital, où chacun
    Recognoit pour Soleil la Lune ;
    Celèbre Petites Maisons,
    C’est avec de bonnes raisons,
    Que ma Muse te rend hommage ;
    Mon mestier veut cela de moy :
    Il n’est point de Poëte si sage[290],
    Qui ne tremble en parlant de toy !




  3. Pour couronner nostre Satyre
    En homme d’honneur et de bien,
    Disons que nous n’avons dit rien
    Au prix de ce que l’on peut dire ;
    Satisfaisons-nous toutefois,
    Et sans parler du Mal françois[291],
    Sonnons tout de bon la retraite ;
    Quand il s’agiroit de pecher,
    Prudence veut que l’on permette
    Ce qu’on ne sçauroit empescher.




  1. Adieu donc, Ville de village,
    Seigneur Paris en Badaudois[292] !
    J’en diray moins une autre fois,
    Ou bien j’en diray d’avantage :
    Sans boire, c’est assez chanté ;
    J’arrive au terme limité[293],
    Trois vers finissant ce Poëme :
    Qui de trois paye un, reste deux ;
    Adieu, voicy le pénultième,
    Fais le dernier si tu le peux.



  1. Nous avons donné de préférence le texte de l’édition de 1668, mais il est corrigé quelquefois avec l’édition de 1672 (voir Bibliographie).
    Dans la réimpression de 1713, le poème commence par la strophe suivante :
    Jadis Saint-Amant, par caprice.
    Ouvrons les yeux à gauche, à droit,

    Mit Rome en son plus vilain jour ;
    Que tout passe par l’étamine !

    J’en veux à Paris à mon tour :
    N’épargnons ni places ni lieux.

    Muse, ne fais point la Novice ;
    N’épargnons palais ni cuisine,

    Mettons-nous dans un bon endroit,
    N’épargnons ni Diables ni Dieux.


    Cette strophe ne doit pas être de Claude Le Petit ; six vers sur dix se retrouvent en effet dans la strophe LXXXVIII. — Saint-Amant est l’auteur de la Rome ridicule, s. l., 1643.

    Les « Diables » du dernier vers désignent les partisans, les maltotiers et gens de loi, les « Dieux » : le roi, les ministres, et autres grands seigneurs (de Blainville).

  2. P. Lacroix a pensé que les trois derniers vers avaient été altérés par le copiste, il les a rétablis de la sorte : Fais que je puisse un peu baver | Sur celle dont l’effronterie | Ose mesme les Dieux braver.
  3. L’exemple de Claude Le Petit a été suivi par Pierre Le Jolie : Description de la Ville d’Amsterdam en vers burlesques, 1660 ; par le baron de Walef, Les rues de Madrid, 1731 ; Varsovie ridicule d’un auteur inconnu, etc., etc.
  4. Cette galerie fut brûlée en 1661. Paul Lacroix fait observer que le Louvre présentait alors un pêle-mêle confus de bâtiments de toutes les époques : on y voyait une grosse tour de Philippe-Auguste et plusieurs vieilles tours du manoir de Charles V, à côté du palais magnifique commencé sous François Ier et Henri II d’après les plans de Pierre Lescot, continué par Androuet Du Cerceau et par Dupérac, architecte de Charles IX et de Henri IV, et augmenté par Jacques Le Mercier pendant le règne de Louis XIII. Mais aucun travail d’ensemble n’avait été fait encore, quoique projeté plusieurs fois, pour mettre d’accord entre elles toutes les parties du Louvre qui devaient être conservées. C’est dans les dessins d’Israël Silvestre qu’il faut voir l’aspect du Louvre en 1660.
  5. Ces six premières strophes manquent dans la réimpression de 1713.
  6. Var. de 1672 : Ceste aisle est couverte d’ardoise | Cette autre est couverte de plomb | Vois-tu ce pauvre pavillon | Plus court… — 1713 : Louvre, couvert moitié d’ardoise | Et moitié couvert de vieux plomb | D’où vient qu’on voit ce pavillon.
  7. Ce pavillon est sans doute celui qui regardait le quai et avoisinait la galerie dite d’Apollon, moins haut que celui à dôme quadrangulaire qui s’élève au-dessus de l’aile de l’ouest (A. Bonnardot). — En 1660 ou 1661, la construction de la grande façade n’était pas encore commencée, d’après les plans de Claude Perrault (P. L.)
  8. Parce que la Cour n’y demeure plus, comme elle faisoit sous les autres rois de France (de Bl.).
  9. Var. de 1713 : Muse, voi comme ils se démènent.
  10. Id. 1672 : Qui débitent de la nouvelle. — 1713 : Qui débitent là la nouvelle.
  11. Il est défendu, sous de très rigoureuses peines, de se quereller dans les Maisons royales : y tirer l’épée est un crime capital, et le Roi fait exécuter ses Édits avec trop de rigueur, pour que quelqu’un ose y contrevenir. Il n’a jamais pardonné à aucun qui se soit battu en duel, de quelque qualité ou condition qu’il pût être ; et c’est à cela que le poète fait allusion (de Bl.).
  12. Variante Tableau Richelieu-Mazarin : Qu’ils ont des Croix… — Paul Lacroix suppose que cette strophe fait allusion à la grande création de soixante-deux chevaliers du Saint-Esprit en 1661.
  13. Var. de 1672 : Gagner la porte de derrière.
  14. Var. de 1672 : Il est Fils aisné de l’Église | Et le Pape est de ses parens. — 1713 : Avec luy point de différent | … | Le Cardinal est son parent.
  15. Var. de 1672 : Nos raisons seroient inutiles.
  16. Claude Le Petit, dans cette strophe et dans la précédente, suivant Paul Lacroix, semble vouloir dire que le jeune roi avait des habitudes honteuses, conformes aux goûts italiens du Cardinal. Il ajoute : « c’est probablement une calomnie, mais on voit qu’elle avait cours dans le monde, et il faut la rapporter plus ou moins directement à la fameuse anecdote du bain, racontée
    dans les Mémoires de La Porte, valet de chambre de Louis XIV. » Si Paul Lacroix a raison, la variante (note 5. p. 116) de 1672 serait justifiée. Nous croyons cependant que Claude Le Petit n’a pas eu une telle audace, et si les juges de 1662 avaient eu l’esprit aussi délié que le commentateur de 1859, il leur était véritablement difficile d’absoudre le poète !
  17. Le pavillon de l’Horloge, bâti par Jacques Le Mercier, architecte de Louis XIII, et décoré de sculptures par Sarrasin, renfermait la chapelle (P. L.).
    Le Panthéon, bâti par Agrippa, gendre d’Auguste, est appelé a Rome la Rotonde, à cause de sa figure ronde ; c’est le monument antique le plus entier que l’on y voie (de Bl.).
  18. Var. de 1672 et 1713 : Dire que Dieu n’est pas chrestien.
  19. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Ne narguons la caze du Roy. — 1713 : Mais poursuivons nostre saillie | Sans narguer la caze du Roy.
  20. Il y a là une botte aux Italiens sur le mot de Rotonde (de Bl.). — P. Lacroix ajoute la botte aux Italiens concerne la morale et non l’architecture ; ensuite il se livre à une violente attaque contre les mœurs publiques sous Louis XIV. Il cite à l’appui le roman de Francion, 1622, et la France devenue italienne (à la suite de l’Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin), puis une lettre du comte de Pontchartrain au lieutenant de police du 2 novembre 1701 ; P. Lacroix n’a pas dépassé cette date ! Quoi qu’il en soit, il est douteux que sa vertueuse indignation — si elle est fondée — ait été partagée par Claude Le Petit, qui, en fait de libertinage, était l’homme de France le moins susceptible de se scandaliser.
  21. Après la Fronde, les loyers des maisons avaient été augmentés par les propriétaires à ce point que le Parlement dut intervenir pour arrêter cette hausse progressive qui menaçait de compromettre la paix et la prospérité publique (P. L.).
  22. Var. de 1672 : Et tel est peut estre en prison.
  23. Id. : En partant d’un trait si soudain. — 1713 : Par un trait trop brusque et soudain.
  24. Var. de 1672 : Qu’il est beau, qu’il est bien ouvré. — 1713 : Qu’il est beau, qu’il est bien œuvré.
  25. Du vieux Louvre et du Palais-Royal où logeoit autrefois la Cour (de Bl.).
  26. Var. de 1672 et 1713 : Est-ce la mode en cette cour (rimant avec le Fauxbourg). — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Est-ce la mode dans ces jours.
  27. Le jardin des Tuileries, bien différent de ce qu’il est aujourd’hui, n’avait pas une étendue aussi considérable et se trouvait séparé du château de Catherine de Médicis par une rue qui régnait le long du palais et venait aboutir près du Pont-Royal. Il avait été, dans l’origine, orné de fontaines, de statues et de rocailles, par Bernard de Palissy ; mais il était alors fort négligé, quoi qu’on y vît encore un étang, une volière, une orangerie, des parterres, un écho et un labyrinthe. Le roi n’y venait jamais, et l’on ne se souciait pas de faire des dépenses pour ce jardin abandonné (P. L.). — Voyez l’œuvre de Silveslre, p. 94, 98, 177 et 179 de son catalogue.
  28. Var. de 1672 : Soit ou non…
  29. Id. Et si ces prés avaient des fleurs | Leurs fontaines un peu d’eau claire.
  30. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Hippodrome de Pantagruel. — Le manège du roi, qui a subsisté jusqu’à la révolution, occupait l’extrémité nord de la cour actuelle des Tuileries. Louis XIV est souvent désigné sous le nom de Pantagruel dans les écrits satiriques du temps (P. L.).
  31. Elle fut nommée ainsi à cause du Carrousel qui s’y fit pour la naissance du Dauphin (de Bl.).
  32. Var. de 1672 : Quoy qu’on en dise, le voilà. — 1713 : Quoy qu’on en dise, vous voilà.
  33. Var. de 1668 : Vous feroit mieux que celuy-là. — 1672 : Te siéroit mieux que celuy-là.
  34. La Grande Écurie était située entre la rue Saint-Honoré et l’emplacement actuel de la rue des Pyramides (P. L.).
  35. Type proverbial de la petite bourgeoise bavarde et curieuse, mise en scène dans une comédie de Discret (1637) (P. L.).
  36. Les manières des François paroissent un peu trop libres aux autres nations, surtout aux Italiens, qui les appellent, à cause de cela : Matti da Cavallo et Mezzo-Matti (de Bl.).
  37. Louis IX, entre deux croisades, fonda les Quinze-Vingts pour trois cents pauvres aveugles.
  38. C’est par saubriquet le cardinal de Richelieu (ote de l’édition de 1668).
  39. Dessus la porte du Palais-Royal sont les armes du cardinal de Richelieu qui le fit bâtir, c’est-à-dire trois chevrons avec un chapeau de cardinal, et plus bas on voit encore une fois ce chapeau avec ce chiffre A. R. (de Bl.).
  40. Allusion au siège de La Rochelle où Richelieu commandoit. Le Cardinal fit la charge d’Amiral, et, lorsqu’il fallut faire lever le siège de Cazal, il se fit déclarer Lieutenant général de là les Monts. On voit, dans les murailles de ce Palais, des figures d’ancres et de proues de navires… (de Bl.)
  41. Le Palais Cardinal qui a depuis changé d’aspect avait été construit par Jacques Le Mercier sans aucun plan d’ensemble et présentait du côté de la rue Saint-Honoré une façade irrégulière et mesquine (P. L).

    Var. de 1672 : Et la maison ? c’est bien dommage.
  42. Var. de 1672 : Dieu vous gard de mal encontre.
  43. Présentement renversée et à la place il y a de grands hôtels (Tabl. Rich.-Maz., 1693). — Cinq ans après le supplice de Claude Le Petit, la butte Saint-Roch fut abaissée par arrêt du 15 septembre 1667 (A. B.).
  44. Elle avait été formée de gravois et d’immondices (P. L).
  45. Ce vers a été pris dans l’édition de 1672 ; celui de 1668 : Dans les sables et dans les champs, ne concorde pas avec le sens de la strophe précédente, il y a là une erreur du copiste.
  46. Pendant les guerres de Paris, les frondeurs et autres ennemis du Cardinal l’accusoient d’avoir envoyé en Italie plusieurs mulets chargés d’or et d’argent (de Bl.).
  47. Var. de 1713 : Porta celuy de Mareschal.
  48. Id. 1672 : Ou l’art fait en cette manière | Je ne m’estonne plus de rien.
  49. Var. de 1672, Tabl. Rich.-Maz., 1693 : N’est-il pas un Italien.
  50. Il était situé dans la rue Françoise (P. L.).
  51. Var. de 1672 : D’intrigue avec douze cocus. — La plupart des comédiens et des comédiennes se mariaient entre eux.
  52. La plupart des théâtres, à cette époque, avaient été des jeux de paume et pouvaient être rendus à cet usage (P. L.).
  53. Le prix d’entrée au parterre était de quinze sols (P. L.).
  54. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Que l’on ayt jamais vû rimeur.
  55. Id. de 1672 : Pour loüer cette Foire immonde.
  56. Id. : Le Diable ne m’entendroit pas. — 1713 : Dieu même ne m’entendrait pas.
  57. Vieux chapeaux à vendre ! Les vendeuses de ce quartier sont assez connues sous le nom de Haraugères des Halles (de Bl.).
  58. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : L’on n’entend rien, l’on se confond.
  59. Id. de 1672 : A-t-on jamais rien veu de tel | Puisqu’on trouve icy, c’est tout dire.
  60. Var. de 1668 : Tous ces petits throsnes d’estoile.
  61. Id. : Que de laques et de baquets ? | Et que de barques à dos d’arche. — 1672 : Que de boëttes, que de bouquets, | Que de huttes, que de baquets, | Que de barriques… — 1693 : Que de cercles et de paquets, | Que de caques et de baquets, | Que de barrates à dos d’Arche.
  62. Ce quartier étoit autrefois fort fréquenté par les filous, qui y coupèrent bien des bourses (de Bl.).
  63. Var. de 1672 : Mais on y vient pour achepter. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : On n’y vient que pour acheter.
  64. Var. de 1672 : Sur ce beau bâtiment pourry.
  65. Id. : Et par un grand malheur pour luy | L’ayant privé de son office | On ne la fait plus aujourd’huy. — Les exécutions au pilori des Halles n’étaient plus aussi fréquentes qu’autrefois, mais on y voyait encore, de temps à autre, exposer et pilorier des banqueroutiers, des vendeurs à faux poids, des blasphémateurs, des courtiers de débauche et surtout des maquerelles, qu’on y conduisait assises à rebours sur un âne et qu’on fustigeait publiquement (P. L.).
  66. Var. de 1672 : Tandis que j’ay la veine rogue.
  67. Id. : Voicy d’Enfer le raccourcy.
  68. Var. Tabl.-Maz., 1693 : Seigneurs Juifs christianisez.
  69. Var. de 1672 : Ne leur donnons point tant d’amorce | Muses, politiquons par tout | Quand on pousse les gens à bout | Leur desespoir se tourne en force, | Allons-nous-en sans parler d’eux | Laissons les modernes Hébreux… — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : (Il fait mauvais se prendre à eux). — 1713 : Sans aller déclamer contre eux.
  70. Par l’ordonnance du pape Paul IV, les Juifs n’y ont aucun négoce que celui des vieilles hardes, comme les frippiers à Paris. Les uns et les autres sont renfermés dans un certain quartier, qu’on appelle à Rome : Il Ghetto et à Paris : la Fripperie (de Bl.).
  71. Var. de 1713 : N’insultons personne en ce lieu.
  72. Id. 1672 : Voilà grande mortalité | Quatre mots de moralité : | Puisque pour une bagatelle | On se donne tant de soucy.
  73. Var. de 1713 : Ne sont pas dans cet endroit-cy.
  74. Les Charniers, qu’on appelait aussi galetas, formaient une galerie voûtée, basse et humide ; ces arcades gothiques, ouvertes du côté du cimetière, avaient été ouvertes successivement vers la fin du xive siècle, aux frais de quelques personnes pieuses, entre autres le maréchal de Boucicaut et Nicolas Flamel. Cette galerie, percée de tombeaux, tapissée d’épitaphes, était encombrée d’échoppes de lingères, de modistes, de marchands d’estampes et d’écrivains publics (P. L.).
  75. Var. de 1672 : Nous trouverons des loix contraires.
  76. L’auteur parle dos tailles-douces, et autres sortes de papier qu’on y vend, surtout des Portraits de la famille royale et autres personnes de la première qualité (de Bl.).
  77. Var. de 1672 : Que les cy-gist ont l’air transy.
  78. Id. : Que de tombes, que de dessins.
  79. Var. de 1672 : Tant de vanitez en peinture.
  80. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Qui sont vérités en effet.
  81. Id. : Si de chaque homme on voit l’image.
  82. Var. de 1672 : Chaque couvent a son tableau.
  83. Id. : Et l’Enfer tout étincelant | On y trouve enfin la mort mesme.
  84. La Monnaie, en 1672 (voir le plan de Bullet et Blondel), était encore située dans la rue de ce nom. Son entrée principale faisait place à la rue Baillet. Sa façade se composait d’un rang de quatre pignons, d’apparence gothique (A. B.).
  85. Var. de 1672 : Est-il possible, ô bon Dieu ! | Qu’on fasse des choses si belles | Dedans un si infâme lieu. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Sans cesse dans ce vilain lieu ? — 1713 : Dans un si détestable lieu. Il entend des Louis d’Or, des Écus et autres belles pièces de monnaie qu’on y frappe (de Bl.).
  86. Qui est au commencement des livres alphabétiques des enfans (de Bl.).
  87. Cette croix avait donné son nom au carrefour de la rue de l’Arbre-Sec. Elle est appelée dans les anciens titres : Traihouer, Traihoir, Trihouer, Tyroer, Tiroye, etc. La meilleure étymologie parait être celle de trahere, qui peut se rapporter également à un marché et à un lieu de supplice, mais la plupart des historiens, contemporains de la reine Brunehaut, font mourir cette malheureuse reine en Bourgogne et non à Paris, attachée à la queue d’un cheval fougueux… (P. L). — Dans le blason, on distingue les Croix, selon la figure dont elles sont. Celle du Tiroir, qui est de pierre de taille, engagée dans la muraille d’un des coins de ce carrefour, est de la figure dont on représente ordinairement celle de N.-S. J.-C. (de Bl.).
  88. Var. de 1672 : Sçavez-vous bien pourquoy, badauts ? — C’est le saubriquet des Parisiens (de Bl.).
  89. Brunehaut ou Brunehilde, femme de Sigebert Ier et mère de Childebert II, rois d’Austrasie. Elle fut régente pendant la minorité de son fils, et ensuite pendant celle de ses fils, et causa bien des maux dans le royaume d’Austrasie, lequel ayant été réuni à la Couronne de France sous le règne de Clotaire II, celui-ci l’accusa d’avoir fait mourir dix princes du sang. Elle fut condamnée d’être tuée à quatre chevaux dans cette place, appelée pour cela, du Tiroir, ce qui fut exécuté vers l’an 614 (de Bl.).
  90. Commencé en 1578, sur les plans d’Androuet du Cerceau et terminé seulement en 1604 sous la direction de Guillaume Marchand (P. L.).
  91. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : D’un bon régal de nerf de bœuf.
  92. Le Pont-Neuf était le rendez-vous des filous pendant le jour et des tireurs de laine pendant la nuit. On appelait proverbialement les coupeurs de bourse, avant-coureurs du Pont-Neuf et officiers du Pont-Neuf (P. L.).
  93. Var. de 1672 : Menu comme un vieux soufflet d’orgue. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Pont en cent endroits rajusté | Tout ainsi qu’un vieux soufflet d’orgue. — Ce passage, dit Paul Lacroix, nous apprend que le Pont-Neuf avait déjà subi de nombreuses réparations et que ses voûtes mal jointes ne semblaient pas annoncer qu’il dût résister si longtemps aux inondations.
  94. Var. de 1672 : Cent ruisseaux dans vostre rivière | Et plus de trous que de pavez ?
  95. Var. de 1672 : Pont tout boueux, pont tout tortu | Rengaignez un peu la bravoure… — Le Pont-Neuf quand on le regarde venant des Tuileries, partagé par la pointe de l’île du Palais, paraît tout de travers (de Bl.).
  96. La Samaritaine qui a subsisté jusqu’en 1815, était une machine hydraulique construite sous le règne de Henri III et attachée à la seconde arche du Pont-Neuf, du côté du Louvre : la façade de ce petit édifice, surmonté d’un carillon, avait pour décoration un groupe de deux figures représentant Jésus-Christ et la Samaritaine auprès du puits Jacob, d’où jaillissait une fontaine (P. L.).
  97. Var. de 1672 : Mais celle qui tend son vaisseau | Fairoit icy un beau miracle | S’il changeoit… — Tabl. Rich.-Maz. 1693 : Mais Dieu qui remplit ce vaisseau | Feroit bien un plus beau miracle | S’il changeoit… — 1713 : Devroit demander pour miracle | Que Dieu changeât son vin en eau. — La Seine fait tourner des roues, qui, par le moyen d’une pompe, fait monter l’eau de la rivière dans le bassin (de Bl).
  98. L’ancienne statue équestre de Henri IV, qui fut renversée et fondue pendant la Révolution, était connue dans le peuple sous le nom du Cheval de Bronze… (P. L.).
  99. Var. de 1672 : Cube environné de magots | Refrognez en…
  100. Id. Bayard de tous les environs.
  101. Cette statue équestre de Henri IV fut faite à Florence par ordre de Ferdinand et Cosme II, grands-ducs de Toscane, et érigée à Paris en 1635 par ordre de Louis XIII, avec cette orgueilleuse inscription pour le cardinal de Richelieu : Richelieu C. Vir supra titulos et consilia omnium retro Principum opus absolvendum censuit (de Bl.). — Le cheval, travail de Jean de Bologne, passait alors, malgré sa lourdeur et ses proportions exagérées, pour un ouvrage d’art, bien supérieur à la figure de Henri IV, exécutée par un sculpteur français nommé Dupré. Aux quatre coins du piédestal, on voyait quatre statues de bronze représentant des esclaves enchaînés (P. L.).
  102. Var. de 1672 : Tu n’es pourtant rien qu’un cheval.
  103. Id. : Vieux soldat califourchonné. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Il faut pourtant que je te raille | Vieux sire…
  104. Ce monument fut bien érigé par ordre de Louis XIII, mais ce fut au nom du public, comme le dit un passage des inscriptions qu’on y voyoit… (de Bl.).
  105. Var. de 1672 : De t’avoir mis dans un privé. — Nonobstant la balustrade de fer qui est tout autour de cette statue pour en défendre l’approche, tout cet espace est toujours rempli d’ordures (de Bl.).
  106. Var. de 1672 : Ma chère Seine, Nayade tendre.
  107. Var. de 1672 : Planches au lieu de poutres.
  108. Id. : Morbleu, sur trois aix de sapin.
  109. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Vous que l’on dit la mal nommée.
  110. Id. Et dans qui s’en vont dégorger.
  111. Var. de 1672 : Du flux de quatre chaudes-pisses.
  112. Id. : Les Marionettes dit le Château Gaillard. — Le plan de Gomboust (1652) désigne le Chasteau gaillard. Sur le plan de Bullet (1672), on voit à la place qu’il occupait, l’abreuvoir Guénégaud, modifié depuis quelques années. La grande perspective du Pont-Neuf de La Belle (1646) offre une représentation de ce petit bâtiment de pierre, flanqué au nord d’une tourelle en encorbellement. Je n’en connais aucune autre vue (A. B.).
    Maison toute seule au bout du Pont-Neuf, du côté du boulevard Saint-Germain. Elle fut abattue, et on y a fait à la place une arcade au-dessus de l’abreuvoir. Brioché y jouait autrefois les Marionnettes (Tabl. Rich.-Maz., 1693).
  113. Var. de 1672 : Pourquoy ce triangle dedans | Paris, c’est qu’entre les fabriques…
  114. Il y a, sur le quai des Morfondus, qui fait un des côtés de ce triangle, quantité de vendeurs d’instruments de Mathématiques, de Lunettes d’approche, de cartes géographiques, de plans de forteresses, etc., etc. Comme il n’y a pas fort grande presse dans leurs boutiques, on a appelé ce quai, le quai des Morfondus (de Bl.).
  115. L’ancien clocher de la Sainte-Chapelle, qu’on regardait comme une merveille de l’art, avait été détruit par un incendie en 1630. Celui qu’on reconstruisit alors, et dont Claude le Petit parle ici, avec assez peu d’estime, fut démoli à l’époque de la Révolution, parce qu’il menaçait ruine (P. L.).
  116. Var. de 1672 : D’estre comme il est sans pareil.
  117. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donnait : Et l’autre regarde au visage ; var. ms. : En se regardant au visage.
  118. Var. de 1672 : Comptons ces degrez en trois sauts. — Les degrez, c’est le grand escalier par lequel on monte au Palais et auprès duquel il se trouve toujours beaucoup de monde qui s’attroupe pour la moindre bagatelle (de Bl.).
  119. Note de 1668 : Les badauts qui s’assemblent à l’enlour d’un homme aussitost qu’il s’arreste en quelque lieu.
  120. Var. de 1672 : Que d’étiquettes sur ces tables.
  121. Ce n’est pas seulement en France qu’on se plaint de l’éternité des procès. Il en est de même presque par toute l’Europe, surtout en Angleterre dans la Chancellerie. Il n’y a qu’en Danemarck où les procès ne durent qu’un an, quoi qu’en ait voulu dire le malin auteur de l’Estat du Danemarc (de Bl).
  122. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Themis, Messieurs les Chicanneurs | Prends icy plaisir, beaux plaideurs.
  123. L’auteur entend par épice, les droits qu’on paie au juge et qu’on appelle Épices. Ce n’étoit autrefois que des dragées, mais on les a converties en argent (de Bl.).
  124. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Vous l’amusez comme un enfant.
  125. La robe rouge était portée par les conseillers au Parlement, ceux des autres chambres portaient la robe noire.
  126. Var. de 1713 : Vous croiez que vous nous bravez.
  127. Id. 1668 : Hélas, la plus…
  128. Var. de 1672 : C’est pour trop faire le Caton | Bannissons la mélancolie.
  129. Israël Silvestre a dessiné et gravé, vers 1655. une vue de l’Hôtel-Dieu et de Notre-Dame de Paris. On lit ces quatre vers, au bas de cette estampe : D’un costé vous voyez l’édifice admirable | Où la Mère de Dieu reçoit nostre oraison | Plus loin, vous descouvrez l’Hospital charitable | Où les membres de Dieu cherchent leur guérison (P. L.).
  130. Var. ms. : L’Arche de Noé, tout revenu.
  131. C’est le texte, pour ce vers, de 1672 ; l’éd. de 1668 donne : Ce n’est qu’une peine cecy.
  132. Var. de 1672 : Ce monstre à jambe d’éléphant | Qui porte ce petit enfant | Mériteroit cent broquenolles. — Allusion à la statue de Saint-Christophle dressée contre le premier pillier de Nostre-Dame (note du Tabl. Rich.-Maz., 1693).
  133. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : J’aurois toûjours dessus mon âme. — 1713 : J’auray tousjours au fond de l’âme.
  134. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Montons sur les tours Nôtre-Dame. — 1713 : Montons les tours de Notre-Dame. Il y a près de quatre cens degrés à monter, avant qu’on soit parvenu au haut de ces tours. On y a une très belle vue de Paris et de ses environs. Paris est la plus grande ville de l’Europe après Londres… : mais Paris est plus peuplé… (de Bl.).
  135. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1672 : Nous voilà déjà presqu’en haut.
  136. C’est le vers de 1672 ; 1668 donnait : Faisons dénicher ces choüettes.
  137. Var. de 1672 : Je crois qu’on peut voir sans lunettes. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Je crois que l’on voit sans lunettes.
  138. Var. de 1672 : Je vay tomber en pamoison | Si, plus tard, d’ici je retourne.
  139. Var. de 1672 : Faisant icy cette épigramme.
  140. Id. : Qui fait dans ce cadran de fer.
  141. Joignant la Boucherie est un petit horloge artificiel, qui, par le moyen de certaines petites sonnettes, joue quelques hymnes et autres airs. Sept ou huit personnages de relief passent, à mesure que les clochettes sonnent, et le dernier ferme la porte. Deux autres figures, qui sont aux deux côtés du petit timbre, frappent les heures avec un marteau. Les badauds s’arrêtent souvent pour entendre la sonnerie (de Bl.).
  142. Var. de 1672 : Et que le badaut extatique. — Qui va et vient. On disait vet pour va, à la troisième personne du présent de l’indicatif du verbe aller.
  143. Var. de 1672 : Là l’un pour imiter le More.
  144. C’est le texte de 1672 ; 1668 donne : Roüillant les yeux en chatte en rut.
  145. Var. de 1672 : S’allonge et raccource en Satyre. — 1713 : S’allonge comme un vrai Satire.
  146. Israël Silvestre a dessiné et gravé, avant 1655, une vue du Grand Chatelet de Paris qui a subsisté jusqu’à la Révolution (P. L.).
  147. La place aux Veaux, où se tenait le marché aux Veaux avant que ce marché eût été transféré sur le quai des Ormes, en 1646, était autrefois dans la partie la plus large de la rue, dite de la Vieille place aux Veaux, qui commençait à la rue Planche-Milrai et aboutissait en retour à la rue Saint-Jacques la Boucherie, derrière le Chatelet (P. L.).
  148. On rapporte communément l’origine du Chatelet et de sa juridiction au temps des premiers Rois de la troisième race, c’est-à-dire vers l’an mil après la naissance de N.-S. J.-C, mais il y en a qui font le Chatelet plus ancien, et qui croient que l’empereur Julien, surnommé l’Apostat, y résida au temps qu’il étoit dans les Gaules (de Bl.).
  149. Le Pont au Change, incendié en 1639, avait été rebâti et couvert de maisons comme auparavant (P. L.). — Du côté du Pont-Neuf, le Pont au Change paroît tout blanc (de Bl.).
  150. C’est le vers de 1672 ; 1668 donne : Et ne peut servir sur ses jambes. — Les débordemens de la Seine l’ont fait tomber plus d’une fois. Il n’est que sur des pilotis, quoique revêtus de pierre ; mais, de peur d’accident, ceux qui habitent les maisons qui sont sur ce pont, déménagent toutes les fois que la Seine s’enfle (de Bl.).
  151. Var. de 1672 : On te raccommode tousjours | … | Puisque tu changes tous les jours.
  152. On le nommoit autrefois le Grand Pont, mais depuis que les Rois eurent établi la Maison de Change qui donne sur ce pont, il a changé de nom (Bl.).
    — Cl. Le Petit semble faire ici allusion au pont, incendié en 1621, qui était
    de bois. Celui achevé de son temps, en 1647, et encore subsistant, fut si solidement construit, que ce qu’il en dit est une plaisanterie… (A. B.).
  153. Il y avoit à Paris neuf ponts, dont six donnoient entrée dans l’île du Palais (de Bl).
  154. Var. de 1672 : Il feroit la nique à Dom Sanche… | Qu’il a son habit de dimanche. — Allusion à la comédie héroïque de P. Corneille : Dom Sanche d’Aragon jouée en 1651 (P. L.).
  155. Var. de 1672 : Mais non, je ne voy rien qui vaille. — Cette strophe nous apprend que la façade des maisons du Pont Notre-Dame était peinte et qu’on y voyait représentés plus de soixante-dix Rois (P. L.).
  156. Var. de 1672 : Et le Louvre n’en loge qu’un.
  157. Id. : Voi de bon cœur ma pasquinade.
  158. Id. : Si j’ay Pégazé rétrograde.
  159. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : C’est à la Grève à qui j’en veux. — Pour se rendre compte de l’aspect de la place de Grève à cette époque, il faut avoir sous les yeux la vue qu’Israël Sylvestre en a faite avant 1655, prise à l’entrée de la rue du Mouton, en face Notre-Dame (P. L.).
  160. En tête de cette strophe, on lit dans l’édition de 1748 : Petit ne croioit pas de finir ses jours dans ce lieu d’infamie ; c’est pourtant ce qui est arrivé, pour avoir fait des vers Impies contre la Sainte Vierge.
  161. Var. de 1672 : Ridicule et franche copie.
  162. Id. : Pile de moeslons arrangez | Sans art comme sans symétrie | Qui t’a donc ainsi mal rangé.
  163. Var. de 1672 : Et tu sers plus d’hostellerie. — La Ville avait accoutumé d’y traiter le roi et sa cour à certains jours de solennité ; mais depuis que le Roi ne vient plus à Paris, cela arrive fort rarement. Il y alla néanmoins après sa dernière maladie en 1687, sur quoi on lui a érigé une statue dans la Cour de cet Hôtel et frappé une médaille (de Bl.).
  164. Var. de 1672 : J’ay, pont grossier, je vous réponds | De vous berner très grande envie.
  165. Var. de 1672 : Qui crève dessous… — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Qui crève sous ces vilains pifres.
  166. Var. de 1672 : Pont moitié de terre et de bois. — Il y avoit autrefois des maisons, de l’un et de l’autre côté de ce pont ; mais en 1657, la moitié du pont et des maisons tombèrent dans la rivière. On a donc laissé celle qui étoit restée, et on a refait l’autre moitié du pont, mais de bois ; c’est ce que l’auteur critique ici. On l’appelle Pont-Marie, du nom de l’entrepreneur Christopfle Marie, qui le bâtit en 1614 (de Bl.).
  167. Var. de 1672 : Si tu te laisse sans t’ayder.
  168. La vue de l’île Notre-Dame est très-belle, surtout le soir quand les lanternes sont allumées et qu’on vient du côté de la Grève ; cette illumination et l’eau qui l’environne sont un très-beau spectacle… (de Bl.).
  169. L’île de Notre-Dame étoit inhabitée, jusqu’à ce qu’on la cédât à l’entrepreneur du Pont-Marie pour les frais du pont, il en vendit les places à bâtir, aux particuliers (de Bl.).
  170. Var. de 1713 : Sans même trop taxer de crime…
  171. Id. 1672 : Dans la nayade et ses boyards. — 1713 : Et la Nayade et ses Boyards.
  172. Var. de 1672 : Qu’ils ont fait entre cent bastards.
  173. Var. de 1672 : L’on dit sans…
  174. Le Marais était, à cette époque, le quartier de l’aristocratie et de la belle compagnie (P. L.).
  175. Var. de 1672 : Et gardons pour lui tous nos traits.
  176. Ce vers est celui du Tabl. Rich.-Maz., 1693 ; 1668 donne : Car enfin si nous voulions croire.
  177. Var. de 1672 : Que l’on voit courir au pourchas.
  178. Façons, manières de faire.
  179. Var. de 1672 : Pour moy, je veux en dire un mot.
  180. On fait monter le nombre des habitants de Paris à huit cent mille. Autrefois on parloit d’un million ; mais on compte que pendant la dernière guerre et la grande famine, il en sorti ou péri la quatrième partie (de Bl.).
  181. Var. de 1713. : On n’aperçut en même temps.
  182. Les Porteurs de Chaises et les Cochers crient ainsi, pour avertir les passans de se retirer, afin de n’être point renversés, ou foulés aux pieds des chevaux ; ce qui ne laisse pas néanmoins d’arriver assez souvent dans cette grande ville (de Bl.).
  183. Var. de 1713 : Ô ! que de fanfarons à pied !
  184. Ces deux vers semblent une réminiscence du début de la satyre de Claude Desternod : L’ambition de certains courtisans nouveaux venus : De tant de cavaliers qui vont avec des bottes.
  185. Il est passé en proverbe de dire : Il jure comme un charetier embourbé (de Bl.).
  186. Ce vers est de 1672 ; 1668 donne : Et ce cocher masqué au bé que Paul Lacroix a commenté par la note suivante : « Ce vers rappelle celui de Ververt, par Gresset : Les F et les B voltigeaient sur son bec. » — Var. Rich.-Maz., 1693 : Et ce jeune cocher garbé.
  187. Var. de 1672 : On n’y connoit Diable ny Dieu | Et non pas la pauvreté même.
  188. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : D’estre dedans l’extrémité. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : D’être dedans l’Eternité.
  189. Var. de 1672 : J’en ay dessus mon pélisson.
  190. Id. : Ce cocher, ce peste incurable.
  191. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Mon Dieu, que n’ay-je mon miroir ? — 1713 : Pourquoi n’ay-je point mon miroir ?
  192. Var. de 1672 : Je prendrois plaisir à me voir.
  193. Id. : Quoy ! sont-ce des Métamorphoses ?
  194. Ce texte pour ces 3 vers est celui de 1672 ; 1668 donne : Brain de damnez abominables | Noire fécalle de l’Enfer | Noire gringuenaude du diable. — Gringuenaudes : Reste de merde, qui s’attache au poil du fondement (Tabl. Rich.-Maz., 1693).
  195. Var. de 1713 : Je veux commencer par la boue.
  196. L’origine de Paris est presque aussi bourrue que celle de Rome. Du temps que les Romains entrèrent dans les Gaules, Paris étoit une ville considérable connue sous le nom de Lutetiæ Parisiorum… L’île du Palais, qu’on nomme la Cité, est la véritable ancienne Lutetia. C’est le quartier le plus bas et le plus bourbeux de tout Paris (de Bl.).
  197. Surnom injurié tiré de quelques deffauts personnels (Tabl. Rich.-Maz., 1693).
  198. Var. de 1672 : N’en tirons point de conjectures.
  199. L’auteur entend l’Homme, que Dieu fit d’une motte de terre et qui fut le premier Animal de la création. Au reste, les Parisiens croyent que leur ville est la première, non seulement de l’Europe, mais de toute la terre. Ils ont toujours dans la bouche, qu’il n’y a qu’un Paris au monde et qu’il n’est hors de Paris point de salut pour les honnêtes gens. On ne peut pas nier que Paris ne soit un séjour très agréable, mais il faut être véritablement Badaud, pour s’imaginer qu’on ne puisse pas vivre ailleurs avec agrément (de Bl.).
  200. Var. de 1672 : Ouvrons les yeux à gauche, a droit.
  201. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : N’espargnons personne en ce lieu. - P. Lacroix a corrigé : N’espargnons personne ni Dieu.
  202. Elle est à un coin de la rue du Temple, pour marque de la juridiction des Templiers… (de Bl.).
  203. Var. de 1713 : Que pour aller où règne Job.
  204. Elle est au coin de la rue du Temple pour marque de la juridiction des Templiers… (de Bl.)
  205. Var. de 1672 : Une très profonde caresse | Ovalle élargie en quarré.
  206. Id. 1713 : N’as-tu point honte à nos yeux.
  207. Id. 1672 : Porter ton maçon Jusqu’aux Cieux. — L’architecte de la Place Royale (place des Vosges) n’est pas connu (P. L.).
  208. Le cheval de cette statue de Louis XIII de la Place Royalle avait été fait sous le règne de Henri II, par Daniel Ricciarelli, de Volterre, élève de Michel-Ange ; la statue, exécutée un siècle plus tard, était de Biard fils (P. L.)
    Ces vers sont une imitation du fameux quatrain attribué à Théophile de Viau, mais qui doit être bien antérieur à ce poète.
  209. Var. de 1672 : Pied d’ostail…
  210. Synonyme de Godemiché, magot, figure grotesque, marmouset (P. L.)
  211. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 donne : Baille encor…
  212. Voici un vers qui fixe la date de l’achèvement du Paris ridicule : cet achèvement est postérieur à la mort de Mazarin, soit au 6 mars 1661.
  213. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Je m’en vais chanter tant de poüilles | Qu’echo m’en payera l’interest.
  214. Vieux château, près de la porte S. Antoine. Il sert de prison aux criminels d’État et de qualité. Pour les autres, c’est le Chatelet ou la Conciergerie. Le Roi entretient et paie dans la Bastille un Gouverneur, avec soixante hommes commandés par un capitaine ou un lieutenant (de Bl.).
  215. Var. de 1672 : Et qui seroit le cul foireux.
  216. Var. de 1672 : S’il ne sert que de forteresse.
  217. Ce vers est de 1672 ; 1668 donne : Pour faire les murs et le fossé. — En 1661, l’enceinte de Charles V était encore presque entière (A. B.).
  218. Var. de 1672 : Et j’ay quatre ou cinq belles phrases.
  219. Id. : Pour te bien immortaliser.
  220. Les murailles de Paris sont fort peu de chose. Ses portes sont faites en Arcs de Triomphe : elles ne se ferment point, et l’on y peut presque entrer partout jour et nuit ; aussi n’y a-t-il point garnison pour les garder. Le Guet, de deux cents hommes, que la Ville entretient, n’est que pour faire la patrouille, et pour empêcher qu’il n’arrive point de désordre (de Bl.).
  221. L’auteur fait sans doute allusion aux bastions non achevés de la quatrième enceinte commencée sous Charles IX (A. B.).
  222. Var. de 1672 : Déjà de tes murs les creneaux.
  223. Id. : Sont rouillez de vieillesse pure.
  224. Peut-être Cl. Le Petit veut-il désigner la tour dite de Bois, adossée à la galerie du Louvre et dominant la porte Neuve (A. B.).
  225. Var. de 1672 : Chacun tremble en parlant de toy.
  226. Henri III dont il est parlé dans ces vers, bien loin de défaire les factieux qui troubloient la France, périt lui-même par la main du jacobin Jacques Clément (de Bl.).
  227. Var. de 1672 : Qui fait la nique à tous les marbres.
  228. Id. : Et l’on n’y voit aucun canon.
  229. Var. de 1672 : Ont éleu pour leur Tribunal.
  230. Montfaucon est un village près du Paris de 1661, hors de la porte Saint-Martin où l’on pendoit les malfaiteurs et les criminels. — Le gibet de Montfaucon, vers 1660, ne conservoit plus que sept ou huit de ces seize piliers de pierre, comme le témoignent les anciens plans antérieurs à 1700 (de Bl.).
  231. Ce passage indique d’une manière certaine que les exécutions ne se faisaient plus là, et que le gibet était alors abandonné (P. L.). Voyez la savante dissertation de M. de La Villegille sur les fourches patibulaires de Montfaucon.
  232. Var. de 1672 : Et l’Hostel des pestiferez.
  233. Id. : Je ne puis pourtant en secret, | Me deût-on nommer indiscret, | M’empêcher de dire le reste : | Pourquoy faut-il bègue tetu. — Tabl. Rich-.Maz., 1693 : Pourquoy faut-il, bègue foutu.
  234. Var. de 1672 : Ou bien au lac des Genevois ? | Vont-ils à la pêche aux macreuses ?
  235. Var. de 1672 : Ou ne sont-ce point, que sait-on ? — 1713 : Ou n’est-ce point (car que sait-on !).
  236. Charenton sur la Marne, qui entre dans la Seine au-dessous de ce bourg. Les Réformés de Paris y avoient un temple, qui leur fut donné par Henri IV, et rasé jusqu’aux fondemens par ordre de Louis XIV, son petit-fils. C’est à present le jardin d’une Communauté de Nouvelles Converties (de Bl.).
  237. Ministre protestant : ses prêches étaient si connus, qu’on l’appelait le ministre à cinq broches, parce que les rôtisseurs de Charenton en mettaient autant le jour qu’il devait prêcher, au lieu qu’ils n’en mettoient que deux ou trois quand quelqu’autre Ministre prêchoit. Il avoit été Ministre à Midelbourg en Zelande. Ceux qui voudront savoir les principaux événements de la vie de Mr Morus n’ont qu’à consulter le Dictionnaire critique de Bayle qui en parle assez au long (P.-L.).
  238. Var. de 1672 : Que le dire est bien avéré.
  239. Ce vers est celui qui se lit dans l’édition de 1672 ; 1668 : Mais quoy qu’on touche ces débits. — Tabl. Rich.-Maz, 1693 : Mais quoy qu’on tence ces délits. — Il est fait allusion aux mauvaises rumeurs que firent courir les ennemis de Morus. Un distique latin l’accuse d’avoir engrossé la femme de chambre de madame de Saumaise (de Bl.).
  240. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 : Révérons ce lieu champestre.
  241. 1632, on bâtit une maison magnifique avec une très belle façade, une très belle chapelle, pour recevoir les soldats estropiés de l’emplacement de l’ancien château dit de Bicêtre bâti par Jean, duc de Berry (de Bl.).
  242. Var. de 1713 : Reviennent-ils encor chez vous.
  243. Il faut voir dans la Topographie françoise de Chatillon, l’aspect sinistre et imposant que présentaient les ruines de l’ancien château de Bicêtre en 1633 : ces ruines servaient d’asile à une multitude de malfaiteurs, de gens sans aveu, qui avaient intérêt à faire croire que c’était un repaire de spectres et de démons (P. L.).
  244. Var. de 1672 : D’y venir remettre leurs nez.
  245. Id. : Les garnemens et misérables. — Caimands, c’est-à-dire mendiants.
  246. Var. de 1672 : Qui l’ait esté choisir pour giste. — 1713 : Qui vous ait choisi pour son giste.
  247. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 : Comme des moines de thèses. — 1713 : Comme des matrones d’Ephèse. — P. Lacroix a improvisé un vers : Comme des moines de Foutaises. — Les Ephésiens, en général, étoient fort voluptueux et efféminés, jusqu’à établir une loi qui disoit Nemo nostrum frugi esto, alias cum altis ejiciatur. Le premier qui passa par la rigueur de cette loi, fut le célèbre philosophe Hermodorus qu’ils exilèrent parce qu’il vivoit plus sobrement qu’aux (de Bl).
  248. Var. de 1672 : Les nobles sont dans les chaumières | Icy les gueux dans les châteaux. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Les peuples sont dans des chaumières | Icy — 1713 : Dans tous les États trop royaux | Les nobles sont dans des chaumières | Icy… — L’auteur attaque ici le Gouvernement trop despotique, dont une des premières maximes est de ruiner la noblesse. La France en sait plus de nouvelles qu’aucun autre royaume. Dans les provinces, les maisons des gentilshommes de campagne sont fort délabrées ; aux environs de Paris, tout est beau et riant (de Bl.).
  249. Le Mail, dont il est ici question, était établi a l’extrémité orientale des bâtiments de l’Arsenal, sur un bastion de pierre de forme irrégulière (tortue, comme s’exprime l’auteur) qui fortifiait l’embouchure du fossé de la Bastille (A. B.).
  250. Var. de 1672 : Et que de vieux aix revestu, — P. Lacroix a corrigé le vers de 1668 : Et que, d’arbres tout revestu.
  251. Var. de 1672 : Prends la flute, sifflons les merles.
  252. Port-Royal, abbaye de religieuses de l’ordre de Citeaux, transférée à Paris l’an 1625, sous les auspices d’Anne d’Autriche, par l’abbesse de ce temps-là qui étoit de la famille d’Arnaud, et dont la mère avoit acheté la maison et le jardin au Faubourg Saint-Jacques, là où est à présent Port-Royal. Cette mère y fut religieuse avec ses six filles, et comme les filles avoient abandonné le Port-Royal des Champs, deux petits-fils de cette dame Arnaud, nommés Le Maître, s’y retirèrent : M. Arnaud d’Andilly les suivit en 1644 ; ensuite le fameux Arnaud, docteur de Sorbonne, et plusieurs autres grands hommes. Ils défendoient la doctrine de Jansénius, évèque d’Ypres, aussi bien que le célèbre Jean du Vergier, abbé de S. Cyran, qu’on peut nommer le patriarche des Jansénistes. Ces messieurs donnèrent plusieurs beaux ouvrages au public, qui sont tous fort estimés. Ils eurent une guerre continuelle avec les Jésuites qu’ils menoient tambour battant, de sorte que les bons enfants de Loyola furent obligés d’employer leur toute-puissance pour faire dissiper par l’autorité du roi les assemblées des Jansénistes, etc., et les chasser de Port-Royal… (de Bl.).
  253. Ce vers est de 1672 ; 1668 : Qui semble envier nos regards.
  254. Var. de 1672 : Qu’on ne peut rien leur refuser. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 ; Qu’on ne peut leur rien refuser.
  255. Var. de 1672 : Jansénistes et gens sinistres.
  256. Var. de 1672 : Puisque le Saint que l’on réclame | A fait mesme naufrage au port.
  257. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Ce Dôme avec cette coupolle (rime avec girandolle).
  258. Var. de 1672 : La mama de maistre Louis. — Anne d’Autriche fit bâtir l’église et le Couvent du Val-de-Grâce, lorsque son vœu fut accompli, et qu’après six ans de stérilité, elle eut un enfant qui est le roi d’à présent, appellé pour cela Dieu-donné. Cette église est tout à fait à l’italienne, la plus belle et la plus superbe de tout Paris, peut-être même de toute la France (de Bl.).
  259. Le mot sottises est remplacé par des points dans l’édition de 1668, mais on le lit dans l’édition de 1672.
  260. Var. de 1672 : Jusques à ces moulins à vent.
  261. Id. : Dans de si précieuses amours.
  262. Cet endroit est fort malin par rapport aux prétendues amours de la reine Anne d’Autriche et du cardinal Mazarin (de Bl.). — Dans le Tabl. Rich.-Maz., 1693, après le mot veut, il y a un renvoi qui donne le cardinal Mazarin.
  263. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Quoy ? C’est là le Seigneur Gobelin. — Un nommé Gobelin y établit le premier la teinture en écarlate, sous le règne de François Ier. Son nom est demeuré aux Manufactures du Roi et à la rivière même qui passe derrière cette maison ; son véritable nom étoit la Bièvre : ce n’est qu’une espèce de ruisseau (de Bl.).
  264. On prétend que l’escarlate des Gobelins est la plus belle du monde, les Anglais vantent aussi la leur ; cependant on estime à Paris l’écarlate de Venise, celle de Hollande, cela change selon les goûts, et la teinture même change selon l’eau et l’air des endroits où on la fait (de Bl.).
  265. Ceci est contre la première et la troisième stance de la Rome ridicule de Saint-Amant (de Bl.).
  266. Quoiqu’en général la bière ne vaille guère à Paris, celle des Gobelins est la moins mauvaise : c’est un régal en été, et on en présente dans les bonnes maisons pour se rafraîchir (de Bl.).
  267. Les inondations de la Bièvre.
  268. Var. de 1672 : Notre Esquif seroit secoué.
  269. Id. : Que d’In sacris à teste verte.
  270. Id. : Pour avoir la jambe mieux faite. — Ignace de Loyola, fondateur de cette Compagnie, étoit un gentilhomme de Biscaye. Il fut blessé au siège de Pampelune que les françois firent en 1521, d’un coup de canon qui lui fracassa la jambe (de Bl.).
  271. Le collège des Jésuites s’appeloit autrefois le collège de Clermont, à cause d’un évêque de Clermont qui le fonda. Les Jésuites, pour lui donner plus de lustre, l’appellent présentement le Collège de Louis le Grand (de Bl.).
  272. Var. de 1672 : Et fouteurs de petits enfants. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Amoureux de petits enfans.
  273. Texte de 1668 : Que c’est par pure solemnie. — 1672 : Qu’il l’est pour le certain M… — Tabl. Maz., 1693 : Que c’est pour certain Me en Mie.
  274. En tête de cette stance dans l’édition de 1718, on lit : Ces deux Stances (qui suivent) ont contribué, autant et plus que ces Vers Impies, à conduire l’auteur à la Grève.
  275. Var. de 1672 : Marchands de bleds, marchands de bois.
  276. Id. : À quelques os de sa carcasse. — Tabl. Rich.-Maz., 1693 : À quelques-uns de sa carcasse.
  277. Le cardinal de Richelieu fit rebâtir magnifiquement le Collège et l’Église de la Sorbonne. Dans celle-ci, il se lit un superbe tombeau, où il est enseveli, et qui occupe presque la moitié de l’Église. Il est de marbre blanc et noir artistement travaillé et enrichi de statues, d’inscriptions et autres ornemens de sculpture. (de Bl.)
  278. Var de 1672 : Je m’en rapporte à ma migraine | Et à de plus curieux que moy.
  279. Cette horloge astronomique n’existe plus depuis longtemps. Nous ne l’avons pas vue décrite ailleurs (P. L.).
  280. Var. de 1672 : Ne pourroit-on pas bien loger.
  281. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 : Donnons des éloges publiques.
  282. C’étoit anciennement l’Hôtel de Luxembourg jusqu’à ce que la reine Marie de Médicis, veuve du roi Henri IV, le choisit pour sa demeure. Elle y fit bâtir ce Palais, qu’on nomma ensuite le Palais d’Orléans, parce que Gaston, fils puîné de cette reine, y demeura (de Bl.).
  283. Ce vers est celui de 1672 ; 1668 : Et le diable chez tous les niques.
  284. Marie de Médicis, après sa sortie de France, passa en Flandres, ensuite en Angleterre et de là se retira à Cologne.
  285. Le grand jet d’eau dont il est parlé ici, est dans un des jardins du Luxembourg. C’est un Triton qui tient entre ses bras un Dauphin, qu’il regarde, le visage tourné vers le Ciel, de sorte que, selon que le vent souffle, l’eau qui tombe de la gueule du dauphin tombe souvent sur le nez du Triton (de Bl.). — Le grand jet d’eau du Luxembourg figure sur plusieurs estampes gravées par Israël Sylvestre, J. Marot, Perelle, etc., etc. Le bassin est de forme octogone, au milieu, on distingue un Triton qui tient un Dauphin (A. B.).
  286. Var. Tabl. Rich.-Maz., 1693 : Cet illustre fouteur issu et, en note, le duc de Verneuil. — Henri de Bourbon, duc de Verneuil, abbé de S. Germain, que Claude Le Petit appelle l’abbé Pansu, à cause de son gros ventre, était fils naturel de Henri IV ; il fut plus tard évêque de Metz et mourut en 1682 (P. L.).
  287. Var. de 1713 : Ce brave prélat est issu | De royalle galanterie.
  288. Ces trois Pyramides sont les trois clochers qui sont sur l’Église (de Bl.). Deux de ces clochers, qui s’élevaient de chaque côté de la nef, ont été démolis en 1820 parce qu’ils menaçaient ruine ; on n’a conservé que le gros clocher du grand portail (P. L.).
  289. L’hôpital des fous au bout du faubourg S. Germain ; on l’appelle ainsi à cause des petites loges où l’on renferme ceux qui ont perdu le sens (de Bl.). — Ce vaste enclos est aujourd’hui l’hospice des Ménages, rue de Sèvres (P. L.).
  290. L’auteur veut dire que, pour être bon poète, il faut être un peu fou. Nos vieux Gaulois appelloient autrefois les poètes Fatistes, d’où est venu le mot de Fat. J’ai vu autrefois à Paris un fou aux Petites-Maisons, qui faisoit de très jolis vers, dont il régaloit ceux qui venoient voir cet hôpital (de Bl.).
  291. C’est le mal dont parle Théophile de Viau : Philis, tout est foutu, je meurs de la vérole.
  292. On appelle les parisiens : Badauts, et la campagne de Paris : le Badaudois, aussi bien que le langage qu’on y parle. Ce saubriquet leur a été donné parce que le peuple de Paris s’attroupe facilement et s’amuse a regarder tout ce qui lui semble un peu extraordinaire… (de Bl.).
  293. Var. de 1672 : J’ay fait ce que j’ay projeté.