La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 82

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LXXXII

Dist Olivers : « Jo ai païens véuz ; Olivier dit : « J’ai vu tant de païens
1040 « Unc mais nuls hom en tere n’en vit plus. « Que nul homme jamais n’en vit plus sur la terre.
« Cil devant sunt .c. milie, ad escuz, « Il y en a bien cent mille devant nous, avec leurs écus
« Helmes lacez e blancs osbercs vestuz, « Leurs heaumes lacés, leurs blancs hauberts,
« Dreites cez hanstes, luisent cil espiet brun. « Leurs lances droites, leurs bruns épieux luisants.
« Bataille averez, unkes mais tel ne fut. « Vous aurez bataille, bataille comme il n’y en eut jamais.
1045 « Seignurs Franceis, de Deu aiez vertut : « Seigneurs Français, que Dieu vous donne sa force ;
« El camp estez, que ne seium vencut ! » « Et tenez ferme pour n’être point vaincus. »
Dient Franceis : « Dehet ait ki s’en fuit ! Et les Français : « Maudit qui s’enfuira, disent-ils.
« Ja pur murir ne vus en faldrat uns. » Aoi. « Pas un ne fera défaut à cette mort ! »


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Vers 1039. — « Le Ms. de Versailles nous offre deux rédactions des couplets lxxxiii-xcii. La première se rapporte au texte d’Oxford, à l’ancien texte que Versailles a fidèlement suivi jusqu’ici ; la seconde se rapporte au texte de Paris. — Cest également ici que commence ce dernier manuscrit, dont les premiers feuillets sont perdus. Nous devrons désormais tenir compte de cette version pour le rétablissement de notre propre texte, parce que plusieurs choses y sont puisées directement dans l’ancienne source. » (Note de M. T. Müller.) ═ Le texte de Paris nous paraît ici offrir des longueurs qui ne se trouvaient point dans l’ancien texte. C’est Roland, et non pas Olivier, qui aperçoit l’armée païenne du haut d’une colline ; il exhorte ses soldats au combat, et l’auteur du Remaniement se met alors à décrire très-longuement l’armement des douze Pairs. Onze couplets lui sont nécessaires pour ce récit inutile. Après ces développements qui n’ont rien de primitif, Olivier conseille à Roland de sonner son cor, et nous retombons enfin dans notre couplet lxxxiv. Nous sommes très-convaincu qu’il y a là un délayage dont il faut rendre uniquement responsable l’auteur de ce refazimento. Le Ms. IV de Venise, qui suit le texte d’Oxford, n’offre rien de pareil : c’est que rien de pareil ne se trouvait dans la version originale. ═ Le texte de Paris n’en sera pas moins précieux pour toute la suite du récit, et nous n’en approuvons pas moins l’observation de M. Müller que nous avons citée plus haut. ═ Lire Olivers.

Vers 1042.Laciez. O. On trouve healmes lacez, au v. 712. (V. ce mot dans notre Glossaire.)

Vers 1044.Avrez. Mu. ═ Unches. O. V. la note du v. 629. ═ Lisez tels à cause du s. s.

Vers 1046.Vencuz. O. À cause du s. p., il faut vencut.

Vers 1048. — On pourrai lire (au lieu de uns) nus, pour nuls, de nullus.

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