La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 22
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Quant ço veit Guenes que ore s’en rit Rollanz, | Quand Ganelon voit que Roland rit de lui, | ||
Dunc ad tel doel, pur poi d’ire ne fent, | Il en a telle douleur, que, de colère, son cœur est tout près de se fendre.
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305 | A ben petit que il ne pert le sens, | Peu s’en faut qu’il n’en perde le sens : | |
E dit al cunte : « Jo ne vus aim nient ; | « Je ne vous aime pas, dit-il au comte Roland ; | ||
« Sur mei avez turnet fals jugement. | « Car c’est vous qui avez fait tomber sur moi le choix des Français.
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« Dreit Emperere, veez me ci en present, | « Droit empereur, me voici devant vous, | ||
« Ademplir voeill vostre cumandement. | Aoi. | « Tout prêt à remplir votre commandement. |
Vers 303. — Qu’ore. Mu. Le Ms. porte nettement que.
Vers 308. — Dreiz. O. — Voir, pour la Théorie des vocatifs, la note du v. 15.
Vers 309. — Comandement. O. Nous avions à choisir entre les deux formes com... et cum... La première se rencontre dix fois, la seconde quinze fois dans notre texte. Mais surtout, la première est conforme à toutes les lois de notre dialecte, et notre scribe écrit toujours : cum... les mots dérivant de la préposition latine. Il est vrai qu’en ce cas spécial il pouvait hésiter, les Latins eux-mêmes ayant écrit commendo.