La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 200

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CC

2765 Li dui message es chevals sunt muntet, Ils sont montés à cheval, les deux messagers,
Isnelement issent de la citet, Et sont rapidement sortis de la cité.
A l’ Amiral en vunt tut esfreet, Tout effrayés, ils vont trouver l’Émir
De Sarraguce li presentent les clefs. Et lui présentent les clefs de Saragosse.
Dist Baliganz : « Que avez vus truvet ? « Eh bien, dit Baligant, qu’avez-vous trouvé là-bas ?
2770 « U est Marsilies que jo aveie mandet ? » « Où est Marsile, que j’avais mandé ?
Dist Clariens : « Il est à mort naffrez. « — Il est blessé à mort, dit Clarien.
« Li Emperere fut her as porz passer, « L’empereur Charles est passé hier aux défilés ;
« Si s’en vuleit en dulce France aler ; « Car il voulait retourner en douce France.
« Par grant honur se fist rere-guarder : « Par grand honneur, il se fit suivre d’une arrière-garde
2775 « Li quens Rollanz i fut remés, sis niés, « Où demeura son neveu Roland,
« E Olivers e tuit li .xii. Per, « Avec Olivier, avec les douze Pairs,
« De cels de France .xx. milie adubet. « Avec vingt mille chevaliers de France.
« Li reis Marsilies s’i cumbatit, li bers ;
« Le roi Marsile, en vrai baron, leur a livré une grande bataille.
« Il e Rollanz el’ camp furent remés. « Roland et lui y ont bravement lutté ensemble ;
2780 « De Durendal li dunat un colp tel « Mais d’un terrible coup de sa Durendal
« Le destre puign li ad de l’ cors severet, « Roland lui a tranché le poing droit,
« Sun fil ad mort qu’il tant suleit amer, « Puis lui a tué son fils, qu’il aimait si chèrement,
« E les baruns qu’il i out amenet ; « Avec tous les barons qu’il avait amenés.
« Fuianz s’en vint, qu’il n’y pout mais ester. « Marsile s’est enfui, ne pouvant tenir pied,
2785 « Li Emperere l’ad enchalcet asez. « Et l’Empereur l’a vigoureusement poursuivi.
« Li Reis vus mandet que vus le succurez, « Secourez le roi de Saragosse, voila ce qu’il vous mande,
« Quite vus cleimet d’Espaigne le regnet. » « Et il vous abandonne tout le royaume d’Espagne. »
E Baliganz cumencet à penser, Baligant alors devient pensif,
Si grant doel ad pur poi qu’il n’est desvez. Aoi.
Et peu s’en faut qu’il ne devienne fou, tant sa douleur est grande.


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Vers 2767.Amiraill. O. V. la note du vers 2760. ═ Vunt esfréedement. O. Erreur évidente, rectifiée par G. et Mu., d’après Venise IV et Versailles.

Vers 2768.Sarrace. O. ═ Clés. O. Mi.

Vers 2769.Baligant. O. Pour le cas sujet, Baliganz. ═ Vos. O. V. la note du vers 17.

Vers 2770.Marsilie. O. Le cas sujet exige l’s final.

Vers 2771.Clarien. Même remarque. ═ O. Naffret. O. Pour la même raison, il faut naffrez.

Vers 2772. — Lire ier. O. V. la note du vers 2701.

Vers 2773.Vuolt. O. Correction de G. et Mu. d’après le texte de Paris. Dans le Ms. de la Bodléienne, vuolt est écrit une deuxième fois en marge.

Vers 2775. — Lire : Li quens Rollanz, sis niés, i fut remés.

Vers 2776.Oliver. O. Pour le s. s., il faut un s. — Lire Oliviers.

Vers 2777.Adubez. O. Pour le s. p., adubet.

Vers 2778.Marsilie. O. Il faut un s à cause du cas sujet.

Vers 2781.Poign. O. V. la note du vers 415. ═ Sevret. Mu.

Vers 2782.Filz. O. Pour le régime, il faut fil.

Vers 2783.Li baron. O. Au r. p., les baruns. V. aussi la note du vers 30.

Vers 2784.Fuiant. O. Pour le cas sujet, fuianz.

Vers 2785.Enchacet. O. La leçon correcte, enchalcer, se trouve aux vers 2462, 2796. (Cf. li enchalz, v. 2446, 3635.)

Vers 2786.Vos. O. V. la note du vers 17. ═ Sucurez. O. Les deux c (qui se trouvent aux v. 3996, 3443, 1061, 3378) sont plus étymologiques.

Vers 2787. — Après ce vers, il semble qu’il faille imprimer le vers suivant. (Cf. le v. 2749.)

Defendez la encuntre les Franceis.

Vers 2788.Baligant. O. Pour le cas sujet, Baliganz.

Vers 2789.Por. O. ═ Desvet. O. Au s. s., il faut desvez.

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