La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 12

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XII

Li Emperere s’en vait desuz un pin, L’Empereur va sous un pin,
Ses baruns mandet pur sun cunseill fenir : Et mande ses barons pour mener son conseil à bonne fin :
170 Le duc Oger e l’arcevesque Turpin, C’est le duc Ogier et l’archevêque Turpin ;
Richard le veill e sun nevuld Henri, C’est Richard le vieux et son neveu Henri ;
E de Guascuigne le proz cunte Acelin, C’est le brave comte de Gascogne, Acelin ;
Tedbald de Reins e Milun sun cusin. C’est Thibaud de Reims et son cousin Milon.
E si i furent e Gerers e Gerins, Gerer et Gerin y sont aussi,
175 Ensembl’ od els li quens Rollanz i vint Et le duc Roland y est venu avec eux,
E Olivers, li proz e li gentilz ; Suivi du noble et vaillant Olivier.
Des Francs de France en i ad plus de mil ; Il y a là plus de mille Français de France.
Guenes i vint, ki la traïsun fist. On y voit aussi Ganelon, celui qui fit la trahison.
Dès ore cumencet li cunseill que mal prist. Aoi. Alors commence ce conseil de malheur.


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Vers 168.Empereres. O.

Vers 171.Li. O. À cause du régime il faut le. ═ Velz. O. Pour la même raison, il faut veill. (Pour la forme veill, cf. les vers 112, 218, 3470.) ═ Au cas sujet on trouve dans notre texte velz, qui est évidemment la meilleure forme (905, 929, 970, 3050 ; veilz, 1771, 2409, 2807, et vielz, 523, 538). Au cas régime, à côté de veill on trouve viell une seule fois, 2048 ; et une autre fois, mais par erreur, viel, 2615.

Vers 172.Gascuigne. O. V. la forme Guascuigne aux v. 819 et 1494, et Guascuinz, v. 1289. ═ Li quens. O. À cause du cas régime il faut le cunte.

Vers 174.Gerin. O. À cause du cas sujet, il faut Gerins : le latin serait Warinus ou Guarinus.

Vers 175.Rollant. Mu. Rollanz, au cas sujet.

Vers 176.Oliver. O. À cause du cas sujet, il faut Olivers. Il est vrai que, pas une seule fois, notre manuscrit ne nous offre cette dernière forme. (V. 104, 176, 546, 576, 936, 2207, 2403, 3186, etc.) Mais nous avons étudié tous les mots de même famille dans le texte d’Oxford, tous ceux qui dérivent de vocables latins en arius, arium, erius. Or tous ces mots prennent un s au cas sujet du singulier : Ogers, 3546. — Engelers, 1261, 1289. — Gerers, 174, 794, 1269, 1380. — Berengers, 395, 2405. — Gaifiers, 798. — Gualters, 800. — Acers, 1362. — Destrers, 1651. — Premers, 1211, 1842. — Chevalers, 1311. — Legers, 1312, etc. Donc nous avons dû mettre une s au cas sujet d’Oliver.

Vers 177. — L’énumération qui précède est différente dans le texte de Venise VII et de Versailles : « Ogers i vint le proz et le hardiz. — Et l’Arcisvesche qui mout fu i noriz, — Sanses li dus et ses freres Teriz, — Gieifrei d’Anjou et li quens Anmeriz, — Achars li mors et ses freres Almiz, — Gui de Gascogne et Miles li joïz.... » (Ms. de Venise.)

Vers 179.Or. Mu. Le ms. porte visiblement ore, que nous avons scrupuleusement conservé, pour ne rien donner de douteux sur la théorie de l’élision. ═ Lire dans notre texte le au lieu de li conseill. ═ Le, que donne le ms., est un sujet singulier neutre, venant d’illud. (Falt li le coer, 2019. Des or cumencet le plait, 3747.) Que, dans le même vers, donne lieu à la même remarque. Illud et quod servent à la fois pour le sujet et le régime latins ; le et que pour le sujet et le régime du neutre français. Voy., pour la théorie des neutres, la note du v. 9.

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