La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 104
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CIV | |||
1320 | La bataille est merveilluse e cumune. | La bataille est merveilleuse, la bataille est une mêlée : | |
Li quens Rollanz mie ne s’asoüret, | Le comte Roland ne craint pas de s’exposer. | ||
Fiert de l’ espiet tant cum hanste li duret, | Il frappe de la lance tant que le bois en dure ; | ||
A .xv. colps l’ad fraite e perdue ; | Mais la voilà bientôt brisée par quinze coups, brisée, perdue.
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Trait Durendal, sa bone espée nue. | Alors Roland tire Durendal, sa bonne épée nue, | ||
1325 | Sun cheval brochet, si vait ferir Chernuble : | Éperonne son cheval et va frapper Chernuble. | |
L’helme li freint ù li carbuncle luisent, | Il met en pièces le heaume du païen où les escarboucles étincellent,
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Trenchet la coife e la cheveléure, | Lui coupe en deux la tête et la chevelure, | ||
Si li trenchat les oilz e la faiture, | Lui tranche les yeux et le visage, | ||
Le blanc osberc dunt la maile est menue | Le blanc haubert aux mailles si fines, | ||
1330 | Et tut le cors tresqu’en la furchéure, | Tout le corps jusqu’à l’enfourchure | |
Enz en la sele, ki est à or batue. | Et jusque sur la selle qui est incrustée d’or. | ||
El’ cheval est l’espée arestéue, | L’épée entre dans le corps du cheval, | ||
Trenchet l’eschine, unc n’i out quis juinture, | Lui tranche l’échine sans chercher le joint, | ||
Tut abat mort el’ pret sur l’erbe drue. | Et sur l’herbe drue abat morts le cheval et le cavalier : | ||
1335 | Après, li dist : « Culvert, mar i moüstes ; | « Misérable, lui dit-il ensuite, tu fus mal inspiré de venir ici ;
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« De Mahumet ja n’i averez aïude. | « Ton Mahomet ne te viendra point en aide, | ||
« Par tel glutun n’ert bataille hoi vencue. » | Aoi. | « Et ce n’est pas par un tel glouton que cette victoire sera gagnée ! »
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Vers 1323. — Cols. O. Erreur évidente.
Vers 1326. — Elme. O. (V. la note du vers 996.) Le vers 1798 prouve que l’h n’était pas aspirée : D’osbercs et de helmes e d’espées à or. (V. la note du v. 45.)
Vers 1327. — Trenchet le cors. O. Correction de M. Müller, justifiée par Venise IV et aussi par Lyon : Le chief li tranche qui onques ne quist jointure.
Vers 1330. — Lire e au lieu de et.
Vers 1333. — [Juint]ure. O. Les cinq premières lettres font défaut. Mi. avait proposé demure ; G. juinture. Venise VII donne : E le destrier de ci qu’en la janteure.
Vers 1334. — Pred. O. V. la note du vers 2.
Vers 1336. — Avrez. Mu.
Vers 1337. — Oi. O. V. la note du vers 1210.
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