La Cathédrale de Lyon/IV/1

Henri Laurens (p. 76-84).

L. B. del.
Frise incrustée au-dessus du triforium de l’abside, xiie siècle


IV

DÉCORATION INTÉRIEURE
DE L’ÉGLISE

Les vitraux. — La région lyonnaise est moins riche que d’autres provinces en vitraux anciens. La cathédrale de Lyon conserve cependant une suite fort complète de très beaux spécimens, du xiie au xve siècle, dans l’abside, les chapelles latérales du chœur et les bras de croix.

Vitrail de la fin du xiie siècle. — Dans la chapelle de la Vierge la fenêtre orientale présente une vie de saint Pierre et de saint Paul disposée en cinq zones de trois sujets, encadrées d’une riche bordure.

Vitraux du xiiie siècle. — Fenêtre de l’étage inférieur du chœur. Sept grandes baies renfermant chacune sept médaillons légendaires, brochant sur d’étincelantes mosaïques, répandent dans le chœur des flots de lumière colorée, diaprée de tons les plus éclatants et les plus mystérieux, suivant l’heure du jour.

I. — Les saints fondateurs de l’Église des Gaules : saint Pothin, saint Irénée, saint Polycarpe.

II. — Vie de saint Jean l’Évangéliste.

III. — Vie de saint Jean-Baptiste. Vitrail offert par l’archevêque de Lyon, Renaud de Forez, 1193-1226,

L. B. del.
Décollation de saint Jean. Vitraux de l’abside

représenté agenouillé dans le médaillon inférieur et tenant la verrière qu’il offre à sa cathédrale.

IV. — Vitrail central, la Rédemption. Les sept médaillons principaux de ce vitrail, justement célèbre et admirablement conservé, résument l’œuvre de la rédemption du monde. Dans la bordure, quatorze petits sujets latéraux, représentant, des faits de l’Ancien Testament où des animaux symboliques sont destinés à développer la scène centrale et à en donner la signification mystique :
L. B. del.
Verrière centrale de l’abside
La Rédemption.


io L’Annonciation, la Licorne, symbole de l’Incarnation de Notre-Seigneur et Isaïe montrant le texte : Ecce Virgo (concipiet) ; 2o La Nativité, le Buisson ardent et la Toison de Gédéon ; 3o Le Crucifiement, le Sacrifice d’Abraham et le Serpent d’airain ; 4o La Résurrection, Jonas vomi par la baleine et le Lion du Phisiologus de saint Épiphane et des Bestiaires, ressuscitant ses lionceaux ; 5o La Vierge et saint Jean et deux apôtres assistent à l’Ascension. L’Aigle symbolique montre le soleil à ses aiglons, et la Calandre, — le Charadrius des Bestiaires moralisés — tourne la tête vers un mourant pour le guérir en s’envolant ensuite dans les rayons du soleil ; 6o Les autres Apôtres contemplant Jésus montant au ciel : à droite et à gauche, deux anges tiennent des banderoles ; 7o Dans le nimbe amandaire du sommet, le Christ triomphant porte sa croix, adoré par deux anges placés latéralement.

La calandre

Lors d’une première restauration en 1844, l’ordre des sujets fut malencontreusement interverti et en 1904 le vitrail ayant de nouveau subi une remise en plomb, les médaillons furent replacés dans le même désordre.

Notre gravure et notre description rétablissent, pour la première fois, la verrière telle qu’elle a été conçue, et telle qu’elle devrait être rétablie.

V. — Vie de saint Étienne, deuxième patron de la cathédrale.

La luxure

VI. — L’Enfance de Notre-Seigneur. Les Vertus et les Vices. Comme dans la verrière centrale, la bordure renferme une série de petits sujets, mais indépendants des médaillons principaux : io Les Mages se rendent à Bethléem, (sujet moderne), l’Ébriété et la Chasteté : 2o Hérode donne aux Mages ses instructions, la Cupidité et la Charité ; 3o L’Adoration des Mages, l’Avarice et la Largesse ; 4o Les Mages retournent dans leur pays, la Luxure et la Sobriété ; 5o La Fuite en Égypte, la Douleur et la Joie ; 6o Massacre des S. S. Innocents, la Colère et la Patience : 7o La Purification, l’Orgueil et l’Humilité.

VII. — La Résurrection de Lazare.

Vitraux de la partie supérieure de l’abside, XIIIe siècle. — À l’entrée du chœur, à droite et à gauche, quatre fenêtres à trois baies renferment de grandes figures des Prophètes, en pied, d’un très beau caractère, malheureusement très restaurées. Ces différents personnages tiennent de longues banderoles avec des textes de leurs prophéties. À la suite, les douze Apôtres, également très restaurés, sauf saint Pierre et saint Paul. Au centre, le Christ et la Vierge couronnés, assis sur deux trônes, ont sous leurs pieds les armes de la ville de Lyon : de gueules au lion d’argent couronné d’or et du chapitre de saint Jean : de gueules au griffon d’or. Ce vitrail doit être daté de l’extrême fin du XIIIe siècle.

Rose du transept, XIIIe siècle. — Rose septentrionale. — Les Bons et les Mauvais anges à genoux, en adoration devant le Christ assis au sommet, ou précipités la tête en bas, occupent les deux rangées concentriques de douze médaillons. Au centre, l’allégorie de l’Église triomphante, tenant le calice et la croix et dans un des lobes latéraux le donateur du vitrail, le chanoine Arnoud de Colonges 1241-1250, en costume canonial, tenant à la main la rose qu’il offre à la cathédrale. Une inscription le désigne clairement : Li doïens Ernous me fecis {sic) facere.

L. B. del.
Vitraux du haut du chœur, xiiie siècle
Jérémie.

Rose méridionale. — Au centre le Saint-Esprit. Dans la zone médiane, de petites figures d’anges tenant des rouleaux et des cassolettes, La zone extérieure renferme douze médaillons, représentant, à droite le Péché originel dans le Paradis terrestre, et à gauche la Rédemption, depuis l’Annonciation jusqu’à la Résurrection. Ces deux roses, d’un éclat éblouissant, avec dominante rouge au nord et tonalité plus calme, plus violacée au midi, sont, malgré leurs restaurations, dans un bel état de conservation.

Au-dessus du chœur, une rose, plus petite, contient huit médaillons, dont trois seulement sont anciens. Dans la chapelle de la Croix deux verrières du xiiie siècle contiennent les figures des huit patriarches de la généalogie d’Adam, exécutées sur un

Vitrail du haut de l’abside
La Vierge et le Christ.

seul « carton », mais avec des variantes de coloration.

L. B. del.
Vitrail de la chapelle des Bourbons.

Au-dessus de l’autel, un vitrail moderne, parfaite imitation des vitraux à médaillons légendaires du xiiie siècle exécuté par H. Gérente en 1846, représente l’Annonciation, l’Adoration des Mages et la Vierge au pied de la croix. Les Vertus occupent les médaillons de la rose supérieure.

Rose de la façade. — Les médaillons légendaires de cette grande rose présentent en deux rangées concentriques les vies de saint Jean-Baptiste et de saint Étienne, se détachant sur une riche mosaïque. Ils furent exécutés en 1393 par le peintre-verrier Henriet de Nivelle.

Chapelle du Saint-Sépulcre. — Dans les ajours des deux fenêtres on reconnaît les armes du fondateur de la chapelle, Philippe de Thurey : de gueules au sautoir d’or, entourées d’anges musiciens. Ces panneaux peuvent être attribués à Janin Saquerel, vers 1420. La partie inférieure, peinte par Maréchal, représente l’Invention de la Sainte-Croix et une Pieta entourée par les anges, d’une exécution lourde et opaque.

Chapelle des Bourbons. — Les deux grandes baies qui s’ouvrent au midi ont conservé toute la partie haute de leurs anciens vitraux. Ce sont des anges à longues draperies blanches, d’une merveilleuse exécution et s’enlevant sur des fonds bleu gris. Ils chantent des strophes en l’honneur du Saint-Sacrement, inscrites sur des banderoles qu’ils tiennent à la main. L’un de ces anges, portant les armes du cardinal fondateur, est une figure du plus grand style. Au-dessous, des petits génies ailés soutiennent des guirlandes de feuillages. Ce décor fut exécuté de 1501 à 1503 par Pierre de la Paix.

Dans le bas du vitrail, de grandes figures d’un bon dessin, malheureusement d’une exécution trop chargée, et signées Maréchal 1844, représentent, d’une part saint Bonaventure, saint Louis, sainte Isabelle sœur de Saint-Louis, saint Thomas de Cantorbery et de l’autre, l’Adoration des Mages. Les vitraux des fenêtres hautes de la nef ont disparu et furent remplacés au début du xixe siècle par une mise en plomb géométrale, en verres de couleur. On y a conservé seulement un médaillon aux armes de l’archevêque Philippe de Thurey.