L. Hachette et Cie (p. 149-152).

LI

MOÏSE ET AARON DEVANT PHARAON

(1400 ans avant J.-C.)



Pharaon reçut Moïse et Aaron ; mais, quand ils lui eurent dit qu’ils demandaient à tirer leurs frères les Israélites de l’esclavage, et à les faire sortir d’Égypte pour les mener dans un pays que le Seigneur avait promis à leurs pères, Pharaon refusa de leur accorder leur demande, disant : « J’ai besoin des Israélites pour les monuments que je fais construire dans toute l’Égypte ; je ne les laisserai pas aller ; je ne connais pas le Seigneur qui vous a envoyés vers moi. »

Moïse et Aaron insistèrent, mais Pharaon les chassa sans vouloir leur rien accorder. Il fit venir ses intendants et leur dit : « Augmentez le travail des Israélites ; refusez-leur la paille et le bois nécessaires pour faire les briques, et obligez-les, malgré cela, à apporter la même quantité de briques. »

Les intendants portèrent ces ordres injustes aux chefs des travaux ; les Israélites furent alors encore plus accablés de travail ; et, quand ils n’apportaient pas la quantité de briques qu’on leur avait demandée, on les battait de verges, de sorte qu’ils furent plus malheureux qu’auparavant. Ils allèrent se plaindre à Moïse et à Aaron.

Louis. Mais pourquoi ne se révoltaient-ils pas ? Puisqu’ils étaient si nombreux, ils pouvaient bien se défendre contre des injustices et des cruautés.

Grand’mère. D’abord, ils n’avaient pas d’armes, parce qu’ils étaient en état d’esclavage ; ensuite ils étaient disséminés dans toute l’Égypte, et, pour se révolter, il eût fallu se réunir, arranger des moyens de résistance, avoir des chefs.

Jacques. Mais Moïse et Aaron devaient être leurs chefs,

Grand’mère. Peu d’Israélites connaissaient encore Moïse et Aaron. On n’avait pas eu le temps de se voir, de décider ce qu’on ferait.

Quand Moïse et Aaron eurent entendu les Israélites qui se plaignaient et qui leur reprochaient de les avoir rendus bien plus malheureux qu’auparavant, ils consultèrent le Seigneur, qui leur dit de retourner chez Pharaon et de faire des miracles en sa présence pour le faire trembler devant la toute-puissance du Dieu d’Israël.

Moïse et Aaron allèrent parler encore à Pharaon, mais il ne les écouta pas plus que la première fois. Moïse jetant sa verge par terre, elle devint un serpent qui épouvanta Pharaon et sa cour. Moïse alors prit le serpent qui redevint une verge comme devant le buisson ardent. Les magiciens de Pharaon…

Paul. Qu’est-ce que c’est que des magiciens ?

Grand’mère. Des magiciens étaient des faux prêtres, qui s’alliaient avec le démon pour tromper les hommes et les empêcher de croire au vrai Dieu. Ces magiciens dirent à Pharaon de ne pas croire en la puissance des envoyés du Dieu des Israélites ; que ce qu’ils avaient fait n’était pas difficile et qu’eux-mêmes en feraient autant. « Faites, » dit Pharaon.

Alors les magiciens, ayant fait quelques préparatifs en invoquant le démon, jetèrent aussi leurs verges qui devinrent des serpents ; mais ils eurent beau faire, ils ne purent pas les faire redevenir des verges. Moïse et Aaron, voyant la frayeur de Pharaon et de sa suite devant ces serpents qui couraient partout, jetèrent par terre leurs verges qu’ils tenaient à la main : elles se changèrent en serpents, qui poursuivirent ceux des magiciens et les dévorèrent tous. Après quoi, elles redevinrent des verges comme auparavant.

Henriette. Ces serpents étaient-ils de vrais serpents ?

Grand’mère. Ceux de Moïse et d’Aaron étaient de vrais serpents, car le bon Dieu ne trompe personne, et c’était lui qui faisait ces changements. Mais les serpents des magiciens n’étaient que des apparences de serpents ; c’étaient des tromperies du démon, c’est-à-dire des choses qui ne sont pas ce qu’elles paraissent être.

Henriette. Grand’mère, je trouve cela très-singulier ; comment ces Magiciens pouvaient-ils faire les mêmes miracles que Moïse et Aaron ? et comment Pharaon pouvait-il distinguer que Moïse et Aaron fussent envoyés par un Dieu plus puissant que les siens, puisque les magiciens faisaient les mêmes choses merveilleuses ?

Grand’mère. Le démon, quoique infiniment moins puissant que le Dieu qui l’a créé, a pourtant conservé, par la permission de Dieu, une puissance bien supérieure à celle des hommes ; grâce à cette puissance, il aide ceux qui l’invoquent à tromper les autres hommes et à les faire aller en enfer après leur mort. Ces hommes assez méchants pour se faire amis du démon reçoivent ainsi de lui une certaine puissance qui paraît miraculeuse, mais qui n’est rien auprès des vrais miracles exécutés par les serviteurs du bon Dieu.

Pharaon crut à ses magiciens et renvoya encore Moïse et Aaron sans vouloir les écouter.

Le Seigneur leur ordonna d’y retourner le lendemain et de faire d’autres miracles devant lui.