L. Hachette et Cie (p. 536-538).

CCXIII

JONAS EST SAUVÉ

(718 ans avant J.-C.)



Le Seigneur pardonna à Jonas sa faute en faveur de son repentir et de son courage.

Henriette. Il est bien temps de lui pardonner quand il est au fond de la mer.

Grand’mère. Oui, mais il ne périt pas pour cela, parce que Dieu permit qu’un énorme poisson, une espèce de baleine, se trouvât juste à l’endroit où Jonas tombait dans la mer ; la baleine ouvrit son énorme gueule pour le recevoir, et, ne pouvant pas l’avaler, elle le garda dans un des côtés de sa gueule où elle avait l’habitude de conserver ses provisions.

Il resta trois jours et trois nuits dans cette horrible prison, priant le Seigneur de lui pardonner, de le délivrer, et promettant de ne plus désobéir à l’avenir aux ordres de son Dieu. Alors le Seigneur commanda à la baleine de rejeter Jonas sur le rivage, ce qu’elle fit immédiatement, le posant sur un terrain sec. Vous comprenez, mes enfants, que tout cela est miraculeux, car un homme ne pourrait pas vivre naturellement pendant trois jours dans la gueule d’un poisson.

Le Seigneur lui dit : « À présent, va à Ninive, et parcours ses rues en criant : Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. »

Jonas obéit au Seigneur ; les Ninivites crurent à la colère de Dieu et à leur condamnation ; et, se prosternant à terre, ils suppliaient le Seigneur de leur faire miséricorde, d’oublier leurs péchés passés, et de croire à leur repentir.

Jonas mit trois jours à parcourir toutes les rues de Ninive en criant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. »

Dès le premier jour, le roi eut peur comme les autres de la colère du Seigneur ; il résolut de changer de vie, de faire pénitence de sa vie passée. Il fit aussi crier dans les rues de Ninive que chacun eût à implorer la miséricorde du Seigneur et à faire pénitence de ses péchés en jeûnant, en se couvrant de cendre, en mettant un sac par-dessus ses vêtements, et en priant beaucoup pour obtenir grâce devant Dieu.

Tout le peuple se joignit donc au roi pour faire pénitence. Le Seigneur, touché de leur repentir, n’exécuta pas l’arrêt qu’il avait prononcé, et Ninive ni ses habitants ne furent détruits.

Quand Jonas eut terminé sa mission, il sortit de Ninive et alla se reposer ; il fut averti par l’esprit de Dieu que Ninive était pardonnée, et qu’elle continuerait à subsister comme par le passé, à cause du repentir sincère de ses habitants.

Jonas fut affligé et irrité de la clémence du Seigneur.

Petit-Louis. Pourquoi affligé ? Il aurait donc voulu que les habitants continuassent à offenser le Seigneur, et qu’ils périssent tous ?

Grand’mère. Jonas avait, à ce qu’il paraît, un caractère austère ; il était humilié que sa prophétie ne s’accomplit pas ; il craignait de perdre sa réputation de prophète, et qu’on ne se moquât de ses courses et de ses cris dans les rues de Ninive : il reprocha au Seigneur de les lui avoir commandés : « Seigneur, dit-il, n’est-ce pas là ce que je disais, lorsque j’étais encore dans mon pays ? C’est pour cela que j’avais d’abord voulu fuir à Tharse, car je savais que vous êtes un Dieu clément, bon, patient, plein de miséricorde, et qui pardonne les péchés des hommes. »

Armand. Est-ce que le bon Dieu ne fut pas en colère contre Jonas ? Ce qu’il dit est très-mal.

Grand’mère. Heureusement pour Jonas, que Dieu était réellement le Dieu bon, clément, qui pardonne les péchés des hommes, et qu’il voulut bien se contenter de réprimander Jonas de son injuste irritation et de ses plaintes.

Paul. Et où est allé Jonas, ensuite ?

Grand’mère. L’Écriture sainte ne le dit pas ; elle ne parle plus de Jonas. On croit qu’il mourut peu de temps après, vers l’an 760 avant Jésus-Christ.

Maintenant, je vais vous raconter la belle histoire des Machabées, ainsi que le martyre des sept frères Machabées.

Louis. Sept frères ! Tous ensemble ?

Grand’mère. Oui, tous furent martyrisés avec leur mère sous le règne du méchant Antiochus Épiphane. Il avait régné sur Israël quelque temps après la mort d’Alexandre le Grand, qui, en mourant, avait partagé son royaume entre douze de ses généraux. Ce méchant Antiochus était un des descendants de ces généraux.