L. Hachette et Cie (p. 493-495).

CXCVI

LES AMIS DE JOB VIENNENT LE VOIR

(Même temps, environ 1470 ans avant J.-C.)



Trois amis de Job, ayant appris l’état dans lequel il était réduit, vinrent le consoler. Quand ils l’aperçurent de loin, ils poussèrent un cri de terreur et se mirent à pleurer. Ils demeurèrent assis par terre, près de lui, pendant sept jours et sept nuits, ne lui adressant pas une parole, tant ils étaient désespérés de le voir ainsi souffrir de toutes façons. Enfin Job parla de ses maux avec tristesse, non pas en accusant le Seigneur, mais en regrettant d’avoir été mis au monde pour tant souffrir sans l’avoir mérité. Ses amis ayant pris la parole, sous prétexte de le consoler, lui firent les réflexions les plus pénibles, lui recommandant de prendre patience, de ne pas se laisser aller à la colère contre les punitions du Seigneur ; ils lui représentèrent que Dieu ne punit jamais que ceux qui l’ont mérité, que Job devait combattre son orgueil qui lui cachait ses fautes passées, qu’il devait s’humilier et mettre de côté toute hypocrisie, afin de se faire voir tel qu’il était, coupable et méritant la colère de Dieu.

Enfin, sous prétexte de l’encourager et de le consoler, les prétendus amis de Job lui dirent les choses les plus injurieuses et les plus fausses.

Job répliqua longuement et à diverses reprises ; il repoussa les accusations de ses amis, se remit entièrement entre les mains du Seigneur, dont il implora la miséricorde, mais sans jamais lui reprocher ses rigueurs. Il parla de la brièveté de la vie et de la récompense de l’éternité. Il leur parla du Sauveur à venir dans lequel il mettait toute son espérance.

« Car, dit-il, je sais que mon Rédempteur est vivant et que je ressusciterai de la terre au dernier jour. Que je serai de nouveau revêtu de mon corps, et que je verrai mon Dieu dans ma chair. Que je le verrai, dis-je, moi-même, et que je le contemplerai de mes propres yeux. C’est là l’espérance que j’ai, et qui reposera toujours dans mon cœur. »

Armand. Grand’mère, de quel Sauveur et Rédempteur parle le pauvre Job ?

Grand’mère. Job parle de Jésus-Christ, notre Sauveur à tous, dont il prophétise la venue, qui est le fils éternel de Dieu et que le Seigneur lui fait voir comme consolation des maux qui l’accablent. Dieu lui fait connaître le miracle de la résurrection de la chair, et de la vie éternelle de ce corps ressuscité, réuni à l’âme pour toujours.

Job reprocha à ses amis leurs perfides consolations, la cruauté de leurs reproches.

Quand Job eut fini de parler, le Seigneur lui apparut dans un tourbillon, et lui parla longuement pour l’encourager à accepter les maux que Satan avait fait tomber sur lui, et que le Seigneur avait permis pour éprouver sa foi.

Ensuite le Seigneur réprimanda sévèrement les amis de Job de leurs injustes accusations contre ce pieux et fidèle serviteur ; il leur ordonna d’aller offrir en holocauste à ce saint homme sept taureaux, et de lui demander de prier pour eux. « En sa faveur, dit le Seigneur, je vous pardonnerai vos fausses consolations et vos méchantes pensées, mais pas autrement. »

Job accepta volontiers les excuses de ses amis ; il pria pour eux, et le Seigneur écouta sa prière. Il y joignit une autre grâce pour Job lui-même. Il le délivra du démon qui avait causé tous ses malheurs ; il lui rendit la santé, des biens deux fois plus considérables que, ceux qu’il avait perdus, c’est-à-dire quatorze mille brebis, six mille chameaux, mille paires de bœufs et mille ânesses. Le Seigneur lui donna aussi sept fils et trois filles, tous plus beaux, plus sages et meilleurs encore que ceux qu’il avait perdus. Les filles étaient si belles, qu’aucune femme ne pouvait leur être comparée.

Job vécut encore cent quarante ans, parfaitement heureux, et il vit les enfants de ses petits-enfants jusqu’à la quatrième génération.

Henriette. À la bonne heure ! ce pauvre Job a été récompensé de sa patience et de sa soumission aux volontés de Dieu.

Grand’mère. Aussi est-il resté, même du temps où nous vivons, comme le modèle le plus parfait de courage et de résignation dans les plus grandes souffrances du corps et de l’esprit. Sa patience et sa douceur sont connues dans le monde entier.