L. Hachette et Cie (p. 381-383).

CXLIX

MORT DE JÉROBOAM

(850 ans avant J.-C.)



Jéroboam ne changea rien à sa vie déréglée et impie ; il continua à irriter le Seigneur et à adorer les idoles abominables qui représentaient les démons.

Un jour, son fils, le petit Abia, tomba malade ; Jéroboam aimait beaucoup cet enfant. Il appela sa femme et lui dit : « Déguise-toi, pour qu’on ne sache pas que tu es la femme de Jéroboam, et qu’on ne craigne pas de te dire toute la vérité. Va trouver le prophète Abias ; prends avec toi dix pains, un tourteau et un vase plein de miel, et donne-les-lui. »

Françoise. Qu’est-ce que c’est qu’un tourteau ?

Grand’mère. Un tourteau est une espèce de gâteau que les Juifs faisaient avec des graines ou des fruits secs, comme amandes, noix, noisettes, olives, qu’on écrasait et dont on tirait toute l’huile ; ils mélangeaient la pâte des graines ou des fruits, avec du miel, de la cannelle et autres épices, et ils en formaient des gâteaux dont ils étaient très-friands.

Abias était aveugle. Le Seigneur lui dit : « La femme de Jéroboam va venir te consulter pour son fils qui est malade. Tu lui diras telle et telle chose. »

Armand. Mais quelles choses ?

Grand’mère. Tu le sauras tout à l’heure, quand Abias aura parlé. Quand la femme de Jéroboam entra, et qu’elle eut dit à la porte quelques mots, comme si elle était une femme du peuple, Abias lui dit :

« Entrez, femme de Jéroboam. Pourquoi faites-vous semblant d’être autre chose que ce que vous êtes ? J’ai à vous dire de fâcheuses nouvelles.

« Jéroboam a offensé le Seigneur plus que ne l’avait offensé jusqu’ici aucun des rois d’Israël ; il a corrompu tout le peuple en lui faisant adorer des idoles qui sont les images du démon. C’est pourquoi je ferai périr Jéroboam, toute sa maison, et jusqu’aux animaux de sa maison ; et je la balayerai comme on a coutume de balayer le fumier.

« Ceux de la maison de Jéroboam qui mourront dans la ville seront mangés par les chiens, et ceux qui mourront dans la campagne seront dévorés par les oiseaux de proie.

« Allez-vous-en, retournez dans votre maison, et aussitôt que vous y aurez mis le pied, votre enfant mourra. Tout Israël le pleurera et l’ensevelira ; c’est le seul de la maison de Jéroboam qui sera mis dans un tombeau, parce que c’est le seul qui ait eu quelque chose d’agréable au Seigneur et qui soit resté pur. »

Après quelques autres prophéties au sujet de la dispersion des tribus d’Israël, le prophète Abias dit à la femme de Jéroboam : « Allez, retournez chez vous. »

Henriette. Pauvre femme ! elle devait être désolée en retournant chez elle, d’autant plus qu’elle était sûre de trouver son enfant mort.

Grand’mère. Oui, mais elle aussi adorait les idoles ; elle s’était laissé corrompre par son mari, de sorte qu’elle aussi méritait d’être punie. En effet, comme le lui avait dit le prophète, aussitôt qu’elle eut mis le pied dans sa maison, le petit Abia mourut.

Jéroboam continua à faire des guerres au dehors, à corrompre le peuple, et à mener lui-même une vie criminelle avec toute sa maison ; il mourut après un règne de vingt-deux ans, laissant le trône à son fils Nadab.