CXXXIV

DÉNOMBREMENT DU PEUPLE — PESTE DANS ISRAËL

(915 ans avant J.-C.)



David voulut dans ce temps savoir le nombre exact de ses sujets capables de porter les armes. Joab chercha à l’en détourner, parce que ce serait inutile et fort long ; mais le roi ne l’écouta pas et lui donna l’ordre de faire le dénombrement, c’est-à-dire le compte de tous les hommes d’Israël.

Armand. Pourquoi David tenait-il à faire faire ce dénombrement ?


Grand’mère. Ce fut par un sentiment de vanité royale qui déplut à Dieu et dont David fut puni, comme tu le verras tout à l’heure.

Joab et plusieurs de ses officiers partirent pour exécuter les ordres du roi. Ils furent neuf mois et vingt jours à parcourir le royaume d’Israël. Ils rendirent compte au roi de leur travail : les tribus d’Israël comptaient huit cent mille hommes forts vaillants pour la guerre ; la tribu de Juda à elle seule en avait cinq cent mille.

Après ce dénombrement, David sentit du remords dans son cœur. Il dit au Seigneur : « Seigneur, j’ai commis un péché d’orgueil par ce dénombrement ; car j’ai voulu savoir si j’étais réellement le roi le plus puissant de l’univers. Mais je vous prie Seigneur, de pardonner à votre pauvre serviteur cette grande folie qu’il a faite. »

Le lendemain Dieu dit au prophète Gad : « Va dire à David : Le Seigneur vous donne le choix entre trois fléaux. Choisissez celui que vous voulez. Ou bien, votre pays sera affligé d’une famine de trois ans ; ou bien, vous fuirez pendant trois mois devant vos ennemis qui vous poursuivront ; ou bien, la peste sera dans vos États durant trois jours. »

David fut dans un grand trouble quand il entendit ces paroles du Seigneur. Il se décida pourtant pour la peste, qui était le plus court des trois fléaux.

Le lendemain la peste se déclara dans tout Israël ; au commencement du troisième jour, il était mort soixante mille personnes.

L’Ange du Seigneur allait commencer à répandre le fléau sur Jérusalem, lorsque Dieu eut pitié de tant de maux et de la douleur de David ; il commanda à l’Ange exterminateur de s’arrêter.

« C’est assez, dit le Seigneur ; retiens ta main. »

David ne cessait de gémir, « C’est moi, disait-il, qui ai péché, et c’est mon peuple qui souffre. Qu’ont-ils fait que souffrir comme d’innocentes brebis ? Je vous en prie, Seigneur, que votre main se tourne contre moi et contre ma maison. »

Alors Gad vint dire à David : « Allez dresser un autel près de Jérusalem dans l’aire d’Aréma. »

Gaston. Qu’est-ce que c’est, une aire ?

Grand’mère. Une aire est une grange où l’on bat le blé.

Le roi alla tout de suite chez Aréma et demanda à lui acheter son aire pour offrir un holocauste au Seigneur.

Aréma refusa de la vendre, parce qu’il voulut donner non-seulement l’aire, mais ses bœufs pour les offrir en holocauste. — David répondit : « Je ne puis offrir en holocauste ce qui ne m’appartient pas. Il faut que vous me vendiez votre aire et vos bœufs. »

Aréma se soumit à la volonté du roi, et lui vendit son aire six cents sicles d’or et les bœufs cinquante sicles.

David fit établir tout de suite un autel en pierres ; les bœufs furent immolés. Quand ce sacrifice fut terminé, le fléau de la peste cessa à l’instant.