L. Hachette et Cie (p. 278-280).

CIV

DAVID EST CHOISI POUR RÉGNER SUR ISRAËL

(Même année, 969 ans avant J.-C.)



Le Seigneur dit à Samuel : « Prends l’huile sainte, va à Bethléem chez Isaï ; tu sacreras roi, un de ses fils que je te désignerai. Pour que Saül ne te fasse pas périr dans sa colère, prends un veau que tu mèneras à Bethléem, et tu diras que tu viens, selon mon ordre, m’offrir un sacrifice en ce lieu. »

Samuel obéit et arriva chez Isaï, qui le reçut avec une grande joie, ainsi que tout le peuple de Bethléem.

Après avoir offert le sacrifice, Samuel fit venir les sept fils d’Isaï, et à chacun d’eux, le Seigneur lui disait : « Ce n’est pas celui-là que j’ai choisi. »

« N’as-tu pas d’autres fils ? demanda Samuel. — J’en ai un autre de quinze ans, qui garde les brebis au dehors. — Fais-le venir ; nous ne nous mettrons pas à table sans lui. » Isaï l’envoya chercher, et le présenta à Samuel. Ce huitième fils d’Isaï se nommait David. Il était petit de faille, très-beau de visage, sa chevelure était un peu rousse, comme devait être plus tard celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Cette couleur de cheveux, très-peu estimée chez nous, était une grande beauté chez les Juifs. Le Seigneur dit à Samuel : « C’est celui-là que j’ai choisi ; sacre-le roi d’Israël. »

Samuel prit l’huile sainte, la versa sur la tête de David, et le sacra roi d’Israël. Aussitôt David fut rempli de l’esprit de Dieu. Samuel s’en retourna à Ramatha.

Au même moment que David reçut l’huile sainte, l’esprit de Dieu quitta Saül, et le malin esprit s’empara de lui.

Petit-Louis. Comment l’esprit de Dieu a-t-il fait pour le quitter, et comment le malin esprit s’est-il emparé de lui ?

Grand’mère. L’esprit de Dieu, c’est-à-dire la divine sagesse, l’intelligence des choses de Dieu, en un mot tout ce qui faisait de Saül un homme extraordinaire et un ministre de Dieu, abandonna Saül ; il devint un homme comme les autres. Il avait offensé Dieu, et, au lieu de se repentir et de demander grâce, il s’est laissé aller à l’orgueil, à la colère, à la méchanceté, comme vous allez voir dans ce qui me reste à vous raconter ; c’est ainsi que le malin esprit, c’est-à-dire le démon, avec toutes sortes de mauvais sentiments, d’injustice, d’orgueil, de colère, de vengeance, s’empara de son cœur et de son esprit.

Les officiers de Saül, voyant l’agitation de leur maître, ses colères, ses ordres absurdes et injustes, virent bien que le démon était entré dans son âme ; ils lui dirent :

« Seigneur, vous êtes malade et agité ; si vous aviez auprès de vous quelqu’un qui sût jouer de la harpe, peut-être vous vous sentiriez très-soulagé.

— Cherchez-moi quelqu’un qui sache jouer de la harpe, et amenez-le-moi, » dit Saül.

Un des officiers répondit : « J’ai vu un jeune homme qui en joue admirablement ; c’est le jeune David, fils d’Isaï de Bethléem.

— Faites dire à Isaï qu’il m’envoie tout de suite son fils, » dit Saül.

Quand Isaï eut reçu l’ordre du roi, il prit aussitôt un âne qu’il chargea d’un pain, d’une outre de vin et d’un chevreau, et il les envoya au roi par son fils David.

Gaston. Pourquoi envoie-t-il cela ? Saül n’en avait pas besoin.

Grand’mère. Parce que c’était l’usage, quand on se présentait devant le roi, de lui apporter un présent quelconque, en proportion de la fortune qu’on avait. Isaï n’était pas riche, et ne pouvait offrir que peu de chose.

David vint donc se présenter devant Saül, auquel il plut beaucoup ; le roi voulut le garder auprès de lui, et le fit dire à Isaï. Toutes les fois que l’esprit malin s’emparait de Saül, David jouait de la harpe. Saül se trouvait soulagé, et aussitôt le démon le laissait tranquille.