L’histoire des États-Unis racontée aux enfans/Guerre des Français et des Indiens.

Traduction par Mathilde Leiris.
E. Johns & Cie (p. 48-53).

Vue de Québec.

LEÇON IX.

guerre des français et des indiens.


1. Je vous ai dit que la guerre de la reine Anne fut terminée en 1713. De cette époque nous passerons rapidement à l’année 1756, dans laquelle commença la guerre des Français et des Indiens

2. Entre ces deux guerres il y eut une période de quarante-deux ans, pendant laquelle les colonies anglaises fleurirent. Les habitans se multiplièrent, l’agriculture prospéra, et le commerce s’étendit ; mais les manufactures n’étaient pas en activité. Les Anglais d’Europe ne voulaient pas permettre aux Américains de fabriquer des habits, des chapeaux et autres choses utiles, parce qu’ils désiraient leur vendre ces mêmes objets. Cependant les colonies florissaient, la population augmentait, et en 1756, les treize états renfermaient plus d’un million d’habitans,

3. À cette époque la guerre était allumée entre l’Angleterre et la France. En Amérique elle éclata entre les colonies anglaises, et les Français et les Indiens du Canada.

4. Jusqu’alors les colonies anglaises avaient trouvé suffisant de défendre leur propre territoire. Dans cette guerre elles envoyèrent des troupes au Canada pour attaquer les Français. L’armée anglaise commandée par le général Wolfe montait à huit mille hommes.

5. Les troupes françaises étaient sous les ordres du général Montcalm. Le 13 Septembre 1759, les deux armées se rencontrèrent près de Québec. Un combat sanglant s’engagea. Le général Wolfe y périt. Le général Montcalm y fut blessé mortellement. La victoire appartint aux Anglais, et la ville de Québec tomba en leur pouvoir.

6. Cette victoire devint le prélude de nouveaux succès. Tout le Canada fut conquis, et depuis ce temps il est resté la propriété du roi d’Angleterre. La guerre finit en 1763, après avoir duré environ sept ans.

7. Pendant cette période les colons-anglais donnèrent des preuves de bravoure et de générosité. Ils dépensèrent beaucoup d’argent, et à la fin de la guerre ils se trouvèrent pauvres. Ils ne furent pas bien traités par l’Angleterre. Cependant c’était pour elle qu’ils avaient combattu, et elle aurait dû leur rétribuer l’argent qu’ils avaient dépensé. Mais elle ne le fit pas, et ils ne purent l’obliger à leur rendre justice parce que leurs ressources étaient épuisées.

QUESTIONS.

1. En quelle année la guerre de la reine Anne fut-elle terminée ? Quand la guerre des Français et des Indiens commença-t-elle ?

2. Combien se passa-t-il de temps entre ces deux guerres ? Quel fut l’état des colonies pendant cette période ? Les manufactures étaient-elles en activité ? Pourquoi ? Combien d’habitans la colonie renfermait-elle en 1756 ?

3. En quelle année la guerre commença-t-elle entre l’Angleterre et la France ? Entre quels habitans d’Amérique la guerre s’alluma-t-elle ?

4. Qu’est ce que les colonies anglaises avaient trouvé suffisant de faire jusqu’alors ? Dans cette guerre où envoyèrent-elles des troupes ? De combien d’hommes l’armée anglaise était-elle composée ? Qui les commandait ?

5. Qui commandait les Français ? Quel jour les deux armées se rencontrèrent-elles ? Près de quelle ville ? Quelle fut la suite de cette rencontre ? Quoi général périt dans ce combat ? Quel autre général y fut blessé mortellement ? À qui appartint la victoire ? Quelle ville tomba en leur pouvoir ?

6. De quoi cette victoire fut-elle le prélude ? Quel pays fut conquis ? Depuis ce temps à qui le Canada a-t-il appartenu ? En quelle année la guerre finit-elle ? Combien d’années avait-elle duré ?

7. Comment se conduisirent les colonies anglaises dans cette guerre ? Que dépensèrent-ils ? Comment se trouvèrent-ils à la fin de la guerre ? Furent-ils bien traités par l’Angleterre ? Qu’aurait-elle dû faire ? Les paya-t-elle ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas l’obliger à leur rendre justice ?

HISTOIRE.

1. Mes élèves doivent savoir que la prise de Québec fut un événement important et glorieux.

2. La prise de cette ville fut importante puisqu’elle mit fin à la guerre, et qu’elle facilita aux Anglais la conquête de tout le Canada, qui tomba bientôt en leur pouvoir.

3. Les colonies anglaises avaient souffert beaucoup de la part des Français et des Indiens, pendant cette dernière guerre, celle du roi Guillaume et celle de la reine Anne ; mais maintenant que le Canada appartenait à l’Angleterre, elles n’avaient plus rien à craindre.

4. La prise de Québec fut aussi un glorieux événement, puisqu’on croyait qu’il était impossible de prendre cette ville. Et j’espère que vous trouverez le général Wolfe et ses troupes bien hardis et bien braves de l’avoir entrepris.

5. Au commencement de cette leçon est une vue de Québec, prise du côté de la rivière St. Laurent. Regardez encore cette image, et je vous expliquerai comment la ville tomba au pouvoir des Anglais.

6. Vous voyez que la partie supérieure de Québec est bâtie sur des bords très élevés. Depuis la surface de l’eau jusqu’au plus haut point il y a une distance de trois cent quarante-sept pieds. Le général Wolfe savait qu’il ne pourrait s’emparer de la place que s’il parvenait à ces hauteurs.

7. Le douze Septembre 1759, à une heure après minuit, il mit ses troupes à bord de quelques bateaux, et se dirigea vers une crique ou petite baie, dans laquelle vous voyez un vaisseau. Les bateaux entrèrent par cette baie appelée aujourd’hui « Wolfe’s Cove » et là ils débarquèrent à un mille et demi de la ville.

8. À cet endroit le précipice avait deux cents pieds de hauteur et était très escarpé. Cependant le général Wolfe conduisit son armée jusqu’au sommet, et la fit entrer dans les plaines qui environnent la ville. Elles portent le nom de « Plaines d’Abraham. » Les tours que vous voyez ont été construites depuis, et sont appelées « Tours de Martello. »

9. L’armée de Wolfe et celle de Montcalm se rencontrèrent dans les plaines d’Abraham. Ces deux armées étaient à peu près égales en nombre, et chacune d’elles comptait cinq mille hommes.

10. La bataille fut sanglante et désespérée. Dès le commencement, le général Wolfe fut blessé au poignet et bientôt après un autre boulet lui entra dans la cuisse, et un troisième lui perça le sein. Il tomba expirant sur l’épaule d’un soldat. Au même instant on entendit crier. « Ils fuient ! ils fuient ! » À ce cri le général se ranima quelques instants, demanda qui fuyait, et en apprenant que c’étaient les Français, il s’écria : « Je meurs content ! »

11. Le brave Montcalm atteint aussi d’un trait mortel, laissa son armée sans chef. Les Français en déroute furent massacrés par centaines, et les Anglais remportèrent une brillante victoire.