L’Origine des Cons sauvages (éd. 1797)/2

Chez Jean de la Montagne (A Lyon) (p. 7-15).

LE
PROLOGUE


DE L’AUTEUR.


Moi, considérant les profits et domages de se marier ou non, et par une studieuse et ingénieuse curiosité, longuement ambigneuz et douteuz, lequel on devoit faire ou laisser, je m’alai adviser d’une aspre et difficile demande, autrefois menée entre aucuns gentilhommes, étudians trop douteux, et faisant difficulté si, en se mariant, seroit convenable de prendre une vefve, dont en sourdit une grosse question non accoutumée.

Et pour satisfaire à ceux qui étoient en cette forest des cons, estimant et pensant qu’en multitude de nopces, est requis grand nombre de cons ; et d’autant que les mariages des uns, ni les espoux, ni les espouses, ne ressemblent jamais les uns aux autres, pour cette cause et raison je veux dire et conclure, selon les différentes nopces et espouses, les cons aussi différens. Et pour avoir cognoissance de la distinction et différence d’iceux, de leurs fâcheries et délectations ; et pour enseigner à tous hommes l’eslection ou reprobation d’iceux, afin qu’ils puissent fuir et éviter tant de misérables maladies et inconvéniens qui s’ensuivent. Et pour ce qu’en lisant ce petit traité, aucuns se pourroient ébayr comment j’ai tant voulu peiner à magnifier les mariages des vefves, qui s’appellent secondes nopces, et les légistes en ce cas usent d’un terme qui s’appelle con voler. C’est une chose bien sauvage que de voir un con voler : toute fois pour ces convolemens, les secondes nopces sont reprouvées de droit civil ; et semble proprement que les loix impériales tiennent pour profanes et excommuniées les femmes qui se marient deux fois. Car, quand elles sont mariées premiérement, et que l’on vient au dépucelage, que nos anciens appellent défloration, leurs maris ne peuvent avoir avec elles parfaite délectation voluptueuse conjugale, pour ce que ces tendres fillettes, et qui jamais n’avallerent pillules incarnatives quand ce vient à les incorporer, ne savent qu’elles font, et est un labeur inestimable, que de les frotter et estriller, jusqu’à ce qu’elles soient domestiquement apprivoisées, à hardiment exercer l’acte de génération ; mais la gaillarde vefve, qui a gousté et souventes fois savouré le suppositoire barbarique, puis a demeuré quelque temps sans en user, quand ce vient aux secondes nopces à recommencer, pour gratifier son second mari, aussi pour en prendre un bon repas sans péché, dont elle en a longuement jeûné, outre ce, a appris en ses premières nopces, elle fait quelques gestes d’avantage de souplesse de corps, plus allegre qu’elle n’avoit accoutumé.

Or le titre de la question sur laquelle ce présent traité se fonde, est tel ; car une jeune femme vefve, qui, en ses premières nopces, aura porté un enfant aussi grand qu’un homme, et puis des petits en après, perdant son mari, elle demeurera cinq ou six ans en vefvage, sans besogner du métier de nature, à savoir mon, s’il est possible que le con lui puisse bonnement tourner en si louable disposition, qu’elle sente douleur, et ledit con lui cuise, quand l’on recommencera à labourer. Pour la décision de cette question tant ardente, et pour satisfaire aux desirs des dames et demoiselles, et honorables vefves, j’ai eu conférence avec beaucoup de vénérables et anciennes prélates et pudiques matrones, expertes en tels secrets, avec lesquelles la disputation a plusieurs fois duré assez longuement, pour mieux investiguer le fonds de la matrice subtile ; enfin, la résolution fut telle, comme ci-après entendrez vers la fin de ce présent traité, lequel a l’honneur du dévot sexe féminin. Dont nous prions affectueusement, et afin que tous nobles esprits, hommes et femmes, et autres des états desquels il appartiendra, entendent plus distinctement et facilement le contenu d’icelui, séparé et divisé par chapitres, comme ci-dessous est ordonné ; vous suppliant, mes très-honorés lecteurs, prendre en gré mon petit labeur.

Cons de dames et damoiselle,
Cons de bourgeoise, et de pucelle
Cons de servante, et de couvent,
Sont tous tournés d’un même sent.