L’Orbe pâle/Mon corps est ici, avec mon désir

Eugène Figuière et Cie (p. 15).


MON corps est ici, avec mon désir ; mon âme est au faîte des navires où s’agitent de jeunes hommes pour le combat stérile et beau.

Ne serait-ce pas elle, qui, invisible, incite leurs jeunes ardeurs, leur courage ?

Ne suis-je pas l’âme de la bataille ?

Et ces coups sourds qu’on entend, plutôt que des canons ne sont-ce pas les cloches, les lointaines cloches qui sonnent enfin mon heure, après l’heure interminable de l’interminable attente, l’heure enfin de vaincre ?