L’Orbe pâle/Cette nuit, je me promenais sous la lune

Eugène Figuière et Cie (p. 79).


CETTE nuit, je me promenais sous la lune.

De loin, j’ai regardé ma maison, ma maison adossée à la colline. Derrière la colline, j’ai vu un immense faisceau de lumière, un immense faisceau de lumière dont ma maison était exactement le centre, le cœur, le cœur sans vie. Le faisceau de lumière lui mettait une auréole triomphale. On eût cru la maison du bonheur, l’abri intense, la demeure de l’amour et de la gloire. D’où sortait ce faisceau de lumière, pourquoi cette auréole à ma maison qui n’est pas la maison du bonheur, l’abri intense, la demeure de l’amour et de la gloire, mais seulement la maison de la solitude, la maison où je suis plus seule que si jamais aucun être n’en franchissait le seuil, la maison de l’Attente.

Alors, pourquoi ce faisceau de lumière, auréole trop ardente, malgré que les feux blancs soient des feux lunaires ?