L’Image du monde/Résumé des chapitres de la première partie et notes sur le texte

Texte établi par O. H. Prior, Librairie Payot & Cie (p. 31-55).
Résumé des chapitres de la première partie et notes sur le texte.

Il est à propos maintenant de donner un court résumé de certains chapitres, accompagné de notes explicatives.

Dans le premier chapitre de la Cosmogonie, Gossouin décrit la puissance de Dieu.

Livre I. Ch. I. — Tout vient de Lui, tout y retourne. Il ne peut y avoir aucun mal en Lui, sinon Il serait mortel comme nous. Le bien monte vers Lui, le mal descend comme la lie dans le vin. Il est immuable et immobile ; pourtant tout mouvement provient de Lui. Le temps n’existe pas pour Lui, ni pour les élus. Avant même d’avoir créé le monde, Dieu savait tout ce qui allait s’y passer.

La théorie du Dieu immobile est surtout frappante ici. Le Demiourgos de Platon est une Divinité paresseuse qui crée et puis se repose, laissant à la nature le soin de se reproduire et de croître. Le Dieu d’ Aristote est bien supérieur : Il est immobile ; mais, comme dit Gossouin, tout mouvement dépend de Lui.

Cette même idée revient sous différentes formes dans plusieurs chapitres. Notre auteur est évidemment à la hauteur des idées théologiques de son temps. Il est influencé par les théories aristotéliciennes, déjà connues au commencement du XIIIe siècle, et qu’Albert le Grand et Thomas d’Aquin aidèrent beaucoup à répandre. La mention de l’abbaye de Saint-Arnoul de Metz dans la seconde rédaction en vers nous permet de supposer que Gossouin a eu au moins l’occasion d’entrer en rapports intellectuels avec les religieux de ce monastère. Cela expliquerait d’autant mieux ses opinions, car, nous le savons, ce sont les Bénédictins qui, au XIIIe siècle, ont surtout aidé à faire connaître Aristote.


Ch. II. — Dieu a créé le monde par charité pour que d’autres aient part à ses biens. Efforçons-nous donc de les mériter : Il nous en a donné le pouvoir.

Le passage suivant de saint Augustin offre une frappante ressemblance avec ce chapitre : « Sciendum est ergo rerum creatarum, cœlestium et terrestrium, visibilium et invisibilium, causam non esse nisi bonitatem Creatoris, qui est Deus unus et verus ; cujus tanta est bonitas, quod alios suæ beatitudinis qua æternaliter beatus est, velit esse participes[1]


Ch. III. — De même pour le chapitre 3, nous trouvons dans saint Augustin : « Non propterea est Dei imago in mente, quia sui meminit et diligit se, sed quia potest etiam meminisse, intelligere et amare Deum, a quo facta est[2]. »

Voici le résumé du texte de Gossouin : Dieu a fait l’homme à Son image et l’a fait maître de toute la création. Il lui adonné l’intelligence pour qu’il se souvienne de ses bienfaits et qu’il puisse prendre part à sa joie. L’homme qui fait le bien est supérieur même aux anges.


Ch. IV. — C’est encore un ouvrage de l’évêque d’Hippone qui a servi de base au chapitre sur le libre arbitre[3].

Dieu a donné à l’homme le pouvoir de faire le bien ou le mal. Si l’homme ne pouvait pécher, il n’aurait aucun mérite, car il ne devrait pas sa vertu à lui-même. Les anges qui ne peuvent pas pécher ne sont pas récompensés comme nous. Dieu a voulu que nous pussions mériter d’aussi grands biens que Lui-même : c’est pourquoi Il nous a donné la raison et le bon sens. L’homme qui s’imagine rendre un service à Dieu en ne péchant pas doit être fou, car, si le monde n’existait pas, Dieu n’en souffrirait nullement.


Ch. V. — Dans les anciens temps, les hommes voulaient trouver la raison des choses. Ils cherchaient à découvrir les secrets du firmament, et ils ne pensaient pas seulement à leur nourriture, comme de nos jours. Ils s’efforçaient d’apprendre les sciences qui devaient leur donner la connaissance de Dieu. Pour y parvenir, ils étudiaient Ses œuvres, « car à ses œuvres on connaît l’ouvrier ». Ils souffraient toutes les persécutions par amour de la vérité, comme les saints souffraient le martyre par amour de Jésus.

Par leur science certains philosophes purent annoncer la venue du Christ, entre autres Virgile.

Nous trouvons l’origine de cette prophétie au quatrième vers de la quatrième églogue :

Ultima Cumaei venit jam carminis aetas.

D’après la prédiction de la Sibylle de Cumes, la terre, ayant parcouru les quatre âges d’or, d’argent, de bronze et de fer, allait maintenant revenir à l’âge d’or. Saint Augustin cite les vers suivants[4] :

Te duce si qua manent sceleris vestigia nostri
Irrita perpetua solvent formidine terras.

Il ajoute : « Quod ex Cumæo, id est, ex Sibyllino carmine se fassus est transtulisse Virgilius ; quoniam fortassis etiam illa vates aliquid de unico Salvatore in spiritu audierat, quod necesse habuit confiteri[5]. »

Gossouin nous dit qu’en lisant les vers de Virgile, saint Paul s’écria ; « Ha ! quel je t’eüsse rendu a Dieu se tu eüsses vescu tant que je feusse a toi venuz. » Quitte à paraître un peu trop complet, nous ne pouvons négliger de citer ici les vers biens connus d’une hymne qui se chantait encore au XVe siècle à Mantoue pendant la messe de saint Paul :

Quem te, inquit, reddidissem,
Si te vivum invenissem,
Pœtarum maxime[6] !

Virgile semble avoir eu un attrait mystérieux pour le moyen âge. Nous le voyons paraître ici comme prophète. Au troisième livre de l’Image du Monde, Gossouin consacre un chapitre entier à Virgile le Magicien.

Notre auteur parle ensuite avec mépris de ces gens riches qui achètent des livres en quantité pour qu’on les croie savants, et il leur applique la fable d’Esope, le Coq et la Perle.

Puis il donne la liste des sept arts libéraux qui constituaient les sept parties de l’enseignement dans l’école d’Alexandrie : la grammaire, la logique et la rhétorique (le trivium), l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie (le quadrivium).


Ch. VI. — Les philosophes à Athènes divisaient les hommes en trois classes : les laboureurs qui doivent fournir ce dont les autres ont besoin ; les chevaliers qui doivent défendre les autres ; les clercs qui doivent les instruire.

Depuis Charlemagne, les rois de France ont toujours protégé les sciences, dont la fleur se trouve parmi les frères mineurs (les Franciscains) et les jacobins (les Dominicains) qui viennent d’arriver en France.

Ch. VII. — Le septième chapitre contient une description détaillée des sept arts, basée en grande partie sur Neckam. Gossouin explique pourquoi la médecine n’en fait pas partie : elle s’occupe du corps, et seules les sciences qui s’occupent de l’âme méritent le nom d’arts libéraux.


Ch. VIII. — Selon Legrand d’Aussy[7], qui a fait une courte analyse du texte de notre encyclopédie, l’auteur, dans le chapitre huit, attribue à la nature un pouvoir égal à celui de Dieu, et, comme d’autres critiques d’ailleurs, il s’étonne que l’Image du Monde n’ait pas été supprimée. Car, au moyen âge, une œuvre entachée d’hérésie n’aurait pu devenir si populaire sans attirer sur elle les foudres de l’Église.

Gossouin nous paraît être au contraire absolument conséquent. Il développe la théorie des rapports de Dieu et du monde mentionnée au premier chapitre. Il nous confirme dans l’opinion que nous avons ici un disciple d’Aristote et d’Albert le Grand. Ses idées sont celles de saint Thomas d’Aquin qui écrivait vingt ans plus tard et dont la Somme de Théologie est l’écho des opinions contemporaines.

Dieu créa premièrement la nature. Celle-ci meut les étoiles, les fait luire et fait naître et vivre ce qu’elle veut. Sans la nature rien ne peut naître, et, par elle, tout vit. Elle agit dans la main de Dieu comme la hache du charpentier : la hache ne fait que trancher, et celui qui la tient la guide où il veut.

Cette dernière phrase rend l’idée exacte de Gossouin ; sans elle l’accusation d’hérésie serait soutenable. Elle est d’autant plus intéressante que nous la retrouvons dans saint Thomas d’Aquin : « Deus movet non solum res ad operandum, quasi applicando formas et virtutes rerum ad operationem (sicut etiam artifex applicat securim ad scindendum, qui tamen interdum formam securi non tribuit) etc.[8]. »

Platon, selon notre auteur, dit que la nature est une puissance qui fait naître semblable par semblable. Le seul passage du philosophe grec que l’on puisse mentionner est un proverbe dans Gorgias, ὁμοῖος ὁμοίῳ. Boèce qui est peut-être la source immédiate, écrit, selon Albert le Grand[9] : « Natura est vis insita rebus ex similibus similia procreans[10]. »

Aristote définit la nature comme un principe qui donne aux choses le pouvoir de se mouvoir. Gossouin a pu trouver cette définition dans différents passages de la Physique et de la Métaphysique.

Physique[11]. — Tout ce qui provient de la Nature a en soi un principe de mouvement et de repos : τούτων μὲν γὰρ ἕκαστον ἐν ἑαυτῷ ἀρχὴν ἔχει κινήσεως καὶ στάσεως,…

Physique[12]. — La nature forme la base de toutes choses qui ont en elles un principe de mouvement et de changement : ἕνα μὲν οὖν τρόπον οὕτως ἡ φύσις λέγεται, ἡ πρώτη ἑκάστῳ ὑποκειμένη ὕλη τῶν ἐχόντων ἐν αὑτοῖς ἀρχὴν κινήσεως καὶ μεταβολῆς, ἄλλον δὲ τρόπον ἡ μορφὴ καὶ τὸ εἶδος τὸ κατὰ τὸν λόγον.

Métaphysique[13]. — La nature est un principe en soi : ainsi, l’homme engendre l’homme : ἢ γὰρ τέχνῃ ἢ φύσει γίγνεται ἢ τύχῃ ἢ τῷ αὐτομάτῳ. ἡ μὲν οὖν τέχνη ἀρχὴ ἐν ἄλλῳ, ἡ δὲ φύσις ἀρχὴ ἐν αὐτῶ, ἄνθρωπος γὰρ ἄνθρωπον γεννᾷ.


Ch. IX. — Le monde est rond comme une balle. Le ciel entoure à la fois le monde et l’éther, un air pur dont les anges prennent leur forme. Cet éther est si clair et si brillant que le pécheur n’en peut supporter l’éclat. C’est pourquoi l’homme tombe comme endormi à la vue d’un ange.

Bède le Vénérable et saint Grégoire le Grand fournissent les matières de la seconde partie de ce chapitre.


Bède : « Angeli corpora in quibus hominibus apparent, in superno ære sumunt, solidamque speciem ex cœlesti elemento inducunt, per quam humanis obtutibus manifestius demonstrentur[14]. »

Saint Grégoire le Grand : « Nisi enim Angeli quædam nobis interna nuntiantes ad tempus ex ære corpora sumerent, exterioribus profecto nostris obtutibus non apparerent ; nec cibos cum Abraham caperent, nisi propter nos solidum aliquid ex cœlesti elemento gestarent[15]. »


Ch. X. — L’éther environne les quatre éléments qui sont placés dans l’ordre suivant : la terre, l’eau, l’air, le feu. Gossouin compare cet ordre aux différentes parties d’un œuf : la coquille, le blanc, le jaune, la goutte de graisse.


Ch. XI — Au milieu du monde se trouve l’élément le plus pesant : la terre. L’homme peut en faire le tour, comme une mouche fait le tour d’une pomme. Si deux hommes se séparaient allant l’un à l’est, l’autre à l’ouest, ils se rencontreraient aux antipodes.

Au moyen d’une série d’exemples accompagnés de dessins explicatifs, Gossouin nous montre que des pierres jetées au centre de la terre ne sauraient aller plus loin, parce qu’elles seraient alors à égale distance du firmament. Si ces pierres étaient de poids différents, la plus lourde arriverait au centre avant les autres.

Fritsche[16] cite comme source Vincent de Beauvais[17] dont le chapitre intitulé Quorsum injectus lapis erit casurus, si perforatus sit ei terræ globus contient certainement l’idée exprimée par Gossouin. Vincent lui-même ajoute qu’il a tiré ces détails d’Adélard de Bath[18]. Beaucoup de traits provenant de ce dernier auteur se retrouvent dans l’Image du Monde, surtout dans la seconde partie ; aussi sommes-nous plutôt enclin à croire que Gossouin l’a employé directement sans avoir recours à Vincent.

Dans Alexandre Neckam il y a également un passage complet quant à la matière, et fort semblable à celui de notre encyclopédie : « Si terra in centro suo intelligatur esse perforata, ita quod magnus sit ibi hiatus, et descenderet maximum plumbi pondus sine omni obstaculo, quiesceret motus ejus in terræ centro[19]. »


Ch. XII. — Si nous pouvions nous élever à une hauteur suffisante, les montagnes et les vallées s’effaceraient et la forme ronde de la terre serait évidente. Les grands fleuves paraîtraient comme un cheveu sur le doigt d’un homme.

Fritsche[20] trouve cette comparaison ridicule. Selon lui, Gossouin a commis une grossière erreur en essayant de traduire le passage suivant de l’Imago Mundi[21] : « Si enim quis in ære positus eam [terram] desuper inspiceret, tota enormitas montium, et concavitas vallium minus in ea appareret, quam digitus alicujus, si pilam prœgrandem in manu teneret. » Le critique allemand conclut que l’auteur de l’Image du Monde a mal compris le sens de pilam, la balle, et a pris ce mot pour pilus, le cheveu. Mais l’erreur de Gossouin n’est pas du tout évidente : sa comparaison diffère totalement de celle du texte latin ; elle est même préférable. Loin d’être convaincu d’ignorance, notre auteur a montré de l’originalité.

La citation que nous donnons de l’Imago Mundi se retrouve dans Sénèque[22].


Ch. XIII. — La forme ronde est la plus favorable au mouvement. Or tout est mouvement en ce monde. C’est pourquoi Dieu a fait la terre ronde.


Ch. XIV. — Le dernier chapitre de la première partie est basé presque entièrement sur Neckam.

Le ciel est si loin de nous qu’une pierre mettrait cent ans à tomber de là jusqu’à la terre.

Neckam dit : « Tanta est firmamenti quantitas, ut ipsi totalis terra collata quasi punctum esse videatur[23] » Gossouin exprime la même idée en disant que, vue du ciel, la terre serait comme la plus petite des étoiles.

Le ciel tourne de l’est à l’ouest ; le soleil et les autres planètes tournent dans la direction opposée. On peut comparer ce mouvement à celui d’une mouche sur une roue, lorsque la mouche va dans un sens et la roue en sens contraire.

Nous lisons dans Neckam : « Simile autem inducere videntur in rnusca quæ a rota defertur, motu tamen suo contra rotæ impetum agitatur[24]. »

En résumé, une étude des sources indiquées dans les notes sur le texte montrera que, pour la première partie, Gossouin s’est surtout servi de Neckam, quelquefois d’Honorius. Mais, presque toujours, lorsque ce dernier peut être mentionné comme source, nous trouvons des passages semblables dans Neckam.

Sauf les passages, en somme bien peu nombreux, que nous avons mentionnés, la première partie est l’ouvrage de Gossouin lui-même.


Deuxième Partie. — On ne saurait en dire autant de la seconde : le sujet, d’ailleurs, ne s’y prêtait pas. Notre auteur a emprunté sa géographie à des ouvrages reconnus probablement comme faisant autorité.

C’est donc la science de l’époque, et non Gossouin lui-même, qu’il faut blâmer pour les descriptions d’hommes et d’animaux fabuleux qui, pour nous, ne forment pas les chapitres les moins intéressants de l’Image du Monde.


Ch. I. — La terre est divisée en quatre parties : l’orient, l’occident, le midi, le septentrion. La « ligne du midi » divise l’orient et l’occident. Au bout de cette ligne se trouve la ville d’Aaron qui est toute ronde et qui est au milieu du monde.

C’est là qu’en général nous voyons Jérusalem sur les cartes du moyen âge.

Aaron est sans doute la ville nommée Aren sur la carte de Pierre Alphonse[25], un Juif de Huesca, qui écrivait vers 1110. La forme Arim se trouve dans un manuscrit de l’Image du Monde[26], et rend cette supposition probable.

Cette cité, dit Miller[27], située au milieu de la terre, aux confins du monde habitable, est, d’après la légende arabe, le refuge des démons et le trône d’Iblys. Cet endroit, aussi nommé Aryn ou Arym, est déjà mentionné par les Arabes au IXe siècle. Sur une carte persane du XIIe siècle, il est indiqué comme étant au milieu de la terre. En occident on trouve souvent ce nom au XIIIe siècle. Roger Bacon en parle et dit que Syène se nomme maintenant Aryn.

La ligne qui s’étend à gauche de la ligne du midi s’appelle septentrion ; elle est ainsi nommée d’après les sept planètes.

Cette explication est tirée d’Isidore de Séville[28].

Le septentrion se termine à la montagne[29] qui guide les marins. Rien dans le contexte ne peut nous aider à découvrir de quelle montagne il s’agit. Peut-être est-ce une allusion à l’île de Thulé, où quelques-uns croient reconnaître l’Islande et ses volcans.

Gossouin donne ensuite le nom des trois continents, avec leur étymologie.

Afrique vient d’enfer, c’est-à-dire apportée. Même si nous admettons qu’il y a ici erreur de copiste, et qu’au lieu d’enfer il faut lire affer du latin affero, cette dérivation est originale. Aucune des sources ordinaires de l’Image du Monde ne la donne. Isidore[30], Honorius[31] et Vincent de Beauvais[32] disent que l’Afrique tire son nom d’un descendant d’Abraham nommé Afer. Vincent ajoute : « Africam autem nominatam quidam inde existimant, quasi Apricam, quod sit aperta cœlo vel soli sine horrore frigoris. »


Ch. II. — Le second chapitre se divise en huit parties, où Gossouin décrit l’Asie en détail.

La première région, c’est le Paradis terrestre dans lequel quatre fleuves ont leur source : le Phison, ou Gange ; le Gyon, ou Nil ; le Tigre et l’Euphrate.

La Genèse (II, 13) mentionne un fleuve Pison, mais rien ne nous prouve qu’il s’agisse du Gange. Flavius Josèphe dit que le Phison est nommé Gange par les Grecs. Ces deux noms sont aussi donnés par saint Ambroise[33] et par saint Augustin[34].

Ce Phison, dit Gossouin, sort du Mont Ortobares (l’Oscobares d’Orose[35], le premier qui fasse mention de cette montagne), traverse l’Inde et se jette dans la mer d’Occident.

Le Gyon ou Nil disparaît sous terre et ressort dans la longue mer qui entoure l’Éthiopie. Il se divise en sept branches, traverse l’Egypte, puis se jette dans la grant mer, le Mare Magnum d’Orose et d’Isidore, c’est-à-dire la Méditerranée.

L’Euphrate et le Tigre sortent du Mont Parthoacus[36] et se jettent dans la mer moyenne.

Après le Paradis vient l’Inde sur laquelle Gossouin donne beaucoup de détails. Nous relevons ici seulement les passages qu’il est à propos d’élucider.

Fo 51 C. — En Inde se trouve le mont Capien où Alexandre enferma une nation nommée Goz et Magoz. Ces gens dévorent la chair d’hommes et d’animaux toute crue.

Ce mythe vient d’Ezéchiel (c. 38, 39). En ossète Gog et Magog désignent deux massifs du Caucase. On appliqua ensuite ces deux mots aux populations scythiques de la mer Noire et de la mer Caspienne.

Sir John Maundeville, dont l’Image est une des sources principales, décrit cette nation qui, ajoute-t-il, appelle le mont Capien Uber[37]. Il s’agit là plutôt de la chaîne de l’Elbourz que du mont Elbrouz.

L’Inde est divisée en quatorze régions. Ce chiffre est évidemment une erreur : fo 60 A nous lisons « 33 régions », dans le manuscrit Arundel « 34 ». Orose, Gervaise de Tilbury et Honorius donnent « 44 »

Les monstres moitié bêtes, moitié hommes sont sans doute les Centaures d’Honorius[38], ou l’Hippocentaurus de saint Jérôme[39].

Fo 53 D. — Gossouin décrit une population composée d’hommes qui n’ont qu’un pied, si large qu’ils l’emploient pour se protéger du soleil. Ils se nomment « cyclopes ». Honorius[40] les appelle « Scinopodæ ». Ensuite nous lisons la description d’hommes qui ont un œil brillant au milieu du front. Honorius[41] mentionne seulement le nom de ce peuple sans autre détail : « cyclopes ». Il est facile de voir que dans l’Image il y a eu transposition :

Gossouin attribue le titre de « cyclopes » aux « Scinopodæ », et omet entièrement ce dernier nom.

Le long chapitre sur les animaux de l’Inde provient soit d’Honorius, soit de Jacques de Vitry ou de Neckam.

Fo 55 B. — Le musqualiet est petit comme une souris et a un petit museau. Il s’agit sans doute de la musaraigne, mentionnée par Isidore[42].

La légende des arbres qui parlèrent à Alexandre est une des plus répandues à propos du roi de Macédoine. Elle s’est formée, comme beaucoup d’autres, grâce à la lettre d’Alexandre à Aristote[43], dans l’Histoire d’Alexandre du pseudo-Callisthène .

Nous la retrouvons dans les œuvres de Ranulph Higden[44] et de Jacques de Vitry[45].

Dans la sixième partie du chapitre II, Gossouin décrit les différentes parties de l’Asie.

Fo 60 C. — Il mentionne Tarse, Sabba et l’Arabie, « d’où venaient les Rois Mages ». On donne généralement comme origine de l’histoire des Rois Mages le verset 10 du Psaume LXXII : « Les rois de Tarscis et des îles lui présenteront des dons ; les rois de Schéba et de Séba lui apporteront des présents. » Isidore[46] et Honorius[47] disent tous deux : « Arabia, quæ etiam Saba dicitur, a Saba filio Chus. » Gossouin aurait donc dû dire Schéba au lieu de Sabba, puisque ce dernier est seulement un autre nom pour l’Arabie.

Fo 60 D. — La description de la Phénicie et du phénix est traduite en entier de Neckam. C’est le seul ouvrage, parmi les sources généralement employées dans l’Image du Monde, où nous trouvions tous les détails.

Isidore[48] et Honorius[49] décrivent une race d’hommes à cheveux blancs en Albanie. D’après Gossouin, ce peuple habite l’Arménie.

Fo 63 C. — Vers l’orient se trouve une population sale et vile descendue des Juifs[50]. Le mariage est inconnu parmi ces gens, parce qu’ils n’osent se fier aux femmes.

Cette légende est traduite littéralement de Jacques de Vitry[51] : « dicuntur Essaei, de genere Judæorum descendentes. »


Ch. III. — Le troisième chapitre traite de l’Europe et de ses contrées.

Fo 67 C. — Les copistes des divers manuscrits ont fort maltraité les noms de pays mentionnés par l’auteur. Sous ce rapport, le manuscrit Harley 4333[52] du Musée Britannique est de beaucoup le plus correct. C’est grâce à lui que nous avons pu résoudre une énigme telle que Retecorinde, Retecorinde, Retecorindet, Rechecorinde, qui se trouve être un composé de deux noms : Rethe, Corinte, c’est-à-dire la Rhétie et la Carinthie.

La lettre x a aussi trompé plus d’un scribe : Saproine, Sarroine, Sapoine représentent Saxoine, la Saxe, et Naton ou Naaron l’île de Naxos.

D’après Gossouin, l’Europe s’étend jusqu’au Mont Geu (Mons Jovis), le Grand Saint Bernard. Cette information intéressante va nous aider à expliquer le chapitre suivant.

Fo 68 A. — L’Afrique, dit l’auteur, comprend la Lybie, la Syrie, la Palestine, la Grèce, la Lombardie, la Toscane, Alexandrie, la Gascogne, l’Espagne et d’autres contrées. À première vue cette liste semble ridicule : Fritsche[53], Fant[54], Langlois[55], et d’autres encore y voient une faute de copiste. Il paraît étrange pourtant qu’une erreur aussi étonnante se soit conservée dans tous les manuscrits de toutes les rédactions sans exception. Bien plus, le scribe de Royal 19 A IX[56] ne se contente pas de copier ce chapitre mot pour mot ; il y ajoute d’autres noms : Chypre, la Sicile, Naples, la Catalogne, la Galicie, la Navarre et le Portugal. Il nous semble donc nécessaire d’expliquer autrement que par une simple faute de copiste cette nomenclature étrange et qu’il faille en chercher la raison dans les connaissances géographiques même du moyen âge.

Quelques anciens faisaient de l’Afrique une simple province de l’Europe, comme le prouvent les citations suivantes :

Varron[57] (116-26 av. J.-C.) : « Ut omnis natura in cœlum et terram divisa est, sic cœlum in regiones, terra in Asiam et Europam. »

Salluste[58] (87-34 av. J.-C.) : « In divisione orbis terræ plerique partem tertiam Africam posuere : pauci tantummodo Asiam et Europam esse, sed Africam in Europa. »

Orose[59] (Ve siècle) : « ....quamvis aliqui duas (partes), hoc est Asiam, ac deinde Africam in Europam accipiendam putarint. »

Gervaise de Tilbury[60] (XIIIe siècle): « ....sed potius in Europa deputantes Africam, hoc est secundæ partis portionem appellare maluerunt. »

Ranulph Higden[61] (XIVe siècle) : « Idcirco qui res humanas evidentius agnoverunt duas tantum orbis partes accipiendas censuerunt, scilicet Asiam solummodo et Europam ; Africam vero censuerunt Europæ finibus deputandam... »

Ces extraits suffisent pour montrer qu’une opinion assez répandue a guidé Gossouin. D’une manière un peu arbitraire, il a fixé la limite, évidemment très vague, entre l’Europe et l’Afrique, attribuant à cette dernière le littoral entier de la Méditerranée. Ainsi la Carinthie, la Thessalie, l’Epire, « une partie de Constantinople », sont en Europe. Mais l’Italie, la Grèce, l’Espagne, la Palestine sont en Afrique.

Le fait que pas un seul des copistes n’ait songé à transférer cette énumération au chapitre sur l’Europe, que certains d’entre eux y ajoutent même d’autres noms, semble prouver qu’il s’agit là d’un fait admis à l’époque et d’un exemple curieux des connaissances géographiques au moyen âge. D’après cela, nous comprenons pourquoi notre auteur indique le Grand Saint Bernard comme limite sud de l’Europe.

Fo 68 D. — Le paragraphe suivant, sur Naxos, nous fournit un exemple remarquable de la négligence des scribes. Le nom paraît dans les manuscrits de l’Image du Monde sous les formes Naaron, Varon et Anon.

Dans la description de cette île, Gossouin commet une série d’erreurs. Pour lui, Naxos est le lieu natal de saint Denis qui fut décapité en France.

Dès le IXe siècle le premier évêque de Paris a été identifié avec Denis l’Aréopagite, légende qui doit son origine à Hilduin[62]. Une des plus sérieuses accusations contre Abailard a été son refus d’admettre cette identité.

Il est certain que saint Denis n’a pas vu le jour à Naxos ; quant à l’Aréopagite, son origine est prouvée : Suidas[63], son biographe, nous dit qu’il est né à Athènes.

Comment expliquer cette seconde erreur de Gossouin ? La réponse est fort simple. Les fertiles vignobles de Naxos l’avaient fait surnommer Dionysias (c’est-à-dire l’île de Dionysus, autrement dit Bacchus). C’est donc cette ressemblance fortuite qui a trompé notre auteur et l’a induit à faire de Naxos le lieu natal de saint Denis.

Fo 69 A. — Isidore[64] décrit les deux îles de Melos et de Paros ; il ajoute que, de cette dernière, on tire du marbre blanc. Gossouin a combiné les deux îles dans sa description de Melos.

Il mentionne ensuite la reine de Samos « qui prophétisa la venue du Christ ». Elle était une des plus fameuses sibylles et la sixième en rang.

Fo 69 B. — L’île de Bosus où les serpents ne peuvent vivre est sans doute l’"Εβυσσος mentionné par Ptolémée. C’est l’île d’Iviça, une des Baléares.

Colombine, la Columbina Terra ou Colubraria de Pline, peut être soit l’île de Formentera, soit le groupe des Columbretes sur la côte d’Espagne. La position de cette île sur les anciennes cartes ne permet guère de résoudre la question : la probabilité est en faveur de Formentera, quoique la forme même du mot « Columbretes » soit un argument en faveur de ce groupe peu important.

Fo 69 D. — L’île disparue de Platon dans la mer Bétique est naturellement l’Atlantide dont le philosophe grec parle dans le Critias[65] et dans le Timée[66].

Gossouin décrit en quelques mots l’île perdue de saint Brandan. Sur les cartes du moyen âge[67] elle est placée au sud de l’île Antilia, à l’ouest des îles du Cap Vert.[68]


Ch. VI. — Le chapitre six est presque entièrement consacré à l’Irlande. Les merveilles de ce pays ne le cédaient en rien à celles de l’Inde au moyen âge. Nous trouvons même dans Giraldus Cambrensis[69] des détails qui, dans l’Image du Monde, se trouvent dans le chapitre sur les Indes : ainsi la description des femmes à barbe de Limerick. Gossouin suit d’ailleurs de très près dans ce chapitre l’ouvrage de Giraud.

Fo 71 C. — L’île de Tylle, où il n’y a qu’un jour dans l’année et où les arbres sont toujours verts, représente deux îles dont parle Isidore[70] : Tylos, aux Indes, qui est toujours verte ; et Thyle ou Thulé près de l’Angleterre.

Fo 72 B. — D’après l’Image du Monde, il y a, en Bretagne, des gens qui ont une queue au bas du dos. Ce passage est pris de Jacques de Vitry[71] qui dit expressément in Majori Brittania, ne nous laissant ainsi aucun doute : il s’agit de l’Angleterre.

S. Baring-Gould a publié une étude sur le sujet[72]. Il ne cite pas de sources très anciennes, et le fait que la légende est déjà bien connue en 1246 nous permet de douter qu’elle ne date que de Thomas à Becket, comme Baring-Gould le suggère.

L’origine la plus probable se trouve dans Capgrave et dans Alexandre de Esseby, cités par John Bale, évêque d’Ossory, dans son ouvrage « Actes of English votaries » : Les habitants du pays de Dorchester, ayant attaché, par dérision, des queues de poisson aux vêtements de saint Augustin de Canterbury, celui-ci les maudit, eux et leurs descendants. Depuis lors les habitants de cette contrée eurent une queue au bas du dos.

Cette légende s’étendit peu à peu à l’Angleterre en général, et Bale, qui écrivait vers 1550, se plaint amèrement qu’il est impossible à un Anglais de voyager dans d’autres pays sans être appelé coué.

Fo 72 B. — Les femmes au pied du Mont Gieu qui ont des bosses sous le menton ne nous sont que trop connues. La réputation des goitreux du Valais était évidemment déjà établie au moyen âge.


Ch. VII. — Gossouin donne, dans le chapitre sept, une description des phénomènes les plus communs. C’est là que se trouve un passage des plus importants pour l’attribution de l’auteur de la rédaction en prose[73].


Ch. XIII. — Un chapitre qu’il est à propos d’élucider nous décrit comment l’eau de mer devient salée : Dans certaines parties du monde il fait si chaud que la terre au fond de la mer transpire ; le soleil attire cette transpiration qui est très salée et qui se mêle peu à peu avec l’eau douce. De ce mélange provient l’eau de mer.

Cette explication se retrouve dans plusieurs auteurs[74], et presque mot pour mot dans le livre de Sydrach, de même que la matière du chapitre suivant, sur l’air et sa nature.


Ch. XIV. Fo 84 C. — La vie de l’homme dépend de l’air humide qu’il respire. Notre auteur prouve la densité de ce fluide au moyen d’une verge qui plie si on l’agite rapidement.

Cet exemple ne paraît se trouver dans aucun écrivain antérieur à Gossouin.

Les esprits malins qui prennent leur forme de l’air humide sont décrits par saint Augustin[75] : Dæmones æria sunt animalia, quoniam corporum æriorum natura vigent.


Ch. XV. Fo 88 D. — Le De Laudibus de Neckam a suggéré à Gossouin beaucoup de passages de sa seconde partie. C’est là seulement[76] que nous trouvons la description originale de la cause du tonnerre[77] : Lorsqu’on plonge un fer rouge dans l’eau froide, il s’ensuit une explosion ; de même, un éclat de tonnerre se produit lorsque la foudre traverse un nuage épais.

La fin du chapitre quinze correspond au passage suivant d’Adelard :

(o. c. quaest. 68 : Quare nec simul nec semper cum videmus ignem talem audimus fragorem)... ut si quis ab altissima montis specula in una valle percussorem notet prius auctum rei visum quam auditum arguet.


Ch. XVII (b). — C’est aussi dans Neckam que Gossouin a puisé sa description du dragon : une vapeur sèche qui prend feu, tombe sur la terre et disparaît. Dans le De Laudibus[78] on lit : Impetus in longum nubem producit, et illam Serpentis formam visus habere putant.


Ch. XVIII. Fo 91 D. — La distance de la terre à la lune, selon A et d’autres manuscrits, est de quinze fois la circonférence de la terre.

Les chiffres varient beaucoup : les manuscrits S, Harley 4333 et Additional 10 015 donnent tous 12 au lieu de 15. D’après Fo 127 B du manuscrit A, la distance de la terre à la lune est égale à 24 1112 fois le diamètre de la terre (le diamètre = 6500 milles) = 161 958 13 milles.

La circonférence de la terre, d’après Fo 127 B = 20 428 milles. Ainsi la distance ne serait que de 8 fois la circonférence de la terre, résultat ridicule et pas du tout d’accord avec les autres calculs de l’auteur[79]. De plus 8 ne se trouve dans aucun des manuscrits. D’après le manuscrit de Turin[80], la distance de la terre à la lune

= 34 1112 fois le diamètre de la terre ;
= 226 958 13 milles ;
= presque 12 fois la circonférence de la terre.

Nous avons donc ici un nombre mentionné par plusieurs manuscrits. Mais, pour y arriver, nous avons dû admettre la leçon du manuscrit de Turin : 34 1112, au lieu de 24 1112. Celle-là est heureusement confirmée, d’abord par les calculs du chapitre XVI de la troisième partie où, si nous prenons comme base 34 1112 les résultats obtenus sont toujours corrects et se confirment les uns aux autres, et ensuite par la mesure du vers, correcte dans le manuscrit de Turin, mais fautive dans d’autres copies de la première rédaction, comme nous le montrons plus loin[81].

Quant au chiffre 15, aucun des calculs précédents ne le produit comme résultat. Nous y voyons une simple faute de copiste.

Donc nous lisons ici 12 au lieu de 15.

Fo 92 C. — Un passage frappant semble confirmer ici l’emploi de Bède comme une des sources de l’Image du Monde. Nous donnons in extenso dans la note sur le texte même[82], cet extrait tiré des Elementorum Philosophiæ.

Fo 92 D. — Les taches de la lune sont simplement la réflexion de la terre. D’autres disent cependant que la lune a perdu sa splendeur première à cause de la chute d’Adam. Neckam écrit[83] : « Merito enim praevaricationis primorum parentum, omnium planetarum et stellarum fulgor dispendium claritatis sustinuit. Luna vero, quae citima terris est, et aspectibus humanis familiarius occurens, maculam in se retinuit. »


Ch. XIX (a). — Gossouin nous dit que le dimanche prend son nom du soleil, information qui lui vient de Neckam[84] ; « ...in die Dominica, quam Philosophi dicunt esse diem solis. »

Ch. XIX (b). — Le mouvement du firmament produit une douce harmonie. Les petits enfants peuvent entendre cette musique : voilà pourquoi ils sourient dans leur sommeil.

L’origine de cette jolie légende se trouve probablement dans ce passage de Bède[85] : « Si autem aliquis in altero mundo nasceretur (si possibile esset), ut sanctus Augustinus affirmat, ut in hunc mundum postea venisset, eam [86] sine ullo impedimento audiret, eique ultra vires placeret. »

L’étude de la seconde partie nous laisse peu de doutes sur les sources employées par Gossouin. Il prend son bien où il le trouve, sans altérer le sens de l’original. Sans même changer l’ordre des matières, il traduit parfois toute une série de chapitres d’un seul auteur. Même les fautes de traduction dont il se rend coupable ne peuvent que nous confirmer dans nos suppositions.

Nous donnons donc comme sources principales de la seconde partie : Honorius, Jacques de Vitry, Neckam, Gervaise de Tilbury.


Troisième partie. — Dans la troisième partie Gossouin s’occupe d’astronomie. Les connaissances en mathématiques dont il fait preuve sont loin d’être méprisables. Si le résultat de ses calculs varie, la faute en est aux copistes des manuscrits. Nous chercherons à lui rendre son dû sous ce rapport.

Notre auteur mentionne aussi certaines légendes qu’il est intéressant d’étudier.


Ch. V. Fo 103 D. — Selon lui, saint Denis, avant d’être converti par saint Paul en Grèce, observa l’éclipse de soleil qui eut lieu à la mort de Jésus-Christ. Il éleva un autel au dieu inconnu.

Tout ce que nous savons sur saint Denis nous vient de saint Grégoire de Tours. La légende qui identifie l’évêque de Paris avec l’Aéropagite ne s’est formée que plus tard. Nous en avons déjà parlé[87].

L’exclamation de l’Aéropagite, ἢ τὸ θείον πάσχει, ἢ τῷ πασχόντι συμπάσχει[88], dont Gossouin nous donne la version française, était adressée à son ami Apollophanes.


Ch. VI. — La plupart des idées contenues dans le chapitre six se retrouvent dans Neckam et surtout dans Adelard de Bath[89] ; mais notre auteur a employé ses sources d’une manière très libre et a beaucoup étendu la matière.


Ch. VIII. — Gossouin a fait plusieurs emprunts à l’Almageste de Ptolémée. Il s’agit naturellement de Claude Ptolémée, né, à ce qu’on croit, à Ptolemaïs dans la Thébaïde, qui enseignait à l’école d’Alexandrie au milieu du IIe siècle après Jésus-Christ. Son ouvrage a été traduit par Boèce. Mais le titre arabe dont se sert notre auteur, l’Almageste, tend plutôt à faire supposer que la traduction employée pour l’Image du Monde est celle faite par ordre de Frédéric II vers 1230[90].

Le roi Ptolémée de notre encyclopédie appartient à la dynastie des Lagides, dont aucun n’a laissé de traces comme astronome. L’erreur de Gossouin est probablement due à Isidore qui, selon Halma, donne le titre de roi à Claude Ptolémée.

Ce chapitre est occupé en grande partie par un sermon, qui est loin d’être sans mérite, sur l’emploi du temps, sur la ponctualité et la punition de ceux qui poursuivent la fortune et oublient le service de Dieu.


Ch. IX. — L’historien Flavius Josèphe[91] et Gervaise de Tilbury[92] mentionnent tous deux la légende suivante : Les philosophes, sachant que le monde devait périr deux fois, par l’eau et par le feu, élevèrent deux colonnes pour y inscrire les sept arts. L’une était de pierre pour résister à l’eau, l’autre de briques pour résister au feu.

D’après l’historien juif, les deux colonnes existaient encore de son temps en Syrie, et avaient été érigées par Seth.


Ch. X. Fo 116 B. — Josèphe attribue aussi à ce dernier la découverte de l’astronomie après le déluge, tandis que l’Image du Monde cite Abraham et Sem, fils de Noé, au lieu de Seth. La ressemblance des noms aura trompé Gossouin.

Fo 117 A. — Ce dernier affirme plus loin que Platon et Aristote croyaient à la Trinité. Quoiqu’il en dise, cette croyance n’a jamais été attribuée à Aristote au moyen âge. Clément d’Alexandrie[93] est le premier qui fasse mention de Platon à cet égard. Il donne comme preuve certaines lettres et plusieurs passages du Timée.


Ch. XI. — Au chapitre cinq de la première partie[94], Gossouin a décrit Virgile le prophète. Il va maintenant nous parler de Virgile le magicien.

Chacun sait que le poète latin doit cette étrange réputation à la huitième églogue et à un passage de l’Enéide[95]. Les prodiges attribués à Virgile sont répétés de tous côtés au moyen âge, mais aucune des sources mentionnées ne paraît être l’original dont Gossouin a fait usage.

Un des miracles cités dans l’Image du Monde ne se retrouve nulle part tel que notre auteur nous le décrit : celui des deux cierges et de la lampe qui brûlent sans cesse, enfouis dans la terre.

Il est certain qu’une partie de la légende, celle qui se rapporte à la lampe, était déjà connue au moyen âge bien avant Gossouin ; les exemples suivants le prouvent : Dans le Roman de Troie de Benoist de Sainte-More[96], nous lisons (v. 16 751 seq) :

Oiez que firent li trei sage ;
Desor, devant chascune ymage,
Firent lampes d’or alumer ;
Onques nus hom nes vit fumer.
Tex est li feus, ja n’esteindra
Ne a nul jor ne desceistra ;
Si est fez et de tel nature
Que toz jorz art et toz jorz dure.

Guillaume de Malmesbury[97], dont l’ouvrage a peut-être servi de source à Benoit[98], écrit :

Epitaphium hujusmodi repertum :

« Filius Evandri Pallas, quem lancea Turni »

« Militis occidit more suo, jacet hic. »

Quod non tunc crediderim factum, licet Carmentis, mater Evandri, Latinas litteras dicatur invenisse ; sed ab Ennio vel alio aliquo antiquo poeta compositum. Ardens lacerna ad caput inventa arte mechanica, ut nullius flatus violentia, nullius liquoris aspergine valeret exstingui.

Gossouin paraît être le premier auteur du moyen âge qui attribue ce miracle à Virgile. Du moins ni Fritsche[99], ni Comparetti[100], personne de fait, n’a trouvé jusqu’ici la source de la légende telle que notre auteur la rapporte, mais les passages cités ci-dessus sont, semble-t-il, un indice précieux.

Gossouin a parfaitement pu connaître soit le Roman de Troie, soit l’Enéas, ou la Chronique de Guillaume de Malmesbury.

Le rapport entre les idées est maintenant évident : Virgile, auteur de l’Enéide et magicien, devient aisément, dans l’esprit de Gossouin, l’inventeur de la lampe merveilleuse du tombeau de Pallas.

Les cierges sont un trait ajouté peut-être par notre auteur lui-même.

La source n’est donc pas certaine ; mais il est fort probable que le passage cité de Guillaume de Malmesbury est l’origine de la légende telle qu’elle se trouve dans l’Image du Monde.

Thomas Wright remarque, dans une note manuscrite[101], que l’histoire de la mouche d’airain, dont aucune mouche ne peut s’approcher sans périr, semble avoir existé en Orient. Dans les voyages d’Evliya Efendi (Oriental Translation Committee, p. 17), l’auteur, parlant de certaines colonnes à Constantinople, dit : « Sur une d’elles érigée par le Hakim Filikús (Philippe), seigneur du château de Kavaláh, se trouvait une mouche d’airain qui, par son bourdonnement incessant, chassait toutes les mouches d’Istámból. »

À Naples se trouve encore le Château de l’œuf. Il y a là peut-être une trace de cet autre miracle de Virgile : la ville bâtie sur un œuf.


Ch. XII. — Le chapitre suivant nous explique l’invention de l’argent. Gossouin donne d’abord l’étymologie du mot monnaie qui vient, selon lui, soit du verbe mener, parce qu’elle mène les gens qui voyagent, soit du grec μόνος, parce qu’il n’y avait autrefois qu’une seule espèce d’argent.

Le chapitre des dérivations n’est pas le moins curieux de l’Image du Monde : Septentrion[102], d’après Gossouin, prend son nom des Sept étoiles ; Afrique[103] vient d’enfer, et veut dire apportée ; Melos[104], ainsi nommée à cause du doux chant des oiseaux, vient de mélodie. La première île qui apparut après le déluge en reçut le nom et s’appela Delos[105].

La mention de parisis et de tournois semble montrer qu’à l’époque de Gossouin ces deux espèces de monnaie s’employaient encore indifféremment l’une pour l’autre.


Ch. XIII. — En décrivant la manière dont les philosophes voyageaient autrefois, l’auteur introduit saint Brandan qu’il a déjà mentionné au chapitre cinq de la seconde partie[106].


Ch. XV. — Ce chapitre et les suivants contiennent les calculs de l’auteur sur les dimensions de la terre.

Brunetto Latino semble avoir employé, dans son Tresor[107], les mesures de l’Image du Monde. Le manuscrit dont il s’est servi est certainement un des meilleurs ; comme nous le verrons, ses mesures s’accordent entre elles et peuvent donc nous aider à rétablir le texte.

Jusqu’à présent les méthodes employées dans ce but ont été : la mesure des vers, la rime et la comparaison des manuscrits.

Il est possible, dans certains cas, de vérifier les résultats par les calculs mêmes : c’est ce que nous allons essayer de faire.

La circonférence de la terre, selon Gossouin, est de 20 428 milles. Brunetto Latino[108] et les manuscrits R et Harley 4333 donnent 20 427 milles. Il n’y a aucun calcul dans le reste de l’ouvrage qui nous permette de contrôler la valeur de ces chiffres ; nous acceptons donc la leçon de la plupart des manuscrits : 20 428 milles.

Le mille a 100 pas ; le pas, 5 pieds ; le pied 14 pouces. Ici l’erreur est évidente, et nous mettons 12 pouces au lieu de 14.

Le diamètre de la terre est de 6500 milles. Brunetto Latino[109] donne la distance du firmament à la terre comme étant égale à « 10 066 fois le diamètre de la terre, c’est-à-dire 65 429 000 ».

65 429 000 divisé par 10 066 = 6500.

Ce nombre est, donc correct en tant qu’il prouve que Brunetto Latino n’a pas fait de faute de calcul ; mais nous tâcherons de démontrer plus loin[110] que le nombre 10 066 est erroné.


Ch. XVI. — Ptolémée[111] dit que la terre est 39 14 fois plus grande que la lune. Nous lisons dans Brunetto Latino[112] et dans la plupart des manuscrits « 39 fois et un peu plus ».

Au chapitre dix-huit de la seconde partie[113], nous avons donné nos raisons pour indiquer la distance de la terre à la lune comme étant égale à 12 fois la circonférence de la terre. De là nous avons déduit que cette distance était de 226 958 13 milles environ. Le diamètre de la terre étant de 6500 milles, nous devons en conclure que la lune est à une distance de la terre égale à 34 1112 fois le diamètre de la terre. Ceci justifie la leçon du manuscrit de Turin (34 1112), quoique les autres manuscrits et Brunetto Latino[114] donnent 24 1112. Ajoutons que ·XX· étant un monosyllabe et ·XXX· dissyllabe, la mesure du vers confirme le nombre trente[115].

Le soleil est 166 320 fois plus grand que la terre. Ptolémée[116] dit 170 fois ; mais il n’y a pas de raison pour refuser d’admettre les calculs de Gossouin. Celui-ci est d’ailleurs d’accord avec Neckam[117].

Selon l’Image du Monde et Brunetto Latino[118], la distance de la terre au soleil est de 585 fois le diamètre de la terre « comme l’a prouvé Ptolémée ». L’Almageste estime cette distance à 1210 fois le rayon de la circonférence de la terre.


Ch. XVII. — Une difficulté se présente au commencement même de ce chapitre. Selon Brunetto Latino[119] et le manuscrit de Turin, la distance de la terre au firmament est de 10 066 fois le diamètre de la terre ; selon les autres manuscrits, de 10 055 fois. Quelle leçon faut-il adopter[120] ?

Le premier exemple donné par Gossouin nous dit que, si un homme faisait 25 milles par jour, il atteindrait le firmament en 7157 12 ans.

Les calculs donnent le résultat suivant :

1) 10 055 × 6500 (diamètre de la terre) = 65 357 500 (distance de la terre au firmament).

1)65 357 500 : (25 × 365 14) = 7157 13.

2) 10 066 × 6500 (diamètre de la terre) = 65 429 000

2)65 429 000 : (25 × 365 14) = 7165 13.

Donc si nous prenons comme base de notre calcul 10 055, le résultat correspond au nombre d’années indiqué par les manuscrits.

Le second exemple est le suivant : Si Adam, depuis sa création, avait fait 25[121] milles par jour, il aurait encore à marcher 713 ans depuis le jour où le manuscrit original a été écrit, c’est-à-dire le six janvier 1245 (v. s.).

Si nous prenons pour base 10 055, la création de l’homme aurait eu lieu en 5199 12 av. J. C. : la date mentionnée par Orose[122]. Voici le calcul :

65 357 500[123] : 25[124] = 2 614 300

2 614 300 : 365 14 = 7157 12.

7157 12 — (1245 + 713) = 5199 12.

Avec la base 10 066, nous trouvons que la création d’Adam a dû avoir lieu en 5207 310 av. J. C. : nombre peu probable et pour lequel il n’y a aucune autorité.

Ici donc l’évidence est en faveur de 10 055.

Le dernier calcul est moins compliqué : Si une pierre tombait du firmament pendant 100 ans, elle devrait faire 53 12 milles par heure dans sa chute pour arriver jusqu’à la terre.

Le nombre 53 12 est évidemment corrompu ; il est facile de le prouver.

1) 6500 (diamètre de la terre) × 10 055 = 65 357 500 (distance de la terre au firmament).

1)65 357 500 : 876 600 (nombre d’heures en 100 ans) = 74 12 milles.

2) 6500 × 10 066 = 65 429 000.

2)65 429 000 : 876 600 = 74.

Nous devons choisir entre 74 et 74 12. Aucun manuscrit ne paraît offrir la leçon 74. La leçon 74 12 au contraire se trouve dans le manuscrit Sloan 2435 du Bntish Museum, et ce chiffre qui répond à nos calculs vient aussi confirmer la base 10 055.

Nous mettons donc 74 12 au lieu de 53 12.

Si nos conclusions à propos des chiffres sont admises, notre étude aurait un résultat pratique : celui d’aider à la reconstitution de la rédaction en vers.

La troisième partie semble être basée sur l’Almageste de Ptolémée. Mais nous pouvons aussi mentionner Honorius, la Philosophia Mundi et Neckam.

Nous avons donné une liste des sources principales de l’Image du Monde, mais cette liste est probablement loin d’être complète. Les lectures de notre auteur ont été aussi vastes que variées. Il en a fait bon usage. Pourtant il est resté original jusqu’à un certain point. Il sait développer la matière que lui fournissent ses sources. Les calculs sont absolument le résultat de ses propres efforts[125]. Même au point de vue littéraire il montre parfois un certain talent descriptif : ainsi son chapitre sur l’enfer.

Mais ses exemples surtout ont une valeur indiscutable. Gossouin est au fond un pédagogue ; son but est d’instruire ses lecteurs. Ce qui pourrait être obscur, il l’explique au moyen de comparaisons ou de dessins d’une véritable utilité. Il prouve la densité de l’air par une verge qui plie lorsqu’on l’agite[126] ; il démontre au moyen d’une chandelle allumée l’alternance du jour et de la nuit[127] ; il nous explique d’une manière originale pourquoi l’on voit l’éclair avant d’entendre le tonnerre[128]. Ses remarques sur la force centrifuge[129], sur le mercure et l’eau[130], montrent un esprit éclairé. Il emploie un exemple frappant pour faire comprendre à ses lecteurs la présence universelle de Dieu : la voix d’un homme que chacun dans une foule peut entendre en même temps sans pourtant la voir[131].

Ces passages ne sont pas tous originaux ; mais Gossouin a du moins le mérite d’avoir su choisir ce qu’il y avait de vraiment utile et instructif dans ses sources.

Enfin, disons-le à son honneur, il a su éviter le grand défaut des œuvres de vulgarisation au moyen âge : il ne moralise pas à tout propos.

Même encore maintenant nous pouvons lire avec intérêt la géographie et l’astronomie de l’Image du Monde.

Il est facile de comprendre pourquoi cet ouvrage a survécu pendant des siècles : il n’a vraiment perdu sa valeur scientifique qu’à l’aurore des temps modernes.


  1. Saint Augustin, Liber de diligendo Deo (Migne, Patrologia, t. 40) ch. II.
  2. Saint Augustin, De Trinitate (Migne, Patrologia, t. XLII, col. 1048). lib. 14, ch. XII.
  3. Saint Augustin, De libero arbitrio (Migne, Patrologia, t. XXXII, col. 1221), II, ch. I.
  4. Eglogue IV, v. 13 et 14.
  5. Saint Augustin, Epistolarum classis IV, Epist. 258 (Migne, Patrologia, t. XXXIII, col. 1073).
  6. V. Bettinelli, Delle lettere e delle arti Mantovane (Mantoue, 1775) ; aussi Comparetti, Virgilio nel medio evo (Livorno, 1872) p. 72 s. Enfin cf. le vieux chant de Noël de l’Église qui commence par ce vers, Maro, Maro, vates gentilium, da Christo testimonium.
  7. Legrand d’Anssy, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale (Paris, an VII de la République) V, p. 243 s.
  8. Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologica (Migne, Patrologia, Series secunda, t. I, col. 1313) Pars prima, quaest. 105, art. V. — Nous ne désirons nullement suggérer que Thomas d’Aquin ait, dans ce passage, copié Gossouin. C’est plutôt, selon nous, un exemple frappant qui était d’usage courant à l’époque.
  9. Albert le Grand, Summa Theologiae, Prima pars. VII. Quæst. 30, 6. (Opera Omnia, vol. 31, p. 307. Paris, 1895.)
  10. V. sur Boèce et ses connaissances du grec p. 29 n. 1.
  11. 2. 1. 192 b. 14 (ed. E. Teubner. Leipzig, 1879).
  12. 2. 1. 193 a. 28 (ed. E. Teubner. Leipzig, 1879).
  13. 11. 3. 1070 a. 6 (ed. E. Teubner. Leipzig, 1879).
  14. Bède, Quæstiones Variæ (Migne, Patrologia, t. 93, col. 463) Quæst. 9.
  15. Saint Grégoire le Grand, Moralia (Migne, Patrologia, t. 76, col. 450) liber 28, ch. 1.
  16. O. c. p. 20.
  17. Vincent de Beauvais, Speculum Naturale (Vincentius Bellovacensis, Bibliotheca Mundi 4 vol. Douai, 1624, vol. I, col. 374) VI. 7, cf. p. 30 n. 3.
  18. Adélard de Bath, Quæstiones Naturales (Louvain, 1480) Quæst. 49.
  19. Neckam, De Naturis Rerum (ed. T. Wright. Londres, 1863) l. I, ch. 16.
  20. O. c. p. 21.
  21. Honorius Augustodunensis, Imago Mundi (Migne, Patrologia t. 172) I, 5.
  22. Sénèque, Questions naturelles IV. 11.
  23. Neckam, o. c. I, 5.
  24. Neckam, o. c. I, 9.
  25. Manuscrit de la Bibl. Nationale, suppl. lat. 1218.
  26. Musée britannique, Arundel 52.
  27. Miller. Mappæmundi (Stuttgard, 1895) III, 127.
  28. Isidore de Séville, Etymologiæ (Migne, Patrologia, t. 81-84) XIII, 11. 11.
  29. Caxton, dans sa traduction (fo 35 a), remplace le mot montagne par étoile. C’est un des rares cas où il s’est permis d’altérer le texte français.
  30. Isidore, o. c. XIV, 5. 2.
  31. Honorius, o. c. I, 32.
  32. Vincent de Beauvais, Speculum Historiale (Bibliotheca Mundi, vol. IV, p. 28, Douai, 1624) I. 76.
  33. Saint Ambroise, De Paradiso (Migne, Patrologia t. 14, col. 280) III.
  34. Saint Augustin, De Genesi ad litteram (Migne, Patrologia, t. 34) VIII, 7.
  35. Orose, Historiarum libri septem (Migne, Patrologia, t. 31) I, 2 : « Mons Oscobares, ubi Ganges fluvius oritur. »
  36. Orose, o. c. I. 2 : « Parchoatras, mons Armeniæ. »
  37. Sir John Maundeville, Voyages and Travels (Londres, 1886) ch. 26.
  38. Honorius, o. c. I, 12.
  39. Saint Jérôme, Vie de saint Paul (Migne, Patrologia, t. 23, col. 22).
  40. Honorius, o. c. I, 12.
  41. Honorius, o. c. I, 12.
  42. Isidore, o. c. XII, 3. 4 : « musaraneus. »
  43. Cf. p. 29, n. 1.
  44. Ranulph Higden, Polychronicon (ed. Babington, Londres, 1865-86. 9 vol.) lib. I, ch. 11 [vol. 1 p. 84].
  45. Jacques de Vitry, Historia Hierosolomitana (Douai, 1597) ch. 85.
  46. Isidore, o. c. XIV, 3. 45.
  47. Honorius, o. c. I, 15.
  48. Isidore, o. c. XIV, 3. 34.
  49. Honorius, o. c. I, 19.
  50. Fritsche (o. c. p. 33) n’a pu expliquer ce passage, étant arrêté par le mot Juis (Juifs), qu’il lit Ivis ou Iris.
  51. Jacques de Vitry, o. c. ch. 82.
  52. Cf. p. 5 n. 1.
  53. Fritsche, o. c. p. 34.
  54. Fant, o. c. p. 14.
  55. Langlois, o. c. p. 89 n. 1.
  56. V. pour ce manuscrit p. 18 s.
  57. Varron, De lingua latina, 4.
  58. Salluste, Jugurtha, ch. 17.
  59. Orose, o. c. I, 2. (Migne, Patrologia t. 31, col. 673.)
  60. Gervaise de Tilbury, Otia Imperialia (ed. Leibnitz, Hanovre, 1707. 2 vol.) II, 11.
  61. Ranulph Higden, o. c. I, 7 (ed. Babington, vol. I, p. 50).
  62. Hilduin, Areopagitica (Migne. Patrologia, t. 106, col. 2009).
  63. Suidas (Migne, Patrologia. Series Græca, t. 117, col. 1251).
  64. Isidore, o. c. XIV. 6, 28, 29.
  65. Le Critias ne semble pas avoir été connu au moyen âge.
  66. V. sur le Timée p. 29 n. 1.
  67. V. Miller, o. c, passim.
  68. Dans la seconde rédaction en vers, le chapitre sur saint Brandan a été considérablement étendu et comprend 1740 vers, reproduits par Jubinal dans sa Légende de saint Brandaine (Paris, 1836, p. 105 s.) d’après le manuscrit Bibl. Nat. fonds fr. 1444. — V. aussi p. 51.
  69. Giraldus Cambrensis, Topographia Hibernica (ed. Dimock, vol. 5. Londres, 1861-91, Opera 8 vol.) II ch. 20, p. 107.
  70. Isidore, o. c. XIV, ch. 6, 4 et 13.
  71. Jacques de Vitry, o. c. ch. 92.
  72. S. Baring-Gould, Curious myths of the Middle-Ages (Londres, 1884) p. 145 s.
  73. V. p. 8 et 9 de l’introduction et fo 75 c n. du texte.
  74. V. fo 83 d s. n.
  75. Saint Augustin, De Genesi ad litteram (Migne, Patrologia, t. 34) lib. III. ch. X, 14.
  76. Neckam, De Laudibus Divinæ Sapientiæ (ed. T. Wright, Londres, 1863, p. 357 s.) III 97-118.
  77. Adélard de Bath attribue les éclairs et le tonnerre à la collision des nuages : il ne saurait donc être cité comme source (o. c. quæst. 64, 65).
  78. Neckam, De Laudibus I. 319 s.
  79. Cf. fo 127 b.
  80. Turin, Biblioteca nazionale : L. IV. 5 (manuscrit de la première rédaction en vers.)
  81. V. p. 52 et p. 52 n. 6.
  82. V. fo 92 c n.
  83. Neckam, De Naturis Rerum I. 14.
  84. Neckam, De Naturis Rerum I. 10.
  85. Bède, Musica Theorica (Migne, Patrologia, t. 90, col. 911).
  86. i. e. musicam.
  87. V. p. 43.
  88. V. Actes des Apôtres XVII, 23-34. — Suidas, dans Migne, Patrologia, Series Græca, t. 117. col. 1251. — De Launoy, Duo Dionysii (Paris, 1660).
  89. Adelard de Bath, o. c. Quæst. 74 : Utrum animatæ sint stellæ.
  90. V. Halma, Almageste (Paris, 1813) p. 61.
  91. Flavius Josèphe, Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία (Oxford, 1700) I, 2.
  92. Gervaise de Tilbury, o. c. (vol. I p. 899) I, 20.
  93. Clément d’Alexandrie, Stromata (Migne, Patrologia, Series Græca, t. 8, col. 155, 158) V, ch. 14.
  94. V. p. 32, 33.
  95. Enéide VI, 263 s.
  96. A. Joly : Benoit de Sainte-More et le Roman de Troie. Paris 1870-71. 2 vol. 4°. Vol. I p. 231 sq.
  97. W. Stubbs : Willelmi Malmesbiriensis monachi De Gestis Regum Anglorum (Londres, 1887, 2 vol. 8°.) Vol. I p. 259. « De corpore Pallantis filii Evandri. »
  98. V. A. Joly, o. c, passim. Selon Jacques Salverda de Grave (Enéas. Bibliotheca Normanica. Vol. IV. Halle, 1894, 8°, v. 6510 sq.), c’est l’Enéas qui a servi d’exemple à Benoit. Petit de Julleville (Histoire de la Littérature française, Paris, 1896, vol. I p. 220) voit au contraire dans l’Enéas un ouvrage postérieur au « Roman de Troie ». Voici d’ailleurs le passage de l’Enéas tel qu’il se trouve dans l’édition critique de Jacques Salverda de Grave (v. 6510 sq.) :

    Une lanpe ot desor pendue ;
    d’or esteit tote la chaeine,
    la lanpe fu de basme pleine ;
    ce fu merveillose richece,
    de beston en esteit la mece,
    d’une piere que l’en alume,
    tel nature a et tel costume :
    ja puis esteinte ne sera,
    ne nule feiz ne desfera.
    Li reis fîst la lanpe alumer,
    n’onc puis n’i estut recovrer.

  99. O. c. p. 49 sq.
  100. O. c. passim.
  101. La bibliothèque du romanisches Seminar de l’Université de Halle possède une copie manuscrite de l’Image du Monde faite d’après le manuscrit du British Museum Additional 10015. Cette copie appartenait à T. Wright. Il s’y trouve plusieurs notes de la main même du savant auteur qui, nous le savons, avait l’intention de publier une édition de l’Image du Monde, ouvrage que la mort l’a malheureusement empêché de mener à bien. (V. à ce propos : T. Wright, Popular Treatises on Science written during the Middle Ages in Anglo-Saxon, Anglo-Norman, and English [Londres, 1841] p. 8 de l’Introduction.) Nous devons à l’amabilité de M. le professeur Suchier d’avoir pu consulter le manuscrit de T. Wright.
  102. V. fo 48 c.
  103. V. fo 49 c.
  104. V. fo 68 d.
  105. V. fo 68 d.
  106. V. p. 43 et p. 43 n. 1.
  107. Brunetto Latini, Li Livres dou Tresor (ed. Chabaille, Paris, 1863) Livre I, part. III, ch. 110.
  108. Brunetto Latini, o. c. I, III, 110.
  109. Brunetto Latini, o. c. I, III, 111.
  110. V. p. 53 s.
  111. Ptolémée, Almageste (ed. Halma, Paris. 1813) V. 16.
  112. Brunetto Latini, o. c. I. III, 116.
  113. V. p. 46.
  114. Brunetto Latini, o. e. I, III, 116.
  115. Cf. manuscrit Sloan, fo 128 a :

    Et de terre si loing ensus
    ·xxiiii· tans et demi.

    Si nous lisons ·xxxiiii· tans et demi, le vers aura le nombre de syllabes voulu, et la leçon du manuscrit de Turin se trouvera doublement justifiée.

  116. Ptolémée, o. c. V, 16.
  117. Neckam, De Naturis Rerum I, 8.
  118. Brunetto Latini, o. c. I, III, 116.
  119. Brunetto Latini, o. c. I, III, 111.
  120. Cf. p. 51, 52.
  121. Les manuscrits de la rédaction en prose disent 20 milles, au lieu de 25. Mais il n’y a pas de raison pour qu’Adam ne fasse que 20 milles lorsque, dans l’exemple précédent, Gossouin donne 25 milles comme étant la distance couverte par un homme ordinaire en une journée. De plus les manuscrits en vers donnent 25 milles. Enfin les calculs qui suivent confirment le nombre 25. Il ne s’agit, dans les manuscrits en prose, que d’une simple faute de copiste.
  122. Orose, o. c. I, 1 : Sunt autem ab Adam, primo homine, usque ad Ninum magnum (ut dicunt) regem, quando natus est Abraham, anni tria millia centum octoginta et quatuor... A Nino autem vel Abraham usque ad Cæsarem Augustum, id est, usque ad Nativitatem Christi... anni duo millia quindecim. — Cette date devait être généralement admise au moyen âge puisque Gossouin l’emploie comme base de ses calculs sans même la mentionner.
  123. V. ci-dessus, calcul n° 1.
  124. Le même calcul fait avec 20 comme base donne les résultats suivants, qu’aucun ouvrage du moyen âge ne semble justifier :

    (Base : 10055) la création d’Adam est placée entre 6990 et 6989 av. J.-C.

    (Base : 10066) création d’Adam entre 6999 et 7000 av. J.-C.

  125. Par exemple le calcul sur le temps qu’Adam aurait mis à venir de la terre au firmament, et qui introduit la date de la composition de l’Image du Monde (III, 17), est indubitablement dû à Gossouin lui-même.
  126. II ch. 14.
  127. III ch. 1.
  128. II ch. 15.
  129. I ch. 12.
  130. II ch. 7.
  131. III ch. 21.