L’Encyclopédie/1re édition/VENDRE

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VENDRE, v. act. (Gram. & Comm.) en général signifie aliéner, transporter à un autre la propriété d’une chose qui nous appartient, & que nous lui cédons & livrons moyennant un certain prix ou somme d’argent dont on demeure d’accord.

Les marchandises ou autres effets mobiliers se vendent ou de gré-à-gré par une simple tradition, ou par force à l’encan, par autorité de justice. Voyez Encan. Les immeubles, comme terres, maisons, moulins, &c. se vendent aussi ou volontairement par un simple contrat ou par un contrat qui doit être suivi d’un decret volontaire, ou forcément par un decret précédé d’une saisie réelle. Voyez Contrat, Decret, Saisie Réelle.

Tout ce qui se vend par force, marchandises, meubles & immeubles, doit être crié & adjugé publiquement au plus offrant & dernier enchérisseur, en payant par lui le prix de la chose adjugée. Voyez Adjuger & Enchérisseur.

Il y a cependant des choses qui se vendent & s’adjugent à cri public, quoique la vente n’en soit pas forcée ; tels sont les bois, les domaines, & autres choses appartenantes au roi, les marchandises venues par les vaisseaux de la compagnie des Indes, &c. Dictionn. de Commerce.

Vendre des marchandises, signifie précisément s’en défaire, les débiter, les livrer, pour un certain prix, ou à certaines conditions ; il y a différentes manieres de vendre les marchandises, que nous allons rapporter & expliquer d’après l’auteur du dictionnaire de Commerce.

Vendre en gros, c’est vendre tout-d’un-coup & en une seule fois une partie considérable de marchandises.

Vendre en détail, c’est débiter par petites parties les marchandises qu’on a achetées en gros.

Vendre comptant, c’est recevoir le prix de la marchandise vendue dans le moment qu’elle est livrée.

Vendre au comptant ou pour comptant, ne signifie pas la même chose que l’expression précédente, mais que le vendeur accorde quelquefois à l’acheteur jusqu’à trois mois de tems pour payer un argent qu’il regarde comme comptant.

Vendre à crédit ou à terme, c’est vendre à condition d’être payé dans un tems dont le vendeur convient avec l’acheteur.

Vendre partie comptant & partie à crédit ou à terme, c’est recevoir sur le champ une partie du prix de la chose vendue, & donner du tems pour le reste.

Vendre à crédit pour un tems à charge de discompte ou d’excompte, à tant pour cent par mois pour le prompt payement, c’est une convention suivant laquelle le vendeur s’engage de faire un rabais ou diminution sur le prix des marchandises qu’il a vendues, supposé que l’acheteur desire de lui payer avant le tems, & cela à proportion de ce qui en restera à expirer, à compter du jour que le payement doit être fait. Voyez Discompte & Excompte.

Vendre à profit, c’est vendre suivant son livre journal d’achat, ou conformément à sa facture à tant par cent de gain. Voyez Journal & Facture.

Vendre pour payer de foire en foire, ou d’une foire à l’autre, c’est proprement vendre à crédit pour un tems.

Vendre pour son compte, c’est vendre pour soi-même.

Vendre par commission, c’est vendre pour le compte d’un autre moyennant un certain salaire qu’on nomme droit de commission. Voyez Commission.

Vendre partie comptant, partie en lettres ou billets de change, & partie à terme ou à crédit, c’est recevoir une partie du prix en argent comptant, une autre en lettres ou billets de change, & donner du tems pour payer le reste.

Vendre partie comptant, partie en promesses, & partie en troc, c’est recevoir une partie en argent comptant dans le moment de la vente, une autre en promesses ou billets, dont les payemens doivent se faire dans les tems stipulés, & prendre pour l’autre partie certaines marchandises du prix desquelles on convient, & qu’on nomme marchandises en troc. Voyez Troc.

Vendre au bassin, se dit à Amsterdam de certaines ventes publiques, dans lesquelles le vendu meester frappe sur un bassin de cuivre avec une baguette lorsqu’il veut délivrer les cavelins. Voyez Bassin, Vente au bassin, Cavelin & Vendu meester.

Vendre hors la main, c’est vendre en particulier.

Vendre se dit aussi de la maniere de débiter les marchandises & denrées, dont les unes, comme les métaux, les soies, fils, laines, épiceries, &c. se vendent au poids ; les autres, comme les draps, étoffes, toiles, dentelles, rubans, &c. se vendent à l’aune, à la canne ou autre semblable mesure de longueur ; d’autres, comme les grains, graines, légumes, farine, charbon de bois & de terre, se vendent au muid, au septier, à la mine, au boisseau, &c. les liqueurs, comme le vin, l’eau-de-vie, le cidre, la biere, se vendent en détail à la pinte, chopine, pot, &c. & en gros, à la barrique, au tonneau, à la pipe, au bussard, au muid, à la queue, &c. enfin certaines marchandises se vendent au compte, c’est-à-dire au cent, au quarteron, à la douzaine, à la grosse, &c.

Vendre signifie quelquefois tromper, trahir. Ce négociant est plus fin que son associé, il le vendroit à beaux deniers comptans.

Se vendre se dit dans le négoce de plusieurs marchandises, & signifie avoir cours ou débit ; les blés, les vins, les toiles se vendent bien.

Enfin vendre a plusieurs significations dans le commerce, comme marchandise qui plaît est à demi vendue. Ce marchand vend bien ses coquilles, c’est-à-dire qu’il vend ses marchandises plus cher qu’un autre. Diction. de commerce.

Vendre, (Critique sacrée.) un hébreu, dans une urgente nécessité, pouvoit vendre sa propre liberté par la loi du Lévitique, xxv. 39. cependant il étoit défendu à celui qui l’achetoit de le traiter comme un esclave, mais il devoit le garder comme un ouvrier à gages ; de même quand un hébreu pressé par le besoin vendoit sa fille, c’étoit à condition que son maître l’épouseroit & lui donneroit le rang de seconde femme, Exod. xxj. 7. ainsi quand il vouloit la renvoyer, il étoit obligé de lui donner une récompense ; ce qui ne se pratiquoit pas envers les esclaves que l’on renvoyoit libres. La loi du Lévitique, c. xxij. permettoit aussi de vendre un voleur qui ne pouvoit restituer ce qu’il avoit dérobé. On vendoit encore les débiteurs insolvables & leurs enfans, comme il paroît par Matth. xviij. 25. mais celui qui vendoit un homme libre pour esclave étoit puni de mort, Exod. xxj. 16. Etre vendu pour faire le mal, est une expression familiere dans l’Ecriture, qui signifie s’abandonner, se livrer tout entier à mal faire, III. Rois xxj. 25. (D. J.)

Vendre, port de, (Géog. mod.) port de France, dans le Roussillon, sur la côte de la Méditerranée, au pié de plusieurs montagnes, à un mille & demi nord-ouest du cap d’Esbiere. Le port de Vendre est une espece de calanque, longue d’environ quatre cens toises, & large de cent en certains endroits. C’étoit autrefois un très-bon port, mais il est présentement comblé en partie. La latitude de ce port est 42. 30. & la variation 6d. nord-ouest. (D. J.)