L’Encyclopédie/1re édition/VÉROLI

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VÉROLI, (Géog. mod.) en latin Verulæ ; ville d’Italie dans la campagne de Rome, sur les confins du royaume de Naples, au pié de l’Apennin, à 20 lieues au sud-est de Rome, avec un évêché qui ne releve que du pape. Long. 31. 6. lat. 41. 38.

Palearius (Aonius), l’un des plus vertueux, des plus malheureux hommes de lettres, & en même tems l’un des bons écrivains du xvj. siecle, étoit né à Véroli. Il s’acquit l’estime des savans de ce tems-là, par son poëme, De immortatitate animarum, imprimé à Lyon en 1536 in-16. Sa réputation & son éloquence lui attirerent des envieux, qui pour le perdre, le diffamerent comme un impie. Ils l’accuserent d’avoir écrit en faveur des Protestans, & contre l’inquisition. Pie V. voulut signaler le commencement de son pontificat par le supplice d’un hérétique ; Palearius fut choisi, & condamné à être pendu, étranglé, & brûlé l’an 1566 : cette horrible sentence fut exécutée sans aucune miséricorde. Outre son poëme de l’immortalité de l’ame, on a de lui d’autres pieces en vers & en prose, dont la meilleure édition est celle de Westein à Amsterdam, en 1696 in-8°.

Sulpitius (Jean), surnommé Verulanus du nom de Véroli sa patrie, florissoit sur la fin du xv. siecle. Il cultiva les belles-lettres avec succès. Il fit imprimer Végèce, & publia le premier Vitruve ; ce que M. Perrault n’auroit pas dû ignorer. C’est encore Sulpitius qui a rétabli l’usage de la musique sur le théatre. Rome qui l’avoit comme perdue, pour donner à la déclamation des acteurs ce que les Grecs donnoient au chant & à l’harmonie, la vit reparoître vers l’an 1480, par les soins & le génie de Sulpitius. Il commença par donner au peuple le plaisir de la musique des opéra sur des théatres mobiles ; ensuite il en amorça le pape & les cardinaux ; enfin son invention fut goûtée de tout le monde, & ce goût se soutiendra long-tems. (D. J.)