L’Encyclopédie/1re édition/TURCKMANNS, les

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TURCKMANNS, les, (Géog. mod.) peuple d’Asie, issus des anciens habitans du pays de Turquestan, qui quitterent leur pays natal vers le onzieme siecle, dans l’intention de chercher fortune ailleurs. Ils se partagerent en deux branches ; les uns passerent au nord de la mer Caspienne, & vinrent occuper la partie occidentale de l’Arménie, qu’on appelle encore présentement le pays des Turcomanns, & les peuples qui l’habitent Turckmanns occidentaux. Les autres tournerent tout droit au sud, & vinrent s’établir vers les bords de la riviere d’Amu, & vers le rivage de la mer Caspienne, où ils occupent encore un grand nombre de bourgades & de villages dans le pays d’Astrabath, & dans celui de Charasm. Ce sont là les Turckmanns orientaux.

Les descendans des Turckmanns occidentaux se rendirent fort puissans dans les siecles passés, & furent même pendant quelque tems les maîtres de la Perse, mais depuis que les sophis se sont emparés de ce trône, & que les Turcs se sont rendus maîtres de tout le pays qui est à l’occident du Tigre, les Turckmanns occidentaux ont perdu leur puissance, & une partie de leur liberté ; ils occupent encore à l’heure qu’il est les plus belles campagnes aux environs de l’Euphrate.

Ils n’ont aucune demeure fixe, vivent sous des tentes d’un gros feutre, & ne subsistent absolument que de leur bétail, dont ils ont des troupeaux sans nombre ; ils sont d’une taille haute, ont le teint basané ; mais le sexe chez eux a le sang assez beau. En hiver ils portent de longues robes de peaux de brebis, & dans l’été des vestes de toile de coton, à la façon des caftans des Turcs. Ils professent grossierement le mahométisme, & ont leurs chefs particuliers auxquels ils obéissent. Ils sont souvent aux prises avec les Curdes, leurs voisins à l’orient, & avec les Arabes qui confinent avec eux au sud, parce que ces deux nations voisines viennent fréquemment écorner leurs troupeaux, & enlever leurs femmes & leurs filles.

Les Turckmanns orientaux sont plus basanés que les occidentaux, & ressemblent davantage aux Tartares. Ceux d’entre eux qui sont établis dans le pays d’Astrabath, suivent pour la plûpart la secte d’Ali, & ceux qui habitent dans le pays de Charass’m, se conforment aux pratiques des Tartares Osbeck, sur la religion ; cependant les uns & les autres s’en mettent fort peu en peine, outre qu’ils sont braves & remuans. Le chef de chaque tribu jouit chez eux des mêmes prérogatives que chez les autres Tartares. Les Turckmanns tant occidentaux qu’orientaux, peuvent armer quarante à quarante-cinq mille hommes.