L’Encyclopédie/1re édition/TUF

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TUF, s. m. (Hist. nat. Litholog.) tophus, lapis tophaceus ; c’est ainsi qu’on nomme une pierre légere, spongieuse, & communément remplie de trous, dont la couleur varie ainsi que la consistence par les parties étrangeres qui s’y trouvent mêlées. Ces pierres sont formées par le limon entraîné par le courant des eaux, qui s’est déposé lorsque les eaux sont devenues plus tranquilles, & qui après qu’elles se sont retirées tout-à-fait, a pris une consistence dure comme celle d’une pierre.

On sent aisément que le tuf doit être très-varié, ainsi que le limon dont il est formé, voyez l’article Limon ; tantôt il est fistuleux, spongieux & poreux comme de la pierre ponce ; tantôt il est compacte comme de la pierre à bâtir ; quelquefois il est épais, d’autresfois il est très-mince ; il est tantôt plus, tantôt moins mêlé de cailloux, de sable & de gravier ; souvent il est coloré par l’ochre & par des parties ferrugineuses ; tantôt il est calcaire, tantôt il est argilleux ; il varie aussi pour la figure & pour le tissu ; souvent on y remarque des empreintes de plantes qui ont été détruites, & qui n’ont laissé dans la pierre ou dans le tuf que les trous dans lesquels elles se sont moulées ; c’est ce qui se voit sur-tout dans le tuf de Langensaltza, décrit par M. Schober, dont il parle dans l’aticle Tourbe, auquel on renvoie le lecteur.

Comme c’est sur-tout aux débordemens des rivieres que le tuf doit son origine, on voit que cette pierre doit former des couches qui s’étendent sous terre dans les endroits qui ont été autrefois inondés. Il y a quelquefois plusieurs couches de tuf les unes au-dessus des autres ; les intervalles qui sont entre elles sont remplis de terre ou de pierres d’une nature différente de la leur ; cela vient de ce que les débordemens qui les ont produits se sont quelquefois succédés à des intervalles de tems très considérables. D’autresfois les tufs ou dépôts se touchent immédiatement, & se distinguent par leurs différentes couleurs, parce que les rivieres ont en différens tems charrié des terres ou un limon diversement coloré.

Les endroits anciennement inondés par les rivieres, & où le tuf s’est formé, se sont recouverts de terre par la suite des tems, & l’on en a fait des terres labourables ; mais pour qu’elles rapportent, on est obligé de briser le tuf, parce qu’il empêcheroit la croissance des racines, sur-tout lorsqu’il est proche de la surface ; mais lorsqu’il est profondément en terre, ou lorsque la couche de terre qui est par-dessus est fort épaisse, on est dispensé de ce travail.

On voit par ce qui précede, que le tuf se forme de la même maniere que les incrustations, c’est-à-dire par un dépôt des particules terreuses, sablonneuses & grossieres que les eaux avoient détrempées & entraînées avec elles. Voyez Incrustation.

Le tuf quand il est solide, est une pierre très-bonne pour bâtir, sur-tout pour les voûtes, parce qu’elle est fort légere ; comme elle est raboteuse & poreuse elle prend très-bien le mortier. (—)

Tuf, (Drarerie.) grosse étoffe de très-bas prix, qui a environ demi-aune de large, & dont la chaîne est de fil d’étoupe de chanvre, & la trème de ploc ou poil de bœuf filé. Cette étoffe sert ordinairement aux tondeurs de drap à garnir les tables à tondre. Dict. du Comm. (D. J.)