L’Encyclopédie/1re édition/TRAINEAU

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TRAINEAU, s. m. (Méchanique.) espece de machine dont les voituriers se servent pour traîner & transporter des balles, caisses, & tonneaux de marchandises. Le traineau n’a point de roue, & est seulement composé de quelques fortes pieces de bois jointes ensemble, & emmortoisées avec des chevilles ; aux quatre coins de ce bâtis, qui forme une figure quarrée longue, sont de forts crochets de fer pour y atteler les traits des chevaux qui les traînent, cette sorte de traîneau ne sert point à la campagne, & est seulement d’usage dans les villes. (D. J.)

Les Hollandois ont des especes de traîneaux sur lesquels on peut transporter par terre des vaisseaux de tout port. Ils sont composés d’une piece de bois d’un pié & demi de large, & de la longueur de la quille d’un vaisseaux ordinaire, un peu courbée par-derriere, & creuse dans le milieu, de sorte que les côtés vont un peu en biais, & sont garnis de trous pour passer des chevilles, &c. le reste est tout-à-fait uni.

Le traîneau est de toutes les voitures la plus ancienne. Le premier changement qu’on y fit fut de le poser sur des rouleaux, qui devinrent roues, lorsqu’on les eut attachés à cette machine ; mais s’élevant de plus-en-plus de terre, il forma le char des anciens, à deux & à quatre roues. Il est vrai cependant que ces chars n’étoient guere au-dessus de nos charrettes, à en juger par la lecture des auteurs, & par les vieux monumens.

Traineau, (Charronnage.) c’est une espece de petit chariot sans roue dont on se sert dans les pays septentrionaux, pour transporter sur la neige pendant l’hiver les voyageurs, les marchands, leurs hardes, & leurs marchandises. Ils sont couverts & garnis de bonnes fourrures contre la rigueur du froid. Ce sont ordinairement des chevaux qui les traînent, mais quelquefois on y emploie des animaux très légers, & assez semblables à de petits cerfs que l’on nomme des rennes, qui outre qu’ils vont d’une très grande vîtesse, ont cela de commode qu’ils n’ont besoin d’aucun conducteur, & que pour toute nourriture ils se contentent de quelque mousse qu’ils cherchent sous la neige. La Laponie, la Sibérie, & le Boranday font tout leur commerce avec des traîneaux attelés d’une de ces rennes. Outre les traîneaux tirés par des chevaux ou par des rennes dont on se sert si communément dans la Moscovie, il y en a d’autres, particulierement du côté de Surgut, ville située sur l’Oby, qui ne sont attelés que d’une sorte de chiens, qui sont propres à cette partie de la Sibérie.

Enfin toutes les cours du nord offrent en traîneaux une rare pompe sur la neige. La jeunesse vigoureuse les conduit, & dispute de vîtesse dans des courses hardies, longues & bruyantes. Les dames de Scandinavie y assistent pour animer la rivalité de leurs amans ; & les filles de Russie s’y montrent avec leur parure d’or & de pelisses. (D. J.)

Traineau, (Chasse.) est un filet qui a deux aîles fort longues, avec un bâton à chaque côté, & que deux hommes traînent la nuit à-travers champs, dans les endroits où ils ont remarqué qu’il y a du gibier, & dès qu’ils voient, sentent, ou entendent quelque oiseau sous le filet ils le lâchent à terre pour prendre le gibier qui est dessous ; ce filet a depuis 6 jusqu’à 12 ou 15 toises de long, & 15 à 18 piés de hauteur ; on les fait à grandes mailles pour qu’ils ne soient pas si lourds. On prend au traîneau les perdrix, les cailles, vanneaux, bécasses, pluviers, ramiers, grives, oies sauvages, canards & autres oiseaux.