L’Encyclopédie/1re édition/TRAHISON

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TRAHISON, s. f. TRAHIR, v. act. (Morale.) perfidie ; défaut plus ou moins grand de fidélité envers sa patrie, son prince, son ami, celui qui avoit mis sa confiance en nous.

Quand on n’auroit pas assez de vertu pour détester la trahison, quelqu’avantage qu’elle puisse procurer, le seul intérêt des hommes suffiroit pour la rejetter. Dès-lors que des princes l’auroient autorisée par leur exemple, ils méritent qu’elle se tourne contre eux ; & dès-lors personne ne seroit en sûreté. Ceux-là même qui employent la trahison pour le succès de leurs projets, ne peuvent pas aimer les traitres. On sçait la réponse de Philippe roi de Macédoine à deux misérables, qui lui ayant vendu leur patrie, se plaignoient à lui, de ce que ses propres soldats les traitoient de traitres. « Ne prenez pas garde, leur dit il, à ce que disent ces gens grossiers qui appellent chaque chose par son nom ». (D. J.)

La trahison commise envers quelque particulier est punie selon les circonstances par des peines pécuniaires, ou même corporelles s’il s’en est ensuivi quelque crime.

Mais la trahison envers le roi & l’état est encore plus grave ; tel est le crime de ceux qui entrent dans quelque association, intelligence, ligue offensive ou défensive, contre la personne, autorité & majesté du roi, soit entr’eux ou avec autres potentats, républiques & communautés étrangeres ou leurs ambassadeurs, soit dedans ou dehors le Royaume directement ou indirectement par eux ou par personnes interposées, verbalement ou par écrit.

On peut voir sur cette matiere les édits de Charles IX. de 1562, 1568, 1570, l’ordonnance de Blois, art. 94. celles de 1580, 1588, & l’édit de Nantes, en 1598.

La peine ordinaire de ce crime est d’être décapité pour les nobles, la potence pour les roturiers, & même quelquefois la roue pour des gens de basse condition.

Si le criminel a osé attenter à la personne du roi, la peine est encore plus sévere. Voyez Lèze-Majesté & parricide.

En Angleterre on appelle crime de haute-trahison, non-seulement tout attentat contre la personne du roi, mais encore toute conspiration contre le roi ou l’état, tout commerce criminel avec la reine ou les filles du roi, l’homicide commis en la personne du chancelier ou du grand-trésorier, ou si l’on a altéré la monnoie, falsifié le sceau du roi, tout cela est réputé crime de haute-trahison.

Dans ce même pays celui qui tue sa femme, son pere, ses enfans ou son maître, se rend coupable du crime qu’on appelle petite trahison. Voyez les institutions au droit criminel de M. de Vouglans. Voyez aussi les mots Complot, Conspiration, Dol, Fraude, Foi (mauvaise), Fidelité, Serment, parjure. (A)