L’Encyclopédie/1re édition/TOULON

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TOULON, (Géog. mod.) ville & port de mer de France, en Provence, sur le bord de la Méditerranée, à 12 lieues au sud est de Marseille, à 16 d’Aix, & à 160 de Paris.

Cette ville, quoiqu’assez grande & maritime, n’est pas cependant peuplée, excepté de couvens de religieux & de religieuses. Les prêtres de l’oratoire y ont le collége, & les jésuites un séminaire. Le port de cette ville est un des plus connus, des plus vastes, & des meilleurs de l’Europe. Il est destiné aux vaisseaux de guerre ; & les galeres qui étoient à Marseille, y sont à-présent. L’arsenal est à une des extrémités du quai. Le parc de l’artillerie renferme tout ce qui est nécessaire en ce genre. Les fortifications sont du dessein du chevalier de Ville.

L’évêché n’est connu que depuis le sixieme siecle. Il est suffragant d’Arles & d’une très-petite étendue, car il n’a que vingt-cinq paroisses : cependant son revenu annuel est de quinze à vingt mille livres.

Long. de Toulon, suivant Cassini, 23. 27. latit. 43. 6. 40. Long. orient. suivant le Monnier, 23. 32. 30. latit. 43. 7.

Toulon a été, dit-on, nommée en latin Telo, Telonium, & Telo-Martius, d’un tribun de ce nom, qui y conduisit une colonie. Plusieurs savans prétendent que cette ville est le Tauroentium de Ptolomée ; mais le P. Hardouin conjecture que Toulon est le Portus citharista de Pline ; & sa conjecture est d’autant plus vraissemblable, qu’Antonin dit que ce port est éloigné de Marseille de trente milles ; ce qui est précisément la distance qu’il y a entre ces deux villes.

On lit dans la notice de l’empire, qu’il y avoit une teinturerie à Toulon dirigée par un intendant de l’empereur, qui est appellé procurator Baphiorum ; ainsi cette place étoit connue sur la fin du quatrieme siecle. Elle a éprouvé depuis les mêmes révolutions que le reste de la Provence. Les Sarrasins la pillerent une fois dans le dixieme siecle, & deux fois sur la fin du douzieme. Elle se rétablit & s’accrut sous la protection des rois de Sicile & de Naples, comtes de Provence. Elle fut réunie à la couronne avec la Provence par Charles VIII. en 1487. Son port seroit propre à l’enrichir, par sa grande rade, une des plus sûres qu’on connoisse, & dont l’entrée est défendue par plusieurs forts.

Ferrand (Louis) né à Toulon en 1645, & mort à Paris en 1699, a donné au public des ouvrages qui justifient son savoir dans les langues orientales. On fait cas de son commentaire sur les pseaumes, & d’autant plus qu’il n’étoit pas théologien de profession, mais avocat au parlement.

Bonnin de Chalucet (Louis) mort évêque de Toulon en 1712, est auteur de bonnes ordonnances synodales ; mais il s’est fait encore plus d’honneur, par les services qu’il rendit à sa ville épiscopale, lorsque les troupes des alliés l’assiégerent en 1707 : optimates exemplo firmavit, plebem frumento & pecuniâ juvit ; c’est une inscription de la reconnoissance du peuple, qui le dit ; & cette inscription est gravée dans la chambre de l’hôtel-de-ville de Toulon. (D. J.)