L’Encyclopédie/1re édition/TITYUS

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TITYUS, (Mythol.) fils de la terre, dont le corps étendu couvroit neuf arpens : ainsi parle la fable. Tityus étoit, selon Strabon, un tyran de Panope, ville de Phocide, qui pour ses violences, s’attira l’indignation du peuple. Il étoit fils de la Terre, parce que son nom signifie terre ou boue. Il couvroit neuf arpens, ce que les Panopéens, selon Pausanias, entendent de la grandeur du champ où est la sépulture, & non de la grandeur de sa taille.

Homere prétend que ce tyran ayant eu l’insolence de vouloir attenter à l’honneur de Latone lorsqu’elle traversoit les délicieuses campagnes de Panope pour aller à Pytho, il fut tué par Apollon à coups de fleches, & précipité dans les enfers. Là, un insatiable vautour attaché sur sa poitrine, lui dévore le foie & les entrailles, qu’il déchire sans cesse, & qui renaissent éternellement pour son supplice.

Rostroque immanis vultur adunco,
Immortale jecur tundens, fæcunda que pœnis
Viscera, rimaturque epulis, habitatque sub alto
Pectore, nec fibris requies datur ulla renatis.

Æneid. l. VI. v. 597.

Cette fiction, dit Lucrece, nous peint les tourmens que causent les passions, qui, suivant les anciens, avoient leur siege dans le foie : « le véritable Titye est celui dont le cœur est déchiré par l’amour, qui est dévoré par de cuisantes inquiétudes, & travaillé par des soucis cruels ».

At Tityus nobis hic est, in amore jacentem
Quem volucres lacerant, atque exest anxius angor,
Aut aliæ quævis scindunt torpedine curæ.

Il est singulier qu’après avoir représenté Tityus, comme un de ces fameux criminels du tartare, je doive ajouter que ce Tityus avoit cependant des autels dans l’île d’Eubée, & un temple où il recevoit des honneurs religieux ; c’est Strabon qui nous le dit. (D. J.)