L’Encyclopédie/1re édition/TIARE

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TIARE, (Critiq. sacrée.) ornement de tête des prêtres juifs, Exod. xxviij. 40. Cet ornement cependant ne consistoit qu’en une espece de petite couronne faite de bysse ou de fin lin, Exod. xxxix. 26. Mais le grand prêtre, outre cette tiare, en avoit une autre d’hyacinthe, entourée d’une triple couronne d’or, garnie sur le devant d’une lame d’or sur laquelle étoit gravé le nom Jéhova. (D. J.)

Tiare, (Littérat.) couverture de tête en Orient. On appelle ainsi une espece de bonnet rond, droit, ou en pointe recourbée, tel qu’on le voit sur les figures d’Atis & de Mythras. Les tiares de plusieurs seigneurs particuliers étoient en cône courbée sur la pointe, avec deux bandelettes que l’on attachoit sous le menton pour les tenir ; la tiare devint aussi l’ornement de tête ordinaire aux prêtres de Cybele. Les rois de Perse portoient leurs tiares à pointes droites, & les autres souverains de l’Orient en portoient de différentes formes. Voyez Tiare, Art numism. (D. J.)

Tiare, (Art numism.) La tiare étoit d’un grand usage parmi les Orientaux. Celles dont les particuliers se servoient, étoient ou rondes ou recourbées par-devant, ou semblables au bonnet phrygien ; il n’étoit permis qu’aux souverains de les porter droites & élevées. Les rois de Perse étoient si jaloux de ce droit, qu’ils auroient puni de mort ceux de leurs sujets qui auroient osé se l’attribuer ; & l’on en faisoit tant de cas, que Demaratus le lacédémonien, après avoir donné un conseil fort utile à Xerxès, lui demanda pour récompense de pouvoir faire une entrée publique dans la ville de Sardes avec la tiare droite sur la tête.

Les médailles nous représentent ces différentes sortes de tiares. On y voit que celles des rois d’Arménie se terminoient par une espece de cercle surmonté de plusieurs pointes ; on y distingue communément celles des rois parthes de celles des rois de l’Osrhoène, par les divers ornemens dont les unes & les autres sont chargées ; enfin la médaille de Xercès fait présumer que les tiares des rois d’Arsamosate étoient fort pointues. Ces remarques toutes frivoles qu’elles paroissent, ont cependant un objet utile, puisqu’on peut en conclure 1°. que tout prince qui a pris la tiare sur ses médailles, a dû regner en Orient ; 2°. qu’en observant avec attention la forme de sa tiare, on connoitra à-peu-près l’endroit où il a regné. (D. J.)

Tiare du pape, (Hist. des papes.) ornement qu’a pris le pontife de Rome pour marquer sa dignité ; cet ornement est si superbe, qu’on a lieu de juger qu’il ne le tient pas de S. Pierre ; en effet c’est une espece de grand bonnet, autour duquel il y a trois couronnes d’or qui sont les unes sur les autres en forme de cercle, toutes éclatantes de pierreries, & ornées d’un globe avec une croix sur le haut de ce globe, & un pendant à chaque côté de la tiare.

Il est vrai néanmoins que la tiare papale n’étoit d’abord qu’un bonnet rond, entouré d’une simple couronne ; mais Boniface VIII. trouvant ce bonnet trop simple, l’embellit d’une seconde couronne, pour indiquer qu’il avoit droit sur le temporel des rois ; enfin Benoît XII. mit la troisieme couronne ; & cette triple couronne peut signifier tout ce qu’on voudra ; pour moi je crois qu’elle désigne l’église d’Italie qui est triomphante, militante & souffrante.