L’Encyclopédie/1re édition/THESSALONIQUE

THESSALONIQUE, ou Thessalonica, (Géogr. anc.) ville de la Macédoine, sur le golfe Thermaïque, auquel elle donna son nom ; car anciennement cette ville s’appelloit Therma. Etienne le géographe dit qu’elle fut nommée Thessalonique par Philippe de Macédoine, en mémoire de la victoire qu’il remporta près de Therma sur les Thessaliens.

Cette ville sous les Romains étoit la capitale de la Macédoine, & le siége d’un président & d’un questeur. Pline lui donna le titre de ville libre, Thessalonica liberæ conditionis. On la nomme aujourd’hui Salonichi ; elle est peuplée de mahométans, de chrétiens grecs & de juifs.

Il y avoit déjà dans cette ville, du tems de J. C. un assez grand nombre de juifs qui y possédoient une synagogue ; venerûnt Thessalonicam ubi erat synagoga judæorum, Act. 17. 1. S. Paul y vint l’an 52. de l’ere vulgaire ; & étant entré dans la synagogue, selon sa coutume, il entretint l’assemblée des écritures & de J. C. durant trois jours de sabbat. Une multitude de gentils & quelques juifs se convertirent ; mais les autres juifs, poussés d’un faux zèle, exciterent du tumulte, & tenterent de se saisir de Paul & de Silas qui logeoient dans la maison de Jason, pour les traduire devant le magistrat romain. Paul se retira à Bérée, d’où il se rendit à Athènes, & d’Athènes à Corinthe ; c’est vraissemblablement de cette derniere ville qu’il écrivit sa premiere épître aux Thessaloniciens, dans laquelle il leur témoigne beaucoup de tendresse & une grande estime pour la ferveur de leur foi.

La ville de Thessalonique, métropole de la province d’Illyrie & de la premiere Macédoine, a été le siége du vicaire du pape jusqu’au schisme des Grecs ; & la notice d’Hiérocles met sous cette métropole une trentaine d’évêchés. Selon l’état moderne du patriarchat de Constantinople, publié par Schelstrate, le métropolitain de Thessalonique a sous lui neuf évêchés ; mais ce sont des évêques qui n’ont pas de pain.

Patrice (Pierre), célebre par son crédit & ses négociations sous l’empire de Justinien, étoit né à Thessalonique. Il fut revêtu par ce prince de la charge de maire du palais. On a des fragmens de son histoire des ambassadeurs sous le regne des empereurs romains ; & cette histoire étoit divisée en deux parties. La premiere commence à l’ambassade des Parthes à Tibere, l’an de J. C. 35. pour lui demander un roi, & finit par l’ambassade qui fut envoyée par les Barbares à l’empereur Julien. La seconde partie commence à l’ambassade de l’empereur Valérien à Sapor, roi de Perse, pour obtenir de lui la paix, en 258, & finit à celle que Dioclétien & Galere envoyerent à Narsès, pour traiter de la paix avec lui, l’an 297. Ces fragmens ont été traduits de grec en latin par Chanteclair, avec des notes auxquelles Henri de Valois a ajouté les siennes en 1648. On a imprimée ces fragmens au louvre dans le corps de la byzantine.

Gaza (Théodore), né à Thessalonique, passa en Italie après la prise de Constantinople par les Turcs, & contribua beaucoup par ses ouvrages à la renaissance des Belles-lettres. Il traduisit de grec en latin l’histoire des animaux d’Aristote ; celle des plantes de Théophraste. Il traduisit de latin en grec le songe de Scipion, & le traité de la vieillesse de Cicéron. Il donna lui-même une histoire de l’origine des Turcs, un traité de mensibus atticis, & quelques autres ouvrages. Il mourut à Rome en 1475, âgé d’environ 80 ans.

Andronicus, né pareillement à Thessalonique, fut encore un des grecs fugitifs qui porterent l’érudition en Occident au xve. siecle. Il passoit pour être supérieur à Théodore Gaza dans la connoissance de la langue grecque ; mais, comme il arrive ordinairement, ses lumieres dans la langue ne l’enrichirent pas. Il se flata sur la fin de ses jours de trouver en France plus de ressources ; il s’y transporta, & y mourut peu de tems après. Il ne faut pas le confondre avec un autre Andronicus qui enseignoit de son tems à Bologne, & qui étoit de Constantinople. (Le chevalier de Jaucourt.)