L’Encyclopédie/1re édition/TÉTARD

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TÉTARD, s. m. (Hist. nat. des Insect.) en latin gyrinus, & en anglois tadpole, c’est ainsi qu’on nomme le fœtus de la grenouille, dès qu’il commence à paroître le quatrieme jour après la ponte, avec ses enveloppes au milieu de l’œuf, & de la matiere mucilagineuse qui les environne ; au sixieme jour, le fœtus sort de ses enveloppes, & du mucilage qui est au-tour, alors il nage & il paroît à découvert sous la forme de tétard ; le mucilage s’est en partie dissous chaque jour jusqu’à ce tems, de sorte qu’il se trouve, pour ainsi dire, raréfié dans un plus grand volume, & qu’il ressemble dans cet état à un nuage ; le tétard y rentre de tems-en-tems, pour y prendre de la nourriture, & pour s’y reposer lorsqu’il s’est fatigué en nageant, car ce nuage le soutient sans qu’il fasse aucun effort.

Le tétard, au sortir de ces enveloppes, semble n’être composé que d’une tête & d’une queue ; mais la partie ronde que l’on prend pour la tête, contient aussi la poitrine & le ventre : dans la suite, les jambes de derriere commencent à paroître au-dehors, mais celles de devant sont cachées sous la peau qui recouvre tout le corps, même les jambes de derriere : enfin il se dépouille de cette peau ; alors ses quatre jambes sont à découvert, il prend la forme de grenouille, & il ne lui reste de tétard que la queue qui se désseche peu-à-peu, & s’oblitere en entier ; lorsqu’elle a disparu, la transformation de tétard en grenouille, est entierement achevée ; ce sont les observations de Swammerdam.

C’est du tétard que se servent ordinairement les physiciens, pour faire voir aux curieux la circulation du sang. Si l’on garde au printems pendant trois ou quatre jours du frai de grenouille, dans une petite quantité d’eau de fossé où ce frai se trouve, on y découvrira quantité de petits tétards, qui paroissent comme transparens, lorsqu’ils commencent à nager dans leur mucilage ; cependant, si pour lors on les met devant un microscope, dans un petit tube, avec un peu d’eau, on y distingue le cœur, ses battemens, la circulation du sang qui se fait dans chaque partie du corps, & sur-tout à la queue, où plusieurs vaisseaux se présentent aux yeux tout-à-la-fois ; au bout de peu d’heures, ces petits tétards paroissent déja moins transparens, & dans un couple de jours, leur peau devient trop opaque pour y découvrir la circulation du sang ; on ne la voit alors que dans la queue, ou mieux encore dans les nageoires, à la jointure de la tête. (D. J.)

Tétard, voyez Chabot.

Tétard, voyez Munier.