L’Encyclopédie/1re édition/PITANCE

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PITANCE, s. f. (terme monastique.) c’est ce qu’on donne à chaque religieux pour son repas ; mais ce mot est vieux, & l’on dit aujourd’hui portion. Les Bourguignons disent encore pitainche, que M. de la Monnoye explique dans ses noëls bourguignons par boisson de vin.

Le P. Labbe dérive pitance de pitancium mot usité dans les écrits de l’un & l’autre Hinemar, pour une table enduite de poix où l’on mangeoit, d’autant que personne ne recevoit sa portion de pain, de vin, de viande, de poisson, ni autre chose nécessaire à la vie, que ceux qui étoient écrits dans la matricule.

Cet usage étoit pris des Romains, qui tiroient des greniers publics la subsistance de leurs soldats. Leur portion, pitacium, étoit réglée, & chacun étoit obligé d’aller la prendre avec un billet qui lui étoit donné par un greffier, lequel billet contenoit la quantité de l’étape pour chacun, s’il m’est permis de me servir de ce terme. Le fait que j’avance est prouvé par la loi vj. du titre de erogatione militaris annonæ, cod. Theodos. où il dit : Susceptor, antequam diurnum pitacium authenticum ab actuarus susceperit, non eroget ; quod si absque pitacio fuerit erogatio, id quod expensum est, damni ejus supputetur. (D. J.)