L’Encyclopédie/1re édition/PHAÉTON

PHAÉTON, s. m. (Mythol.) fils du Soleil & de Chimène ; sa fable est connue de tout le monde.

Eurypide avoit fait, sous le nom de Phaéton, une tragédie qui s’est perdue, & dont Longin nous a conservé les vers où le Soleil parle ainsi à Phaéton, en lui mettant entre les mains les rênes de ses chevaux :

Prens garde qu’une ardeur trop funeste à ta vie
Ne t’emporte au-dessus de l’aride Lybie ;
Là jamais d’aucune eau le sillon arrosé
Ne rafraîchit mon char dans sa course embrasé…
Aussi-tôt devant toi s’offriront sept étoiles.
Dresse par là ta course, & suis le droit chemin.
Phaéton à ces mots prend les rênes en main,
De ses chevaux aîlés il bat les flancs agiles.
Les coursiers du Soleil à sa voix sont dociles.
Ils vont : le char s’éloigne, & plus prompt qu’un éclair,
Pénetre en un moment les vastes champs de l’air.
Le pere cependant, plein d’un trouble funeste,
Le voit rouler de loin sur la plaine céleste
Lui montre encor sa route, & du plus haut des cieux,
Le suit autant qu’il peut, de la voix & des yeux ;
Va par-là, lui dit-il, reviens : détourne : arrête.

Despréaux.

Ne penseriez-vous pas, observe Longin, que l’ame du poete monte sur le char avec Phaéton, qu’elle partage tous ses périls, & qu’elle vole dans l’air avec les chevaux ?

Les Mythologues moralistes trouvent dans la fable de Phaéton l’embleme d’un jeune téméraire, qui forme une entreprise au-delà de ses forces, & qui veut l’exécuter sans prévoir les dangers qui l’environnent.

Plutarque assure qu’il y a eu réellement un Phaéton, qui regna sur les Molosses, & qui se noya dans le Pô ; que ce prince s’étoit appliqué à l’astronomie, & qu’il avoit prédit une chaleur extraordinaire qui arriva de son tems, & qui causa une cruelle famine dans son royaume. (D. J.)