L’Encyclopédie/1re édition/PAUVRE, Pauvreté

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PAUVRE, Pauvreté, (Critique sacrée.) en grec πτωχός, πτωχεία, en latin pauper, paupertas. Ces mots se prennent ordinairement dans l’Ecriture pour un état d’indigence qui a besoin de l’assistance d’autrui, faute de pouvoir gagner sa vie par le travail. Moise recommande qu’on ait un soin particulier de telles personnes : il voulut qu’on les appellât aux repas de religion que l’on faisoit dans les temples ; qu’on laissât exprès quelque chose dans les champs, dans les vignes, & sur les arbres pour eux. Lévit. xix. 9. & 10. Il ordonna qu’on fît une réserve commune dans les années sabatiques & au jubilé, en faveur de tels pauvres, de la veuve & de l’orphelin.

Le nom de pauvre se prend aussi pour celui qui est humble, affligé. Job. xiv. 16. Ps. lxxxj. 3. Prov. ix. 10. Dans tous ces passages ce terme signifie un homme qui contrit de ses fautes demande à Dieu le secours de sa miséricorde. Ce mot désigne encore un homme méprisable par ses sentimens. Vous dites, je suis riche & je n’ai besoin de rien ; & vous ne voyez pas que vous êtes pauvre, aveugle & nud.

Les pauvres en esprit que Jesus-Christ dit heureux, Matth. v. 3. ou simplement les pauvres, comme on lit dans S. Luc, sont ceux qui ne sont point possédés de l’amour & de la convoitise des richesses. Ce ne sont pas les pauvres en général qui sont heureux, mais ceux qui le sont pour l’évangile ; ceux qui ont sacrifié les honneurs & les richesses de ce monde pour acquérir les vrais biens, à cause de la justice, comme s’exprime Clément d’Alexandrie, strom. lib. IV. page 484. (D. J.)

Pauvre catholique, (Hist. ecclés.) nom de religieux. C’est une branche des Vaudois ou pauvres de Lyon, qui se convertirent en 1207, formerent une congrégation qui se répandit dans les provinces méridionales de la France, & qui après s’être accrûe de quelques autres vaudois, se fondit en 1256 dans les hermites de S. Augustin.

Pauvres de Lyon, voyez Vaudois.

Pauvres de la mere de Dieu, congrégation fondée en 1556 par un gentilhomme espagnol nommé Joseph Casalanz. Leur fonction premiere fut de tenir les petites écoles à la campagne ; dans la suite ils entrerent dans les villes & y enseignerent les Humanités, les langues anciennes, la Théologie, la Philosophie & les Mathématiques. Ils furent protégés depuis leur institution jusque dans les tems les plus voisins des nôtres, par tous les souverains pontifes. Ils ont l’habit des Jésuites, excepté que leur robe s’attache par-devant avec trois boutons noirs de cuir, & que leur manteau ne descend qu’aux genoux. Ils sont au nombre des mendians.

Pauvres volontaires, (Hist. ecclés.) ordre qui parut vers la fin du xjv. siecle. La regle de S. Augustin devint celle de ces religieux en 1470. Ils étoient tous laïcs, ne recevoient point de prêtres, ne savoient pas lire pour la plûpart, travailloient de différens métiers, servoient les malades, enterroient les morts, ne possédoient rien, vivoient d’aumônes, se levoient la nuit pour prier, &c. Il y a long-tems qu’ils ne subsistent plus.