L’Encyclopédie/1re édition/MOUCHE

MOUCHE, s. f. musca, (Hist. nat.) insecte qui a des aîles transparentes. La mouche differe du papillon en ce que ses aîles ne sont pas couvertes de poussiere : elle differe des scarabés, des sauterelles & de plusieurs autres insectes aîlés, en ce que ses aîles n’ont point de fourreau ou de couverture particuliere, & qu’elles peuvent seulement s’en servir quelquefois les unes aux autres. Les mouches ont une tête, un corcelet, un corps ; la tête tient ordinairement au corcelet par un cou assez court, & sur lequel elle peut souvent tourner comme sur un pivot : les aîles sont attachées au corcelet ; & lorsqu’il y a deux corcelets, le premier est le plus petit ; c’est au second que tiennent les aîles.

On peut diviser les mouches en deux classes générales, dont l’une comprend les mouches qui n’ont que deux aîles, & l’autre celles qui en ont quatre. Chacune de ces deux classes générales peut être sous-divisée en quatre classes particulieres, dont la premiere comprend les mouches qui ont une trompe, & qui n’ont point de dents ou de serres ; la seconde est composée des mouches qui ont une bouche sans dents sensibles ; la troisieme renferme les mouches qui ont une bouche munie de dents ; & la quatrieme, les mouches qui ont une trompe & des dents. Les mouches à deux aîles, observées par M. de Reaumur, se sont toujours rapportées à la premiere & à la seconde de ces classes ; par exemple, les grosses mouches bleues des vers de la viande, toutes les petites mouches que l’on voit dans les maisons, & les cousins, ont une trompe sans avoir de dents, & sont de la premiere classe. Les petites mouches qui paroissent des premieres au printems dans les jardins, & que l’on appelle mouches S. Marc, & certaines mouches qui ressemblent à des cousins, mais qui sont souvent plus grandes, ont une bouche sans dents, & appartiennent à la seconde classe.

Il y a beaucoup de genres de mouches à quatre aîles dans la troisieme & la quatrieme classe. Toutes les guêpes ont une bouche & deux dents en-dehors, aussi elles sont de la troisieme classe ; toutes les abeilles, ayant une trompe & deux dents au-dessus de la trompe, sont de la quatrieme classe. Il y a aussi des mouches à quatre aîles, qui appartiennent à la premiere & à la seconde classe ; telles sont toutes les mouchés papillionnacées, qui viennent de différentes especes de teignes aquatiques ; elles n’ont qu’une bouche sans dents, ainsi elles sont de la seconde classe. Tous les pucerons aîlés & les faux pucerons ailés, les cigales ont une trompe sans avoir de dents, & sont par conséquent de la premiere classe.

On pourroit faire une cinquieme classe qui comprendroit les mouches à tête en trompe. Ces têtes sont fort allongées, & ont comme celles des oiseaux, une sorte de long bec, mais qui ne s’ouvre que par son bout, c’est-à-dire à l’endroit où les têtes des autres insectes finissent. Celles de quelques-uns ont un prolongement qui a la figure d’une trompe, mais qui est roide, qui ne peut changer de figure ni de position, sans que la tête en change. C’est au bout de cette partie allongée que sont les dents, ou les instrumens au moyen desquels le petit animal prend de la nourriture. La mouche scorpion a la tête en trompe.

Après ces cinq premieres classes, on peut faire trois autres classes subordonnées, dont les caracteres seront pris de la forme du corps : savoir, 1°. la classe des mouches à corps court & plus large qu’épais ; telles sont les mouches bleues de la viande, les abeilles, cent & cent autres genres de mouches, soit à deux aîles, soit à quatre ailes. 2°. La classe des mouches à corps long, comme celui des demoiselles, des cousins, &c. 3°. La classe des mouches à corps long ou court, qui est joint au corcelet par un simple fil visible, comme dans les frelons, les guêpes, plusieurs mouches ichneumons, les mouches des galles, du chêne, &c.

Les caracteres des genres sont tirés du port des aîles & de la trompe, de la figure des antennes, & d’autres parties extérieures du corps, & sur-tout des postérieures.

Il faut considérer le port des aîles, lorsque la mouche est en repos, ou lorsqu’elle marche. 1°. Celles qui portent leurs aîles paralleles au plan de position, sont en plus grand nombre que celles qui les tiennent dans des directions inclinées. 2°. Les mouches qui portent leurs aîles de façon qu’elles couvrent le corps en partie, sans se couvrir l’une l’autre, si elles n’ont que deux aîles, ou si elles en ont quatre, sans qu’une des supérieures empiete sensiblement sur l’autre aile supérieure ; telles sont les mouches bleues de la viande & les mouches des maisons. 3°. Les aîles de plusieurs mouches se croisent plus ou moins sur le corps. 4°. D’autres sont faites de façon, & se croisent à un tel point que le corps déborde au-delà de chacune des aîles. 5°. D’autres ne se croisent que sur la partie postérieure du corps, & laissent entr’elles une portion de la partie extérieure à découvert. 6°. Les aîles de plusieurs autres mouches se croisent sur le corps, & celle qui est supérieur, se trouve plus élevée sur la ligne du milieu du corps que sur les côtés. 7°. Quelques mouches ont les aîles posées sur le dos, & appliquées les unes contre les autres dans un plan vertical ; telles sont plusieurs especes de petites demoiselles, & les mouches éphemeres. 8°. Les aîles de plusieurs autres mouches sont appliquées obliquement contre les côtés, & se rencontrent au-dessus du corps ; par exemple, les aîles de la mouche du petit-lion, des pucerons, & celles de la mouche du fourmi-lion. 9°. D’autres mouches ont les aîles appliquées contre les côtés ; mais ces aîles, après s’être élevées, se recourbent sur le dos en forme de toît écrasé. 10°. Enfin d’autres mouches tiennent leurs ailes obliques, de façon qu’elles se touchent au-dessous du ventre : cette position est contraire à celle des aîles qui forment un toît au corps ; telle est la mouche qui vient du ver du bigarreau.

Certains genres de mouches ont 1°. des antennes articulées. 2°. des antennes articulées qui deviennent de plus en plus grosses, à mesure qu’elles s’éloignent de la tête ; ce sont des antennes en forme de massue. 3°. Les cousins & certaines tipules ont des antennes qui ressemblent à des plumes. 4°. Il y a des antennes qui à leur origine & près de leur bout sont plus déliées que dans tout le reste de leur étendue ; on les appelle antennes prismatiques. 5°. Quelques mouches ont des antennes branchues ou fourchues. 6°. D’autres ont des grosses antennes extrèmement courtes ; elles n’ont que deux ou trois articulations, deux ou trois pieces posées l’une sur l’autre, forment un pié, un support à un grain d’un volume plus considérable, par lequel l’antenne est terminée : on l’appelle antenne à palette.

Les trompes peuvent fournir les caracteres de bien des genres. Les unes ont un fourreau composé d’une seule piece ; les autres en ont un fait par la réunion de plusieurs pieces différentes : les unes ont des fourreaux comme écailleux, les autres en ont de charnus ; ceux de quelques-unes sont terminées par un empatement charnu par des especes de grosses levres ; d’autres trompes sont faites comme une espece de fuseau dont le bout seroit creux, &c.

Il y a des insectes, par exemple des demoiselles, qui ont la tête presque ronde ; d’autres ont la tête plus large que longue.

Quelques insectes ont deux corcelets ; telle est la mouche du fourmi-lion : le corcelet est plus ou moins élevé.

Toutes les mouches ont six jambes, mais elles sont plus ou moins longues ; les cousins & les tipules les ont très longues. Ces six jambes tiennent ordinairement au corcelet ; mais dans quelques especes l’une des paires de jambes est attachée à un des anneaux du corps.

Les mouches ont à la partie postérieure du corps un aiguillon, une tarriere, une scie, des longs filets semblables à des antennes. Les tarrieres appartiennent aux femelles, & leur servent à percer & à entailler les corps dans lesquels elles déposent leurs œufs. La plûpart des mouches sont ovipares ; mais il y en a qui sont vivipares, & qui mettent au jour des vers vivans. Certaines especes de mouches ne sont distinguées que par la grandeur. Il y en a qui sont solitaires, d’autres vivent en société comme les guêpes, les abeilles, &c. Voyez les mém. pour servir à l’Hist. nat. des insect, par M. de Reaumur, tom. IV. dont cet extrait a été tire. Voyez Insecte.

Mouche cornue, taurus volans, (Hist. nat.) scarabé de l’Amérique & des îles Antilles, dont le corps est presque aussi gros qu’un petit œuf de poule un peu applati, ayant comme tous les autres scarabés, des aîles fort déliées recouvertes par d’autres aîles en forme de coquilles, d’une substance seche, assez ferme, très-lisse, luisante, d’une couleur de feuille morte tirant sur le verd & parsemée de petites taches noires ; le reste du corps est d’un beau noir d’ébene très-poli, & principalement garni à la partie posterieure d’un duvet jaune disposé en forme de frange. L’animal a six grandes pattes, dont quatre prennent naissance au-dessus de la poitrine, & les deux autres sont attachées au milieu de la partie inférieure de l’estomac ; elles se replient chacune en trois parties principales par de fortes articulations, dont quelques-unes sont armées de pointes très-aiguës ; les extrémités de ces pattes sont terminées par trois petites griffes courbées en crochet, très-piquantes, & s’accrochant facilement à tout ce qu’elles rencontrent. La tête de cet insecte paroît comme étranglée & détachée du corps ; elle a deux gros yeux ronds, demi sphériques, de couleur d’ambre, très clairs & fixes : la partie qui est entre ces yeux s’avance beaucoup, & s’étend d’environ deux pouces & demi, formant une grande corne noire, très-polie, recourbée en-dessus, garnie de quelques excrescences de même matiere, & terminée par deux fourchons disposés l’un au-devant de l’autre. Le dessus de la tête est emboîté dans une espece de casque large d’un pouce, s’allongeant par-devant comme un grand bec un peu courbé, long à peu-près de trois pouces & demi, garni de deux éminences pointues, disposées des deux côtés vers les deux tiers de sa longueur ; le dessus de ce bec est d’un beau noir, aussi lustré que du jais poli ; mais le dessus est creusé par une petite rainure toute remplie d’un poil ras très-fin, de couleur jaune, & plus doux que de la soie, & un peu usé dans la partie de ce bec qui s’approche de la corne inférieure dont on a parlé. Tout l’animal peut avoir six pouces de longueur d’une extrémité à l’autre : il vole pesamment, & pourroit faire beaucoup de mal s’il rencontroit quelqu’un dans son passage. M. le Romain.

Mouches luisantes, autrement nommées bêtes à feu, c’est un petit insecte des pays chauds de l’Amérique, moins gros, mais plus long que les mouches ordinaires, ayant les aîles un peu fermes, d’un gris-brun, couvrant tout le corps de l’animal. Lorsqu’il les écarte pour voler, & qu’il découvre sa partie postérieure, on en voit sortir une clarté très-vive & très-brillante, qui répand sa lumiere sur les objets circonvoisins. Ces mouches ne paroissent que le soir après le coucher du soleil. Les arbres & les buissons en sont tout couverts, principalement lorsqu’il a beaucoup plu dans la journée ; il semble voir autant d’étincelles de feu s’élancer entre les branches & les feuilles.

L’île de la Guadeloupe en produit d’une autre sorte beaucoup plus grosse que les précédentes, dont la partie postérieure répand une plus grande lumiere, qui se trouve fort augmentée par celle qui sort des yeux de l’animal. M. le Romain.

MOUCHE-À-MIEL & MIEL, (Econ. rust.) Tout n’est pas dit sur le compte des abeilles. Beaucoup des traits de leur industrie & de leurs sentimens ont échappé à la patience & à la sagacité des observateurs. Mais connût-on tout ce dont elles sont capables dans un climat, on n’auroit pas droit de conclure qu’il en est de même dans tous les autres. La différente température de l’air faisant varier leur conduite pour leur conservation, & pour augmenter le nombre des essaims & la quantité du miel ; c’est pour aider à étendre leurs bienfaits que pourront servir les observations suivantes propres au climat du diocese de Narbonne & du Roussillion, où la beauté & la bonté du miel l’emporte sur tous ceux de l’Europe. Il est surprenant qu’avec cet avantage dont jouit la montagne de la Clape auprès de Narbonne ; on s’y attache comme par projet à détruire ces animaux par des ravages qu’on y fait depuis plusieurs années, & dont il sera parlé dans l’article Troupeaux des bêtes à laine, à qui ils sont encore plus cruels.

Les essaims viennent toujours dans le printems, & jamais pendant l’été ni l’automne. La durée des tems depuis la sortie du premier essaim au dernier en chaque année, & la quantité des essaims est proportionnée à la quantité des ruches-meres, & à l’abondance des provisions qu’elles ont faites. Toutes les ruches ne donnent pas des essaims, ni du miel tous les ans. Il est des années où l’on n’a pas du miel ni des essaims. Il en est où l’on n’a que du miel & très-peu d’essaims. Il en est au contraire pendant lesquelles l’un & l’autre abonde. Pour donner un exemple de fécondité, j’ai vû une ruche qui, dans l’espace d’un mois & demi environ, donna cinq essaims. Ces différences viennent des différentes températures de leur l’air. Quand les abeilles ont essuyé un mauvais hiver & un printems trop sec, les plantes produisent peu de fleurs & fort tard ; alors uniquement occupées à recueillir le peu de ce que la saison leur fournit, elles travaillent beaucoup pendant long-tems pour ne ramasser que peu des provisions ; la saison est déja avancée, qu’elles ont à peine rempli les cellules vuidées pendant l’hiver pour leur entretien ; de sorte qu’en ces années-là elles n’ont pû amasser au-delà de leur provision pour l’hiver suivant. Elle leur a couté cependant assez des fatigues pour nuire à la génération, aussi n’en avons-nous pas des essaims.

Quand l’hiver a été moins rude & le printems assez doux vers sa fin, les abeilles n’ont pu trouver assez tôt de quoi faire leur récolte : elles se sont excédées de fatigue, & n’ont pu remplir les ruches & engendrer ; l’un a nui à l’autre, de maniere qu’il n’en a pu résulter que peu ou point d’essaims.

Quand le printems commence de bonne heure à faire sentir ses douces influences, les abeilles cessent d’être engourdies ; la nature se réveille, & leur ardeur est inexprimable, quand les campagnes peuvent fournir à leur diligence. C’est en ces années-là que les ravages sont d’abord réparés, les gâteaux multipliés & alongés, & les cellules remplies de miel, à quoi succedent bientôt beaucoup d’essaims.

Quand le nombre des essaims est grand, la durée de l’apparition depuis le premier jusqu’au dernier est plus longue que quand le nombre est petit, comme nous l’avons déja dit, parce que certaines ruches en donnent plusieurs dans la même saison. Nous devons, en ces années-là plus qu’en toutes les autres, porter plus d’attention à châtrer les ruches, & le faire à plusieurs reprises. 1°. parce que levant le miel dans toutes, le même jour ; si c’est trop tôt, nous détruisons la multiplication, puisque les abeilles cherchent dès-lors à réparer les pertes qu’elles viennent d’essuyer, par un travail opiniâtre qui nuit à la génération. 2.° On détruit inévitablement le couvain mélé en certaines ruches, avec le miel ; 3.° & le miel ainsi confondu, en acquiert un goût bien moins agréable. Il faut donc donner à nos abeilles le tems de peupler & reconnoître, en observant celles qui ont donné des essaims, afin de les châtrer quand on jugera qu’un certain nombre de ruches en aura assez engendré.

J’ai remarqué, en voyant prendre les essaims, que certains entroient de bonne grace dans les ruches qu’on leur avoit préparées, & qu’ils y restoient. D’autres n’entroient qu’en partie ; ou si ils entroient en entier, ils ne faisoient qu’aller & venir de la ruche à l’arbre où ils s’étoient d’abord accrochés. Ce dégoût pour les ruches étoit plus ou moins long en certains ; les uns s’arrêtoient après quelques heures, à celles qu’on leur avoit présentées ; d’autres flottoient plus long tems dans l’incertitude, & disparoissoient bientôt après ; d’autres entroient dans les ruches : on les plaçoit, mais ils disparoissoient après quelques jours ; enfin, certains, après avoir commencé leurs rayons, abandonnoient leur besogne & leur demeure.

On pourroit croire que l’abandon de leur ruche étoit la marque du changement de patrie, ou que la mort avoit suivi leur établissement. Quelques soins que je me sois donnés pour découvrir la cause de ce changement, je n’ai jamais vu que la mort l’eût produit ; il y a tout lieu de croire que les corps morts auroient été au pié de la ruche & dans les rayons, comme on les trouve dans les anciennes, quand la vieillesse ou d’autres causes la produisent. Je n’ai jamais vu aussi, pendant plusieurs années que j’ai observé ces animaux, qu’ils aient changé de patrie : l’homme destiné à en avoir soin pendant toute l’année, & occupé uniquement au printems à veiller à la sortie des essaims, à les loger & à les placer, n’a pu découvrir cette transmigration. Il est donc vraissemblable que ces essaims mécontens de leurs logemens, ou par affection pour la maison paternelle, vont rejoindre leurs parens, qui, apparemment comme nous, sont toujours prêts à accueillir leurs enfans. Il semble sur ce pié-là que l’inconstance de la jeunesse & la tendresse des peres produisent ces déguerpissemens.

Ne pourroit-on pas soupçonner quelqu’autre cause, en considérant les allées & les venues des essaims & leurs murmures dedans & dehors les ruches ? Ne semble-t-il pas que celles qu’on leur destine manquant par la grandeur (car les aromates dont elles sont parfumées devroient les y arrêter) en paroissent mécontens, après un examen assez long, à en juger par leurs mouvemens contraires & bruyans ? Les uns trouvent la ruche trop grande pour loger la famille ; les autres, celle qu’on leur présente trop petite ; certains s’accommodent de celles qu’on leur offre, & la famille s’y loge ; enfin, il en est qui s’étant d’abord accommodés du logement qu’on leur a offert, y travaillent ; mais soit inconstance, soit que la saison qui a suivi leurs premiers travaux, n’ait pu seconder leur ardeur, elles se sont découragées, après avoir reconnu apparemment qu’elles ne pouvoient remplir leurs premiers projets ; elles abandonnent la place avec un ou deux petits gâteaux déja élevés. Je me confirmai dans cette opinion en 1757, ou j’eus assez abondamment des essaims. J’avois fait construire des ruches pour les loger, plus grandes que les ruches-meres, croyant alors que celles-ci étant pleines & donnant des essaims, exigeoient des caisses pareilles ou plus grandes pour me procurer à l’avenir plus de miel, en y plaçant les plus gros. Je me trompai ; puisque quelque tems après, toutes ces ruches furent désertées, malgré les rayons que les essaims avoient déja commencé d’élever ; au lieu que les petites ruches réussirent mieux. Il n’y eut que les plus petits essaims, qui étant les derniers nés, ne trouverent aucun logement convenable : la moindre de mes ruches étoit pour eux des palais trop spacieux ; tous déguerpirent, y étant peut-être déterminés par la difficulté des subsistances qui survint alors. On doit entrevoir de-là, que, ne voulant pas des petits essaims, il faut châtrer les ruches dès qu’elles ont donné des essaims, quand on reconnoîtra qu’ils deviennent plus petits ; dès-lors elles chercheront plutôt à réparer leur perte qu’à engendrer ; & l’on éviteroit de voir périr ces ruches meres, suite ordinaire de l’épuisement. Si l’on veut cependant profiter de leur fécondité, il faut proportionner la grandeur des caisses à la grosseur des essaims ; ensorte qu’un essaim n’ayant que le quart de la grosseur d’un autre (telle étoit à-peu-ptès la proportion des grosseurs du plus petit au plus grand de mes essaims de l’année 1757), il faut que la capacité des caisses soient dans le rapport de 1 à 4 ; ou bien réunir plusieurs essaims, en ne conservant qu’une reine (chose si difficile) pour éviter la rébellion. Il semble cependant, selon ce que nous avons dit précédemment, que les essaims quittant leur ruche, & ne changeant pas de patrie, mais se réunissant avec leurs peres, leurs reines ne sont plus rébelles, & qu’elles inspirent au contraire à leurs sujets la paix & l’union. Leurs peres d’ailleurs sont vraissemblablement plus disposés à les recevoir, quand on leur a enlevé le miel : car, comme nous le dirons bientôt, il se fait pendant cette opération, une perte si considérable d’abeilles, que les ruches meres en sont dépeuplées ; ce qui dispose les survivans à recevoir leur postérité dans le sein de la famille.

Nous devons avoir déja entrevu que la grandeur des ruches doit être limitée. La pratique a fixé communément dans le climat de Narbonne, la grandeur & la figure à un prisme rectangulaire de 8 à 9 pouces de côté à sa base, sur environ 2 piés 8 pouces de hauteur mesuré intérieurement. Sur quoi nous remarquerons que cette hauteur les expose plus aux vents que si elle étoit moindre, & exige des travaux plus longs & plus pénibles des abeilles qui portent les provisions dans les rayons.

On sait que les vents, sur-tout ceux d’hiver, les tourmentent beaucoup. Or, plus les ruches seront courtes, moins les secousses seront grandes, & moins les abeilles en souffriront. Il en résultera encore que les abeilles auront moins de chemin à faire dans les ruches pour porter les mêmes provisions que si elles étoient hautes ; & que le trajet étant plus court, elles y trouveront moins d’obstacles & moins de détours, que le prodigieux concours de ces animaux produit inévitablement entr’eux pour parvenir à leur but. Ils en fatigueront d’autant moins qu’ils emploieront moins de tems à porter leur fardeau plus pesant en montant.

Je n’ai qu’une observation pour appuyer l’avantage des ruches courtes ou basses. Je vois depuis huit ans que la seule que j’ai de 2 piés de hauteur sur un calibre plus grand que celui des autres, a été constamment celle qui a porté le plus de miel. Nous devons deffendre nos ruches, non-seulement contre les vents, mais encore contre le froid. Elles le craignent si fort, qu’elles tombent dans une espece d’engourdissement proportionnel au degré de froid. J’avois cru, pour en mieux garantir les abeilles, devoir exposer mes ruches directement au midi. Je préparai pour leur postérité un local relativement à cette idée & à l’opinion générale[1]. Deux essaims y furent placés ; je suivis leur conduite ; je les voyois paresseux, tandis que les ruches voisines exposées au levant travailloient avec ardeur. Leur paresse augmenta si fort que deux mois après ou environ, elles furent désertées, y ayant vécu pendant ce tems-là sans commencer leurs gâteaux. J’avois cru cependant ce local plus favorable que celui des autres ruches. J’eus donc lieu d’être surpris. D’où venoit cette différence si contraire à mes vues ? non de l’exposition au midi, puisque l’expérience l’exige ; mais uniquement de ce que le soleil, comme je l’observai, n’éclairoit ces deux ruches que bien long tems après son lever. Les abeilles ne sortoient que tard par cette raison ; tandis que celles exposées au levant, quoique voisines, apportoient avec diligence chaque jour, depuis quelques heures, leur miel & leur cire. Celles-ci profitoient de la rosée ou des transpirations des plantes abondantes alors ; & les autres ne commençoient leur travail que quand l’ardeur du soleil avoit fait évaporer en grande partie cette humidité bienfaisante. Elles ne trouvoient presque plus alors des moyens d’extraire les sucs des plantes trop desséchées pour elles, & ne pouvant y pomper qu’avec peine, elles n’amassoient que pour vivre sur le courant, sans pouvoir faire des provisions. Aussi je m’appercevois presque chaque jour diminuer l’affluence aux deux ruches. Enfin elles déguerpirent entierement. Je me confirmai dans le sentiment, que cette exposition étoit mauvaise par ce qui m’est arrivé pendant plusieurs années de suite. Deux ruches étoient exposées dans le même alignement de mes deux essaims. Des jeunes arbres naquirent & s’éleverent au derriere qui auparavant étoit net ; on négligea d’y remédier, les ruches ne recevoient que tard les rayons du soleil ; leur fécondité diminua, & il m’est arrivé qu’elles n’ont plus donné du miel jusqu’à ce qu’elles ont été rangées à la ligne des autres.

Il est d’autres attentions qu’il faut porter pour elles. On doit tenir bouchées exactement les ruches, aux petits passages près à laisser aux abeilles, pour entrer & sortir, afin de les préserver des ardeurs du soleil, des vents & du froid. Nos ruches n’y sont gueres propres, puisqu’elles ne sont que quatre ais de sapin verd & mince cloués entr’eux, qui se fendant aux premieres impressions de l’air, laissent à-travers les fentes les abeilles exposées aux intempéries du tems. On prend soin alors (on le doit prendre assidument) de les boucher, en les enduisant avec de la fiente de bœuf détrempée avec de l’eau. On s’en soulageroit, en se servant de ruches faites de troncs d’arbres creusés, desséchés & parfumés avec des aromates. On leur assureroit ainsi une demeure tranquille, à l’abri des tems fâcheux, & par surcroît de bonheur, une plus longue vie, que la destruction des ruches avec ces ais de sapin abrege trop souvent. C’est en vain qu’on se promettroit de remédier à cette perte en voulant contraindre ces pauvres vieux animaux à passer dans de nouvelles ruches. Car, soit attachement à leur ancienne maison, soit foiblesse de l’âge, elles ne peuvent s’accoutumer à changer & recommencer ailleurs leurs logemens ; elles périssent dans ces travaux, devenus plus onéreux par le dégoût. Je l’éprouvai sur deux ruches qui s’écrouloient. Je voulus contraindre leurs habitans à en prendre des nouvelles bien préparés. On eut assez de peine à les y faire passer ; on les plaça enfin au même endroit : mais bientôt elles périrent, quoique l’opération fut faite en même tems qu’on levoit le miel des autres, c’est-à-dire dans la belle saison, propre à les engager à élever leur édifice. On feroit bien, quand cette destruction des ruches est près, de les enfermer chacune toute entiere dans une plus grande, qui les conserveroit plus long tems & détermineroit peut-être les abeilles à s’attacher à la nouvelle, pour y recommencer leurs travaux quand la vieille crouleroit.

De la confection du miel. On l’amasse ordinairement dans le diocèse de Narbonne & dans le Roussillon une fois chaque année, & quelquefois deux quand l’année est favorable. La premiere récolte se fait vers le commencement du mois de Mai, & la seconde dans le mois de Septembre. Le miel du printems est toujôurs le plus beau, le plus blanc, & le meilleur. Celui de Septembre est toujours roux. Le degré de beauté & les autres qualités dépend de l’année. Un printems doux donnant beaucoup de fleurs & de rosées, est le plus favorable pour le rendre parfait.

Pour l’amasser, on ôte le couvercle de la ruche, arrêté sur les montans avec des cloux, de façon à l’ôter aisement, & recouvert d’une pierre plate, telle qu’elle puisse défendre la ruche contre la pluie. On tâche en même tems d’introduire de la fumée par-là en soufflant constamment sur des matieres alumées & propres à l’exciter. On contraint ainsi les abeilles attachées à élever ou remplir les gateaux, de descendre vers le bas de la ruche qu’on veut leur conserver. Dès qu’on juge avoir rempli cet objet, on châtre avec un fer tranchant leur nouveau travail ; on l’enleve & le dépose de suite dans des vases qu’on recouvre de maniere à empêcher que les abeilles puissent y reprendre de ce qu’elles viennent de perdre, & les preserver en même tems de leur perte où les entraîne leur insatiabilité naturelle, en les excitant à s’enfoncer dans le volume perdu pour elles.

Les vases pleins, on les porte là où le miel doit être séparé des rayons entremélés, & l’on suspend dans ces endroits, un, deux, &c. paniers, en forme de cone tronqué, ouverts par la grande base ayant deux anses diamétralement opposées, dans lesquelles on passe un bâton, par où l’on suspend chaque panier dans un grand vase de terre sur les bords duquel les deux bouts du baton reposent, & dans lequel le panier doit être au large. On remplit ensuite le panier du miel & des rayons entremélés, qu’on prend soin de briser à mesure ; il découle à-travers tous les vuides du panier le miel qui, tombant dans le fond de vase, en sort en filant dans un autre vase mis au-dessous pour le recevoir. Cette pratique n’est pas sans de grands inconvéniens. Le premier & le plus grand de tous vient de ce qu’on ne peut, quelque soin qu’on se donne, chasser toutes les abeilles hors des gâteaux qu’on veut châtrer ; il y en reste toujours beaucoup, malgré la fumée qu’y chasse en soufflant un homme qui tient à la main des matieres propres à en fournir ; ensorte que celui qui châtre, tue, malgré lui, une partie des opiniâtres avec son fer tranchant, & noie les autres dans le vase où il dépose le miel ; il en est peu de celles-ci qui se sauvent malgré leurs mouvemens pour se dégager du gouffre où elles sont englouties. Enfin, elles succombent après des longs & vains efforts. Il en est pourtant parmi elles qui, peu enfoncées, pouroient se dégager ; mais soit avidité, soit défaut de conduite, la plûpart s’embourbent plus fort. Enfin mélées, & comme pétries par ceux qui remplissent les paniers, elles périssent ; le miel en reçoit apparamment un goût désavantageux, augmente par le couvain, quand il y en a, selon la durée de l’écoulement.

Un autre inconvénient vient de l’indifférence qu’on a de mettre, sans distinction, dans les vases tout le miel à mesure qu’on le tire des ruches ; quoique les gâteaux soient de différentes nuances du blanc au roux, certains tirant sur le noir. On feroit bien de faire choix de ces divers gâteaux, & de mettre chaque qualité à part pour le faire couler séparement ; ou bien mélant tout, pour aller plus vite en besogne (car les abeilles tâchent de regagner l’emplacement qu’elles ont quitté par la force de la fumée) il faut séparer sans délai du vase où tout aura été confondu, le beau de celui qui ne l’est pas. On pourroit en même tems occuper des gens à sauver du naufrage les abeilles qui semblent s’y précipiter, en tirant avec leurs doigts ces pauvres animaux, qui, en les mettant en lieu sec, se dégageront en marchant du miel dont elles se sont enduites, & s’envoleront. Cette voie, quoiqu’utile, ne peut que diminuer foiblement la perte, parce que, malgré nos empressemens, on ne sauroit fouiller dans les vases sans engloutir de plus fort celles qu’on voudra sauver.

Tout cela nous montre le défaut de l’opération de lever le miel, en ce qu’il n’y a pas assez de fumée pour chasser tous ces animaux. Le souffle de l’homme ne suffit pas contre les opiniâtres au moyen de la fumée. Il faudroit donc tâcher d’en augmenter le volume. C’est à quoi l’on parviendra par l’expédient suivant. Employons un soufflet qui, par son aspiration, reçoive dans sa capacité la fumée qu’on excitera dehors, & qui par sa compression la chasse dans la ruche. Il s’agit donc d’un moyen pour introduire la fumée du soufflet, à quoi me paroît très-propre un petit poële, semblable à ceux de nos appartemens, ayant comme eux un tuyau destiné à porter la fumée dont le bout d’en haut s’emboîtât dans l’ouverture du paneau où sera la soupape du soufflet. On mettra ensuite sur la grille quelque petite braise recouverte de quelque matiere propre à fumer, comme sont les plantes vertes, la fiente de bœuf, &c. Après quoi faisant aspirer le soufflet, & l’ouverture du poële ouverte, l’air extérieur soufflera la braise ; la fumée s’excitera, & montera par le tuyau, dans le soufflet qu’on suppose arrêté fixement au fourneau sur trois bras de fer en trépié assez hauts, afin que le canon du soufflet porte la fumée à sa destination. Ce qui exige que le couvercle de la ruche soit percé dans son milieu d’un trou rond, & propre à recevoir exactement le bout du canon, qui, à cause de cela, doit être coudé. L’opération faite, on pourra retirer le canon de ce trou, qu’on bouchera pour remettre de suite le couvercle à sa place.

Au moyen d’un pareil soufflet, on pourra porter autant & si peu de fumée qu’on voudra dans la ruche, & par la force de la compression, forcer les abeilles à se retrancher vers le fond, ou d’en sortir. On peut commencer cette fumigation avant que d’ouvrir la ruche, & la continuer à l’aise pendant que l’on en levera le miel sans embarrasser l’opérateur. Nous aurons ainsi le tems de choisir à notre aise les gâteaux, en séparer les différentes couleurs, & par dessus tout, sauver la vie à un grand nombre d’abeilles.

Il doit paroitre singulier que les gâteaux étant élevés ordinairement en même tems dans une ruche, soient si différemment nuancés, quoique ce soit les mêmes matieres & les mêmes ouvrieres qui les ont formés. Ne peut-on pas attribuer en partie ces différentes couleurs aux différens volumes des gateaux que laisse l’homme qui leve le miel, selon qu’il l’entend, & relativement à la constitution de l’année ? Il tranche profondement quand les ruches sont pleines, jusqu’à la croix faite de deux bâtons, toujours mise au milieu de la ruche, & traversant les quatre ais. L’expérience a fait voir qu’il ne faut jamais s’enfoncer plus bas, & souvent moins, parce que la sécheresse du printems est ordinaire en ce climat. Par où l’on voit qu’il est des années où l’on retranche des morceaux des vieux gâteaux qu’on avoit eu raison d’épargner l’année précédente. Ce long séjour leur donne une couleur jaune. Ce qui le prouve sont les gâteaux sous la croix qu’on ne détruit pas ; ils sont roux de plus en plus, jusqu’à devenir presque noirs à mesure qu’ils viellissent. J’ai remarqué d’ailleurs que le miel des essaims est toujours le plus blanc ; ce qui confirme de plus en plus que les différentes couleurs des gâteaux dans la même ruche viennent de leurs différens âges. Il y a apparence que le miel de l’automne étant toujours roux, contracte, indépendamment de la qualité des fleurs, cette couleur par le chaud de l’été, qui agit sur les gateaux que les abeilles se sont empressées d’élever d’abord après qu’on leur a enlevé le miel du printems. Cela nous conduit à conseiller de plus fort de lever le miel à reprises, en commençant toujours par les ruches qui ont donné les premiers essains, afin d’éviter son séjour trop long dans les gâteaux, où il contracte par-là une couleur moins belle, & un goût moins agréable.

Lorsqu’il ne découle plus du miel de nos vases ; nous croyons l’avoir tout tiré, & l’on porte ce que contiennent les paniers dans une chaudiere pour en faire la cire. Il est pourtant certain que cet entassement des gâteaux qui ont été lacerés, malgré les grands vuides qu’ils laissent entr’eux dans les paniers, n’ont pu suffire pour laisser écouler tout le miel de l’entre-deux : de sorte que ce qui y reste se perd dans les eaux dans lesquelles on fait fondre la cire. On le gagneroit sans doute par des lotions avec de l’eau, qui, mêlées avec celles où les gens qui font le miel lavent leurs mains, produiroient ensemble une eau emmielée, qu’il faudroit réduire ensuite à une certaine consistence par l’action du feu, afin qu’elle se conservât pour servir de nourriture aux abeilles pendant l’hyver. On peut encore extraire ce miel par expression, en mettant dans un sac de toile claire à diverses reprises, & partie par partie, ce qui est dans les paniers pour le faire presser. Le peu qui en découlera sera roux, & de la derniere qualité. On peut en extraire un plus grand volume, & l’avoir bien moins roux, si l’on donne des passages libres à ce miel afin qu’il coule vîte, & afin qu’il reste moins de tems mêlé avec la matiere qui compose les gâteaux. Je voudrois à cette fin qu’on se servît d’une caisse plus grande, mais semblable à celles de ces grandes rapes quarrées longues avec lesquelles on rape le tabac, & qu’on mît à la place du chassis mobile qui porte la feuille de tole ou de fer-blanc, un chassis en bois à haut bord avec des fils de fer arrangés entr’eux sur le fond à la place de la grille de tole, comme ils le sont aux cribles avec trémie pour le blé ; sur lesquels déposent le résidu des gateaux en couche mince ; on verroit découler dessous dans la caisse le miel entremélé, d’où il s’écouleroit en inclinant la machine dans un vase mis au-dessous. Ce même crible, ou plusieurs ensemble, seroit favorable pour hâter l’écoulement de tout le miel. Il en résulteroit sans doute plus de beauté en diminuant la durée du mêlange avec la matiere des gâteaux. S’il passoit plus de parties de cire par ce crible, mêlées avec le miel, qu’il n’en passe par la méthode ordinaire, on auroit la même ressource qu’on a en celle-ci, d’écumer & de faire filtrer les écumes en les remettant sur les parties qui resteront sur le crible.

Il nous reste à conseiller un autre épurement du miel que j’ai vu faire à une personne à qui j’en avois envoyé un barril ; quoiqu’il fût beau, elle voulut l’avoir encore plus beau, & le filtra au moyen d’une toile de canevas ; il en devint en effet bien plus beau ; le canevas arrêta des parties mêlées de plusieurs couleurs, qui n’avoient pu s’en séparer sans cela. Ce que j’en ai vu m’a déterminé de faire à l’avenir quelque chose de semblable. J’ai fait faire deux chausses d’hipocrat de canevas, dont l’ouverture de chausse est un cercle de bois d’environ quatre pouces de diametre, autour duquel j’ai attaché chacune ayant environ un pié de longueur. J’ai attaché aussi sur le cercle une anse de ruban de fil par lequel je veux suspendre cette chausse au col du vase où loge le panier, & par où coule le miel qui en sort. En passant dans cette chausse, il y déposera les saletés & les écumes qu’on vuidera, à mesure qu’elles s’y entasseront, ou dans les paniers ou dans les cribles que je propose, ou dans une autre chausse, tandis que le miel épuré tombera dans le vase au-dessous. Article de M. Barthés le pere, de la Société royale des sciences de Montpellier.

Mouches a miel du continant des îles de l’Amérique. Elles sont plus petites & plus noires que celles de l’Europe, errantes & vagabondes dans les bois, cherchant des troncs d’arbres creusés pour y établir leur demeure ; leur miel est toujours liquide comme du sirop, ce qui provient, sans doute, de l’extrème chaleur du climat ; c’est pourquoi ces mouches ont soin de l’enfermer dans des especes de vessies, bien jointes les unes auprès des autres, & disposées à-peu-près comme les alvéoles que font nos abeilles.

La cire qu’elles emploient dans leur travail est d’un noir un peu roussâtre, très-fine, très-douce au toucher, & s’étendant facilement entre les doigts, ce qui la rend très-propre pour tirer fort exactement les empreintes des pierres gravées en creux. Les moines de la nouvelle Espagne & de la côte de Carac s’en servent pour faire des cierges, qui donnent une lumiere fort triste : on en fait aussi des petits emplâtres pour ramolir les durillons & corps des piés. Les Caraïbes en composent une espece de mastic, qu’ils appellent many, servant à différens usages. Voyez l’article Many.

Cette cire est connue dans les Antilles sous le nom de cire de la Guadeloupe, d’où on l’apporte à la Martinique pour en faire des bouchons de bouteille ; elle ne blanchit jamais, pas même en la faisant bouillir dans une forte dissolution d’alkali fixe ; elle y prend seulement une couleur brune, ses parties perdent leur liaison, & elle devient séche & friable ; si, après l’avoir lotionnée plusieurs fois dans de l’eau bouillante on la fait liquefier sur le feu, elle reprend sa couleur noire ; mais elle n’a plus sa premiere qualité, & se trouve fort altérée, l’alkali ayant décomposé une portion de son huile constituante. M. le Romain.

Mouche guêpe, voyez Guêpes.

Mouche porte-lanterne, voyez Porte-lanterne.

Mouche baliste ; on nous en a envoyé la description suivante de Lizieux : cette mouche, la seule que j’aye vû de son espece, dit M. l’abbé Préaux, avoit seize ou dix-sept lignes de long, sur à peu-près deux lignes de diametre dans la plus grosse partie de son ventre ; la tête brune, le dos d’un verd olive, & le ventre rouge de grenade, partagé dans sa longueur d’une ligne jaune : elle a quatre aîles attachées à un corcelet ; mousse dans sa partie postérieure. (Nous n’avons pu en insérer ici la figure.) J’étois à la chasse, dit l’auteur, lorsque je pris cet insecte. La chaleur m’avoit contraint de m’asseoir à l’ombre d’un chêne : je sentis un petit corps me frapper le visage, ce qui me fit lever la vue : j’apperçus une grosse mouche de l’espece que les enfans nomment messieurs, pour la distinguer d’une autre espece de demoiselles beaucoup plus petite, qui naît de la chrysalide du fourmi-lion. Cet animal voloit avec une très-grande rapidité autour de l’arbre, & je ne fus pas long-tems à m’appercevoir qu’il régloit son vol sur les tours & les détours d’un autre insecte plus petit qui fuyoit devant lui. Pendant que je considérois ce combat, je reçus sur le front un coup semblable au premier qui m’avoit touché un moment auparavant, & cela dans l’instant où la mouche poursuivie & son ennemi, passoient à peu-près à la hauteur de ma tête. Je dis son ennemi, parce que je connois les messieurs très friands des autres mouches : j’ignore cependant s’ils mangent indifféremment tous les insectes volans. Je ne sais trop sur quel soupçon je pris mon mouchoir pour abattre le plus gros des deux insectes, il m’échappa, mais je frappai la mouche, qui tomba au pié de l’arbre. L’ayant prise par les aîles je la considérois, lorsqu’après avoir retroussé son corps vers les doigts où je la tenois, comme pour me piquer, elle le rabaissa d’un mouvement aussi subit que celui d’un ressort qui reprend sa ligne. Ce jeu se répéta trois ou quatre fois sans que j’eusse lieu de deviner quel en étoit l’objet ; mais un petit corps qui me tomba sur l’autre main m’ayant rendu plus attentif aux mouvemens de ma mouche, que je nommerai si vous le voulez, mouche baliste, de βάλλω, je lance, je vis qu’en se recourbant sur elle-même, les anneaux de son ventre se rétrécissoient en rentrant un peu les uns dans les autres, & l’insecte se raccourcir & s’enfler en proportion de sa contraction. Dans cet état un mouvement vermiculaire qui se fit de la partie antérieure du ventre vers la postérieure, apporta à l’anus, dont l’orifice se partagea en deux dans la longueur d’une ligne, un globule verd olive qui s’arrêta dans cette partie : il paroissoit retenu & pressé comme l’est un noyau de cerise par les doigts d’un enfant qui veut en frapper un objet. Alors le corps de l’animal reprenant son état naturel avec la même élasticité que j’avois déja remarquée, je reçus dans la main, que je présentai à dessein, le petit corps que j’avois apperçu. Comme il fut lancé avec tant de force, & bondit sur ma main avec tant de vitesse, que je ne pas le retenir ; il tomba & se perdit dans l’herbe. Ne voulant pas risquer une nouvelle perte, je fis un cornet de papier, tins ma baliste au-devant de l’ouverture, & je reçus après les mêmes procédés de sa part, douze ou quinze petits boulets.

Les forces & peut-être les armes lui manquant pour sa défense, elle cessa de tirer. Un autre cornet me servit à enfermer l’animal, pour me donner le loisir d’examiner ce que contenoit le premier. J’eus lieu de croire que c’étoit des œufs : ils étoient moins oblongs que ceux des oiseaux, & de la grosseur d’une tête de grande épingle. J’en écrasai quatre, ils étoient fort durs, & pleins d’une matiere rouge & épaisse. Je gardai ce qui m’en restoit, je les mis ainsi que la mere dans ma poche, en me promettant de nouveaux plaisirs à mon retour ; mais en arrivant chez moi, après quelques heures de chasse, je vis avec un vrai chagrin, que j’avois perdu mes deux cornets. J’ai bien des fois depuis cherché aux environs de mon chêne & dans le canton, à réparer cette perte, que je regrette véritablement ; mes recherches ont été infructueuses.

Peut-être cet animal, que tous mes soins n’ont pû me procurer une seconde fois dans le pays que j’habite, est-il commun ailleurs. Quoi qu’il en soit, je ne puis me lasser d’admirer les vues de la nature sur cette mouche singuliere ; mais j’avoue que j’ai quelque peine à concilier des desseins qui semblent si opposés ; car en supposant que ces petits boulets soient les œufs de la baliste, comme la matiere qu’ils contiennent m’a porté à le soupçonner, le moyen d’imaginer que cet insecte, quand il se sent en danger, se serve de ses œufs pour se défendre contre l’ennemi qui le presse ? Cela ne s’accorde pas avec l’amour que la nature a donné généralement aux animaux pour leurs petits & pour leurs œufs : le plus foible oiseau se livre au chien ou au tiercelet qui approche de son nid ; & l’amour de sa famille naissante ou prête à naître, lui sait oublier sa propre conversation. Je sai que les insectes ne couvent point leurs œufs, & par cette raison y sont moins attachés que les oiseaux ; mais au moins les déposent-ils dans des lieux où ils éclosent en sureté. La baliste en cela bien différente, si je puis juger sur ce que j’ai vû, se sert des siens pour combattre & se défendre ; elle les lance contre l’ennemi pour retarder son vol & ralentir sa poursuite. Je sens qu’on peut répondre que prête à périr, la baliste connoissant que sa mort sera celle des petits qu’elle porte, se décharge d’un fardeau qui l’appésantit, qu’elle peut n’avoir d’autre dessein que de se rendre plus légere & sa fuite plus rapide ; que d’ailleurs elle sait que ses œufs ne seront pas perdus, que la chaleur de la terre les fera éclore, & que de cette ponte forcée dépend le salut de la mere & de sa famille. Je ne sai si la singularité de la chose me séduit ; mais il me semble que pour tout cela, il suffiroit que l’insecte poursuivi, laissât tomber ses œufs. Tous les mouvemens que je vous ai décrits, cette force avec laquelle l’animal se contracte, cette vitesse avec laquelle il se détend, cette petite pincette enfin qui retient & presse l’œuf un instant avant que de le lancer pour en rendre le jet plus rapide ; tout cela, dis-je, seroient autant d’inutilités, si la baliste n’avoit d’autre objet que de se délivrer d’un poids incommode, ou de sauver sa famille ; or l’experience nous apprend que la nature ne fait rien inutilement. De plus, quand on admettroit pour un moment que la baliste se débarrasse de ses œufs pour fuir plus facilement, & qu’elle sait que la chaleur de la terre les fera éclore, cela sera bon pourvu que les œufs soient arrivés au terme d’être pondus ; & alors il faudra supposer, ce qui est absurde, que la demoiselle de la grande espece ne fait la guerre à la baliste que quand elle est prête à faire sa ponte ; ou, ce qui ne sera pas beaucoup plus satisfaisant, qu’elle devient la proie de son ennemi lorsqu’elle n’est pas à tems de se délivrer de ses œufs.

Mouche, (Science microscop.) la seule mouche commune est ornée de beautés qu’on ne peut guere imaginer sans le microscope. Cet insecte est parsemé de clous depuis la tête jusqu’à la queue, & de lames argentées & noires ; son corps est tout environné de soies éclatantes ; sa tête offre deux grands yeux cerclés d’une bordure de poils argentins ; elle a une trompe velue pour porter sa nourriture à la bouche, une paire de cornes, plusieurs touffes de soie noire, & cent autres particularités. Le microscope nous découvre que sa trompe est composée de deux parties qui se plient l’une sur l’autre, & qui sont engainées dans la bouche ; l’extrémité de cette trompe est affilée comme un couteau, & forme une espece de pompe pour attirer les sucs des fruits & autres liqueurs.

Quelques mouches plus légérement colorées, & plus transparentes que les autres, font voir distinctement le mouvement des boyaux qui s’étend depuis l’estomac jusqu’à l’anus, ainsi que le mouvement des poûmons qui se resserrent & se dilatent alternativement ; si on disseque une mouche, on y découvre un nombre prodigieux de veines dispersées sur la surface des intestins ; car les veines étant noirâtres & les intestins blancs, on les apperçoit clairement par le microscope, quoiqu’elles soient deux cens fois plus déliées que le poil de la barbe d’un homme. Selon Leeuwenhoek, le diametre de quatre cens cinquante de ces petites veines, étoit à peu-près égal à celui d’un seul poil de sa barbe.

Dans plusieurs especes de mouches la femelle a un tube mobile au bout de sa queue ; en l’étendant elle peut s’en servir pour porter ses œufs dans les trous & les retraites propres à les faire éclore. Il vient de ces œufs de petits vers ou magots, qui après avoir pris leur accroissement, se changent en aurélies, d’où quelque tems après, ils sortent en mouches parfaites.

Je ne finirois point si je voulois parcourir toutes les différentes sortes de mouches que l’on trouve dans les prairies, les bois & les jardins : je dirai seulement que leurs décorations surpassent en luxe, en couleurs & en variétés, toute la magnificence des habits de cour des plus grands princes. (D. J.)

Mouche-dragon, œil de la (Science microsc.) la mouche-dragon est peut-être la plus remarquable des insectes connus, par la grandeur & la finesse de ses yeux à réseau, qui paroissent même avec les lunettes ordinaires dont on se sert pour lire, semblables à la peau qu’on appelle de chagrin. M. Leeuwenhock trouve dans chaque œil de cet animal 12544 lentilles, ou dans les deux 25088 placées en exagone ; ensorte que chaque lentille est entourée de six autres ; ce qui est leur situation la plus ordinaire dans les autres yeux de mouche. Il découvrit aussi dans le centre de chaque lentille une petite tache transparente, plus brillante que le reste, & il crut que c’étoit la prunelle par où les rayons de lumiere passoient sur la rétine ; cette tache est environnée de trois cercles, & paroît sept fois plus petite que le diametre de toute la lentille. On voit dans chacune de ces surfaces lenticulaires extrèmement petites, autant d’exactitude pour la figure & la finesse, & autant d’invention & de beauté que dans l’œil d’une baleine & d’un éléphant. Combien donc doivent être exquis & délicats les filamens de la rétine de chacune de ces lentilles, puisque toute la peinture des objets qui y sont représentés doit être plusieurs millions de fois moindre que les images qui se peignent dans notre œil.

Mouche grue, (Science microsc.) cette mouche nommée par Aldrovandi, culex maximus, & par le vulgaire, pere à longues jambes, présente plusieurs choses dignes de remarque. Ses piés disséqués dans une goutte d’eau, sont un tissu de fibres charnues qui se resserrent & s’étendent d’une maniere surprenante, & qui continuent leur mouvement trois ou quatre minutes. Leeuwenhoek dit n’avoir vérifié cette observation que dans les piés de ce seul insecte. Ses intestins sont composés d’un nombre prodigieux de vaisseaux, qu’on peut voir aussi clairement avec le microscope, qu’on voit à la vue simple les entrailles des plus grands animaux. La queue de la mouche-grue femelle se termine par une pointe acérée, dont elle se sert pour percer la terre & déposer ses œufs sous le gason. (D. J.)

Mouche cantharide, (Hist. nat. Mat. med.) Voyez Cantharide.

Mouche, en terme de Découpeur ; c’est un morceau d’étoffe de soie, velours, satin, ou autre, taillé en rond, en cercle, ou autre figure, que les dames mettent sur leurs visages par forme de parure & d’ornement ; la mouche est gommée en dessous.

Mouche, le jeu de la mouche ; on ne peut guere savoir au juste d’où nous vient ce jeu, ni ce qui l’a fait nommer mouche. Nous ne nous arrêterons pas à donner de son origine & de son nom des raisons très-incertaines, & qui pourroient par conséquent n’être que fort peu satisfaisantes. Ce jeu tient beaucoup de la triomphe par la maniere de le jouer, & a quelque chose de l’hombre par la maniere d’écarter, qui differe cependant en ce qu’à l’hombre, ceux qui ne font pas jouer écartent après celui qui fait jouer, & qu’à la mouche tous ceux qui prennent des cartes au talon sont censés jouer.

On joue à la mouche depuis trois jusqu’à six. Dans le dernier cas un jeu de piquet ordinaire suffit. Il y a même des joueurs qui ôtent les sept ; mais dans le second, il est nécessaire qu’il y ait toutes les petites cartes pour fournir aux écarts qu’on est obligé de faire, & afin qu’il en reste au talon, outre la carte retournée, de quoi en donner aux moins trois à chaque joueur, si tous veulent aller à l’écart. On voit à qui fera ; l’on prend des jettons que les joueurs fixent tant pour le nombre que pour la valeur, & celui qui fait après avoir donné à couper, donne cinq cartes à chacun, par une, par trois, par cinq, même s’il le veut, quoique cette derniere façon soit moins honnête. Il retourne ensuite la carte qui est la premiere sur le talon, & qui reste sur le tapis pour être la triomphe pendant le coup.

Le premier après avoir vû son jeu est maître de s’y tenir, c’est-à-dire de garder les cartes qu’il a dans sa main sans aucun échange, ou de prendre une fois seulement autant de cartes qu’il lui en faut, cinq même s’il le veut ; & il peut passer s’il n’a pas beau jeu. Ainsi du second, du troisieme, &c.

Celui qui demande des cartes du talon est toujours censé jouer, & celui qui a pris des cartes, & n’a point fait de levée, fait la mouche. Voyez Mouche. Lorsqu’il y a plusieurs mouches faites dans le même coup, ce qui arrive souvent lorsqu’on est six, elles vont toutes à la fois, à moins que l’on ne convienne de les faire aller séparément.

Il n’y a que celui qui mêle les cartes qui mette au jeu le nombre de jettons fixé ; & par conséquent celui qui fait la mouche la fait d’autant de jettons qu’il y en a au jeu.

Celui qui n’a point jeu à jouer ni à prendre des cartes, met son jeu avec les écarts, ou sous le talon. Celui qui fait jouer sans avoir recours au talon, dit seulement je m’y tiens. Les cartes se jouent comme à la bête, & chaque levée qu’on fait vaut un jetton, deux quand la mouche est double, trois quand elle est triple, ainsi du reste. Si les cinq cartes de quelque joueur sont d’une même couleur, c’est-à-dire cinq piques, cinq trefles, &c. quoique ce ne soit point de la triomphe, ce joueur a la mouche sans jouer. Si plusieurs joueurs avoient la mouche dans le même coup, la mouche de la triomphe gagneroit, & à son défaut, celle qui seroit la plus haute en point. Pour cela on compte l’as, qui va immédiatement après le valet, pour dix points, les figures pour dix, & les autres cartes pour ce qu’elles marquent. En cas d’égalité par-tout, c’est la primauté qui gagneroit.

Celui qui a la mouche n’est point obligé de le dire quand on le lui demande, mais doit accuser juste : s’il répond oui, ou non, après que celui qui a la mouche a dit je m’y tiens, les autres joueurs sans réflexion vont leur train à l’ordinaire.

Le premier qui a la mouche leve tout ce qu’il y a au jeu, & gagne même toutes les mouches qui sont dûes ; & ceux qui continuent de jouer après la mouche découverte, font une mouche sur le jeu, sans pour cela qu’il soit besoin de jouer. C’est pour quoi il est souvent de la prudence de demander à ceux qui s’y tiennent s’ils sauvent la mouche, & les observer alors ; car ils ont souvent peine à cacher leur jeu, & se font connoître par leur air satisfait.

Celui qui se tient à ses cartes doit pour son avantage particulier ne point répondre à ceux qui lui demandent s’il sauve la mouche, & de les laisser croire qu’il l’a dans son jeu, parce que nous avons dit plus haut, quand on répond, il faut accuser juste. Cependant un joueur bien assuré de son jeu, peut sauver la mouche pour engager les autres à s’en mettre, & leur faire faire la mouche à tous.

Celui qui renonce fait la mouche d’autant de jettons qu’elle est grosse, de même que celui qui pouvant prendre une carte jouée en en mettant une de la même couleur, ou en coupant, ou surcoupant.

Qui seroit surpris tricher au jeu, ou reprendre des cartes de l’écart pour s’accommoder, feroit la mouche, & ne joueroit plus. Celui qui donne mal, remêle sans autre peine ; ce qui ne se fait pas pour une simple carte retournée à cause des écarts.

Mouche, au jeu de ce nom, c’est cinq cartes de même couleur qui se trouvent dans une même main. Un joueur qui a la mouche leve tout le jeu, sans qu’il soit nécessaire de jouer.

Mouche double, au jeu de ce nom, c’est celle qu’on fait du jeu & des autres mouches qui sont avec lui, & qui doivent être gagnées dans le même coup que lui.

Mouches simples, au jeu de ce nom, ce sont celles qu’on fait sur le jeu seulement, n’y ayant avec lui aucune autre mouche.

Mouche de triomphe, au jeu de mouche, est la premiere de toutes les mouches, parce qu’elle est de la couleur de la triomphe, & qu’elle emporte toutes les autres, quand elles seroient même plus hautes en point qu’elle.

Mouche, se dit encore à ce jeu de ce que doit payer celui qui, ayant pris des cartes de l’écart, n’a pû faire une seule levée.

Mouche, sauver la, signifie, au jeu de la mouche, garantir les autres joueurs de la mouche, en leur protestant qu’on ne l’a point.


  1. On prépare le local pour les ruches, en y plaçant des pierres plates de niveau, plus grandes chacune que la base de la ruche, le ratissant quelques pouces à l’entour, afin qu’aucun obstacle n’empêche les abeilles d’y aborder librement en tout tems.