L’Encyclopédie/1re édition/LAXITÉ

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LAXITÉ, s. f. (Med.) ce n’est autre chose que la cohésion des parties de la fibre qui est susceptible d’un changement capable de l’allonger. C’est donc un degré de foiblesse, & le principe d’où dépend la flexibilité. La débilité des fibres est excessive, lorsqu’elles ne peuvent, sans que leur cohésion cesse, soutenir l’effort qui résulte des actions d’un corps en santé, ou qui, quoique capable de suffire à celles qui ont coutume d’arriver dans un état ordinaire, se rompent si le mouvement est plus impétueux que de coutume. Or l’on connoît que la laxité est trop grande, quand les fibres soutenant simplement l’effort du mouvement vital, sans que leur cohésion soit interrompue, s’allongent au moindre effort.

Les causes antécédentes de cette laxité sont 1°. le défaut de nutrition, qui provient ou d’une trop grande dissipation des bons liquides, & du peu d’action des solides sur les fluides, ou de ce qu’on prend des alimens trop tenaces, pour qu’ils puissent se convertir en bonnes humeurs. 2°. La cohésion trop foible d’une molécule avec une autre molécule, qu’il faut attribuer à la trop grande foiblesse de la circulation, laquelle vient elle-même ordinairement du défaut du mouvement musculaire. 3°. La distension de la fibre, si excessive, qu’elle est prête à céder.

Les petits vaisseaux composés de ces fibres, n’agissant que bien foiblement sur leurs liquides, se dilatent & se rompent facilement. Voilà l’origine des tumeurs, du croupissement, de l’extravasation des fluides, de la putréfaction, & d’une infinité d’autres effets qui en résultent.

Les causes particulieres de la laxité sont un air chaud & humide, l’habitation dans des fonds marécageux, le manque de forces, le repos, les maladies chroniques, la trop grande extension des fibres, les émanations métalliques de mercure, d’antimoine ; l’abus des savonneux, des aqueux ; la colliquation, la ténuité des humeurs, & l’évacuation abondante de celles qui détruisent la circulation.

De-là procede la foiblesse dans les actions générales, la lenteur du mouvement, la circulation moindre, la débilité du pouls, la lassitude, la paresse, la prompte fatigue, l’engourdissement, le penchant au sommeil, les évacuations abondantes ou arrêtées, la pesanteur, le froid, le rhachitis.

De-là naissent dans les humeurs la crudité, le scorbut, l’acrimonie nitreuse & acide, l’hydropisie, la leucophlegmatie, les tumeurs molles, froides des bras ou des jambes, les maladies catarrheuses, les urines blanches, épaisses, crues, claires.

Il faut rapprocher, soutenir modérément les parties lâches, les animer par des frictions, les resserrer, les renforcer, les réchauffer par les aromatiques, ainsi que par l’exercice.

La guérison générale consiste 1°. à se nourrir d’alimens substantiels, & qui soient déjà aussi bien préparés qu’ils le sont dans un corps sain & robuste. Il faut mettre au nombre de ces alimens le lait, les œufs, les bouillons de viande, le pain bien fermenté, bien cuit, les vins austeres, dont on usera souvent & on petite quantité. 2°. Il faut augmenter le mouvement des solides & des fluides, par les exercices du corps, la promenade à pié, à cheval, en voiture. 3°. Il faut presser légerement les vaisseaux par des frictions, & repousser doucement les fluides. 4°. Faire un usage prudent & modéré de médicamens acides, austeres, & de spiritueux qui aient fermenté. 5°. Enfin, mettre en œuvre tous les moyens propres à remédier au tiraillement des fibres. (D. J.)